Le Chef de l’État Faure Gnassingbé semble prendre trop de temps pour sortir de son labo. Il tarde à officialiser les différentes nominations. Dans l’opinion publique, on pense bien qu’il s’agit des stratégies visant à favoriser sa gouvernance. Car devant un leader indifférent, la troupe est confuse et soumise. Le champion togolais a largement son temps pour prendre ses actes administratifs sans se soucier des dégâts collatéraux qui en découlent. Si enfin la situation incertaine de la CNDH a connu une fin avec la prise de fonction des membres depuis avril 2024, l’épilogue de la HAAC continue avec « les anciens membres qui tiennent le câble », dit-on dans les coulisses. Et les six (6) nouveaux élus par l’Assemblée Nationale de Mme Yawa Tségan sont rangés en spectateurs depuis des mois, en attendant la nomination des trois (3) restants par Faure Gnassingbé avant leur prestation de serment suivie de la prise de fonction. Certains parmi ces nouveaux membres, ex-employés et patrons de presse sont devenus des chômeurs sans solde et rasent le mur pendant que ceux parmi eux qui étaient mieux lotis, et qui sont des fonctionnaires de l’État continuent de jouir de leur salaire initial.
Un tel long suspens des nominations en instance crée du désordre au sein de la troupe. D’autant plus que les cadres politiques se demandent où va leur patron, et où les mène-t-il. L’exaspération se traduit aussi par la bourde de Christian Trimua, secrétaire général (ministre) du gouvernement démissionnaire de la PM Victoire Tomégah-Dogbé à travers cette lettre rappelant ses collègues à la « Gestion des affaires courantes » et qui porte une date de signature du 27 mai 2024 pour un gouvernement qui a démissionné le 21 mai 2024 et qui n’a été rendu public que deux mois plus tard… le Secrétaire Général du gouvernement a cru bon de recadrer la basse-cour en attendant que le président Faure Gnassingbé ne désigne une nouvelle équipe gouvernementale. Le Togo se retrouve alors depuis plus de trois mois sans gouvernement de plein pouvoir.
Cérémonie de purification du Togo dans le canton Bè
Pendant que les supputations allaient bon train, Faure Gnassingbé sort de son silence. Il fait le choix très audacieux, ce 1er août 2024, de « tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne » en nommant Mme Victoire Tomégah-Dogbé comme Premier Ministre de la période transitoire ou encore 1er Chef de gouvernement de la 5ème République. On pourra lire sur le compte Tweeter de DaVicto : « Je suis honorée par la confiance renouvelée du PR @FEGnassingbe en me reconduisant comme Premier Ministre. Je rends grâce à Dieu pour cette opportunité… ». Et ce n’est pas anodin quand les nominés louent les dieux en lieu et place des compétences et capacités. Si ça marche toujours pour les champions alors grand boulevard pour tous les autres candidats à la recherche d’une place au soleil. C’est dans ce pays qu’on parle d’import-export des marabouts (pasteurs et vaudou) et des enterrements de bœufs vivants. Nonobstant le recours aux démarcheurs par certains aspirants à des postes, le plus courant vient de ces pratiques mystiques réelles ou imaginaires qui pourraient découler de cet immobilisme car, selon l’opinion certaines autorités parmi les sortants entreprendraient tout pour s’incruster à leur doit être le cas poste et d’autres pour faire partie des nouvelles recrues.
C’est ce qui circule sur les lèvres actuellement chez les B’tchimb, depuis les résultats des dernières élections législatives o. Il bruite très fort que l’obsession d’un neveu du chef à devenir « ministre des bassari » dans le prochain gouvernement de la RT, exacerbe les populations. En effet, le grand rêve de la tête de lice du parti bleu de la 1ère d’accéder à un poste ministériel les conduirait, aujourd’hui, à travestir les pratiques quotidiennes des cultes religieux dans la localité. Depuis quelques mois, à chaque prière dans les mosquées, des Imams auraient reçu l’instruction de consacrer et réciter l’incantation selon laquelle « … que le DG devienne ministre ». Pendant que des prières pleuvent dans les mosquées, autant les sacrifices de la volaille et autres explosent dans les autres couvents. Et c’est à juste titre que l’inquiétude soit aussi grande car, à force que cela dure, les exigences des prêtres religieux et endogènes montent selon que le degré et l’enjeu des sacrifices montent ; c’est cela qui amène parfois à des sacrifices humains, la fameuse recherche des « pièces détachées ». Toujours est-il que le bénéficiaire doit payer la chaîne de promotion mystique avec des exigences à la hauteur des moyens déployés pour atteindre l’objectif. Et l’on a encore en mémoire ce genres de pratiques dans le milieu (…) et ailleurs; pendant que les auteurs sont en liberté, des innocents sont jetés en prison, parce que les gens ont tout fait pour brouiller les cartes.
Cependant, les dégâts sur la population animale n’auront pas tellement d’impact car, l’économie de la religion traditionnelle tient fortement compte des besoins en quantité et en qualité dans l’élevage. C’est ainsi qu’en Pays bassar-kokomba, l’on n’élève pas pour élever ; la volaille est élevée pour son plumage et le petit ruminant pour la couleur de ses poils. C’est d’ailleurs ce qui détermine leur valeur sur le marché comme le disait caricaturalement ce chanteur ivoirien : « les moutons se promènent ensemble mais ils n’ont pas les mêmes prix ». Toutefois, l’inquiétude des populations réside dans le fait que par le passé lointain et récent, des témoignages et confidences relatent que certains individus avides de pouvoir ont eu recours à des ” pièces détachées humaines ” dans des travaux occultes pour répondre aux exigences de leur choix ambitieux. Et que de tels crimes sont restés impunis. Ainsi à chaque fois que des acteurs politiques se déchaînent dans leur course effrénée aux échéances de nominations, les pauvres citoyens vivant dans l’entourage de ces derniers commencent à craindre sérieusement pour leur sécurité ainsi que celle de leurs familles. En effet depuis la nuit des temps on sait que là où les sacrifices d’animaux ne suffisent plus, la demande va malheureusement plus loin. C’est ainsi que les pauvres paient le lourd tribut des ambitions des riches. Un adage Bassar dit que quand le plus fort fait tomber un tronc d’arbre, le plus faible sait qu’il doit préparer son coussinet sur la tête pour assurer le transport dudit tronc.
Pourquoi autant d’agressivité pour un poste ministériel ? L’on vous répondra qu’il n’y a plus rien dans l’eau. Ils ont fini de sucer toutes les vitamines…
Il est vrai que depuis les évictions successives de M. Ninsao Gnofame et Mme Ayaovi Tignokpa des gouvernements de SEM Faure Gnassingbe il y’a plus de cinq années, les cadres RPT-UNIR des Monts Barba-Bassar sont dans le conflit d’égo et sur le pied de guerre. Et depuis, c’est la course effrénée ; la volonté farouche des ” vieux loups ” qui veulent toujours revenir à la belle étoile autour de Faure Gnassingbé font face à certains ouvriers de la dernière heure qui ont aussi fait tôt de vouloir monter à la droite du « Père ». Sur le terrain, les clivages sont réels et l’on attend de voir ce qu’ils feront prochainement d’un ou deux postes de ministre dans un contexte du retour en politique d’un certain Martin Koffi Yamgnane alias « TOUTOUTOU ». Ce retour fracassant de l’ancien secrétaire d’État sous François Mitterrand, dans « Freedom Togo-Mouvement de Libération Nationale » (MNL) va non seulement faire perdre les pédales et plonger les cadres RPT-UNIR à réchauffer les vieux démons (marches de dénigrement) mais aussi faire des victimes innocentes parmi les cadres militaires comme civils.
Le questionnement sur l’utilité des cérémonies traditionnelles en pays Bassar avait été posé l’an dernier. Quand on se rappelle que le 8 septembre 2023, s’était opéré un remaniement qui a donné moisson pour la première fois deux fils d’un même canton de SIOU (Gilbert Bawara et Calyxe Madjoulba) sans aucun natif de Bassar pendant même que le pays des T’bol était à la croisière des cérémonies de son nouvel an « D’pontre/N’nidak ». Alors vers qui les dépositaires (actuels) du pouvoir politique local ont détourné ces héritages des ancêtres qui sont sensés constituer le bien commun d’un peuple ? Pour juste la protection et la promotion de leur seule famille ? Pendant que le Chef suprême dispose de tout son temps pour pondre des noms d’or, la jungle continue de s’agiter, et la nuit noire et épaisse continue de faire grelotter les ” masses ” qui redoutent de tristes bilans. Ainsi va la cité des Tombeurs.
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0062 du 07 août 2024