Le Togo du clan Gnassingbé vient d’assister à des élections sénatoriales. Visiblement aucun engouement populaire. Non seulement les populations ne connaissent pas encore ce à quoi rimerait un titre de sénateur, mais aussi ceux qui en ont la petite idée se demandent encore ce qu’un sénateur pourrait changer dans un pays malade de la tête aux pieds. On se demande surtout si l’on n’assiste pas à une énième triste blague politicienne.
De la poudre aux yeux
L’idée d’un Sénat au Togo relève de l’habituelle supercherie d’un régime politique longéviste qui ne tarit pas de trouvailles quoique impertinentes pour s’illustrer et se confirmer comme vivant. Depuis que j’ai appris cette blague de mauvais augure, j’ai consulté le dictionnaire du Colon qui me dit que le Sénat est une deuxième chambre nationale qui vient après l’Assemblée nationale et qui a moins de pouvoir que celle-ci. Autrement dit, un député a beaucoup plus de pouvoir puisqu’il est élu directement par le peuple. On me dit ensuite que le Sénat est une sorte de prolongement du pouvoir local ou décentralisé. Cela veut dire que le Sénat relaie et défend la voix et l’intérêt des rois, des chefs de villages et de familles. On me dit que c’est une excellente réforme politique, en ce qu’elle vise à redynamiser la vie des territoires décentralisés. D’accord. Mais est-ce que la décentralisation existe réellement au Togo ? Qui nomme et intronise les chefs cantons ? Qui nomme les maires ? Qui téléguide les chefs de villages et de familles ? Dans un contexte général où tous les symboles sociaux sont devenus des instruments aux mains et au profit d’un seul régime politique, il est totalement illusoire de prétendre institutionnaliser un Sénat ; pire, c’est une insulte à l’esprit de la loi, sans compter le gaspillage des ressources publiques qui seraient allouées aux dits fameux élus.
Une monarchie sauvage
Depuis l’entrée en vigueur de la cinquième République qui a désormais institué ce qui en réalité s’appelle une monarchie, tous les esprits éveillés ont cessé d’espérer en ce pays dont les dirigeants assument en plein jour un anticonformisme éhonté et un courage politique guidé par la mauvaise foi. Ainsi dans une monarchie qui ne respecte aucun idéal sociétal de base, je ne vois simplement pas ce que cela va changer pour le peuple que d’avoir encore à endosser un Sénat sur un dos déjà courbé par la surcharge excessive que représente une classe politique gourmande et tristement célèbre dans une gouvernance qui interroge sérieusement sur le degré de patriotisme au sommet. Ces personnes sont ceux qui dans leur grande majorité ont contribué à dépouiller, spolier, arnaquer le pauvre peuple. De mêmes visages qui vont et qui reviennent, grâce à la non alternance du pouvoir politique, et qui réussissent à décourager progressivement les plus tenaces de nos brillants cerveaux qui se donnaient encore la peine d’attendre le changement dans un désert aride. Et c’est dans le sang et la sueur des dizaines de milliers de martyrs anonymes qui périssent de faim au quotidien que l’on érige ainsi une nouvelle institution fantoche qui visiblement n’aura ni de légitimité ni de réelles attributions fonctionnelles. Aucune monarchie qui se respecte ne décime sa propre société à la base. Du moment où l’armée et toutes les institutions protègent le roi et ses valets, il faudrait au moins permettre aux citoyens lambda de vivre une vie normale quitte à construire la nation de demain. Mais ça pose problème pour des gens qui ont peur qu’un peuple rassasié et bien épanoui en vienne à exiger prochainement une alternance politique. Or en optant pour les archaïques mesures de compression du peuple, on détruit tout espoir futur de voir naître une élite de demain qui soit valable pour relever les grands défis à venir. C’est un serpent qui se mord la queue. En temps normal, le nouveau Sénat devrait pouvoir prendre conscience de cet impératif de rétablir un début de confiance entre le peuple et le régime en place, de rétablir le pouvoir décentralisé, de faire renaître des forces sociales capables de maintenir debout le Togo de demain. Mais hélas, je reste dans la posture de Saint Thomas.
Hervé Kissaou Makouya
« TAMPA EXPRESS » numéro 0071 du 28 février 2025
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