Tout est parti d’un poste sur le mur Facebook de S. K. Mélanie « La crainte d’une famine n’est pas un nouveau sujet en Afrique ! Elle justifie au contraire les efforts du paysan qui continue de pratiquer sa petite agriculture de subsistance avec des outils rudimentaires. Le nouveau sujet, qui semble ne préoccuper personne, c’est le bradage des terres cultivables aux mains de personnes ou entreprises puissantes, parfois venues d’autres continents ». Elle chute en mettant en garde « Attention à l’émergence d’un nouveau fléau, celui de paysans sans terres ».
La pandémie à Coronavirus semble progressivement rentrer dans l’histoire depuis le déclanchement de l’offensive Russe en Ukraine et malgré la résistance de certains esprits qui cherchent à maintenir la peur autour des enjeux géostratégiques occidentaux. Même l’annonce par les États Unis d’un variant de la rougeole (variole du singe) rechigne à trouver des adeptes dans le monde. Car l’ampleur de la faim véritable est entrain de sonner la fin de la maladie et même de la mort qui n’est plus un sujet tabou pour le commun des mortels.
La manifestation de la misère, terreau de la déshumanisation
La survie est désormais le maître mot à cette heure de crise mondialisée. Tous les moyens sont bons selon les catégories de citoyens pour se maintenir en vie. Pendant que les minorités au pouvoir et les grands capitalistes se la coulent douce dans les palais au Nord comme au Sud, la majorité s’accroche à des subsidies. Les cas de vols, cambriolage, sextape, braquage et autres pratiques malveillances sont annoncés ici et là. C’est ainsi qu’au Zimbabwe du feu Robert Mugabe, les réseaux sociaux étalent une déshumanisation totale de l’être humain à travers un business très florissante qui consiste à un vivant à vendre ses organes. Ainsi en raison de la misère galopante, le gros orteil coûterait 40 000 USD (22 millions de FCFA) pendant que le petit serait vendu à 20 000 USD (11 millions de FCFA) et que certains seraient partants pour vendre leurs pieds.
Le phénomène qui est révélateur ici se trouve être la problématique foncière en Afrique et au Togo. Un phénomène qui a pris de l’ampleur et qui gangrène les palais de justice. Tout est lié à la gouvernance du foncier dont les textes même les plus récents sont déjà caducs à leur naissance. Selon certains, le problème foncier au Togo serait lié au fait que la terre appartient aux communautés depuis l’époque sous la colonisation allemande. Mais l’État togolais oublie qu’en omettant de protéger contre lui-même le propriétaire qui vend sa terre d’héritage pour manger et par là s’expatrie…c’est le pays tout entier qui sans le savoir s’ouvre le ventre pour y faire entrer tout et même ce qui va le détruire. Imaginez si tous ceux qui ont vendu leurs propriétés et qui non seulement n’ont plus rien mais en plus ne peuvent plus faire face à la vie. Que va faire le pays face à ce fléau? Dire que c’est leur faute ? Oui mais ce n’est pas ça qui résoudra le problème.
Le fléau s’amplifie avec la culture du soja pour alimenter le bétail hors de l’Afrique
La production du soja à l’échelle pour l’exportation est en train de nuire gravement à l’environnement et à l’agriculture. On constate que dans plusieurs localités du Grand Bassar (Dankpen, Dimori, Djarkpanga…) des centaines d’hectares de terres sont réquisitionnées pour en faire des champs de soja. Pour cela un bulldozer est utilisé pour arracher tous les arbres sans distinction. A ce rythme, nos localités, à court terme vont devenir des déserts. Que dit le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières fasse à ce drame qui détruit la flore togolaise? Certes la culture du soja procure un revenu aux producteurs mais faut-il pour autant sacrifier notre flore?
Que dit le ministère de l’agriculture quand ces sociétés étrangères qui accaparent des hectares pour la culture exclusive du soja et le maïs ? Que va-t-il rester pour la culture de l’igname ? Quand on parle du Pays bassar-konkomba, ce qui vient dans la tête des gens ce sont les ignames. Il faut que l’Etat s’implique pour que les cultures vivrière (ignames, sorgho, haricot, maïs…) ne soit pas sacrifiées au profit du seul soja. Le même phénomène est observé aussi à Tchamba, Sotouboua…
La responsabilité des États africains passe nécessairement par la NATIONALISATION des surfaces perdues
Comme d’habitude l’on rétorquera oui mais avec quel crédit et qui va rembourser l’argent investi? Alors faut-il ignorer tous ces malheureux cupides et autrefois nantis mais aujourd’hui devenus totalement pauvres? A cette heure des grandes mutations, seule la massification dans la production agroindustrielle à l’échelle est gage pour l’avenir du continent. L’Afrique manque-t-elle totalement de terres cultivables ? Non ! Car selon les études, les terres arables sont de 50 à 60%. Le Togo dispose de la plus grande proportion de terres arables. 48,7% de la superficie du pays est cultivable. En comparaison, la Côte d’Ivoire, qui est pourtant une grande nation agricole, ne dispose que de 9,1% de terres arables…
Mais le vrai problème ne demeure –t- ils pas la professionnalisation de la petite agriculture du paysan africain ? Si nos paysans sont formés aux techniques modernes, soutenus dans la mécanisation et l’industrialisation de leur production, certainement qu’ils sortiront vaillamment de cette agriculture familiale de subsistance et seront sans nul doute plus productifs et occuperont les terres. Si la production est d’un certain niveau ça peut même inciter les étrangers à établir un autre type de partenariat, parce que venir s’installer en Afrique demande beaucoup de moyens. Eux ce qu’ils veulent, c’est le soja, c’est le cacao, c’est le café etc… Pas forcément de venir s’installer en Afrique. Mais il appartient aux africains de définir leur priorité. Alors faut-il former les paysans, promouvoir les groupements de production, standardiser et labelliser les produits…
Aujourd’hui, la grande interrogation reste les données statistiques sur la proportion des terres ”bradées” aux entreprises ou opérateur étrangers. Si l’on en est arrivé là, c’est effectivement la faute à nos ministères de la planification et de l’aménagement du territoire. A quoi servent donc les ministères de protection de l’individu des villages et même des biens ?
Vendre les terres fertiles et urbaines aux étrangers ! La réponse se trouve dans les exhortations prophétiques du regretté Ambroise Ouyi Tassane dans REJAKI « … Un chef qui n’a plus pour trône qu’un rocher, et pour royaume qu’un coin dans le maquis. Combien de temps restera-t-il caché ?… »
C’est ainsi qu’ils (gouvernants et forces d’occupations) croient faire du mal aux peuples africains en utilisant tous les moyens pour les affamer, dans le cas d’espèce, la vente des terres aux étrangers. Un jour viendra où ses propriétaires revendiqueront leurs droits sur tous ces espaces victimes d’accaparement. En ce moment-là, ça sera le sauve qui peut pour tout le monde.
La Rédaction