Les jaloux vont sans doute mourir de Franc CFA car, ce serait une occasion mémorable de promotion de cet unique espace au monde qu’est l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) où les secteurs monétaire, bancaire, financier et boursier sont totalement intégrés et doublés de démarches de solidarité financière tout aussi originales qu’avant-gardistes. L’Umoa est aussi la plus accomplie des unions monétaires au monde, après le système de réserves fédérales des États-Unis, dotée d’une monnaie au pouvoir d’achat qui défie les décennies.
En matière de solidarité financière, l’Umoa est encore le seul exemple au monde où une seule Banque Centrale, et une seule au sens juridique et opérationnel du terme, s’occupe notamment du règlement en interne comme à l’étranger des dettes publiques de différents États souverains (huit en tout en 2024), mettant les États concernés individuellement et collectivement à l’abri de cessation de paiement et de spéculations en tous genres, gère une mutualisation intégrale des réserves de change officielles des États-parties et est signataire, au nom de ceux-ci, d’accords de coopération monétaire (non exclusive) avec les autorités monétaires françaises …
Le Niger en substance est aujourd’hui en quasi-cessation de paiement des suites de sanctions pour délit de putsch militaire ; il aurait pu l’être aussi (et même très souvent) s’il avait eu un régime de droit national pour sa monnaie comme le Ghana, obligé de rationner les opérateurs économiques, de composer avec une déliquescence de la réglementation des changes, de faire avec un regain de vitalité de la corruption etc., sans pouvoir toujours s’en sortir en dépit des richesses énormes et sans commune mesure du pays. C’est le lot de désagréments invisibles aux anti Franc CFA mais parfaitement vécus au Ghana et au Nigéria par exemple où même le Gouverneur de la Banque Centrale est outrageusement pourri comme du poisson mort, du moins l’ex, sans compter les Chefs d’État véreux à la clé de la trempe de feu Sani Abacha de triste mémoire de parfait corrompu doublé d’incompétent notoire …
La Côte d’Ivoire est le prototype de pays dont les dirigeants savent de quoi retourne une union monétaire et quoi en tirer et bien entendu, le Sénégal aussi ; les autres ou presque tous les autres sont dans l’ultracrépidarianisme ou le paralogisme contestataire improductif, se rassasiant de discours pseudo néo-panafricanistes anti français et vertement russophiles au lieu de booster le poussif indice de développement humain (IDH) du Programme des nations unies pour le développement (Pnud) qui est autant leur négative marque de fabrique que le signe de leur mal gouvernance.
L’Union monétaire ouest africaine (Umoa, mai 1962) est ce vivier de vivre ensemble monétaire et solidaire dont le signe monétaire s’appelle le Franc CFA émis par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Le Franc CFA est très populaire et impopulaire à la fois pour des raisons souvent épidermiques. En effet, il est tout aussi connu sur ce qui est accessoire (vraiment accessoire comme le papier-monnaie fabriqué en France par le colon français) que méjugé sur ce qui est essentiel (sa capacité à symboliser un vivre ensemble monétaire solidaire) ; avec le temps et à force de méconnaissances et méjugements, il est devenu un véritable symbole-paria d’un vivre ensemble monétaire qui pourtant marche vaille que vaille au gré de la qualité des gouvernances macroéconomiques, tous indicateurs de vivre ensemble solidaire pris en compte.
Par contre, l’Umoa, dont le Franc CFA n’est ni un moteur, ni un carburant, ni un identifiant fiduciaire, ni même une clause sine qua non de vivre ensemble, … n’est guère connue. Le Franc CFA est en fin de compte devenu pour elle un symbole despote, usurpé, immérité et surtout travesti ; il est plus historique que technique pour n’avoir pas su se rendre lisible au fil des changements structurants ayant façonné ses bases fiduciaires ; il est dommageablement plus visible, que la Bceao notamment, son institution émettrice, qu’il ne devrait l’être comme ambassadeur du vivre ensemble qu’incarne l’Umoa etc.
Le Franc CFA est un simple signe monétaire Ceteris paribus, Toutes autres choses étant égales par ailleurs au sein de l’Umoa : un référentiel affublé d’une appellation à l’état-civil monétaire de la communauté nationale et internationale, sans absolument aucun lien ni avec la politique monétaire du déclarant, ni avec la souveraineté ou le patriotisme monétaire de ce dernier … L’appellation Franc CFA est in fine une dénomination qui peut changer sans faire éternuer l’Umoa (ni qui que ce soit) et surtout, sans lui faire ni chaud ni froid.
L’Umoa fait le Franc CFA comme elle peut faire tout signe monétaire de n’importe quel nom d’oiseau ; mais le Franc CFA, trop réducteur dans sa vocation de signe monétaire et qu’importe le nom d’oiseau qu’il prendra, ne peut faire l’Umoa. De la même façon que le Franc CFA ne fait pas l’Umoa, il ne faut surtout pas confondre cette dernière avec l’Union économique et monétaire ouest africaine, (Uemoa, janvier 1994). L’Uemoa est en effet un simple prestataire de services de l’Umoa, relevant au demeurant du mieux que rien en termes de prestations de service.
Au total, vive l’Umoa et qu’importe comment le Franc CFA va s’appeler demain pour que vive la Coupe du monde de football 2038 en Côte d’Ivoire.
Vilévo DEVO
« TAMPA EXPRESS » numéro 0053 du 13 mars 2024 »