Hausse des ressources bancaires dans l’Umoa
En peu de mots, c’est l’absolue conséquence de la politique monétaire “accommodante” ou “laxiste” de la Bceao (les deux termes disent à peu près la même chose avec un brin de reproche pour le second) durant la période Covid-19. La Bceao a en effet procédé à des refinancements “massifs” en faveur des établissements de crédit à ses guichets et à des taux d’intérêt véritablement attractifs pour ne pas dire subventionnés.
Normal que tout “flambe”, côté ressources et emplois bancaires. Seulement, les emplois bancaires sont allés vers les Trésors nationaux qui ne se sont pas gênés pour tout “pomper” via leurs bons et obligations. Dans un pays comme le Togo, c’est juste in fine pour boucher des “trous” (déficit budgétaire oblige).
Grosso modo, la Bceao soit louée (par les banques et trésors nationaux) si les ressources bancaires ont été abondantes en 2021 par rapport à 2020 et les emplois aussi. Le grand hic est qu’elles sont loin d’avoir alimenté les crédits aux entreprises et particuliers pour booster l’économie, au demeurant atone durant la période Covid-19.
Les grands bénéficiaires des retombées de la politique monétaire de la Bceao sur la période ont été les établissements de crédit et les trésors nationaux : c’est ce que disent les chiffres.
Il serait certainement temps de rechercher comment faire pour que les particuliers et entreprises ne soient pas in fine (et à tous les coups) des laissés-pour-compte de la politique monétaire et des taux d’intérêt de la Bceao, avec le risque que la Bceao ne devienne (par l’intermédiaire des banques primaires) prioritairement la banque centrale des trésors nationaux au détriment des opérateurs économiques.
Banque catholique au Bénin : primo, sur la substance du projet. (1ère Partie/2)
Par un communiqué daté du 05 août 2022, le diocèse d’Abomey annonce que l’Église catholique au Bénin envisage de mettre en place une banque et l’ouverture de son capital social aux institutions ecclésiales et fidèles laïcs.
Une “banque catholique” et incidemment une “banque islamique” dans l’espace public suggèrent toutes deux religions et prosélytisme et font naturellement penser à des établissements bancaires confessionnels. Le terme “banque catholique” n’est ni d’usage courant ni une notion juridique ; son utilisation peut même s’avérer inappropriée. À l’inverse, le terme “banque islamique” est non seulement d’usage courant mais renvoie à une signification précise en matière de réglementation.
Dans son fonctionnement courant, une banque catholique comme celle dont la création est envisagée par le clergé béninois, ne fait référence à aucun principe religieux. C’est tout au plus un établissement de crédit dont les promoteurs appartiennent au clergé catholique et visent de préférence une clientèle de coreligionnaires mais pas que. Un tel établissement est appelé à fonctionner ou fonctionne comme une banque classique et universelle, commerciale si les promoteurs le veulent commercial, de développement ou de financement des Pme etc. si tel est leur désir etc. Dans le cas contraire, l’établissement n’obtiendra pas d’agrément de banque pour exercer ou se le fera retirer s’il l’a déjà.
Par contre, une banque pas catholique mais islamique fonctionne sur des principes religieux et éthiques ; elle s’adresse à toute clientèle intéressée par les services et produits proposés sans distinction de confession. Il faut se souvenir qu’il se dit que la première banque islamique a été montée par un chrétien de Malaisie, pays densément musulman.
En substance, une banque islamique s’impose deux (2) règles d’or. D’abord comme première règle, elle s’interdit de recourir à la pratique des taux d’intérêt, considérée comme usuraire par l’islam et le christianisme notamment ; appliquer un prix à l’usage de l’argent est donc proscrit par respect de mœurs religieuses mais aussi pour des raisons éthiques. La banque islamique s’interdit ensuite comme seconde règle de financer toutes activités contraires aux mœurs islamiques : élevage de porc ou assimilé et activités visiblement liées, production d’alcool et activités connexes ainsi que toutes autres occupations bannies par une autorité assermentée, souvent religieuse ou statuant comme organe dédié de toute banque islamique aux côtés de son conseil d’administration etc.
In fine, une “banque catholique” fonctionne comme une banque universelle, alors qu’une “banque islamique” s’impose elle-même des règles de fonctionnement compatibles avec la réglementation bancaire et prudentielle en vigueur dans le pays. Banque catholique comme banque islamique, banques confessionnelles ou non, elles sont toutes astreintes à trois obligations : d’abord de conformité à la réglementation bancaire et prudentielle, ensuite de bonne gouvernance et enfin, de rentabilité sinon elles s’exposent au retrait de leur agrément de banque.
Vilévo DEVO