La Cedeao, c’est ce regroupement régional qui, sous prétexte de démocratie bafouée, a fait expulser, du moins temporairement, le Mali et le Burkina de ses propres organes, mais surtout des organes de gouvernance de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) et de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), puis instruit, via les Chefs d’État de l’Uemoa/Umoa, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) de limiter les services fournis à ces deux pays.
Ce qui précède suscite deux interrogations politiquement naïves mais sérieusement factuelles :
D’abord, JCB pressenti Gouverneur de la Bceao dans un tel contexte pourra-t-il passer comme lettre à la poste au Mali et au Burkina, pays pour lesquels le patron sortant de la Commission de la Cedeao aura été (peut-être malgré lui) un bourreau politique, diplomatique, économique et financier pour avoir inspiré les effets collatéraux délibérés sur l’Uemoa/Umoa et sur la Bceao, de la suspension quasi-expulsion de ces deux États de la Cedeao ?
Ensuite, pendant que le Mali et le Burkina sont suspendus, la Conférence des Chefs d’État de l’Umoa, organe qui nomme le Gouverneur de la Bceao depuis les Réformes institutionnelles de 2007/2008, fort critiquables au demeurant, ne va-t-elle pas soulever encore de faux problèmes épouvantables pour le vivre ensemble en entérinant une décision du genre pendant que deux membres souverains de pleins droits sont mis en quarantaine forcée ?
La Cedeao politique n’a pas fini de créer des problèmes apocryphes, avec effets domino, aux francophones de l’espace ouest africain qui, jusque-là, se débrouillaient dans l’esprit du Conseil de l’entente, cet autre regroupement plus que soixantenaire qui a le mérite d’éviter de mélanger les torchons et les serviettes en étant totalement, discrètement et utilitairement politique.
Ministère de l’économie versus ministère des finances
En termes de missions ministérielles, l’économie et les finances relèvent de deux lectures et préoccupations bien différentes mais opportunément complémentaires.
Quand l’économie ne prend pas le sens populaire d’épargne, c’est tout ce qui permet de faire du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire d’augmenter en quantité et en qualité les biens et services produits (en une année civile) dans un pays. Pour y arriver, il faut une intelligence d’esprit et une inventivité sans équivoque, une vision, des objectifs, des plans d’actions et au besoin, des modes de suivi-évaluation pour apporter en temps et en heure des correctifs afin que le PIB soit au rendez-vous en volume (PIB nominal) et en qualité (non inflationniste ou PIB réel).
Le président Macron fut Ministre de l’économie du Président Hollande ; les volets finance, budget, fiscalité etc. ne relevaient pas de son département ministériel aux attributions, formellement et expressément, élargies à l’industrie et au numérique. Il fit adopter une loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite “loi Macron” ; sa finalité est de générer une hausse du PIB via une série de mesures macroéconomiques.
Par contre la finance, dont les acteurs, institutions et formats sont souvent connus, pourrait s’assimiler grosso modo aux moyens et outils financiers mis en œuvre, par le département ministériel qui lui est dédié, pour traduire dans les faits les ambitions de PIB des pouvoirs publics. Ainsi, ce sont les pouvoirs publics qui donnent le la à la finance via notamment la qualité du budget de l’État ; celui-ci impacte irrémédiablement, de manière vertueuse (ou prédatrice), le financement bancaire des particuliers et entreprises (ou crédits à l’économie) et l’épargne disponible. Un ministère uniquement en charge des finances, c’est finalement le Trésor public et ses prérogatives de caissier principal de l’État, les régies financières ainsi que les administrations en charge du budget de l’État, des comptes publics, du secteur bancaire et financier et de la politique fiscale. Schématiquement, le ministre des finances est l’argentier dont a besoin le ministre de l’économie pour son objectif de PIB.
Si un bon ministre des finances ne promeut pas nécessairement un bon ministre de l’économie, par contre un mauvais ministre des finances est un handicap certain pour tout ministre de l’économie ; l’adage est bien connu, l’argent est le nerf de la guerre.
Dans l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), dont les textes régissent le fonctionnement de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), inclusivement ses statuts, c’est le ministre en charge des finances qui exprime le point de vue officiel du pays membre lorsque le ministère de l’économie et des finances est éclaté en plusieurs ministères.
De tradition dans la sphère francophone, l’économie et les finances sont souvent regroupées au sein d’un même département sous l’intitulé “Ministère de l’économie et des finances”. Il en résulte un méga ministère qui doit faire preuve d’imaginations (en principe) pour booster le PIB et donc la croissance économique, vaincre l’inflation (avec l’aide de la Banque centrale) et le chômage par la préservation et la création d’emplois, promouvoir le pouvoir d’achat et incidemment le bien-être et concomitamment, gérer (vertueusement) les finances publiques notamment avec une politique fiscale vertueuse. La fonction de ministre de l’économie et des finances n’est pas seulement prestigieuse ; elle est exigeante dans la mesure où elle requiert de réelles capacités techniques et inventives pour produire du progrès économique et social.
Pour des raisons notamment d’efficacité, mais aussi politiques, il arrive que le ministère de l’économie et des finances soit déchargé de certaines missions originelles ou au contraire, que des missions originelles soient expressément mises en exergue dans sa dénomination. À titre d’exemple et à titre indicatif dans ces cas, peuvent être citées les missions suivantes : planification ou prospective économique, économie numérique, économie maritime, développement, agriculture, mines et énergies, pétrole, pêche, PME, industrie, commerce (import-export), travaux publics et infrastructures etc. qui se retrouvent en missions ministérielles bien spécifiques et visibles … De même, dans le domaine propre aux finances, il n’est pas rare que le budget (de l’État), les comptes publics ou simplement les finances dans leur globalité ou le trésor (public) soient élevés au rang de ministère ou de secrétariat d’état.
Bien évidemment, plus le ministère en charge de l’économie et des finances est éclaté, voire dépouillé d’attributions originelles, plus la facture est salée pour le contribuable, sans aucune garantie d’efficience de l’action gouvernementale.
Vilévo DÉVO