La Chine démultiplie les accords de SWAP pour en faire un outil de dédollarisation. Ce sera certainement son approche pour préfigurer un système de règlement de biens et services qui limite l’utilisation de la monnaie américaine au sein des BRICS, freine l’accumulation d’excédents de balance des paiements des pays membres en dollar US et partant, atténue leur dépendance à l’égard de la monnaie américaine.
Avant la Zambie, la Chine s’est déjà essayée au SWAP en Afrique en Angola et au Nigéria notamment. L’adhésion aux BRICS le 1er janvier 2024 de l’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de pétrole brut, devrait constituer du pain béni pour la Chine, premier pays importateur mondial de pétrole brut ; pour réduire leur cagnotte en dollar US et leur dépendance monétaire conséquente, il suffit en effet à la Chine et à l’Arabie Saoudite de trouver un deal incluant leur monnaie nationale respective parmi les monnaies de règlement de leurs échanges de biens et services. Pour la Chine, dans ce cas de figure avec l’Arabie Saoudite, ce sera déjà 17% environ de ses importations de brut qu’elle ne règlera plus nécessairement en dollar US mais en monnaie nationale, pour peu que son vis-à-vis trouve sur le marché chinois des biens et services de quoi s’acheter en retour pour ses propres besoins ; la réciprocité, pas seulement de jure mais aussi de fait, dans l’utilisation effective des monnaies nationales respectives, est une condition essentielle de promotion d’un accord de SWAP.
Au demeurant, les SWAP monétaires de la Chine ont toujours un fort parfum politique qui, pour autant, ne leur procure pas nécessairement une originalité technique ; toutefois, ils s’accompagnent assurément d’un rayonnement diplomatique. Via les SWAP de monnaies, la Chine se met certes, avec les pays contreparties à l’accord, autant que possible à l’abri du dollar US et de ses yoyos, mais étend et sécurise surtout ses sphères à la fois d’approvisionnement et d’exportation. Rusée, la Chine de Mao !
Les SWAP de monnaies sont des accords bilatéraux qui permettent aux États-parties d’effectuer des règlements croisés, de biens ou services, dont la liste et les volumes sont convenus d’avance, en monnaies nationales à un taux de change fixe sur la durée de l’accord sauf si les parties en décident autrement. In fine, la formule fait économiser aux parties concernées des devises, parmi les plus demandées (Dollar, Livre Sterling, euro …), en même temps qu’elle renvoie aux calendes grecques les pertes ou gains de changes dans les relations bilatérales ; au même moment où elles s’affranchissent du dollar, les nations signataires d’accord de SWAP accroissent leur dépendance mutuelle. En d’autres termes, fraîchement signataire d’accords de SWAP avec la Chine, la Zambie affiche des signes de renforcement de liens diplomatiques et économiques envers ce pays (et réciproquement toute proportion gardée) tout en s’éloignant, ceteris paribus, du marché international concurrentiel de biens et services que symbolisent notamment le Dollar US, la Livre Sterling, l’Euro, le Franc Suisse etc.
Le principe du SWAP de monnaies est de zapper tout signe monétaire intermédiaire de renom dans les échanges bilatéraux de biens et services, sans nécessairement s’afficher politiquement dollar-sensible comme la Chine ou l’Iran ou la Russie etc. et toutes autres nations qui sont dans des rapports de force avérés avec les occidentaux.
Vilévo DEVO