Avec la gratuité du primaire et le renforcement du système d’insertion socio-professionnel, les jeunes ruraux ont tendance à s’éloigner de cette activité qui entre temps était la principale source de vie en milieu rural.
La mécanisation de l’agriculture aussi n’en est qu’à ses débuts et ceux qui se procurent ces services existent à compte-goutte.
Une solution qui n’est pas des moindres est le recrutement de la main-d’œuvre venant des pays voisins. Une préoccupation qui a fait l’objet d’une étude de terrain réalisée par agridigitale.net
Durant la campagne 2018 – 2019, une enquête d’ agridigitale.net a permis de rencontrer de jeunes ghanéens dans les exploitations d’un producteur togolais à Kitangbao (région de la Kara).
Souleymane Yacoubou, le plus jeune avait quitté sa tante dans la localité de Bimbila (nord-Ghana) pour venir chercher l’argent.
“J’avais 5 ans quand mon père vivant jusqu’alors au Burkina Faso m’a confié à ma tante au Ghana à la suite du décès de ma mère. J’ai dû laisser les études l’année passée faute de moyens. Je suis venu au Togo pour chercher l’argent et retourner continuer mes études”, témoigne –t-il.
Toujours vers le Togo, Gomna, Petit, Isaac et Kodjo ont quitté la localité de Kpassa (Ghana) pour le métayage dans la préfecture de Bassar.
De jeunes métayers en route vers les plantations
Pour ces jeunes, l’objectif principal n’était pas la recherche de survie mais plutôt le vélo, ce moyen de déplacement dont ils peuvent s’acquérir en travaillant sur le terrain en un mois au plus pour être exempt de tout obstacle au déplacement dans leurs localités respectives.
Dans le sens inverse, Richard Ayaki, 16 ans, élève en classe de seconde D au lycée d’Atchangbadè originaire de Djamdè a quitté sa préfecture pour le métayage de l’autre côté de la frontière à Kpassa (Ghana).
Pour ce jeune passionné de l’école et qui rêve de devenir un infirmier diplômé d’Etat, il n’est pas question de remettre en cause ses rêves.
“Je suis orphelin de père et mère et je vis avec ma grand-mère. Je travaille suffisamment pendant les vacances pour garantir l’année académique”, témoigne –t-il à agridigitale.net.
Tout comme lui, Baniza Banga, jeune diplômé âgé de 26 ans, originaire de Kpalou a foi qu’il ne mourra pas de faim.
Cette garantie, il ne la tient pas de son diplôme, ni d’une connaissance, mais plutôt sa confiance en la disponibilité du travail agricole de l’autre côté de la frontière togolaise, au Ghana voisin.
Baniza fait partie des personnes qui ont pris goût des avantages du besoin de la main d’œuvre agricole.
“Grâce à cette aventure, j’ai acheté mon vélo en 2009 et 2014, un autre pour mon jeune frère. Nous n’avons pas le choix; si nous restons avec eux, nous ne pourrons pas avoir nos vélos”, raconte—t-il.
Enfin, vers le Bénin, un groupe de jeunes rencontrés à Kabou (préfecture de Bassar) était en partance pour Tamparpaguè et Boukoumbé dans le Bénin voisin. Pour ceux-ci, le vélo était aussi la raison du périple.
Les exploitants agricoles ont pour leur part témoigné que ces jeunes métayers sont pointés à 700 FCFA par jour pour les activités de récolte mais le jour de l’égrenage, ils ne seront plus pointés mais bénéficieront d’une certaine quantité de vivres (maïs).
En ces temps de crise sanitaire du coronavirus (covid-19) couplée avec le début de la saison agricole, le déplacement de la main d’œuvre agricole devient complexe et la plupart des exploitants ne savent plus à quel saint se vouer.
En réponse, le ministère en charge de l’agriculture a initié un sondage pour mieux évaluer les besoins des entrepreneurs agricoles de manière à mieux les satisfaire.
Le ministère de l’agriculture multiplie les initiatives visant à accélérer les démarches de mise à disposition de la main-d’œuvre nécessaire pour sauver la saison agricole.