La FrançAfrique renvoie aux rapports et relations ténébreux et obscurs qu’entretient la France avec les pays d’Afrique d’expression française, qui ont jadis été ses colonies ou non. Il s’agit des relations entre une France blanche et « riche », 6ème puissance économique mondiale ; et ces pays d’Afrique Noire qui ferment la marche d’un tel classement, donc des pays les plus « pauvres » de la planète. Il est donc important de se pencher un tant soit peu, sur la vraie nature de ces relations « contre nature », qui existeraient entre la France et ces pays d’Afrique qui sont dans ce qu’on appelle communément aujourd’hui, le pré carré de la France en Afrique. Le pré carré étant utilisé au moyen âge en France, pour désigner le domaine d’un propriétaire ou le territoire d’un seigneur.
Une question simple que l’on peut être amené à se poser, est de savoir si le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo etc., sont-ils la propriété de la France ou des territoires de la France ? La réponse à cette question est non, du moins en apparence, car la réalité étant tout autre. C’est ce à quoi nous allons nous atteler dans cet article. De ce point de vue, une rapide genèse des rapports entre la France et l’Afrique s’avère utile.
Pour comprendre le type de relations entre la France et l’Afrique, il faut d’abord remonter à des temps immémoriaux, et analyser les circonstances dans lesquelles cette rencontre malheureuse s’est faite. Disons que l’élément déclencheur de cette rencontre est la défaite des Maures à Grenade en Espagne, le dernier royaume musulman en europe, le 2 janvier 1492, par l’armée de la Castille chrétienne. Qui sont les Maures ? Les Maures sont des noirs arabes musulmans qui ont conquis toute la péninsule ibérique (Portugal et Espagne) et le Midi de la France, de 711 à 1492 de notre ère, territoires auxquels ils imposèrent le règne islamique. Ces Maures vont apporter à une Europe moyenâgeuse, ténébreuse et à des européens sauvages, barbares et anthropophages, toutes les clés de la « civilisation ». Seront introduites, l’école, la médecine, les mathématiques, la physique, la chimie, l’hygiène (corporelle et bucco-dentaire), la diététique, l’art, la musique, l’astrologie, la poudre à canon et surtout les techniques de navigation.
L’année 1492 est une étape importante dans la vie de l’Europe et de la France, et c’est à juste titre qu’elle marque le début de ce que l’Occident appelle aujourd’hui « Les temps modernes ». En effet, cette date marque un tournant important dans l’œuvre de conquête de la terre par une Europe pauvre et exsangue, en quête d’endroits plus viables, et par ricochet de celui de la puissance occidentale. Il s’agit de la conquête des Amériques, de l’Océanie et des Indes, dont l’objectif était l’extermination des peuples autochtones, par ailleurs dignes fils de la Diaspora Africaine, et l’accaparement de leurs terres et richesses. Le cas qui nous intéresse le plus, est celui des Amériques dont la mythomanie occidentale attribue la découverte au criminel, sanguinaire et génocidaire Christophe Colomb. La conquête des Amériques par les Européens, Anglais, Portugais, Espagnols, Italiens, Néerlandais, Allemands, Belges et Français etc., s’est faite dans le sang avec le génocide et l’extermination des Amérindiens. Cette œuvre macabre va ouvrir la voie à la traite transatlantique des Noirs de l’Afrique, un autre crime contre l’humanité, perpétré par les Européens qui emboitaient ainsi les pas aux musulmans Arabes. En effet, l’Afrique était déjà durement éprouvée par cette pratique orchestrée par les Arabes dès le 7è siècle, et ce, après la conquête de l’Egypte en 639 de notre ère par le général Amr Ibn El-As, compagnon de Mahomet, le prophète de l’Islam.
Les Européens chrétiens sur les pas des Arabes musulmans dans le génocide des Noirs, c’est aussi l’Eglise catholique qui n’avait rien à envier à l’Islam, ou la Bible et le Coran qui se retrouvaient sur la malédiction de Cham. Soulignons à ce propos ici qu’à travers la Bulle du Pape Nicolas V promulguée le 8 Janvier 1454, l’Eglise Catholique concevait et bénissait de son onction, l’idéologie de légitimation de l’esclavage et de la traite des Africains. Dès lors, pour les Européens, l’accès au royaume des cieux devra désormais passer par la chosification du Noir, sa bestialisation voire même son extermination. Ainsi, la chasse aux Africains pourrait commencer !
A partir de 1492 et grâce à la déportation des centaines de millions de Noirs aux Amériques, les Européens disposaient d’une main-d’œuvre gratuite, taillable et corvéable à merci, employée et exploitée dans des plantations de coton, de tabac, de canne à sucre, d’indigo etc. Pour la France, le code noir ou l’édit sur la police des esclaves, établi par Jean-Baptiste Colbert, ministre d’Etat et contrôleur général des finances ; et publié en 1685 par le roi Louis XIV, est considéré comme le symbole de la particularité de la France en matière de la traite transatlantique et de l’esclavage. Le code noir visait à fixer le statut juridique des esclaves dans les Antilles françaises. Parler de statut de l’esclave n’est qu’un euphémisme car dans les faits, le code noir consacra la déshumanisation du Noir, en le réduisant au simple statut d’un bien meuble comme une table, une chaise, un tabouret, un objet. Bref, dans la France de l’époque, on s’accordait à extirper le Noir de l’humanité, afin de pouvoir le soumettre à toute sorte d’exploitation et de traitements les plus cruels.
Cette économie de la traite des Noirs qui durera cinq (5) siècles, va permettre pour la première fois aux Européens de faire une entrée par effraction dans l’histoire de l’humanité. L’accumulation des richesses découlant de cette économie de la traire sera à l’origine de la révolution industrielle amorcée à la fin du 18è siècle, et qui va transformer profondément le niveau de vie des Européens et des Occidentaux. La Grande-Bretagne, la Belgique, La France et la Suisse constituent la première vague des pays occidentaux à s’industrialiser à la fin du 18è siècle. L’Allemagne et les Etats-Unis s’industrialisent à partir du milieu du 19è siècle. Puis suivront plus tard les autres pays comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Canada etc.
En ce qui concerne la France, la traite des Noirs va assurer son essor et sa puissance économiques. Les villes portuaires et négrières comme Nantes, la Rochelle, le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille, Dunkerque, Rochefort, Bayonne et Vannes se développent grâce au sang et à sueur des Noirs.
Vers la fin du 18è siècle, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, la révolution haïtienne va sonner le glas du système odieux esclavagiste qui a permis aux Européens de vivre allègrement du sang, de la souffrance, de la sueur et de la chair des Noirs. La révolution haïtienne constitue la première révolte d’esclaves aboutie dans l’histoire de l’humanité. L’évènement catalyseur de cette révolution fut la cérémonie vaudou du Bois-Caïman, organisée dans la nuit du 14 Août 1791 par Dutty Boukman et la prêtresse Mambo, Cécile Fatiman. Elle permettra la naissance d’Haïti en 1804 comme première république Noire libre du monde, succédant à la colonie française de Saint-Domingue. L’indépendance d’Haïti fut proclamée par Jean-Jacques Dessalines, mais le général Toussaint Louverture reste et demeure le grand architecte de cette révolution dont l’onde de choc secoua toutes les colonies dans les Amériques, et l’Europe.
Pour la France esclavagiste et négrophobe, il était hors de question de se passer de l’esclave Noir qui a été à l’origine de sa prospérité. La fin de la traite des Noirs constitue une menace sérieuse à son existence, à son âme. C’est la raison pour laquelle Napoléon Bonaparte va rétablir l’esclavage à Haïti et dans toutes les colonies françaises le 20 mai 1802. Le 7 juin 1802, Toussaint Louverture est capturé et déporté en France par les troupes du général Leclerc. Il meurt le 7 avril 1803 de froid au fort de Joux où il était emprisonné. Malgré tout, l’esclavage sera définitivement et théoriquement aboli en France le 27 avril 1848, et le 19 juin 1865 aux Etats-Unis.
(A suivre dans le prochain numéro)
La Maat
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‘’L’Amour dans la Vérité et la Justice’’