Les grandes banques centrales du monde occidental continuent de relever leurs taux directeurs en cette période post Covid-19 ; le mouvement, toutes choses étant égales par ailleurs, devrait se poursuivre au cours des prochains mois.
État des lieux
Les taux d’intérêt réels (taux nominaux moins taux d’inflation) sont en effet toujours négatifs aux USA et donc faiblement attractifs. Or, pour des raisons essentiellement géopolitiques, les américains ont plus que jamais avantage à ce que le dollar demeure prestigieux comme intermédiaire des échanges, solide comme réserve de valeur et hégémonique comme unité de compte, notamment pour financer “à moindre frais” la guerre en Ukraine, malgré la situation économique difficile chez eux ; ils ne peuvent s’accommoder de faibles loyers de l’argent, de nature inflationniste par essence car ils favorisent la consommation alors que la production locale est atone en ce moment et sans perspective immédiate de reprise.
En Europe aussi le taux d’inflation est élevé, sans perspective immédiate de décrue, et supérieur au loyer de l’argent ; il autorise dans ces conditions des marges de relèvement des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) et de la Banque d’Angleterre notamment. Les principaux taux directeurs, y compris aux États-Unis, étaient tombés à des seuils planchers, deux années consécutives durant la pandémie Covid-19, et étaient totalement déconnectés des taux d’inflation demeurés élevés.
La Bceao a suivi le mouvement observé à l’international, précédemment baissier pendant la période Covid-19 ; elle a opportunément emboité le pas à celui en cours devenu haussier en Occident. Il s’agit d’un changement de cap dans sa politique monétaire. Toutes les banques centrales bien gérées, notamment en zone Cedeao, qui étaient dans les précédentes mouvances baissières des taux directeurs durant la période Covid-19 et toutes choses étant égales par ailleurs, devraient se comporter comme la Bceao : c.à.d., mettre en œuvre une politique restrictive de la monnaie (pas du crédit à l’économie) ou, en d’autres termes, ralentir à tout le moins le recours à la planche à billets pour pouvoir lutter contre l’inflation et préserver le pouvoir d’achat. Agir autrement se justifierait difficilement et serait contre-productif, y compris surtout dans les zones où les monnaies nationales sont inconvertibles et vulnérables.
La remontée actuelle des taux directeurs de la Bceao ne relève pas d’un panurgisme béat, au demeurant salutaire et logique, de ce qui est impulsé par la Réserve fédérale américaine (Banque Centrale des USA) et relayé par la Banque d’Angleterre et la BCE. Elle s’explique également et surtout par la situation de liquidité abondante au sein de la zone Umoa.
La situation de liquidité de l’économie est principalement mesurée par le rapport masse monétaire sur produit intérieur brut (PIB). La masse monétaire est constituée de dépôts dans les banques augmentés des billets et pièces de monnaie en circulation dans le public. Dans le cas de la Bceao et de ses États-membres, la masse monétaire a dû s’accroitre énormément sous l’impulsion des mobilisations à l’étranger, par les États, de “Fonds Covid” et divers “Fonds de soutien à l’économie”, sans compter les refinancements de la banque centrale dont les banques locales ont pu bénéficier. Il y a donc eu beaucoup de ressources financières et monétaires dans les rouages bancaires et elles y sont encore en principe si elles ont servi à bon escient. Cette liquidité globale (encore appelée masse monétaire ou encore moyens de paiement) s’est accrue à un rythme deux fois plus important que la croissance du PIB en volume, selon les derniers chiffres du Comité de politique monétaire (CPM) du 14 septembre 2022 présidé par le gouverneur de la Bceao : c’est assez édifiant.
Beaucoup de ressources monétaires déjà dans les rouages économiques, de surcroit dans un contexte notoirement inflationniste du fait essentiellement de facteurs exogènes, suggère de la part de la Bceao une politique monétaire restrictive encore qualifiée de politique monétaire prudente selon les terminologies appropriées ; c’est le message essentiel qu’il faudrait retenir du relèvement progressif et successif des taux directeurs de la Bceao, notamment celui entré en vigueur le 16 septembre 2022.
L’offre de monnaie, singulièrement l’offre de refinancements de la banque centrale, a été abondante notamment ces deux dernières années et à des taux d’intérêt directeurs bradés (2% l’an). La Bceao a procédé en son temps à moult réductions du loyer de l’argent et surtout à des refinancements considérables au profit des banques. Avant l’actuelle remontée des taux directeurs, ses dernières interventions massives pour booster le porte-monnaie des banques l’ont été au motif de soutien à la relance de l’économie, durablement touchée par la pandémie Covid-19 : voilà pour l’offre banque centrale Bceao, volet quantité substantielle et volet prix modique (taux d’intérêt). Une chose est de donner, une autre est ce qu’advient de la chose donnée.
Facteurs déterminants et pratiques en amont
S’agissant des banques primaires, leur offre de financement a aussi été abondante ; ce qui au demeurant leur a permis de faire des résultats financiers mirobolants et historiques, notamment ces deux dernières années fiscales, en dépit d’un quasi effondrement de l’activité économique dans certains pays de l’Umoa. En d’autres termes, la Bceao a indécemment “sucré” les banques primaires via ses procédures de pension/adjudication de bons et obligations du trésor (pour couvrir des déficits budgétaires) et leurs taux d’intérêts inappropriés. Situation paradoxale, loin d’être vertueuse : cependant fondée et tout à l’avantage du secteur bancaire.
L’offre de financement des banques primaires, c.à.d. le total des concours aux trésors nationaux et au secteur privé, est donc allée surtout aux trésors nationaux qui ont beaucoup emprunté, via des bons et obligations du trésor (titres publics) ; dans ces conditions, mutatis mutandis, il y a toujours et logiquement un effet d’éviction des crédits à l’économie, c.à.d. des crédits bancaires au secteur privé par le crédit à l’État et ses démembrements via les titres publics souscrits par les banques. In fine, l’offre de financement des banques commerciales, sous l’impulsion de la Bceao auprès de qui elles ont pu emprunter à profusion, a été également fournie sans nécessairement avoir été vertueuse pour le financement de l’économie puisqu’elle est prioritairement allée en couverture des besoins des Gouvernements. (Déficits budgétaires en forte hausse selon les chiffres du Comité de Politique Monétaire de la Bceao du 14 septembre courant).
En clair, l’offre de refinancement de la Bceao et l’offre de financement des banques primaires de l’Umoa ont été substantielles (au profit des trésors nationaux) face à une demande de crédits atone des particuliers et entreprises pour cause de dysfonctionnements conjoncturels provoqués par la pandémie Covid-19. La situation dans laquelle tout ceci (offre de financement des banques et de refinancement de la Bceao) est intervenu a changé avec la disparition en 2022 des contraintes Covid-19 et la survenance de nouvelles donnes liées à la guerre en Ukraine : hausse brutale du dollar américain, perturbations dans la distribution de produits stratégiques et hausses conséquentes de leur prix, risques de crises alimentaires, résurgences inflationnistes à l’échelle mondiale, ralentissement de la croissance économique mondiale etc.
La Bceao ne peut demeurer dans une posture identique à celle ayant prévalu durant la pandémie Covid-19, consistant à laisser notoirement tourner la planche à billets, c.à.d. à poursuivre une politique monétaire accommodante. Elle risque d’aggraver la détérioration en cours des pouvoirs d’achat et de faire différer, par les pays qui sont concernés, le nécessaire assainissement des finances publiques et le non moins nécessaire soutien des pouvoirs publics aux entreprises et aux particuliers sinistrés par la pandémie Covid-19 ; ceux-ci sont en attente désespérée dans certains pays de l’Umoa de mesures significatives de l’État à tout le moins de préservation du pouvoir d’achat. (Le Togo a annoncé le 16 septembre 2022 une série de mesures ponctuelles et microéconomiques.)
La monnaie centrale, abondamment créée depuis deux ans, pandémie de Covid-19 oblige, est toujours en circulation dans un contexte de résurgence de l’inflation, pour cause essentiellement de guerre en Ukraine ; ceci impose des politiques monétaires non plus accommodantes mais restrictives ou prudentes. C’est ce dont tiennent compte les banques centrales occidentales et bien d’autres à l’instar de la Bceao. Au regard de la modestie du tout dernier relèvement de ses taux directeurs, la Bceao apparait plutôt extrêmement prudente, sans doute pour éviter de rendre ses décisions impopulaires bien que salutaires sur les plans monétaire et macroéconomique.
Conditions de pertinence
Une politique restrictive de la monnaie, comme celle actuellement engagée par la Bceao, n’implique pas nécessairement une politique restrictive du crédit, bien qu’en apparence elle en donne le la ; rien qu’en apparence. Dans le cas d’espèce, la substance du message de la Bceao réside dans le fait qu’elle attire l’attention sur les restrictions (partielles impulsées par les relèvements de taux directeurs) qu’elle entend apporter à la monnaie centrale aux fins de faire jouer un rôle plus accru à la masse monétaire, c.à.d. les dépôts dans les banques et la monnaie fiduciaire (billets et pièces en circulation dans le public).
Les banques devraient ainsi compter sur leurs propres ressources pour booster les crédits au secteur privé et être moins présentes aux guichets du refinancement, sauf à vouloir payer irrationnellement plus cher la ressource auprès de la Bceao alors qu’elle est déjà abondante dans le système bancaire et en principe moins cher. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles ont acquis des ressources en quantité suffisante durant les périodes précédentes pour être en mesure de soutenir l’activité économique présente d’une part et d’autre part, parce qu’il y a un risque inflationniste accru lié à une exubérance en 2022 des moyens de paiement (masse monétaire). À ce propos, il est utile de rappeler que les conditions de banque, taux d’intérêt débiteur comme créditeur et crédits distribués par nature et par bénéficiaire sont à la totale discrétion des établissements de crédit de l’Umoa; les conditions de banque sont en effet libéralisées depuis trois décennies excepté le taux de rémunération de l’épargne sur livret.
L’historique du taux de liquidité de l’économie dans les pays de l’Umoa devrait montrer une bien nette hausse dudit taux, au-dessus des moyennes observées avant la pandémie Covid-19, comme conséquence de l’offre abondante de monnaie centrale dans une période d’atonie sévère des économies nationales. Cet indicateur est un baromètre pour jauger la pertinence des relèvements en cours des taux directeurs de la Bceao en tant que marqueurs de la politique monétaire restrictive ou prudente.
Le taux de liquidité de l’économie est mesuré par le rapport entre les moyens de paiement (masse monétaire) et le produit intérieur brut (PIB). Il s’agit d’un indicateur structurant dont la hausse tendancielle indique primo qu’il y a de plus en plus de liquidité disponible dans l’économie au-delà de ce qui est ordinairement nécessaire, appelle secundo à la prudence dans le recours à la planche à billets et tertio, indique clairement qu’il faut mettre en place une politique monétaire prudente ou des actions qui la suggèrent, comme un relèvement des taux directeurs ou/et un resserrement des refinancements etc., faute de quoi l’inflation, déjà à un seuil préoccupant, pourrait s’aggraver. L’inflation est un cancer pour le pouvoir d’achat.
Les relèvements des taux directeurs de la Bceao, pour être efficaces, devraient toutefois et impérativement être accompagnés dans les États de dispositions vertueuses au plan budgétaire et fiscal : moins de dépenses farfelues, moins d’endettement notamment à court terme, moins de rackets au plan fiscal et plus de soutiens multiformes et consistants aux entreprises. Les déficits budgétaires récurrents et en nette dégradation constituent le principal handicap à la pertinence de la politique et des instruments monétaires de la Bceao. L’absence de mesures restrictives de dépenses budgétaires non essentielles, en d’autres termes de mesures d’assainissement des finances publiques, et l’absence de soutiens probants aux entreprises limitent en effet la portée des décisions de politique monétaire de la Bceao.
En conclusion, le message de la Bceao à travers les relèvements actuels de ses taux directeurs consiste certainement à dire qu’une offre additionnelle de monnaie n’est plus ce dont les économies de l’Umoa ont nécessairement besoin, en ce moment, car l’offre en question est déjà effective et abondante dans l’économie et l’inflation est préoccupante : il faudrait plutôt recycler ce qui est déjà là depuis un moment, sans être peut-être au bon endroit, et surtout assainir les finances publiques, là où il y a gabegie administrative et financière, pour lutter contre la vie chère et maximiser les chances de relance d’une croissance économique qui bégaie.
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Le taux directeur de la Banque Centrale du Ghana passe à 24,5% : analyses.
Un taux directeur de la Banque Centrale du Ghana (Bank of Ghana) à 24,5%, prêteur en principe en dernier ressort, est le signe d’une monnaie nationale le cedi en déconfiture sur le marché des changes et prédatrice aveugle du pouvoir d’achat, d’une inflation dont la maitrise échappe pour l’heure aux pouvoirs publics et d’une économie en sérieuses difficultés non conjoncturelles.
À ces seuils, pas seulement élevés mais d’usurier, un taux directeur sert péniblement à protéger ce qui reste d’un signe monétaire comme réserve de valeur et unité de compte et dans certains cas, comme intermédiaire des échanges, c.à.d. comme moyen de paiement encore accepté de gré. Pour avoir la moindre chance d’efficacité, un taux directeur devenu usurier de facto par ses effets doit être doublé de courageuses mesures ad hoc dans l’urgence, administratives et suspensives de celles basées sur la loi de l’offre et de la demande, mais surtout de réformes profondes et structurantes de l’appareil monétaire et économique et de sa gouvernance.
En effet, sous ces conditions usuraires, un taux directeur de banque centrale a cessé depuis bien longtemps de promouvoir le crédit bancaire en particulier et l’économie en général ; il a également cessé de servir à quoi que ce soit de promotionnel de la politique de la monnaie et du crédit. Il agit en soutien parfois désespéré, compensatoire de pertes de change, là où subsiste encore des velléités de change de monnaies étrangères contre la monnaie locale le cedi. Un tel taux directeur est enfin le double signe que la monnaie nationale est sérieusement sonnée, comme un boxeur en mauvaise posture, et que son cours légal et libératoire a largement perdu ses capacités. La loi de Gresham, qui stipule que la mauvaise monnaie chasse la bonne, trouve dans ces conditions un terrain vierge d’application ; en substance, la monnaie émise dans le pays et supposée bonne, puisque son cours est légal et libératoire, cède malgré elle la place à la mauvaise, c.à.d. celle dépourvue de cours légal mais omniprésente et libératoire de fait dans les transactions essentielles.
Les mauvaises monnaies qui minimisent chaque jour un peu plus les fonctions régaliennes du cedi national ghanéen et fragilisent sa légalité, ce sont bien souvent l’hégémonique et incontournable dollar et parfois toutes autres devises y compris le franc CFA, plus stables et crédibles dans des fonctions surtout de réserves de valeur par temps de grosse inflation en provenance du marché des changes ; elles sont forcément qualifiées de mauvaises, selon la pertinente loi de Gresham, par des autorités monétaires locales désabusées pour ne pas dire en échec.
Le taux directeur de la Banque Centrale du Ghana à un niveau historique et usuraire de 24,5% résume assez bien les dérèglements et désordres profonds auxquels sont confrontés l’économie et le cedi ghanéens. C’est surtout le signe que la Banque Centrale du Ghana et son cedi sont désarmés, eux dont il se dit depuis mathusalem qu’ils sont indépendants et souverains.
Le cas du Ghana de 2022, au taux d’intérêt directeur usuraire, est intéressant et instructif à plusieurs titres après les fanfaronnades populistes à valeur de fierté nationale du Chef de l’État en exercice Nana Akufo-Addo sur la supposée capacité de son pays à se passer du Fond Monétaire International (FMI). Pourtant, le Ghana a abondamment et sereinement étanché sa soif de croissance et de développement à la fontaine du FMI par le passé, bien avant que son actuel Président Nana Akufo-Addo, chaleureusement acclamé au passage par de néo panafricanistes avides de sophismes et de populisme mais dépourvus de réalisme, ne renie cette institution financière internationale puis ne rétropédale.
Un Ghana qui n’a besoin du FMI, ni pour ses conseils macroéconomiques, ni pour ses financements, ni pour son carnet d’adresses financières, doit en permanence s’éviter des situations compromettantes pour sa monnaie nationale le cedi et être bien géré ou alors, disposer de réserves de change abyssales à l’Arabie saoudienne.
(Extraits d’un article de l’auteur, intitulé ” Plaidoyer pour une adhésion du Ghana à l’Umoa.” en cours de publication sur la plateforme de discussions “Forum Eco” du Professeur Michel Kalife).
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