« Au Togo, la route tue plus que les armes à feu ». Ceci ressort des publications périodiques du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de Brigade, Yark Damehame. Malgré les nombreuses mesures prises par le gouvernement togolais pour garantir la sécurité aux citoyens, les populations semblent exposées à une insécurité dans les villes notamment sur les grandes routes interurbaines à travers toute l’étendue du territoire. Les statistiques issues des compilations de ces publications du général Yark font froid dans le dos et la courbe ne cesse d’accroitre ces dernières années. Des études scientifiques réalisées par des enseignants chercheurs des Universités du Togo relèvent que l’excès de vitesse demeure la première cause des accidents aux côtés de la manipulation des téléphones cellulaires, écran de télé dans les voitures ou causeries, de la conduite en état d’ivresse ou sous l’effet des stupéfiants. A ces causes s’ajoutent le mauvais état du parc auto et du réseau routier de par son étroitesse et sa dégradation, le non-respect du code de la route, l’incivisme total qui se définit par les surcharges des passagers et des marchandises. La non-détention de permis de conduire, le non-respect des dispositions de sécurité déjà existantes (port du casque et de ceinture de sécurité), la violation des feux et panneaux de signalisation (…) avec ou sans la bénédiction ou la complicité des agents de sécurité routière ainsi que le vice de corruption et de racket ne sont pas à négliger. Tout ce désordre se déroule dans un environnement togolais où les textes de règlementation existent et n’ont rien à envier à ceux de l’Occident.
Toutes les mesures annoncées depuis des décennies pour freiner cette hémorragie sont restées lettre morte. Bien souvent, les sorties remarquées des agents de la Police et de la Gendarmerie Nationale pour le contrôle des pièces, de la vitesse et des surcharges des véhicules sont marquées par des racket des usagers de la route. Ces rackets et la compromission entre conducteurs et agents de sécurité se présentent désormais comme des pratiques institutionnalisées dans un pays qui se veut respectueux des lois. Tout se passe à ciel ouvert sans aucune crainte. Chaque semaine, des agents de la Police Nationale en masse sont visibles ou parfois en embuscade aux feux multicolores dans les villes du pays pour soi-disant réguler la circulation mais au final c’est la recherche du gain facile. Pour le contrôle routier, il a été mis sur pied une force spéciale nommée Division de la Sécurité Routière (DSR) composée de policiers et de gendarmes. Ce sont ces agents en chasuble de couleur jaune marqué au dos DSR qu’on retrouve sur les axes à Lomé comme au long des routes Lomé-Cinkasse, Lomé-Kpalimé-Atakpamé, Lomé-Aného-Hahotoé et les voies annexes. Que font-ils d’autres ces agents en jaune si ce n’est pour soutirer les espèces sonnantes et trébuchantes sous forme de dime auprès de la masse des conducteurs et rentrer au poste avec quelques verbalisations ou dossiers de récalcitrants ? Aujourd’hui encore à la faveur de la Covid-19, les check-points des militaires sont également devenus des postes de rançons pour les usagers de la route.
Une règlementation qui peine à prendre son envol
Pendant ce temps le drame continue, car, il ne se passe de jours sans que les urgences des centres hospitaliers et les morgues ne s’emplissent des victimes d’accidents de la route. L’inconscient a malheureusement pris le dessus sur le conscient. Tous les jours les médias togolais remémorent l’accident mortel de Apéti Kossivi Edmond alias « Docteur Kaolo », ce génie du football togolais arraché à la joie du public sportif togolais à seulement 25 ans dans un accident de motocyclette le dimanche 02 juillet 1972, alors qu’il revenait d’un match d’exhibition sur le terrain bas-fond du Collège Saint Joseph. Ce natif de Tsévié (ville située à 35 km au Nord de Lomé) aurait pu être sauvé s’il avait porté un casque lors de cet accident. Devant cette triste perte, une loi fut prise par le gouvernement togolais, afin de rendre le port du casque obligatoire. Malheureusement, l’on constate que même les adeptes du Dr Kaolo roulent à moto sans porter de casque !
Quelle est cette malédiction pour ce pays? Peut-on parler du cas de feu Edmond et ne pas évoquer celui de feue Georgette Nafiatou Adjoavi, connue sous le nom d’artiste Bella Bellow qui succombe le 10 décembre de l’année suivante dans un autre accident de la route dans le virage de Lilicopé, juste à moins 10 km de Tsévié. Arrachée à la fine fleur de l’âge, Bella était aussi jeune car elle mourait à seulement 28 ans. Aujourd’hui encore, plus de 47 ans après sa tragique disparition, sa voix continue de briller comme cette rayonnante lumière qui mène au paradis. Cependant, en dépit de la sensibilisation, le petit pont de Lilicopé qui a eu raison de notre regrettée Bella Bellow continue d’enregistrer de nombreux accidents avec son cortège de blessés et des morts. Et pourtant le Togo a une loi qui fait obligation du port du casque et de la ceinture de sécurité. Dans l’usage, toutes ces règles sont facultatives. Seuls les camps militaires, de polices et de gendarmeries ont fait du port du casque une obligation. Dans le cas d’espèce, c’est la discipline militaire qui prévaut.

Des décisions hasardeuses et inefficaces
Un regard dans le rétroviseur indique clairement que de graves accidents sont légion sur les routes togolaises. C’était en 2014 quand un accident d’un autocar de 70 places allant à Cinkassé était rentré en collision avec un Semi-remorque porte-conteneur vers 19h30 GMT au niveau de Talo, localité située à environ 10 kilomètres de la ville d’Atakpamé. Là encore le bilan a été macabre. Ce drame inédit au Togo faisant 48 morts dont deux bébés et des blessés avait déclenché une forte émotion chez les gouvernants qui à l’époque, avaient pris la décision (hasardeuse) de suspendre la circulation entre 20 heures du soir et 05 heures du matin aux camions poids lourds et aux bus de plus de 15 places. Bien évidemment, la cause de ce drame était l’excès de vitesse. Une décision qui avait fortement paralysé les activités de transport de marchandises et mis à mal la logistique portuaire. Aujourd’hui, personne ne sait si l’interdiction est levée ou pas, car la circulation a repris pour toutes les catégories d’engin. Aucune évaluation n’a été faite pour mesurer l’efficacité d’une telle mesure. Bien avant cet accident déjà en 2007, c’était l’annonce de l’installation imminente des radars par le sage RPT-UNIR, le Professeur Charles Madjome Kondi Agba à l’époque ministre de la Santé sous Faure Gnassingbé. Mais 14 ans après, l’ambitieux projet de doter les routes togolaises de radars est demeuré une simple déclaration pour amuser la galerie. Et pourtant le radar surtout mobile est une très ancienne technologie qui renforce les capacités d’intervention des agents de la sécurité routière. Il est très pratiqué en République de Côte d’Ivoire depuis l’ère du vieux Félix Houphouët Boigny. Qu’est-ce qui empêche son utilisation au pays d’Etienne Gnassingbé ? Plus récemment en janvier 2021, c’est le Général Yark Damehame qui introduit l‘alcotests dans le contrôle routier. Certains usagers qui ont été testés se sont confiés à nous. Le cas du nommé Nanani est révélateur. (voir encadré)
Considérant le racket systématique à laquelle les agents s’adonnent à cœur joie certainement pour combler leur solde du mois, peut-on réussir l’alcotest dans un pays où l’agent en charge du contrôle lui-même dégage le parfum alcoolique constamment au moment du contrôle ?
Retour aux méthodes Gnofame !
Aujourd’hui, après l’échec cuisant de l’alcotest, le Général Yark se lance dans une aventure plus cocasse ! Celle titrée par nos confrères de Togo-online le 21 juin dernier « Sécurité routière au Togo : Yark Damehame a décidé de saisir le permis de conduire des mauvais conducteurs ». Pour l’histoire, c’était une vieille pratique qui a fait la célébrité de son aîné le Général Charles Zoumaro Gnofame alors Directeur Général du Garage central et administratif (GCA) qui avait à l’époque, la charge de délivrer le précieux permis de conduire. Tout le monde et particulièrement les anciens chauffeurs de la Région Centrale des années 1980-1989 en gardent l’amer souvenir. Beaucoup continuent de donner cette référence de l’époque du parti unique comme un bon exemple « Le Permis GNOFAME ! ». A l’époque, les conducteurs étaient aux aguets des mouvements de cet ancien Directeur du GCA. Les rues de Sokodé (chez les oncles maternels du Général) se vidaient totalement quand on soupçonne la présence du patron des permis de l’époque au Nord du pays.
A Lomé comme partout ailleurs sur le territoire, tout conducteur de véhicule était très attentionné car celui-ci risquait de perdre son permis à tout moment s’il se comportait mal dans la circulation. C’est à cette école que Yark veut s’essayer à cette ère démocratique et des nouveaux médias ? Si oui, alors il s’agit-là d’un ancien discours réchauffé. Pour ce faire, il va falloir retoucher les lois au parlement car aucune loi actuellement au Togo n’autorise cette vieille pratique.
L’épineuse question de la sécurité routière et singulièrement l’excès de vitesse des autocars de transport vers l’intérieur et à l’international demeure un enjeu de taille. Ils règnent en maîtres sur nos routes. Et se livrent un challenge de ponctualité comme en témoigne Komlan, ce franco-togolais de séjour à Lomé. « Ces bus roulent comme ils sont sur des autoroutes. Tout cela sur un fond de non-respect des codes de conduite routière. Dépassement abusif sur intimidation de klaxon lourd, jet de phares très éblouissants. Cela sans vous rappeler l’étroitesse de nos routes nationales avec des cratères par endroits sans traçage ni délimitation. Ces routes qui d’ailleurs ne sont pas adaptées pour ces bus. Des tombeaux ouverts en permanence pour les conducteurs inconscients et les malchanceux.». Ce témoin poursuit : « Cette histoire d’accident sur la Nationale 1 est devenue très récurrente. Il est temps aussi pour élargir cette route et en faire une double voie ». Sur le contrôle routier également, il porte un regard critique « On ne comprend même pas le rôle des autorités dans la réglementation des infrastructures routières, la vigilance et le respect du code de la route ou le monopole de la priorité des poids lourds ». Pour certains observateurs la compagnie de transport ETRAB serait le champion de la vitesse. Où vont-ils ces « chauffards » ? Le Togo, c’est juste 700 km de long. La compagnie a eu trois (3) accidents graves en l’espace de 70 jours durant le 1er semestre de cette année. Faut-il l’interdit de circuler et voyager un moment ?
Mettre à profit les structures existantes pour limiter les dégâts
Au-delà des sanctions, des approches de solutions existent. On peut penser au recyclage des chauffeurs des compagnies. Le garage central possède une structure de ce genre. Il faut que l’État cesse de se résigner lorsqu’il s’agit de la vie des populations. On peut aussi limiter la vitesse des bus destinés au long voyage. Il ne s’agit pas de pondre un décret mais d’utiliser la technologie pour agir sur les moteurs. Cela se fait depuis le concessionnaire pour les voitures neuves mais c’est encore possible lorsque le véhicule est de seconde main. La vitesse étant la première cause d’accident au Togo, la limitation de celle-ci pour tous les véhicules doit être une priorité dans la lutte contre les accidents de circulation.
Il ne faut également pas perdre de vue l’état des véhicules en circulation. Certains roulent avec des phares qu’on peut assimiler à des projecteurs brisant la vue des vis-à-vis pendant que d’autres roulent sans phares les nuits. A ce niveau, l’autorité routière peut mobiliser ses services techniques aux nombreux postes de péage dont regorge le pays. Leur mission sera de contrôler l’éclairage des autos et motos en circulation surtout les nuits et de procéder aux réparations systématiques contre le payement du service rendu et/ou de petites amendes pour le travail de nuit. Cela va permettre de recruter les jeunes électriciens de métier, etc.
Nonobstant le rôle de l’autorité publique, chaque usager de la route doit se mettre en tête que la vie est unique. Sa photocopie n’existe nulle part ailleurs. Pour prendre la route, il faut s’assurer de la nécessité du déplacement. Aujourd’hui l’on peut faire beaucoup de choses grâce aux technologies de l’information et de la communication. Si vraiment le déplacement à vélo, moto ou auto est nécessaire il faut prendre toutes les précautions humaines et techniques pour revenir saint et sauf. La maintenance technique d’un matériel roulant ne se fait ni le jour ou la veille d’un voyage. Freinage, vidange, pneumatique doivent être toujours au point. Avoir un mécanicien sérieux et compétent que n’oubliera pas de serrer correctement un boulon de votre engin… Car personne ne pourra plus rien pour vous lorsque le boulon de transmission ou une rotule ou l’écrou d’un pneu va céder lorsque vous êtes déjà à plus de 80 km/h ! La vie n’a pas de prix !
Enfin, un cadeau pour tous les conducteurs de véhicule à 4 roues en ces moments de pluie. Cela ne s’enseigne pas souvent dans les autoécoles. Il s’agit de (Google Merci):
Quelques conseils pratiques
« Comment conduire sous une forte pluie : Si vous n’avez pas encore démarré
- Modérez votre vitesse (La moyenne est entre 30 et 40 km/h en agglomération et 80 km/h hors)
- Laissez une bonne distance entre vous et la voiture qui vous précède.
- Allumez vos feux de croisement. (S’il pleut à verse et que la visibilité est très réduite, vous pouvez aussi allumer les feux de brouillard sous la pluie, mais uniquement les feux de brouillard avant. Ils sont plus puissants que les feux de croisement. Les feux de brouillard vous offriront donc une meilleure visibilité.)
- Mettez la climatisation pour éviter la condensation à l’intérieur de l’habitacle. Nombreux sont ces conducteurs qui ne le savent pas. C’est pourquoi ils ont toujours un chiffon en main pour nettoyer la parebrise systématiquement. Ce qui les expose d’avantage aux risques d’accident. Alors que les constructeurs auto ont tout prévu tant pour les véhicules climatisés ou non.
Si vos fenêtres s’embuent, mettez le dégivreur en marche. L’air chaud et la ventilation font disparaître la buée rapidement. Assurez-vous que le mode recyclage d’air n’est pas activé. Cependant, une fois que vous vous êtes débarrassé de la buée, évitez d’éteindre le chauffage sur-le-champ. La vapeur d’eau risque de créer une condensation plus épaisse sur le pare-brise, qui est directement en contact avec l’air frais extérieur durant la conduite.
Il est également recommandé de garder votre pare-brise le plus propre possible, car les particules d’huile et de saleté qui peuvent s’y accumuler attirent l’humidité. Nettoyez donc le pare-brise avec un linge en microfibre. Certains produits antibuée sont disponibles en magasin.
- Levez le pied de l’accélérateur si vous partez en aquaplaning. »
FNK