La gestion de la COVID-19 au Togo connait une forte mutation vers la peur depuis la mi-septembre 2021. C’était le refrain le plus redondant de la PM Madame Victoire Tomégah-Dogbé lors de son plaidoyer devant les Honorables députés pour l’obtention d’une prolonger de 12 mois de l’état d’urgence sanitaire. A partir de cet instant, l’accès aux bâtiments administratifs est désormais soumis à la présentation d’un pass vaccinal ou test PCR Covid-19. Et même pour aller se soigner dans les formations sanitaires publiques, les malades doivent présenter une preuve de vaccination. Des décisions qui engendrent une panique généralisée et pour contrer ces restrictions étatiques, chacun développe son système D.
En effet, le dictionnaire de la langue française définit la peur comme « Sentiment d’angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger, réel ou supposé, d’une menace; cette émotion éprouvée dans certaines situations : Trembler de peur. … Appréhension, crainte devant un danger, qui pousse à fuir ou à éviter cette situation». Pour Sigmund Freud, qui est l’un des premiers penseurs à relater ce sentiment évoquant la « mémoire phylogénétique» allègue que la peur serait la survivance de notre instinct animal face au danger. Pour la plupart des psychanalystes, les origines de la peur seraient liées au processus d’attachement et de séparation, donc aux premiers liens.

Aux origines de cette peur…
Ainsi, les populations togolaises seraient considérées moins que des chiens comme l’a chanté Ambroise Ouyi Tassane dans REJAKI. La genèse de cette terreur qui vient d’être officialisée par Mme Dogbé devant les élus du peuple part du début de la mouvance démocratique des années 1990. Elle connaît son épilogue en 2005 au lendemain du décès du Général Gnassingbé Eyadéma. Les contestations populaires, face à la transmission du pouvoir de Père en Fils, seront réprimées dans le sang. Plus de 500 morts selon un rapport officiel des Nations Unies. Puis suivront les meurtres en série d’une dizaine de jeunes filles entre fin 2011 et début 2012 sur tout le territoire dont Lomé avec plusieurs cas constatés dans sa banlieue nord Agoenyivé. Dans cet inventaire macabre se trouvent les lâches assassinats en avril 2013 à Dapaong des deux écoliers Anselme Sinandare et Douti Sinanlengue par tirs d’arme à feu en provenance des forces de sécurité déployées pour le maintien de l’ordre. Toujours dans le registre de terreur l’on enregistre les braquages quotidiens à mains armées avec des armes de guerre dans la ville de Lomé et à l’intérieur du pays. Le plus spectaculaire était le dimanche 28 septembre 2014 marqué par le braquage sur le parking de l’aéroport Gnassingbé Eyadéma. Le jackpot était de plus de trois (3) milliards de francs CFA appartenant à plusieurs commerçants se rendant en Chine pour effectuer des approvisionnements en marchandises. Plus tard s’ajouteront les tragédies de 2017 avec les états de siège de certains quartiers de Lomé, les villes de Sokodé, Bafilo et Mango à la suite de la révolte lancée par le leader du Parti National Panafricain (PNP) Salifou Tikpi Atchadam. Les manifestations pacifiques sont réprimées dans le sang enregistrant des blessés et des morts. Parmi les victimes, toujours des enfants (Agrignan Rachad tué en septembre 2017, Joseph Zoumekey alias Jojo tué en octobre 2017, Moufidou Idrissou tué en décembre 2018, Nawa Ino Tchakondo tué en décembre 2018, etc.). Aujourd’hui encore, plusieurs personnes arrêtées lors des manifs sont toujours en prison et d’autres meurent en détention. Parmi ces morts on peut citer Etienne Yakanou de l’ANC et le SG du PNP Yakoubou Abdoul-Moutawakilou qui étaient très malades en prison. Dans la lutte pour la défense des droits de détenus, la société civile togolaise autour de TOGO-DEBOUT reprise par le site MEDIAPART «Togo : Prisonniers politiques morts en détention ou détenus au Togo depuis 2018 ». Selon cette société civile, les cinq personnes arrêtées lors des mouvements politiques et dont les noms suivent sont également mortes en prison : Taïrou Mourane, Issaka Alassani, Moussa Saïbou, Alilou Seybou, et Ouro-Djifa Moutawakikou. Au décompte final, quatre autres concitoyens (Ouro-Adjana Arimiao, Ouro-Gnaou Alikou, Ouro-Agoro Awali, et Akossi Souleman Sakibou) seraient encore en détention dans un état critique entre la vie et la mort. Pas plus tard que le 30 septembre dernier vers 16 heures GMT, Lomé a encore enregistré un énième braquagearmé soldé par un mort, un blessé et environ 15 millions de FCFA emportés devant les locaux de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Il s’agit d’une nième scène de terreur qui survient environ 15 jours après le discours terrorisant de Mme la PM de Faure Gnassingbé de la république à l’Assemblée Nationale. Peut-on évoquer une théorie des complots pour détourner les togolais de la bourde au sommet de l’Etat ?
Des braquages à répétition… des enquêtes ouvertes jamais fermées
Au Togo, les responsables des tueries et des braquages ne sont presque jamais arrêtés et la plupart des enquêtes demeurent sans suite. C’est le sentiment qui est aujourd’hui partagé par la majorité des personnes vivant sur le territoire togolais. Face à tous non-droit auxquels l’Etat régulier du Togo a fini par habituer les togolais, les populations s’aguerrissent et développent des comportements qu’ils jugent appropriés. En effet, l’an 2008, le gouvernement togolais avait interdit les inhumations à domicile sans pour autant arrivé à en convaincre sa population. Les conditions d’obtention d’une autorisation d’enterrement à domicile étant difficiles à remplir pour les togolais moyens, certains choisissent de faire leur enterrement clandestinement sans tambour battant. Surtout ceux qui croient fermement à la réincarnation.
La situation est devenue de plus en plus aggravante avec la gestion approximative de la COVID-19. Aujourd’hui, nombreux sont ces togolais qui ne vont plus dans les centres de santé moderne et surtout public de peur de se voir confirmer à tort ou à raison le coronavirus. Car considérant désormais les lieux de soins et précisément le CHR-Lomé Commune comme étant un chemin de non-retour. Le cas de la mystérieuse défunte de Tsévié, qui aurait bloquée le corbillard ou chicanée le conducteur, a certainement servi de repère pour les uns et les autres.
La résignation des populations…
Ainsi certaines couches au sein de population préfèrent simplement se faire soigner à domicile pour éviter à la stigmatisation surtout que le gouvernement astreint tout usager des lieux publics à la vaccination. Cette situation fait la part belle aux affairistes du corps de la santé qui peuvent désormais opérer dans les domiciles. Puis quand survient la mort, la conservation des restes des défunts chez soi semble revenir en force dans les pratiques. Et voilà où nous conduit la communication hasardeuse du Médecin-Colonel Djibril Mohaman, responsable premier de la Coordination Nationale de Gestions de la Riposte au Covid-19 (CNGR-C19). Cela se justifie du fait que dans cette gouvernance de la COVID-19 par la peur, l’opinion ne sait à ce jour le délai maximum de conservation des corps à la morgue et les conditions pratiques (matérielles et financières) que les familles doivent remplir pour rendre les derniers hommages à leur défunt. On note également une discrimination à ce niveau. Pendant que les pauvres sont contraints d’enterrer dans les 48 heures leur cadavre dans les fosses communes, d’autres ont le privilège de programmer les obsèques pour rendre dignement les derniers hommages. Si pour le musulman l’inhumation peut se faire dans les 24 heures, chez le chrétien (et aussi chez l’animiste) la Sainte Bible recommande que l’enterrement ait lieu trois jours après le décès, le temps que l’âme se sépare du corps. L’ascension vers Dieu se poursuit quarante jours, durant lesquels l’âme poursuit sa purification et accomplit son effort de détachement du corps.
En tout état de cause, le cadeau des députés à la PM lui accordant une prolongation de l’état d’urgence sanitaire de 12 mois, ne peut être qu’un cache sexe. Car il le fallait pour cacher l’enlisement de la fanfaronnade « Gouverner autrement !» de Madame Victoire Dogbé. Chapeau à Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale Mme Yawa Djigbodi Tségan qui ne voulait pas de cette prolongation qui plonge le pays dans une totale incertitude socio-économique à trois mois des fêtes de fin d’année. Il faut rappeler que Mme Yawa Tségan été un cadre du service des Impôts bien avant la création de l’Office Togolaise des Recettes (OTR). Par conséquent Mme Tségan maîtrise mieux les rouages économiques du pays mieux que la bureaucrate Dogbé qui avait été dénichée du PNUD. Mais certainement qu’à la fin, le Chef de l’Etat, le grand Boss du RPT-UNIR a dû intervenir pour demander à l’Assemblée Nationale de trancher en faveur de sa Victoire.
Tôt ou tard, les peuples du monde finiront par prendre le dessus de ce mystérieux virus. Mais bien avant le moment des bilans tant sur le plan financier qu’humain. Cette reddition des comptes se fait déjà ailleurs dans le monde et finira par contaminer tous les peuples. Tout va se savoir sur la covidbusiness qui nous tient ! Peut-être que le parlement togolais se sentira le besoin de voter une loi d’amnistie spéciale COVID-19 pour couvrir tous les crimes perpétrés contre les citoyens de ce pays.
A suivre !
FNK