La Vème République togolaise, qui vient d’être votée dans la soirée du lundi 25 mars 2024, est d’une évidente inconstitutionnalité pour des raisons tenant d’une part à la qualité de ceux, forclos, qui l’ont initiée, et d’autre part au non-respect de pertinentes dispositions de la Constitution en vigueur. En effet, les Constitutions togolaises se suivent et ne se ressemblent pas toujours, sauf qu’elles n’accouchent de rien d’autres que de velléités de despotisme éclairé qualifiable avec élégance de concentration de pouvoir entre les mains du Président de la République. Les réformes constitutionnelles se suivent également au Togo à l’humeur exclusive du Chef de l’État ou des suites de ses forfaitures et rappellent par leurs faits générateurs l’évident échec à construire une nation inclusive bénéficiaire de progrès social et surtout dépouillée de népotisme, de clientélisme, de conflits d’intérêts, d’achats de conscience, d’incivisme, de corruption etc., en un mot, désencombrée de mal gouvernance.
Ce nième attentat contre la constitution togolaise sonne comme une escroquerie de trop, un braquage dénommée ” modification” mais qui au final n’est qu’un changement pur et simple de la constitution du pays, mais sans consulter le peuple. Ce qui risque d’être la goûté d’eau qui va déborder le vase (Togo). Une évidence est que les Togolais semblent enfin de se réveiller de leur long sommeil.
Une Vème République togolaise pour des moutons de Panurge ?
Militants et militantes du RPT-UNIR
Les Constitutions togolaises n’en sont plus, car devenues des assemblages de lois organiques facilement abusées par les tenants du pouvoir d’État depuis le premier coup d’État que le pays a connu en janvier 1963 ; elles ont perdu leur âme de loi fondatrice, sacrifiées sur l’autel de ceux qui rusent d’intérêts personnels, de régime dynastique et de présidence à vie et prennent leurs concitoyens pour des moutons de Panurge.
Ceux qui ont assassiné le Président Olympio Sylvanus ont mis à mal l’indépendance du Togo en assassinant la plus mémorable des élections démocratiques, celle qui a installé le Premier Ministre élu de la République Autonome du Togo dans des fonctions annonciatrices de la République togolaise indépendante pour compter du 27 avril 1960 … ; ils ont surtout assassiné la constitutionnalité de la République, dorénavant régie par des lois organiques, certes au-dessus de lois ordinaires mais bien en dessous d’une vraie Constitution qui, elle, a cessé d’exister de fait dans la hiérarchie des normes togolaises. Ils n’ont de cesse d’échouer d’organiser la République pour espérer offrir du progrès social à leurs compatriotes. Ils ont tout aussi lamentablement échoué, ceux qui depuis 60 ans ont en charge le destin de la République togolaise, ne proposant que des feuilles de route qui divisent davantage qu’elles ne concourent à l’unité nationale.
Alors, en panne de leaders porteurs de visions qui oxygènent l’unité nationale, le progrès social et le bien-vivre, en rupture de bon sens et tout simplement enivrée de déraisons, la République togolaise tangue et de ses œuvres ne fleurissent que des échecs. De l’économie ? Des indices de développement humain totalement frileux. De la démocratie ? Jamais créditée de codes électoraux consensuels, ni d’élections apaisées. Des droits humains les plus élémentaires ? Le cadet des soucis des tenants du pouvoir à la rancune tenace, sinon de sempiternels et rodés démentis sur les cas de torture, de mort de manifestants, d’usages disproportionnés de la violence d’État… Que des échecs au final : des échecs que la propagande politique est à la peine pour dissimuler en abreuvant l’opinion publique de potions dilatoires avec le concours de transhumants communicants opportunistes.
L’acharnement en règle dont est victime la Constitution togolaise fait honte dans un pays où les natifs vont quand-même à l’école formelle depuis le milieu des années 1800, soit depuis l’époque coloniale allemande il y a bientôt deux siècles et celle de la création de l’académie de la langue Éwé. Il fait encore plus honte que ce soit les mêmes qui adoptent puis conspuent sans cesse la loi fondamentale et proclament des Républiques aux tenants et aboutissants dont eux-mêmes doutent. Depuis soixante ans en effet, ceux qui adoptent puis conspuent, seuls savent ce dont ils ont besoin comme République pour produire de la croissance, du développement et de la paix sociale, usant de République despotique, République dynastique, République démocratique, République parlementaire monocolore ou multicolore, République bananière, République aux dispositions constitutionnelles à géométrie variable … ; tout y passe à tour de rôle et “à cœur vaillant rien d’impossible”, mais malheureusement trépasse sans rien laisser qui vaille pour le progrès social et l’unité nationale.
En définitive, le Régime RPT-UNIR, dépositaire sans partage du pouvoir d’État depuis six (6) décennies, n’a de cesse de chanter ses Chefs, de s’auto congratuler et de s’offrir du divertissement de monarques sur divers airs constitutionnels, en lieu et place de véritables enjeux de progrès social que sont entre autres l’éducation, la santé, le travail, la bonne gouvernance … Les réponses aux maux qui ruinent la République et la Nation togolaises ne sont guère dans de savantes et mélodieuses proclamations ni dans de partisanes et clivantes modifications de Constitution qui, au contraire, viennent ajouter au désordre ambiant.
Le pays a besoin de solutions d’une évidence qui crève de bon sens ; à ce propos, la République togolaise n’est nullement orpheline de Constitution pour conjurer les échecs mais a soif d’alternance politique, de ressources distinctives et de challenges d’intérêt général. Et tout ira mieux.
Indéfendable Ve République togolaise : à la poubelle.
La Ve République togolaise du 25 mars 2024 est un projet polémique par excellence, un parfait sujet de discorde, in fine un non-sujet dont les relents cachés et pernicieux de République despotique ne trompent personne même dotée de bon sens a minima ; elle est en outre surprenante d’inopportunité car les priorités consolidatrices de la République et de l’unité nationale sont visiblement ailleurs ; elle est enfin et surtout totalement absurde sur la forme et le fond parce qu’en opposition flagrante avec de pertinentes dispositions de la Constitution en vigueur dont elle est supposée tirer et sa légalité et sa légitimité ; une Constitution en vigueur harcelée sans retenue par celui censé en être le Protecteur et Gardien : le Chef de l’État.
Le Togo est ce pays où malheureusement le Garant de la Constitution, qu’est de jure le Président de la République, se trouve être le premier à la harceler, la malmener, la décrédibiliser, la tripatouiller et la violer dans tous les sens propres et figurés au point de la vider de toute substance d’intérêt général. Ce fut fait avec brutalité avant 2005, année de l’arrivée par voie parentale à la magistrature suprême de l’actuel occupant du fauteuil présidentiel ; et depuis 2005, toujours de manière violente, c’est à l’humeur du Prince que la bien nommée loi fondamentale est piétinée.
Passe encore que le Chef de l’État, déprogrammé par l’usure d’un pouvoir bientôt deux fois décennal à son actif, écrase de son égo l’exécutif, le législatif et le judiciaire à des fins personnelles ; mais mépriser de la sorte une Constitution, dans le cas de cette Ve République, en sabrant ses dispositions-clé à huis clos avec la duplicité de quelques copains-courtisans, au prétexte hyper abusif que les parlementaires et le Chef de l’État y sont autorisés ? Illettrisme et grossière erreur, hélas préjudiciables à l’unité nationale. En voilà qui ne savent même plus, tout discernement laissé au placard et bon sens enterré, que la faculté laissée aux Députés, au Président de la République ou bref à des tiers de toucher à la Constitution, adoptée par voie référendaire, s’apprécie à l’aune de l’ampleur des révisions envisagées ; aurait-il fallu l’écrire in extenso pour limiter les abus de tripatouillage de la Constitution ? Pas sûr que, même explicite en ses lettres, ces mis en cause, irrespectueux de dispositions originelles sur la base desquelles ils sont élus, y soient sensibles ou fassent preuve de moins d’illettrisme.
La Ve République togolaise annoncée se présente en projet toxique à grande échelle. Son caractère partisan, sa teneur en escroquerie et mauvaise foi politiques, limitative du droit de vote du citoyen lambda, et son appétence pour des suffrages restreints au détriment du suffrage universel sont foncièrement crisogènes. Mettre en débat désordonné, agité et impromptu dans le domaine public une si controversée Ve République, déjà votée par le Parlement, relève par ailleurs d’une posture insensée et terriblement retorse. Pour un tel sujet, déni de sujet sur le fond et thème distractif sur la forme, la télévision nationale togolaise (TVT) organise, selon un agenda aussi décalé que suspect, voire imposé par le visage de scandale qu’a pris cette Ve République, une soirée de défoulement oral pour donner bonne conscience à ceux qui, de fait, ont une obligation d’allégeance au Chef de l’État ; tous savent cependant qu’un tel exercice n’a de sens qu’en amont d’un processus de révision constitutionnelle. Pourtant, le cœur à l’ouvrage, ils y ont mis un apparent sérieux de médecin après la mort.
Les dépositaires de talent et de services publics ne piétinent pas le bon sens ; ils ne défendent pas l’indéfendable ; ils ne raisonnent pas sans conviction comme tous ces messieurs conseillers spéciaux ou membres du Gouvernement ou salariés d’une fonction publique clonée RPT-UNIR le Parti-État. Tous ces panélistes ou presque sont au fait des capacités de nuisance et autres perversions de l’appareil d’État au Togo à réduire au silence ou à mettre à la diète, à la porte sinon au gnouf quiconque contrarie le Président de la République : ils en ont une sinistre conscience.
Excepté le Professeur David DOSSEH, magistral dans sa façon de jouer à qui ne fait que s’interroger sur le pourquoi du comment sans jamais être offensant, tous les autres présents à l’antenne de TVT, piégés dans des postures de griot, raisonnent et résonnent avec prudence, étouffent leur bon sens au nom d’une solidarité de gouvernants dépourvue de conviction mais débordant de zèle. David DOSSEH a été élevé dans la culture et l’ambiance des débats contradictoires de qualité du Sénégal : c’est un dépositaire de multi-talents, soucieux de l’intérêt général.
Les autres, Représentants du Prince, du Gouvernement, du Parlement ou assimilé, gorgés à bloc de calculs politiciens et carriéristes pour certains, n’ont pour seul échappatoire, dans cette émission TVT de dupes, que le recours à un paralogisme opportuniste qui ne trompe personne. C’est à peine s’ils ne sont pas tétanisés par des risques évidents d’écarts de langage par inadvertance ou de lapsus trahissant leurs pensées intimes aux antipodes de leurs prises de position officielle ; ils se verraient bien dispensés d’un tel exercice consistant à soutenir l’insoutenable et à contrarier l’évidence en étouffant tout amour propre.
Indéfendable, la Ve République de ce lundi 25 mars 2024 l’est parce qu’elle déborde d’incongruités et de mépris auxquels, bizarreries togolaises s’entendent, seuls les tenants du pouvoir d’État et leurs courtisans sont empathiques.
Vilévo DEVO
« TAMPA EXPRESS » numéro 0055 du 11 avril 2024