Tout a débuté le mercredi 06 mars dernier vers 18h30 avec une messe veillée, célébrée dans l’emblématique chapelle de l’Église catholique Saint Kizito de Tokoin Doumassessé. C’était dans cette même chapelle située à moins de 300 mètres du domicile familial Madjoulba, faisant office de maison mortuaire qu’a eu lieu en décembre 2021, la messe veillée du feu Maitre Apollinaire Yaovi Agboyibor, ancien Premier ministre et ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Togo et Président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR). Et environ deux ans plus tôt, c’est la même paroisse qui a abrité une messe d’investiture du candidat à l’élection présidentielle du 22 février 2020, l’ancien Premier ministre du Général Gnassingbé, Agbéyomé Kodjo avec l’onction de l’archevêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Kpodzro, tous deux décédés respectivement dans la nuit du 3 au 4 mars 2024 et le 4 janvier 2024.
Ils étaient plus du millier, parents et alliés, amis, frères et sœurs d’armes, anciens enfants de troupe du Collège Militaire Tchitchao dont le défunt était pensionnaire et la grande mobilisation des habitants de Tokoin Doumassessé à se masser dans l’enceinte de l’église, débordant dans les ruelles et jusqu’au domicile mortuaire, en présence de plusieurs autorités religieuses, militaires et civiles. Cette messe veillée qui a pris fin aux environs de 21 heures a été officiée par un parterre impressionnant de prêtres et à leur tête Mgr Nicodème Barrigah–Benissan, Archevêque de Lomé. Pour l’événement, juste la quête spéciale pour les demandes de messe pour le repos de l’âme de l’illustre disparu a franchi la barre d’un million de francs CFA.
La maison mortuaire ne s’est pas désemplie jusqu’au lendemain 7 mars, journée fatidique de la chapelle ardente avec l’exposition de la dépouille de feu Toussaint Bitala Madjoulba de 07 heures à 13 heures avant le départ du gigantesque cortège pour Siou après des escales cérémoniales à l’Etat Major des FAT et à son domicile privé.
Toute cette mobilisation, rappelle les moments glorieux du Papa des Calixte, Toussaint et autres. Car le vieux Madjoulba, un ancien militaire ayant participé aux différents champs de batailles sur le continent, de son vivant, était une une bonne référence pour le ressortissant Nawda ou les Nawdougou et tout le quartier Tokoin Doumassessé. Très grand rassembleur, il était le chef des ressortissants de sa localité et un des rare à l’époque à organiser des retrouvailles périodiques dans le quartier et à son domicile. Beaucoup se rappellent encore du bar « Meilleur coin », cette fontaine intarissable de la bière pression dans les année 1990.
Ainsi, tout comme à Lomé, les obsèques du colonel Toussaint Bitala Madjoulba, ont débuté avec une veillée dans la nuit du 7 mars jusqu’à l’arrivée de la dépouille au petit matin du 8 mars.
La grande mobilisation de Lomé autour des obsèques prouve à suffisance la dimension de la personnalité de Toussaint Madjoulba et cela ne peut laisser personne indifférent. Cette fois-ci à Siou c’est le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé qui a honoré sa présence, ce vendredi 8 mars 2024 dans la préfecture de Doufelgou, pour un dernier hommage à un ami et grand serviteur. On note également la présence de nombreux membres du gouvernement dont le Colonel Calixte Madjoulba (actuel ministre de la sécurité et frère aîné du défunt), Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique et ami du clan de la famille endeuillée), la haute hiérarchie militaire notamment du général François Tassanti Djato (Chef d’État-major général des Forces armées togolaises).
L’ex-Chef Corps du 1er Bataillon d’intervention rapide (1er BIR) a été inhumé dans l’intimité familiale en milieu d’après-midi à la suite d’une messe dite en l’Église Immaculée Conception de Siou. La messe a été présidée par l’Evêque de Kara, Mgr Jacques Longah. Tous les protocoles traditionnels et modernes depuis l’accueil de la dépouille ont été respectés.
Rappelons que le colonel Toussaint Bitala Madjoulba, âgé de 52 ans, commandant du 1er Bataillon d’intervention rapide (1er BIR), avait été assassiné dans son bureau le 4 mai 2020, au lendemain de l’investiture du président Faure Gnassingbé pour son 4e mandat. Les examens médicolégaux des médecins légistes du corps ont révélé une blessure par balle.
Les enquêtes ont permis de mettre la main sur plusieurs personnes qui sont des frères d’arme et à la fin sept (7) militaires ont été jugés par un tribunal militaire en novembre 2023 pour « assassinat, complicité d’assassinat, complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice et complot contre la sécurité intérieure de l’Etat ». Le général de division Félix Abalo Kadangha, ancien chef d’État-major général des forces armées togolaises y a écopé 20 années de réclusion contre les 50 ans requis par le ministère public. Deux autres militaires, dont le chauffeur du désormais feu Toussaint Madjoulba, ont été condamnés à 15 ans de prison et 2 autres à 5 ans d’emprisonnement. Les 2 autres accusés ont été simplement acquittés.
Cependant, en dépit de la bonne volonté des premières autorités de la république à faire transparaitre la vérité sur cet assassinat crapuleux, l’opinion est restée septique et des supputations continuent. Et pour preuve le confrère « La Dépêche » venait d’écoper la semaine dernière d’une suspension de parution de trois (3) mois, infligée par la HAAC, suite à la parution 1185 du 28 février 2024 d’un « Dossier spécial/L’assassinat crapuleux du Colonel MADJOULBA : et si le Général Félix Abalo Kadangha était le capitaine Dreyfus du Togo » ?
Que Dieu apaise les cœurs meurtris et que leurs âmes reposent en paix !
La rédaction
« TAMPA EXPRESS » numéro 0053 du 13 mars 2024 »