L’actuel ministre du Désenclavement et des Pistes rurales, sieur Bouraïma Kanfitine Tchédé-Issa, après le poste de Directeur Général des Travaux publics, a atterri au gouvernement à partir de 2020. Ingénieur génie civil formé en Union soviétique, il est depuis un moment le plus grand conseiller de l’État togolais dans sa matière. Non seulement il serait le protégé de SEM Barry Moussa Barqué (tout nouveau et président du premier Sénat du Togo), le ministre Tchédé-Issa a toujours le bénéfice de cette célèbre maxime de la Grèce antique qui dit : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois », car, il serait pendant longtemps l’un des rares intellectuels de Timbou, Canton de Timbou, son village d’origine dans la Région des Savanes. C’est déplorable et une triste réalité au pays des graves inégalités que certains villages du Togo ne disposent même pas un fonctionnaire de l’État.
On dit même dans les girons de la construction que l’expert du gouvernement serait incapable de dimensionner et/ou de réaliser un bon dosage de béton armé (Sic). Sachant bien évidemment que Sani Yaya, l’actuel ministre des Travaux publics est du domaine des finances, donc un casier inconnu du secteur dont il a la charge, alors son collègue des pistes supplante tout.
Mais l’arrogance du ministre Bouraïma Kanfitine Tchédé-Issa a été révélée au grand public en avril 2022 lorsqu’il avait tenu des propos jugés peu orthodoxes à l’endroit de ses propres parents, frères et sœurs, lors d’une sortie propagandiste des membres du Gouvernement et cadres RPT-UNIR de la région des Savanes pour une rencontre des enseignants, les parents et les élèves de la région des Savanes.
Le Conseiller du moment du président de la république dans les BTP se montre encore plus virulent sur les chantiers comme en témoigne le paragraphe suivant lors d’une sortie médiatique en 2021 : « En ce qui concerne les exigences de cette feuille de route, c’est que nous avons l’obligation de réaliser les travaux avec la qualité requise. Toute entreprise qui sera défaillante dans l’exécution des travaux relatifs au présent appel d’offres sera écartée du processus durant cinq ans, soit jusqu’en 2025. Puisque notre programme va s’étaler sur cinq ans et jusqu’en 2025, il faut que les entreprises défaillantes aillent se préparer, aillent se former pour revenir soumissionner. Donc, c’est sur ces questions-là que nous nous sommes entretenus avec les entreprises pour que chacun puisse remplir ses obligations », avait averti le ministre Bouraima Kanfitine Tchédé-Issa.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’entrepreneuriat togolais est dans le rouge. Les quelques patrons qui tiennent encore ne le pourront plus longtemps. Le BTP togolais en particulier est à la croisée des chemins et disparaîtra pour des raisons évidentes, si le président de la République Faure Essozimna Gnassingbé ne tape pas vite sur la table.
L’antipatriotisme des dirigeants et ses manifestations
Les propos de Tchédé-Issa en 2021 ne sont pas du hasard, il s’agit visiblement d’un plan bien réfléchi qui va être mis en exécution. Car toute une batterie de brimade et sabotage est orchestrée depuis cinq ans par le ministre et une cellule, surnommée « Armée de la Présidence de la République », contre leurs propres compatriotes togolais du secteur de la Construction, du Bâtiment et travaux publics (BTP).
En effet, pour accroître l’employabilité ainsi que promouvoir l’entrepreneuriat, le Chef de l’État a cru bon de créer une cellule de veille composée de jeunes nationaux pour le contrôle des travaux publics et à sa tête son ministre des Désenclavements et des Pistes rurales. Sauf que cette cellule semble se détourner des vrais objectifs qui lui sont assignés. Les acteurs du BTP locaux dénoncent des acharnements et des rapports à charge qui les pénalisent. Mais au même moment, les concurrents étrangers évoluent dans la médiocrité avec des ouvrages qui ne tiennent pas, les lourds retards dans les exécutions des travaux… La cellule qui est rémunérée par le contribuable togolais est visiblement composée d’hommes de main qui travaillent pour garantir l’intérêt des étrangers. On dénombre encore plus des entreprises du Sahel dans les pistes rurales au Togo depuis que le président (Capitaine) Ibrahim Traoré et son pouvoir se sont érigés en groupement économique en confisquant les travaux publics du Burkina Faso. On retrouve également dans les pistes rurales l’allemand GOPA Consulting.
Au niveau spécifiquement des pistes rurales, la rédaction a décompté près d’une vingtaine qui sont actuellement sur les chantiers au Nord Togo dont SEGNA BTP, ECMC, ECGF, DAOUEGA SERVICE, TTM, MIM, FADOUL, ECR, ECI, VAMOUS, LPC, MULTI TC, EATP-BTP, FASODEC, GEM SA, WEND BE, EJF TP.
En plus de ces entreprises étrangères, Bouraïma Kanfitine Tchédé-Issa et Cie préfèrent faire appel aux cabinets de contrôle et ingénieurs étrangers pour leur attribuer des marchés publics. Elles étaient une trentaine d’entreprises étrangères contre environ sept du Togo déjà en 2023 et semble-t-il que la situation est plus grave avec un ratio de plus de 80 entreprises étrangères actuellement sur les marchés des pistes rurales. Certaines entreprises étrangères sont venues carrément se constituer au Togo et détiennent une carte CFE. C’en est de même pour les gros morceaux à l’instar de SOROUBAT, CHABANE et HITEC … Certaines entités étrangères se seraient déjà constituées en groupement d’intérêt pendant que les Togolais se torpillent et évoluent en rang dispersé avec un syndicat inactif.
La famille du ministre serait même tentaculaire dans les constructions publiques au Togo avec son jeune frère Ilyassou Mintré Tchede-Issa, Administrateur civil, qui manœuvrerait depuis la Direction Générale des Travaux publics.
Les lourdeurs administratives et montage des dossiers
Le calvaire de ces entreprises togolaises réside également dans les appels d’offres publics. Les dossiers d’appel d’offres sont d’abord fastidieux à monter, mais après les dépôts de dossiers l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), pour une raison ou l’autre, peut reporter l’ouverture des dossiers soit pour toujours et parfois procéder à l’annulation pure et simple des attributions. Et même rien n’est garanti quand le marché est attribué car, l’annulation peut tomber même en pleine exécution du projet. Tout cela dans un climat de clientélisme, militantisme, corruption, compromission…
C’est aussi le phénomène de la concurrence avec le fameux moins-disant des coûts qui conduit certaines entreprises de BTP à minimiser les prix pour pouvoir remporter le marché. Et après c’est la catastrophe ; travaux bâclés et/ou non achèvement, retard… Bref, les critères sont déterminés pour éliminer d’office les nationaux ; moyens techniques et financiers.
Subséquemment les appels à candidatures fixent souvent 15 ans d’expérience pour leur permettre d’éliminer un bon nombre de Togolais. Mais bien avant, il faut avoir le précieux sésame c’est-à-dire la caution bancaire.
Alors que les travaux des pistes dans tous les pays constituent les piliers à partir desquels le BTP local se développe, car, étant plus souple et moins exigeant sur certains critères comme la logistique.
La problématique de financement des entreprises BTP au Togo
Le financement de l’économie a toujours été cocasse en Afrique et particulièrement au Togo malgré les multiples initiatives du gouvernement, dont la création d’une Agence nationale de promotion et de garantie de financement des PME/PMI (ANPGF).
Pendant que les banques commerciales de la place se sont détournées de leurs objectifs en finançant les États par le truchement du Bon de Trésor, et parfois les hommes d’affaires véreux qui finissent pas y laisser de lourdes ardoises, au détriment du secteur privé, au Togo, la quasi-totalité des banques est détenue par les étrangers. Environ 14 banques et succursales de banques sont présentes au Togo, mais seules l’Union Togolaise de Banque (UTB) et son embryon la Société des Postes du Togo sont encore nationales.
Même si les dernières données 2024 de la BCEAO, place le BTP dans le peloton de tête en matière de financement des activités au Togo, les nationaux continuent de « tirer le diable par la queue ». Ce que cachent les chiffres de l’institution régionale est que ces étrangers qui exercent au Togo se sont constitués avec l’aide des Hommes de paille en entreprise locale. Maliens, Burkinabè, Béninois et occidentaux (…) ont le bénéfice sur leurs confrères togolais car, possédant 99,88% des banques sur le sol togolais. C’est ainsi qu’ils sont financés pour acquérir de la logistique et c’est eux, en plus des Libanais, qui louent souvent le matériel aux nationaux.
Pendant que l’étranger est dans les bonnes grâces des banques et des antipatriotes, le Togolais doit d’abord se grouiller pour l’enregistrement de son dossier à l’Office Togolais des Recettes (OTR) avec l’achat de timbre de 1500 FCFA (EUR 2,29) la page pour des dossiers qui comptent parfois 100 pages, 200, voire plus.
Toujours dans le royaume de Philippe Kokou Tchodié, l’entrepreneur qui est déjà soumis aux impôts et taxes ordinaires doit verser 2,5% à 3.5% du montant global du marché à l’OTR. Puis, l’ARCOP qui avait déjà perçu les frais d’achat de dossier doit encore percevoir 1,5% du marché de l’enveloppe du marché. Visiblement personne ne sait où vont ces prélèvements.
Puis devant se pose également le problème d’avance de démarrage ou son décaissement, qui peut prendre jusqu’à 6 bons mois, occasionnant ainsi les premiers retards. Et sur l’avance de 20%, la banque fait également une retenue en guise de garantie…
De toute évidence, le BTP togolais est en déclin. Les décaissements du Trésor Public sont quasiment inexistants. Pour preuve, depuis la mi-mars 2025, le gouvernement a demandé aux entreprises qui exécutent présentement des chantiers publics, de faire l’État des lieux pour une cessation temporaire des travaux d’ici avril, car, les caisses sont vides. Même le Projet Services de Santé Essentiels de Qualité pour une Couverture Sanitaire Universelle (SSEQCU) de la Banque mondiale a du plomb dans l’aile.
C’est dans ces conditions exécrables que les gouvernements successifs du président Faure Gnassingbé comptent fabriquer des capitaines d’industrie comme Dangoté, Elom Musk, Ali Baba…pour un Togo émergent. Cet entrepreneuriat au Togo qui est synonyme de stress, d’insomnie (…) pouvant conduire facilement et prématurément jeune comme adulte dans la tombe. Et pour cause l’inadéquation des offres et des gouvernants mouillés jusqu’aux OS. La préférence des étrangers dans ce genre d’activité a toujours comme corolaire la corruption afin d’éviter ultimement les regards et les bavardages. Cela corrobore un classement 2024 des pays de l’UEMOA en matière de la perception de la corruption qui classe le Togo en 6e pays sur 8 devant le Mali et la Guinée-Bissau qui ferme la manche. Le rapport en question met en évidence le BTP togolais.
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0074 du 9 avril 2025
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