Depuis quelques années déjà, les Etats de la sous-région ouest africaine, dont le Togo sont confrontés au terrorisme et à l’extrémisme violent menaçant leur stabilité, la paix, la sécurité et le développement. L’ampleur de ces menaces sécuritaires montre à suffisance que des actions urgentes et concertées doivent être menées avec toutes les composantes de la société togolaise, en matière de sensibilisation, en vue du renforcement de la coproduction de la sécurité. C’est dans ce sens que le Comité Interministériel de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent (CIPLEV), appuyé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a initié les 18 et 19 septembre dernier à Kara, une session de renforcement des capacités à l’endroit des acteurs des médias de la région de la Kara.
L’atelier de formation des professionnels des médias publics et privés de la région de la Kara sur le phénomène de l’extrémisme violent avait pour but de renforcer l’implication des professionnels des médias de cette zone dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent au Togo. La formation a tourné autour de trois modules à savoir : Généralités sur le Phénomène de l’Extrémisme Violent, Les Manifestations de l’Extrémisme Violent et les Mesures Prises par le Togo et sur les Techniques de Collecte, de Traitement et de Diffusion de l’Information
A travers ces modules, les formateurs ont présenté la genèse, l’évolution et les moteurs de l’extrémisme violent, ainsi que les stratégies de recrutement au sein des groupes extrémistes violents, ainsi que leurs sources d’approvisionnement et de financement. Ils ont expliqué que l’extrémisme violent présente un caractère complexe, évolutif et multiforme, variant d’une région à l’autre. Ainsi, ont-il dit, face aux manifestations de l’extrémisme violent, telles que les attaques directes, les poses d’engins explosifs improvisés, les enlèvements et assassinats ciblés de civils et le vol de bétail, les dispositions prises par le Togo incluent des mesures opérationnelles et sécuritaires, des mesures souples (CIPLEV) et des mesures de développement (le PURS).
Les exposants ont également précisé que dans le contexte de l’extrémisme violent au Togo, il est primordial de prendre en compte toutes les différentes sources d’information avant de diffuser une information. Par ailleurs, ils ont insisté sur la vérification de la véracité et l’objectivité d’une information avant de le diffuser, sans oublier la prise en compte entière de l’éthique et de la déontologie du métier du journaliste.
Les participants par la même occasion ont reçu des formateurs des clarifications sur le Fact-checking, Désinformation, Mésinformation et la Lutte contre les discours de haine. Selon l’explication des formateurs, la désinformation désigne la diffusion délibérée d’informations fausses ou trompeuses pour manipuler l’opinion publique, tandis que la mésinformation se réfère à la diffusion involontaire d’informations incorrectes. A cet effet, les techniques de manipulation de l’information, telles que le détournement de contexte et la propagation de rumeurs ont été présentées.
Combattre le phénomène par la publication d’informations vérifiées
A la lumière de ces présentations, les acteurs des médias ont proposé des messages alternatifs destinés à contrer les discours de haine et face à des informations sensibles, il est nécessaire de vérifier les sources avant publication. Ils ont, d’autre part, proposé des plans d’action pour contrecarrer ce phénomène. Il s’agit de la création de plateformes de collaboration entre journalistes pour vérifier les informations avant publication, la mise en place de campagnes de sensibilisation contre les discours de haine et la désinformation, la production de messages positifs et alternatifs pour renforcer la cohésion sociale, la production des émissions radiophoniques pour sensibiliser contre les discours de haines et la désinformation.
A l’ouverture des travaux, le représentant du ministre de la Sécurité et de la Protection Civile a souligné que l’insécurité due à l’expansion des activités des groupes extrémistes violents exacerbait les inégalités déjà présentes dans certaines sociétés et augmentait le risque de conflits violents. Face à ces menaces, il a rappelé les principales mesures de prévention prises par le Togo, notamment l’opération Koundjouaré et la création du CIPLEV.
Pour sa part, le représentant du ministre de la Communication, il est crucial que les participants prêtent attention à tout ce qui sera partagé par les formateurs, afin de capitaliser au maximum sur les acquis de cet atelier.
Le PNUD, par l’entremise de son représentant à la session a remercié le ministère de la Sécurité et de la Protection Civile pour les dispositions prises pour l’organisation de cet atelier, ainsi que les autorités locales et tous les participants pour leur contribution. Il a rappelé que le projet vise à prévenir et à traiter les facteurs de radicalisation conduisant à l’extrémisme violent dans les communautés ciblées, notamment au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo et au Burkina Faso, avec un accent particulier sur le renforcement des messages alternatifs et des contres récits face aux discours haineux. Il a émis son espoir de voir émerger des initiatives nouvelles et innovantes de la part des professionnels des médias.
Auparavant, le préfet de Kozah, Colonel Bakali Hèmou Badibawou et le Maire de la Commune Kozah 1, M. Pawoubadi PIDABI ont relevé que, pour combattre l’extrémisme violent, il est essentiel de développer une véritable synergie entre toutes les couches sociales et professionnelles du pays, d’où l’importance d’outiller les professionnels des médias. Ils ont également appelé à l’engagement de tous aux côtés des forces de défense et de sécurité. Pour eux, cet atelier rappelle les missions et les devoirs des journalistes, à savoir : continuer à travailler en synergie avec les nouvelles technologies dans un domaine qui ne doit plus être réservé aux seuls professionnels des médias.
La Rédaction
« TAMPA EXPRESS » numéro 0067 du 09 octobre 2024