Attaque Naboudja
Contre attaque
Au cœur de la campagne électorale pour le double scrutin législative et régional du 29 avril 2024 au Togo, une scène révoltante a émergé, mettant en lumière la détresse des populations de Tchapossi, dans la préfecture de Bassar. Deux vidéos diamétralement opposées ont alimenté un débat stérile, manipulé par les politiciens pour camoufler la misère et l’urgence d’un cruel problème d’accès à l’eau potable dans le milieu.
Dans la première vidéo, diffusée par le candidat Naboudja Bouraïma de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), un parti de l’opposition, le désespoir se dessine clairement. Des femmes, désarmées par la pénurie d’eau potable, puisent de l’eau sale d’une rivière, témoignant du dysfonctionnement d’un forage censé fournir de l’eau potable à la communauté. Le message est clair : l’absence de moyens et de soutien a plongé cette population de braves producteurs d’ignames et de céréales dans une situation inhumaine, les condamnant à boire une eau sale et contaminée.
Parallèlement, comme pour étouffer cette criante réalité, le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR) a rapidement contre-attaqué avec sa propre version des faits. Dans leur vidéo, soi-disant réfutant les affirmations de l’opposition, on voit des acteurs de circonstance, qui après s’être vraisemblablement précipités pour remettre en marche le fameux forage, le présenter cette fois-ci comme une fontaine fonctionnelle d’eau claire et potable. La manipulation est grossière, le problème de fond est ignoré au profit d’une mise en scène destinée à tromper l’opinion publique.
Au Togo, la version officielle ayant perdu tout crédit, la besogne est très vite relayée sur les réseaux sociaux, où les partisans du pouvoir alimentent la confusion et la désinformation. Leur rhétorique et leur montage habiles cherchent à semer le doute dans l’esprit du public, détournant l’attention sur les véritables enjeux. Cette bataille d’images et de discours a pourtant un enjeu bien réel, la vie et la santé des populations qui manquent d’eau potable. Ainsi, pendant que les politiciens se disputent la vérité de leurs vidéos respectives, les populations de Tchapossi continuent de souffrir, oubliées dans leur propre pays. Ce jeu de dupe démontre l’indifférence choquante de ceux qui sont censés représenter et servir le peuple.
En suivant bien la première vidéo, il n’est pas dit que l’eau sale de la casserole provenait du forage, au contraire, la femme a bien indiqué que c’était de l’eau de rivière, le forage étant tombé en panne et faute de moyens et de soutien pour le remettre en marche, c’est donc cette eau de rivière que la population locale consomme…le forage a d’ailleurs été actionné pour attester qu’il ne fonctionnait pas. Dans la deuxième vidéo, les gens seraient rapidement allés réparer le forage et recueillir de son eau potable, expliquant que contrairement à la première vidéo, l’eau dudit forage est bien propre…et déformant ainsi la problématique de manque de source d’eau potable soulevée dans la première vidéo. On se retrouve avec un faux débat contradictoire autour de la qualité de l’eau du forage, la politique à la togolaise, une sorcellerie intellectuelle.
Va-t-on au marigot avec une casserole ? Le décryptage des propos de la dame fait croire le contraire. Quand elle dit “N’kpin ne gnim dé“, la traduction littérale donne : c’est l’eau du marigot et non l’eau du forage ou de la pompe. C’est véritablement du faux dans le faux. Puisque l’analyse des deux vidéos porte à croire que les forages ne sont pas dans le même environnement. C’est normal pour le journaliste « Tik Tok » qui ne connait pas Bassar, ni comprendre la langue ncam de Bassal que parlait la dame. Car ce dernier n’a certainement que repris, ce qui lui a été traduit par le camp adverse.
Attaque Naboudja
Contre-attaque
Si ce n’est pas au Togo qu’on peut voir de pareilles aberrations. Il y’a un an quand le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé disait dans son entretien du 27 avril sur la chaîne New World TV qu’il n’est pas normal que les Togolais manquent de l’eau potable, de l’électricité… C’est aussi rocambolesque qu’à ses côtés militent, le directeur général de la TdE (YAWANKE WAKE Gbati) et le secrétaire général du Ministère de l’Hydraulique (TCHABORE Hatimi), les deux premiers responsables en charge de l’eau dans le pays qui n’arrivent pas à donner de l’eau aux Togolais mais qui sont candidats aux élections législatives. Pis encore, candidats dans une préfecture sans château d’eau et où les forages de la TdE sont dans un milieu sinistré en raison de l’état défectueux de la route. Plus de 75% des forages dans le Grand Bassar sont des dons d’association à l’instar de l’Association Yves Cougnaud (ASYCOSE-2D) ou des compatriotes comme Kofi Yamgnane.
Il est temps de dénoncer cette mascarade, cette manipulation cynique qui détourne l’attention des véritables problèmes. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, et chaque seconde perdue dans des débats futiles est une injustice infligée à ceux qui en sont privés. Les politiciens togolais doivent apprendre à rendre des comptes, leur responsabilité ne se limitant pas à remporter des élections, mais à résoudre les problèmes concrets qui affectent la vie quotidienne des citoyens. La souffrance des populations de Tchapossi ne peut être niée ni maquillée par des manœuvres politiques. Il est grand temps que la voix des oubliés soit entendue, que les véritables enjeux soient mis en lumière et que les politiciens soient tenus responsables de leurs actions, ou de leur inaction.
La rédaction
« TAMPA EXPRESS » numéro 0056 du 25 avril 2024