Le cancer selon l’OMS désigne un large groupe de maladies pouvant toucher n’importe quelle partie de l’organisme. En d’autres termes, il s’agit d’une prolifération rapide et anarchique de cellules anormales qui ont la capacité d’envahir et de détruire les tissus sains et de se disséminer dans l’organisme formant des métastases qui sont la principale cause de décès par cancer. Il survient à partir d’une seule cellule. La transformation d’une cellule normale en une cellule cancéreuse est un processus long qui se déroule en plusieurs étapes (cancérogénèse), progressant le plus souvent d’une lésion précancéreuse à une tumeur maligne (cancer). On parle aussi de tumeurs malignes et de néoplasmes pour nommer le cancer.
Le cancer est un enjeu de santé publique à l’échelle planétaire. Le continent africain a enregistré en 2018, un million de nouveaux cas soit 5,8% du total des cas de cancer dans le monde. Dans le même sens, près de 700 000 décès soit 7,3% du taux mondial de décès sont liés au cancer. Et parlant de cette maladie silencieuse non transmissible qui fait des ravages dans le monde, le Togo n’est pas épargné.
Les types de cancers qui sévissent dans nos pays
Les cancers du poumon, de l’estomac, du foie, du côlon et du sein, sont ceux qui entraînent le plus grand nombre de décès chaque année. Les types de cancer les plus fréquents ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes.
Environ 30 % des décès par cancer sont dus aux cinq principaux facteurs de risques comportementaux et alimentaires à savoir : un indice de masse corporelle élevé, une faible consommation de fruits et légumes, le manque d’exercice physique, le tabagisme et la consommation d’alcool.
Les facteurs de risque du cancer
Le tabagisme est le facteur de risque le plus important, entraînant dans le monde 22 % de la mortalité par cancer et 71 % des décès par cancer du poumon. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, on impute jusqu’à 20 % des décès par cancer à des infections virales, notamment par le virus de l’hépatite B, C ou le papillomavirus humain (HPV).
En 2008, près de 70 % des décès par cancer sont survenus dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. D’après les projections, la mortalité due au cancer va continuer à augmenter pour dépasser, selon les estimations, 13,1 millions de décès en 2030.
Nous allons tabler sur deux principaux à savoir les facteurs non-modifiables et les facteurs modifiables.
Primo, l’âge qui est totalement incompressibles. La probabilité de développer un cancer augmente avec l’âge, augmentation spectaculaire de l’incidence avec l’âge, très vraisemblablement par accumulation des risques de cancers spécifiques tout au long de la vie, conjuguée au fait que les mécanismes de réparation tendent généralement à perdre de leur efficacité avec l’âge.
Secundo, les facteurs sur lesquels l’homme peut agir sont nombreux à savoir le tabagisme et l’alimentation.
- Le tabac est le facteur de risque cancéreux le plus important. Il augmente le risque de cancer bronchique, de cancer des voies aéro-digestives supérieures, de tumeur urothéliale, et dans une moindre mesure de cancer du pancréas, du rein, et du col de l’utérus. Dans le monde, le tabagisme est responsable de 22 % de la mortalité par le cancer et de 71% de la mortalité par le cancer bronchique. Le tabac contient de nombreux agents mutagènes dont le benzopyrène, les nitrosamines.
- L’alcool est impliqué dans les cancers par voies aéro-digestifs supérieures et carcinome hépatocellulaire.
- L’alimentation riche en acides gras saturés et pauvre en fruits et légumes associée à un risque accru des cancers de sein, de prostate, de côlon-rectum et ovaire. On retrouve également des produits chimiques comme le bromate dans la boulangerie et la pâtisserie.
- L’exposition aux rayons ultra-violets : majorent le risque du cancer de la peau.
- L’exposition professionnelle aux intrants agricoles et la pollution environnementale comme des produits chimiques utilisés dans l’agriculture (herbicides, engrais chimiques).
- La prise non contrôlée ou excessive des médicaments comme les anticancéreux en utilisation cytostatiques isolément ou associés à radiothérapie augmente le risque de cancer, en particulier les leucémies et les hormones notamment : les contraceptifs oraux associés à une augmentation du risque de cancer du sein.
Situation épidémiologique du cancer au Togo
A l’horizon 2030, l’OMS prévoit pour le Togo une augmentation de plus de 100 % aussi bien du taux d’incidence des cancers, que celui des décès liés au cancer. Selon GLOBOCAN, en 2020, le Togo a enregistré 5 208 nouveaux cas avec 3 468 décès. Le Togo a mis en place un registre de type populationnel par l’arrêté ministériel N° 165/2022/MSHPAUS/CAB/SG, du 25 avril 2022 afin de constituer une base de données sur les cancers. Les statistiques récentes de 2020 sur la prévalence des cancers proviennent du CIRC et se présentent comme suit :
- Chez la femme : Sein (29,4 %), Col de l’utérus (15,7%), colorectal (4,1%), Lymphome NH (4,1%), Ovaire (4%),
- Chez l’homme : Prostate (21,5%), colorectal (10%), Lymphome NH (4,1%) estomac (6%), foie (5,9%),
- Chez l’enfant : Lymphome de Burkitt (27,9%) ; Rétinoblastome (8,5%) ; Rhabdomyosarcome (4,8%) ; Néphroblastome (4,7%) ; Sarcome de Kaposi (3%). Les principaux groupes histologiques diagnostiqués au Togo dans une étude hospitalière de 1 738 (2017) étaient des carcinomes (65 %), lymphomes (15%), sarcomes (10%) et tumeurs embryonnaires (8 %) et mélanomes (2 %)
Les conseils pour se prévenir du mal
Tout est question de politique publique dévolu aux services de santé publique. Au Togo, un plan national de lutte contre le cancer 2022-2025 est voté et mis en œuvre. La prévention primaire est la meilleure option pour les pays pauvres. Elle repose essentiellement sur des actions d’éducation auprès du public. Le comportement personnel ou des habitudes de vie, l’exposition à des dangers dans l’environnement ou caractéristique innée ou héréditaire qui, selon les données épidémiologiques, est reconnu pour être associé à des états de santé qu’il est jugé important de prévenir. Car les statistiques montrent qu’environ 30 % des décès par cancer sont dus aux cinq principaux facteurs de risque comportementaux et alimentaires : le tabagisme, la consommation d’alcool, la sédentarité, la mauvaise alimentation et l’obésité.
Alors il faut beaucoup agir sur les comportements en évitant la cigarette, les boissons alcoolisées, la prise incontrôlée des médicaments et manger sain.
Tabac :
- Respect de l’interdiction de fumer dans les lieux publics
- Interdiction de la publicité pour le tabac
- Prix élevé du tabac, mesure surtout efficace auprès des jeunes.
- Campagnes d’information ” grand public ” ou ciblées (adolescents).
- Aide au sevrage.
Alimentation et mode de vie :
- Consommation d’au moins 400 g de fruits et légumes par jour.
- Réduire l’apport en graisse (<35 % de l’apport énergétique total)
- Eviter l’excès d’alcool
- Au moins 30 minutes d’activité physique par jour.
- Indice de masse corporelle maintenu entre 18,5 et 25 kg/m2.
Virus oncogènes :
- Vaccination contre le virus de l’hépatite virale B (pas de vaccin contre l’hépatite C).
- Vaccination contre le papillomavirus.
- Détection des partenaires contaminants.
- Recours à une hygiène et une éthique sexuelle.
Facteurs d’origine professionnelle : Protéger les travailleurs contre les produits cancérogènes (vêtements et équipement de protection).
- Réduire l’exposition au soleil. Le gouvernement doit jouer sa partition en limitant l’importation des intrants chimiques et à leur contrôle
Il est d’une urgence pour le ministre de la santé de recadrer le désordre autour de la communication sur le cancer. Chaque acteur doit rester dans son rôle et jouer pleinement sa part. Le ministre de la santé, de l’hygiène publique et de l’accès universel aux soins doit veiller à cela. Les cliniques privées et associations ne peuvent que sensibiliser les populations et non prétendre à la guérison du cancer. Les messages diffusés doivent être soumis à l’appréciations du comité mis en place à cet effet. Il y va du respect des activités inscrites dans le Plan cancer Togo 2022-2025 à travers la cellule coordination mise en place à cet effet. L’objectif de ce plan étant de parvenir à une réduction de la mortalité grâce à une prise en charge très rapide dès des suspicions ou des cas avérés. Comme moyen l’opérationnalisation de l’Institut de cancérologie, améliorer les plateaux techniques, rendre disponible les médicaments et les traitements lourds comme la chimiothérapie. Le contrôle et l’interdiction des officines privées et surtout les associations qui ne cessent de vendre de la poudre aux yeux aux pauvres populations.
La lutte contre le cancer est un domaine stratégique qu’il ne faut en aucun cas laisser dans les mains des charlatans…
Evan N. GNANDI
« TAMPA EXPRESS » numéro 0054 du 27 mars 2024 »