« Encore nous qui sommes à proximité de ce bassin d’eau dit aménagé ! », les propos d’une riveraine des bassins jumeaux d’eau, aménagés juste derrière l’ancien « Hôtel Léo2000 ». En effet, la première pluie anticipée du 03 mars dernier a suffi pour réveiller les moments sombres que vivent les habitants des alentours de ce bassin orageux. Cette pluie d’une matinée a totalement fait le plein des deux bassins, malgré la présence d’une pompe qui avait entre-temps permis de baisser considérablement le niveau de l’eau bien avant cet orage. Ce bassin a déjà tué 05 personnes retrouvées noyées dans l’eau dont l’un des gardiens du site.
Dans les correspondances adressées aux autorités publiques concernées par le phénomène, le collectif des riverains a fait l’inventaire des maux à savoir « Inondation des rues d’accès ; Impossibilité d’accès aux maisons ; Prolifération des moustiques entrainant de façon récurrente pour la population riveraine des problèmes de santé ; Arrêt des activités économiques par la fermeture forcée des boutiques et magasins environnants ; Les risques d’accidents pour les enfants qui jouent imprudemment non loin en rappelant que nous déplorons des morts par noyade dans ces eaux » Bref la pollution générale de l’environnement dans le quartier. Et tout ceci est lié à première vue à un ouvrage mal exécuté et inachevé, des caniveaux non fermés, absence de curage du bassin, absence d’un système automatique de pompage à bonne capacité, des rues adjacentes non aménagées qui charrient le sable et les ordures ménagères dans les deux bassins…
Or par définition, le bassin de rétention est un ouvrage technique servant à accumuler des eaux pluviales dans un objectif de protection des populations et de l’environnement. C’est le lieu de stockage temporaire des eaux de pluie, avant que celle-ci retourne dans l’océan ou les cours d’eau. Pour assurer la fonction primordiale de protection, il s’impose l’obligation et la responsabilité de les entretenir afin de nous assurer qu’ils jouent leurs trois grands rôles ; prévenir les inondations des sous-sols et des infrastructures routières, protéger la qualité de l’eau de nos lacs, rivières, ruisseaux et marais et minimiser l’érosion des rives des cours d’eau.
Sur la vingtaine de bassins orageux que compte seule la ville de Lomé, aucun ne connait d’entretien significatif.
Mais au niveau du bassin « Agoè-Téléssou Léo2000 », une motopompe a été mis à disposition par l’entreprise Commerce Général et Construction (CGCO) SARL-U. Cette pompe avait permis de réduire considérablement le niveau de l’eau jusqu’à la pluie de début mars.
Le paradoxe est que, les habitations à proximité du bassin d’eau, cette pompe est trop petite pour vider ces bassins une capacité de plus de 10000 litres et donc, elles ne sont toujours pas épargnées. Madame Akoua B. est allée jusqu’à traiter le dispositif actuel de pompage de « pipette ».
En dépit des promesses des autorités communales et étatiques, pour résoudre ce phénomène d’inondation dans la zone, aucun travail d’entretien comme enlèvement des débris solides et végétaux ainsi que la boue et du sable.
Pis encore, c’est maintenant, après deux grandes pluies, qu’un dispositif de construction d’une « bâche à eau » a débuté pour faire acheminer de façon permanente et massive les eaux destructrices vers les grands caniveaux. L’entreprise CGCO SARL-U est le maître d’œuvre dans la construction de ce dispositif qui se décline en une « bâche à eau » d’une dimension de 5,60 mètres de long sur 4 mètres de large avec une profondeur de 6 mètres soit au total 134,4 mètres cubes. Cette « bâche à eau » va recueillir de trop plein d’eau pluviale des bassins jumeaux, puis deux pompes immergées qui fonctionnent avec électricité et groupe électrogènes vont évacuer ces eaux via des tuyaux enterrés vers les rigoles.
Il s’agit de grands travaux amis qui démarrent malheureusement très tard car, loin de prendre fin avant la grande saison pluvieuse. Le plus dramatique est que les fouilles se font à la main par un petit groupe d’ouvriers, mais très valeureux. Cette « bâche à eau » en construction représente un gros risque (accidentogène) pour les riverains, surtout les enfants, si rien ni fit pour accélérer les travaux et les terminer avant les pluies. Ceci dit qu’il faut rapidement terminer le creusage, passer à la construction cimentage et connecter le système d’évacuation.
Il convient de rappeler que ces deux bassins orageux ont déjà occasionné cinq (05) morts et donc un de plus sera très lourd pour la communauté.
Pour arriver à ce résultat de parcours, il a fallu une très forte mobilisation des riverains pour pousser plus loin cette démarche collective en adressant des courriers au ministère des Travaux Publics, celui de la Sécurité et de la Protection Civile et en faisant ampliation de ces courriers à l’ensemble des ministères concernés, notamment au Ministère de la Santé, de l’hygiène Publique et de l’Accès Universel aux Soins, au Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières, au Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires, mais également à la Primature de la République, au secrétariat générale du gouvernement et à la Présidence de la République.
Plusieurs quartiers de Lomé sont confrontés à ce drame. La vingtaine de bassins construits pour collecter les eaux pluviales ne résiste pas. Les autorités togolaises ont l’obligation d’aller tricher ce qui se fait au pays de Patrice Talon qui en moins de 10 ans a pu résoudre le problème d’inondation dans la ville de Cotonou, un véritable bas fond. Pas de bassin orageux dans cette ville mais des connecteurs et autres systèmes qui acheminent les eaux dans la mer et la lagune.
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0054 du 27 mars 2024 »