Les luttes traditionnelles Evala, édition 2022 démarrent le 9 juillet prochain, après deux ans de pause due à la maladie au Coronavirus. Cette fête va se dérouler dans les 14 cantons de la préfecture de la Kozah et à Yaka, dans le Doufelgou. A travers le rituel des Evala, les jeunes garçons, dont l’âge est compris entre 18 et 20 ans vont démontrer leur force et leur savoir-faire dans les Arènes, dans une ambiance festive et de retrouvailles. Spécifiquement, les luttes traditionnelles en pays kabiyè véhiculent tout un ensemble de valeurs d’identification, d’affirmation et d’appartenance à une ethnie. Elles permettent à ces jeunes de rentrer dans le cercle des grands, en tant qu’un homme responsable, dans tous les sens du terme. Evala est aussi un rendez-vous touristique, un cadre des affaires et de mise en exergue des richesses culturelles, artistiques et culinaires de cette région du Togo.
Généralement le rite des Evala commence par la « descente » du prêtre traditionnel DJODJO ou encore pout d’autre TCHODJO,qui, normalement, dans la tradition, apparait une fois l’an. Celui–ci fait son apparition une semaine avant le démarrage des luttes, pour des cérémonies de purification des lieux sacrés pour quemander les faveurs des mannes des ancêtres sur cette manifestation. Il sollicite auprès des dieux la clémence pour que cette cérémonie se déroule dans de bonnes conditions.
Le parcours du DJODJO est demeuré le même depuis le temps des ancêtres. Il descend de la montagne du Canton de Koumea pour sa première cérémonie dans le marché de la lolocalité (on dit en langue locale : DJODJO diba Kakou). Il poursuit sa marche, ‘DJODJO dewa) avec les escales de cérémonies à Kachika, la localité d’où est originaire le Général Gnassingbé Eyadema d’où le nom donné à l’une de ses fille Tchitchidè, puis Kioudè, chez les familles Assih et enfin l’étape finale de Laou. Et c’est après les cérémonies de Laou qu’il retourne dans son logis de Kouméa. Tout se fait à pied. Selon les anciens quand le DJODJO et ses notables s’ébranlent, il pleut derrière eux, mais pas devant et l’eau de pluie ne les touche jamais. Le circuit démarre vendredi et s’achève dimanche. Leur circuit passe par la brousse et non sur le goudron. Personne ne peut les croiser et s’il advenait qu’un curieux les croise alors c’est la malédiction…
Pour être Evalou, il faut d’abord être initié par ses devanciers, après l’accord de l’oncle maternel de ce dernier. Une fois l’accord de l’oncle donné, le groupe des anciens guettent le futur Evalou jusqu’à ce qu’ils l’attrape et l’amène de gré ou de force dans le sanctuaire des Evala pour des cérémonies d’initiation. C’est après ces cérémonies que le jeune rentre véritablement dans la classe des Evala. Le jeune Evalou doit avoir un âge compris entre dix-huit et vingt ans. Ils sont appelés Evala (pluriel) ou Evalou (singulier). Durant trois années consécutives, depuis leur initiation, ils vont lutter ensemble avec leur classe d’âge en cossommant la viande du chien (animal choisit pour ces rites. Au terme des trois ans de lutte, ils deviennent des Egoulè (pluriel) ou Egoulou (singulier).
A priori, Evala est un sport qui permet aux jeunes lutteurs de rivaliser d’ardeurs dans les arènes dans un esprit de fair-play et d’amusement, le tout dans une ambiance électrique. Il s’agit là, de tester la capacité de ces jeunes en empoignade et en gestes techniques basées sur la ruse, l’endurance, la résistance, la force et la détermination. Autant dire que, par-delà, l’aspect culturel, Evala participe à la formation du jeune kabiyè. L’endurance, le courage dans la combativité sont autant de valeurs que le rituel Evala cache derrière ses apparences. Dans cette formation à la responsabilité, le respect de la hiérarchie occupe une place de choix, lors du retrait dans les sanctuaires d’initiation. Ainsi, les luttes commencent dans les sanctuaires. Ceci permet de classer ces jeunes selon leur génération et par ordre de grandeur et surtout de force, avant le jour de la finale. C’est aussi une occasion offerte à ces jeunes de grandir en expérience, d’acquérir la sagesse, le savoir-faire et surtout d’être plus responsables. Puisque les jeunes initiés, après trois années de lutte, entrent dans la cercle des grands, des décideurs, libres de marier et de se lancer dans la vie active. Les initiés savent désormais à quelle classe ils appartiennent et cherches à s’entraider, défendre l’intérêt de la cité. Ils s’en sortent futés en matière de maitrise de soi, des pratiques ancestrales qu’ils vont à leur tour transmettre aux générations futurs.
Le rite Evala est généralement un moment de spectacle. La manifestation prend tout une bonne semaine, en présence des autorités politiques, administratives, militaires, traditionnelles, de la diaspora et des touristes. C’est ainsi qu’au temps du feu président Gnassigbé Eyadema, toute l’administration se paralysait durant le temps que dure les Evala.
Cette année, après deux ans d’une contrainte pause pour cause de Coronavirus, les luttes reprennent leur droit de cité. Durant donc une semaine (9 au 17 juillet 2022), la préfecture de la Kozah va vibrer aux rythmes de danses et chants endiablés, au son de castagnettes, de cors, de gongs, de flûtes ou des harmonicas. D’arènes en arènes, les autorités et les natifs du milieu mettent le paquet pour rendre tout simplement la fête belle.
Ces dernières années, en dehors des luttes proprement dites, plusieurs activités socio-culturelles sont associées à la fête. Des soirées récréatives sont organisées avec la complicité des partenaires économiques tout le long de la semaine, en vue de montrer aux visiteurs la riche diversité du patrimoine culturel de la région.
La rédaction