Edition 2023 de lutte EVALA, la guéguerre entre brasseries (BB vs SNB) refera-t-elle surface ?
Chaque jour que Dieu fait, tous les discours populaires et populistes évoquent le vivre-ensemble pour justifier ou condamner tel ou tel acte. Mais le constat général renvoie au « Vivre séparément ensemble : Paradoxe de la vie de couple au Togo » de Madame Afiwa Pépévi Kpakpo-Lodonou ou carrément à l’autre concept qui caractérise les divorces « Vivre ensemble séparément ; quand l’on met de la distance avec l’autre afin de pouvoir faire le deuil de la relation ». C’est du moins l’affiche depuis l’apparition au Togo de la SNB-SA en 2020 sur le marché de distribution de boissons qui vient concurrencer la BB Togo longtemps considéré comme un monopole de cette dernière.
La rivalité entre les deux usines de fabrication et de commercialisation des boissons gazeuses et de la bière a battu son plein sur le marché au point parfois de se transformer en bagarre entre les commerciaux des deux entités. Une situation très désagréable constatée ici et là sur le territoire, les bagarres et disputes d’une part entre les agents des deux usines et d’autres part entre les agents BB surtout et les tenanciers des buvettes et maquis. Et pourtant certains employés se connaissaient puisque débauché par la SNB-SA (Société Nouvelle de Boissons) chez son concurrent.
La très vieille Brasserie BB Lomé SA qui régnait en monopole en dehors des petites importations depuis 1964 jusqu’en 2020, n’accepte simplement pas que les distributeurs finaux (tenanciers de bars) mettent les produits de son concurrent SNB-SA dans les refroidisseurs (réfrigérateurs) qu’elle met à disposition. Et pourtant ces refroidisseurs de la BB sont rémunérés et leur entretien à la charge des vendeurs même si c’est une location relativement bas. La pratique est que lorsque les agents commerciaux de la Brasserie BB Lomé dont son Directeur Général M. Thierry FÉRAUD découvrent que les tenanciers de maquis ont malicieusement glissé les boissons d’autres concourants et surtout les produits DJAMA dans les unités de refroidissement, ils vont jusqu’à vider le réfrigérateur et l’emporter. Monsieur Olivier K. de la diaspora nous raconte sa mésaventure « J’ai ouvert un maquis pour ami.es au pays. J’étais dans le métro quand le gérant de mon bar m’appelle au téléphone que le surveillant de la BB, quelqu’un que j’ai rencontré lors d’un passage au pays, a vidé le refroidisseur deux battants. Je demande pourquoi ? On me dit que c’est parce qu’ils ont mis DJAMA dedans. J’avoue qu’à l’époque je ne savais pas ce qu’on appelait DJAMA. J’ai voulu parler au commercial de la BB mais il a refusé. Imaginez la honte devant les clients. J’ai décidé de laver l’affront en ordonnant l’achat immédiat d’une unité de refroidissement. Ce qui fut fait et en même temps suspendu la vente des produits BB dans mon bar ». Certains agents sont compréhensibles car donnent des conseils au tenancier qui leur permet de dissimuler les boissons concurrentes derrière BB.
C’est aussi la même bagarre au niveau de certains dépôts de grossistes surtout de la SNB, qui se dit une entreprise autochtone en opposé à la première, a formellement interdit les boissons BB dans les entrepôts même privés. Puisque les contrats d’agrément en font mention. De ce fait, un extrémisme aveugle était apparu et l’on remarque des dépôts et buvettes uniquement BB ou SNB.
Cette malencontreuse situation, semblable à une bagarre entre adolescents, c’était visible sur les terrains de lutte EVALA 2022 lorsque certains éléments incontrôlés des forces de sécurité avaient été mises à contribution pour chasser des vendeurs de la Brasserie BB Lomé. La grande esplanade du Palais des congrès de Kara qui servait de lieu festif pour les promotions de la BB-SA depuis la nuit des temps, a été confisqué par les éléments de Patrick Van Schie, Directeur Général de la SNB-SA. C’était à cette occasion que la SNB-SA a présenté sa nouvelle bière « Saison tradition » au village Djama à Kara lors d’une sortie publique en marge des Evala.
Non seulement cette situation constitue des tracas occasionnant des coûts supplémentaires d’approvisionnement pour certains distributeurs mais aussi des clients (consommateurs).
Alors la question que les agitations des deux brasseurs pose est comment deux frères (sœurs) et/ou ami.es qui ne boivent pas les produits d’une même usine peuvent-ils (elles) rester ensemble autour d’une table pour partager un pot dans un bistro qui ne distribue uniquement que l’une des marques ? Vont-ils (elles) chacun de son côté aller vers leur distributeur respectif ? Comment vont-ils (elles) échanger à distance ?
Aussi, cette façon aveugle de faire le jeu de la concurrence va nuire aux deux produits et aux distributeurs extrémistes car les consommateurs (trices) en groupe n’iront que là où ils (elles) trouveront satisfaction notamment chez les distributeurs qui arrivent à être autonomes en système de refroidissement pour vendre concomitamment les boissons des deux industries.
Comment promouvoir le vivre ensemble si un simple jeu de concurrence entre la vieille Brasserie BB et le bébé SNB passe comme une dispute entre des coépouses ? Sachons de même que les plus jeunes qui constituent la relève de demain, observent faits et gestes des adultes qu’ils plaqueront à leur grand âge. Et pour l’acteur et artiste Colin Farell « Ma mère m’a appris les bonnes manières. Et elle m’a toujours dit que vous pouvez être ou faire n’importe quoi dans la vie, tant que vous ne blessez personne et que vous êtes heureux. Ma maman est géniale ; Je l’adore ».
À suivre…
- Douligna