Le Ministre Antoine Gbégbéni sait-t-il qu’il cautionne un indélicat (Dr Komlan Batawi) à la tête de la Direction de l’élevage ? La délivrance des autorisations d’importation du tilapia chinois au mépris des dispositions gouvernementales s’est amplifiée depuis trois mois au Togo laissant les producteurs locaux sur le carreau avec leur gros stock. Où est donc le Ministre Kodjo Adedze, en charge du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation Locale pendant qu’un fonctionnaire repêché met en cause la promotion de la consommation locale. Quel folklore nauséabonde quand des fonctionnaires indélicats piétinent les directives du chef de l’Etat, Faure Gnassingbé et son gouvernement.
On se rappelle que le confrère du Quotidien Liberté Hebdo, dans son numéro 3585 du 22 mars dernier, éclairait les lecteurs sur un conflit entre le Ministre Antoine Lékpa Gbégbéni de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement Rural et son collègue Edem Kokou Tengue de l’Économie Maritime, de la Pêche et de la Protection Côtière. Il était question du retrait du contrôle des importations et de la culture des ressources halieutiques des mains du ministère de l’économie maritime au profit du patron de l’agriculture et de l’élevage.
Bataille autour du contrôle des produits halieutiques
La bataille a eu lieu à travers des échanges verbaux et de courriers très acerbes et en fin des comptes, c’est l’homme de la préfecture de Dankpen qui a triomphé du fils de la Préfecture du Haho, faisant ainsi du ministère de M. Tengue, l’un des parents pauvres de tous les portefeuilles ministériels du gouvernement Victoire Tomegah-Dogbé. Une situation très ambigüe, car l’on semblait croire que la pêche et les frigorifiques sont du domaine de la mer. C’est ce que le ministre Tengue soutenait mais à l’arrivée, c’est le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé en personne qui aurait tranché. Certains pensaient même qu’il s’agissait d’un acharnement mais, dans le fond les experts disent que les poissons importés comme ceux produits localement au Togo sont les fruits de l’élevage. C’est aussi la complexité lorsque la gouvernance ne cesse d’émietter sporadiquement les portefeuilles ministériels. Ce qui est visible dans ce gouvernement réside dans le fait que cet ancien directeur général de Maersk Togo, Edem Kokou Tengue apparait toujours comme un étranger dans le gouvernement RPT-UNIR. Il est souvent piétiné de tous les cotés! C’est d’ailleurs le dernier ministre à avoir trouvé un local aménagé comme bureau après plus d’un an de prise de fonction. Son département est actuellement logé dans l’ancien Togo Telecom à Nyekonokpoè, non loin du siège d’Orabank (BTD). Les caciques comme le Capitaine de vaisseau Nèyou Takougnadi, à la tête de la Préfecture maritime du Togo et le jeune Hubert Matchonnawe Bakai qui répond au nom de directeur des affaires maritimes semblent lui avoir arraché le contrôle d’une bonne partie de la manne financière. Même le matériel roulant que le projet « Programme de gestion du littoral ouest-africain (également connu sous son acronyme anglais WACA pour West Africa Coastal Areas Program) » avait offert au Ministère de l’économie maritime serait confisqué par le Haut Conseil pour la Mer (HCM). Ce qui de facto fait que le ministère de Edem Kokou Tengue, ne dispose pas de voitures solides pour faire des missions et même des courses administratives en ville. Ses agents sont obligés d’aller à moto en période pluvieuse et en ces moments où les accidents de la circulation se multiplient avec leurs cortèges de blessés et de morts. C’est le même Edem Tengue qui a été victime d’un braquage un jeudi nuit de la mi-août 2021 par des hommes cagoulés dans sa chambre à coucher malgré la présence de sa garde rapprochée. Les malfrats avaient emporté documents, téléphones et autres. « Curieux braquage ». C’est par ce poste que le confrère Ferdinand Ayité avait alerté de la forfaiture.
Emergence de la chaîne de valeur des produits halieutiques togolais
En effet, selon les statistiques officielles, le Togo importe en moyenne par an entre 70 000 et 80 000 tonnes de poissons contre une production nationale de 25 000 tonnes, avec un besoin national annuel évalué à 100 000 tonnes.
Pour booster le secteur et atteindre l’autosuffisance en ressources halieutiques, l’entreprenariat privé a pris le taureau par les cornes. C’est ainsi que dans toutes les régions du pays, des lieux ont été identifiés par les experts pour mener à bien les activités de pisciculture. Le plus opérationnel et dynamique est l’élevage de poissons sur le lac de Nangbeto, une localité située à environ 45 km de piste (environ 45 minutes) d’Atakpamé sur un plan d’eau d’une superficie de 180 km2.
Le tableau ci-dessous nous montre la répartition de l’approvisionnement des ressources halieutiques issues des statistiques du ministère de l’agriculture au Togo sur les deux dernières années.
Tableau par type de pêche pour les périodes 2020 – 2021 en tonnage
Types de pêche | Périodes 2020 | Période 2021 | Observations | ||
Tonne | % | Tonne | % | ||
Pêche artisanale maritime | 11 711 | 62.8 | 11567 | 61.5 | Tendance à la baisse de la pêche artisanale |
Pêche industrielle | 85 | 0.5 | 117 | 0.6 | |
Pêche continentale | 6 132 | 32.9 | 6300 | 33.5 | |
Pisciculture | 730 | 3.9 | 835 | 4.5 | La production piscicole connait une hausse de 14% |
Total | 18 658 | 100.0 | 18819 | 100.0 |
Dispositions favorables au développement de la chaîne de valeur du poisson local
Conscient du déficit en matière de protéine animal, l’Etat togolais, à travers de nombreux appuis à l’instar du Mécanisme Incitatif de Financement Agricole fondé sur le partage des risques (MIFA S.A), puis récemment le Projet de Développement de l’aquaculture au Togo (PDAT) ont apporté les soutiens à des promoteurs piscicoles de Nangbeto. Ceci, pour objectifs de transformer structurellement le secteur, pour une croissance forte en contribuant à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des revenus des petits producteurs de poissons. Dans ce domaine piscicole et après plusieurs tergiversations et gâchis, une attention particulière a été accordée aux producteurs privés qui se sont installés au bord du grand lac de Nangbeto et son barrage. C’est ainsi que douze 12 producteurs piscicoles sur les quatorze (14) qui sont recensés ont été appuyés par le PDAT, afin d’accroitre la production locale en poissons.
Dans la foulé, l’autorité avait pris certaines dispositions afin de garantir l’écoulement des produits locaux dans une moindre mesure. Il s’agit de la « NOTE DE SERVICE N°/228/MEMPPC/CAB/SG/DPA » du 20 décembre 2021 « Portant institution d’achat de tilapia local pour toute importation de produits halieutiques » en république Togolaise. Cette note de service fait obligation à tous les importateurs sans exception « …l’achat de tilapia local à hauteur de dix pour cent (10%) des produits halieutiques importés » signée du directeur des pêches, Dr Ali Domtani. Pour être plus complet, cette note mentionne en gras « Le reçu de paiement est présenté lors de la demande de dépotage ». Il instruit les services de contrôles au respect de ladite mesure et invite par ailleurs tous les importateurs des produits halieutiques à accompagner la dynamique du gouvernement. Cette note était mise en application pour le bonheur des entrepreneurs piscicoles togolais, car leurs productions arrivaient à être écoulées un tant soit peu. Situation favorable aux pisciculteurs nationaux jusqu’à la fin mars 2022.
Renversement de situation depuis le basculement du dépotage au ministère de l’Agriculture et de l’Elevage
Le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé ayant tranché, à tort ou à raison, au profit de son préféré (beau-frère) depuis le mois de mars 2022, la gestion des flux de poissons locaux et importés est désormais confiée à la direction de l’Elevage. Une direction à laquelle s’est agrippé depuis des années le sieur Komlan Batawi comme une punaise de lit. Le Togo étant un pays atypique où certains fonctionnaires, ceux qui n’ont pas de parrain et dont le degré de militantisme RPT-UNIR n’est pas jaugé suffisant partent à la retraite à l’heure pile alors que d’autres se réclamant des proches du Chef de l’Etat bénéficient des contrats poste-retraite à vie pour continuer les foutaises au bénéfice de la mafia au sein des services publics. Officiellement Komlan Batawi est appelé à faire valoir ses droits à la retraite depuis le début de cette année 2022, mais il s’est accroché comme la bestiole de lit qui utilise ses glandes odoriférantes pour libérer des sécrétions malodorantes. Ce proverbe populaire « Scier la branche sur laquelle on est assis » semble être le mot d’ordre adopté par certains cadres de l’administration publique et souvent des retraités.
Rappelons qu’au moment où le contrôle de ce commerce relevait du département du ministre Edem Tengue, l’application de cette note de service n° 228, répondant parfaitement à la feuille de route du gouvernement, était bien respectée. Mais depuis trois (03) mois que la délivrance de l’autorisation de dépotage du tilapia importé a basculé au ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, c’est le déluge total pour les producteurs locaux. Comme cela se voit bien, le directeur Komlan Batawi, l’idiot qui « se tire une balle dans le pied » délivre des autorisations de dépotage au mépris de la dynamique gouvernementale tant prônée par Faure Gnassingbé et ses gouvernements successifs. La conséquence est sans appel, à la date de ce 28 juillet 2022, plus de deux cent (200) tonnes de tilapias issues de la production locale sont restées non écoulées comme en témoigne un producteur sous couvert de l’anonymat « Depuis lors, les mesures prises pour que les importateurs achètent 10% du Tilapia local ne sont pas respectées. La preuve en est que les récoltes des premières cages d’avril 2022 ne sont toujours pas encore écoulées. Ce qui prive les promoteurs des ressources à réinvestir dans le système de production»
Une situation de mévente liée au fait que les importateurs n’ont plus la contrainte d’aller acheter chez les nationaux avant d’importer les poissons chinois qui sont nourri à base des hormones. Le sieur Batawi, de son propre chef ou sur instruction de qui, gère aussi son héritage (la direction de l’élevage) comme bon lui semble ! A voir tout ce qui se passe autour de la gouvernance, l’on peut déduire, sans se tromper que, le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé a réussi par se faire entourer de mécanismes de sa chute. Comme cela se chante si bien dans la langue de ses oncles maternels du Kloto en substance « Je me sens totalement trahi par mes plus fidèles. Je suis en danger. Je suis debout sur le serpent sans savoir qu’il mord dangereusement… »
Selon nos informations, plusieurs cages contenant du poisson frais sont encore dans l’eau et ne peuvent pas être récoltées à cause de la saturation totale de la capacité du système frigorifique qui permet de stocker les tonnes de poissons en toute sécurité.
C’est toute la politique du gouvernement propagandiste des “Mois du Consommer Local” qui vise à promouvoir les produits locaux qui prend ainsi un coup dur. Que dit le Pétrolier Ministre Kodjo Adedze, en charge de la Consommation Locale pendant qu’un fonctionnaire indélicat remet en cause la promotion de la consommation locale ? En somme le Togo fait de bonne loi mais peine à les faire respecter. Ce faisant, c’est toute la chaîne de valeur qui est impactée comme en témoigne l’un des producteurs « A ce jour le stock en conservation sur le site de Nangbeto est près de 200 tonnes de produits en chambre. Une situation de mévente qui s’explique par le transfert des prérogatives de signature des importations à un autre département sans justification. Aujourd’hui, la grosse inquiétude c’est comment faire pour entreposer les produits et les futures productions. Comment faire pour récolter les nombreuses cages qui sont encore dans l’eau et pour payer les achats effectués auprès des producteurs. Nul ne peut rester insensible des souffrances et des tensions de trésorerie, surtout qu’il faut continuer à nourrir les poissons. », Il s’agit là d’un cri de détresse qui doit pénétrer l’oreille d’un sourd !
Qualité du poisson local par rapport aux importations chine-toc
Selon Etsri Kokou Penoukou, des études récentes menées au Togo ont révélé que le pays a mis en place un système de contrôle sanitaire des aliments organisé autour de la Direction de l’Élevage. « Mais la question qu’il se faut poser est si toutes les batteries de lois votées sont mises en application ? », s’interroge l’auteur.
Et pourtant, les produits issus de la pisciculture du lac Nangbeto, qui représentent actuellement moins de 4% des importations sont totalement Bio. Les poissons de Nangbeto sont élevés dans le respect de l’environnement et avec des composants végétaux issus de l’agriculture biologique. Ils sont alimentés essentiellement à base des céréales et autres provendes cultivés au Togo.
Au-delà du sabotage économique orchestré par le Directeur de l’élevage, Komlan Batawi et son réseau, il faut mettre en cause l’incivisme et l’escroquerie des importateurs togolais des produits frigorifiques. Tous ces importateurs, s’ils étaient de bons patriotes, devraient soutenir cette consommation locale qui ne représente qu’environ 4% de leurs importations. Pis encore, ils sont tous conscients de la différence de qualité entre les deux types de produits.
Les poissons d’importations sont élevés essentiellement à base des hormones donc cancérigènes à la longue. Alors que les producteurs togolais surgèlent le poisson à 100% de chaire, les chinois le font avec 30% d’eau et 70% de chaire. Ce qui fait que le produit chinois parait gros et pèse lourd et devient pâteux à la préparation et surtout braisé. C’est le gros tilapia asiatique sans goût et très pâteux qui est souvent servi braisé même au-delà de 4 000 FCFA (EUR 6,11).
L’escroquerie des importateurs vient du fait qu’ils vendent les deux types de tilapia au même prix sur le marché pour en tirer de gros profits. C’est-à-dire qu’ils profitent de l’intox qui est véhiculé sur la cherté du poisson en vendant les poissons importés sur le prix du local Bio, dont le kilogramme coûte moins de 1900 FCFA (EUR 2,90).
En attendant une prompte réaction du Ministre Antoine Gbégbéni ou au sommet de l’Etat pour discipliner le secteur des produits halieutiques au Togo, afin de donner un nouveau souffle aux compatriotes, pourquoi ne pas exiger que la totalité soit 100% de la production locale soit exigible avant l’introduction des produits étrangers. Il appartient également aux consommateurs togolais d’être vigilant et de faire le bon choix en consommant local et bio.
Et pourtant l’importation du tilapia et de ses dérivés interdit au Togo
Le Togo, pays qui se dote les bonnes lois, mais continue dans l’anarchie. C’était depuis le 16 avril 2018 que le gouvernement togolais avait décidé d’interdire la commercialisation et la détention du tilapia et de ses dérivés importés, selon un arrêté conjoint de son ministère de l’Elevage et de la Pêche (Colonel Ouro-Koura Agadazi) et celui du Commerce et de la Promotion du secteur privé (Bernadette Essossimna Legzim-Balouki). Quand bien-même l’ « ARRÊTÉ INTERMINISTÉRIEL n° 0069/18/MAEP/MCPSP » comporte la mention « provisoire», la bonne gouvernance et les règles de droit exigent qu’il soit révoqué avant l’autorisation de toute importation des poissons et dérivés en provenance de l’Asie.
A voir la pertinence du contenu de cet arrêté d’interdiction à savoir la prise en compte l’alerte de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO) en date du 27 mai 2017 sur l’apparition d’un virus mortel affectant ce poisson et son degré de propagation, le souci selon le gouvernement togolais de protéger la pisciculture locale et surtout le fait que tous les acteurs reconnaissent que “le tilapia élevé ou pêché dans les eaux togolaises ne comporte aucun risque et peut être consommé sans risque”, l’on ne peut pas comprendre les raisons qui ont rendu vite caduque l’application d’une telle loi.
A-t-on une fois saisi des cargaisons de produits halieutiques durant cette période ? Non ! Et pourtant la loi précise que pendant la durée (indéterminée) de l’interdiction, il sera procédé à la saisie et à la destruction de toute espèce de tilapia sauvage ou d’élevage et des produits dérivés de tilapia importés, a précisé l’arrêté interministériel.
Pis encore, l’Etat togolais en prenant cette belle initiative de loi, reconnait que ces dernières années, le commerce du tilapia en provenance d’Asie a connu un développement très remarquable au Togo et qui fait une concurrence déloyale à la filière locale.
Que disent les nouveaux patrons de l’Agriculture-élevage et du Commerce sur la continuité de l’Etat ? Vos prédécesseurs Agadazi et Legzim-Balouki, vous ont fait le plus dur, comme Trump à Biden, et pour la postérité. Il vous suffit simplement la mise en application.
La Rédaction de TAMPA EXPRESS a interrogé le Directeur de l’Agriculture qui n’a fait aucun retour.
A suivre
Francisco NAPO-KOURA