Un nom qui évoque de bons et lointains souvenirs auprès de nombreuses générations de Togolais des deux sexes. ” Bata”, une firme tchèque spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de toutes gammes de chaussures pour adultes et enfants. Ses produits forts connus à travers le monde. Cette entreprise avait des magasins de vente disséminés un peu partout au Togo notamment à Lomé et sans nul doute dans certaines villes de l’intérieur. Ces magasins ne désemplissent pas à l’orée de la rentrée scolaire ou peu avant les fêtes pascale ou de la Nativité. Pour leur renouveler les chaussures usées ou devenues trop petites ; les parents y amenaient leurs enfants ou proches.
Quand on rentre en ces lieux à l’enseigne « Bata », bien difficile d’en repartir sans trouver la paire de chaussures convenable à ses pieds. Des familles de toutes conditions sociales étaient clientes dans les boutiques ou magasins de cette firme. On en trouvait sur la très connue et fréquentée Rue du Commerce aujourd’hui Avenue Sylvanus Olympio, au quartier Assivito face à la défunte Cie FAO (Société Ramco), au Grand Marché d’Adawlato ou Assigamé (dans l’angle de la Rue du Grand marché) voire sur la Rue de l’Eglise…. Selon de nombreux témoignages bien vérifiés ; la firme tchèque avait une succursale de montage de ses produits à Lomé. Mais au fil du temps, les magasins et boutiques ont été progressivement fermés. De l’ire chez de nombreux consommateurs. Cela remonte au milieu des années 1980. Et ce sera la ruée vers des chaussures de seconde main dite « Amésimé bé afokpa » ou « Dokpotor » importées d’un peu partout à travers le monde.
Le monopole de ces chaussures était jusqu’à une époque récente détenue par la communauté Igbo ; une ethnie de la partie Sud –Est du Nigéria. Réputée pour son sens des affaires, cette communauté qui avait émergé des ruines de la guerre civile dite de Biafra. A la place des magasins Bata, les Loméens vont connaissent des magasins au nom de « Pico », « Kamtex » et autres qui en tant que grossistes de chaussures et vêtements de seconde main, en fournissaient aux détaillants. Des lieux tels que le marché d’Ati-Kpodji, aux alentours du Grand marché de Lomé (Kokétimé, Aguiar-Komé, Agbandahonou, le couloir de la très connue Pharmacie populaire face à l’ancienne Gare routière ou les abords de la Société Hollando, Bè Gakpoto, Akodessewa ou le Grand marché de Hédzranawoé étaient entre autres les points névralgiques de l’achat ou de la vente de ces chaussures importées d’Europe ou d’Amérique. Le nom « Bata » ne dit pas grand-chose aux ados oscillant entre les quinze ou vingt ans. Tout le contraire auprès des adultes qui en gardent de très bons souvenirs. Pour la petite histoire, la « Société des Chaussures Bata » a vu le jour en 1894 à Zlin aussi nommée Gottwaldov entre 1948 et 1990. Cette ville de tchèque qui fit partie de l’empire austro –hongrois, a connu un essor grâce à Thomas Bata, issu d’une famille de cordonniers très réputés.
A son actif la fondation Bata devenue une firme industrielle inspirée du modèle d’entreprises de l’Américain Henry Ford. La Société de Chaussures Bata s’est installée au début des années 1940. Elle sera très connue à travers le monde entier avec ses nombreuses succursales. Sa dénomination vient du nom de son créateur et non de la ville équato-guinéenne de Bata en Afrique centrale. Si elle n’est plus présente par exemple au Sénégal ou au Togo, la firme existe cependant dans certains pays comme l’Ethiopie, le Rwanda, le Soudan, la Namibie, le Nigéria ou le Ghana. La mégalopole qu’est Accra, la capitale de l’ex Gold Coast dispose des magasins Bata lorsque l’on arrive de Lomé. « Nous pensons qu’il y a un grand potentiel en Afrique avec l’explosion d’une nouvelle classe moyenne. Notre défi est de faire face aux énormes opportunités de croissance que l’on constate en Afrique et en Asie et d’y conserver notre position de leader (en termes de chiffres d’affaires, de paires de chaussures vendues et de nombre de boutiques… », a laissé entendre le Britannique Jack Clemons devenu le patron de la société depuis une dizaine d’années.
Plus de représentation locale au Togo de la célèbre Société de Chaussures Bata. Que d’intarissables souvenirs auprès de celles et ceux ayant l’époque de l’accroche publicitaire « Pas un pas sans Bata ».
Ekoué Satchivi