L’Inflation, dans sa finalité, est assimilable à un impôt aveugle, subi sans possibilité d’y échapper dès qu’elle se manifeste. Elle érode le Pouvoir d’achat.
L’inflation est aisément assimilable à un impôt injustifié sur les pauvres ; elle est pourtant savamment utilisée en politique monétaire pour créer une illusion de revenu et surtout pour booster la production via notamment le financement monétaire des Trésors publics. Pour ce faire, la Banque Centrale fait tourner la planche à billet de manière inconsidérée à la demande des politiciens. Les pays qui émettent des monnaies de droit national comme le Ghana ou le Nigeria en usent et en abusent souvent avec plus ou moins de réussites ou d’échecs selon la lecture dogmatique sinon politique que chacun en fait.
Au sein de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa, 1962), émettrice du Franc CFA de l’Afrique de l’ouest, le dogme est que l’Inflation est un agrégat pernicieux qu’il faut combattre et contenir du mieux que possible en maintenant son taux de progression aussi faible que la politique monétaire peut le permettre. C’est pourquoi la planche à billets est généralement utilisée avec parcimonie.
En conséquence, les financements monétaires à guichets ouverts ou opportunistes des Trésors nationaux sont très mal vus et surveillés comme du lait sur le feu. De même, la création monétaire par les banques est très surveillée car, elle est grosse consommatrice de réserves de change en raison du poids et de la structure des importations.
En français facile, notre anti Franc CFA national Kako Nubukpo, pourfendeur lucide et technique de la 5e République togolaise source de maux additionnels et inutiles pour le Produit intérieur brut (PIB), prône un relâchement “contrôlé” de l’inflation, c’est-à-dire davantage de financement monétaire et conséquemment plus de possibilités de commandes publiques … Son approche s’oppose à celle de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), très stricte sur le contrôle de l’Inflation. Professeur Kako Nubukpo est en effet de ceux qui estiment qu’un peu d’inflation volontairement promue peut être salutaire pour la croissance économique même si bien compris cette façon de procéder revient à abuser d’un impôt vicieusement sur les pauvres.
Ce qui précède n’a donc qu’un lien totalement indirect avec le Pouvoir d’achat ; celui-ci pourrait se résumer grosso modo en un revenu décent dont dispose le consommateur pour faire face à ses dépenses.
La politique de promotion du Pouvoir d’achat exige des mesures concrètes et non insidieuses : ceci s’invente dans un contexte de bonne gouvernance. En français facile, il s’agit de mesures concrètes et évaluables qui augmentent le Revenu du contribuable de manière soutenable pour le PIB. En Côte d’Ivoire, ceci est manifeste dans nombre de secteurs, en particulier dans le secteur agricole au sein duquel les paysans gagnent bien leur vie grâce, entre autres, à une propension assumée par les pouvoirs publics à la hausse compétitive des prix aux producteurs, une rationalisation de l’organisation et de la gestion des filières etc. C’est un exemple sectoriel parmi d’autres ; les salaires aussi profitent de cette vision de politique économique qui nécessite que les entreprises ne ploient pas sous des charges fiscales notamment ou qu’elles ne soient pas confiées à des prédateurs.
À ce propos et au Togo, c’est bien pire qu’une malédiction, toutes les entreprises qui comptent, bancaires et non bancaires, finissent inéluctablement à la casse et ne peuvent donc contribuer à la promotion du pouvoir d’achat. La qualité et la faible diversité du secteur institutionnel togolais, qui laisse à désirer, desservent elles-aussi le pouvoir d’achat : il faut jeter un coup d’œil au cas ivoirien, varié, solide, utilitaire …, pour s’en convaincre.
Certes encore 40% de pauvres, mais on vit bien et mieux en Côte d’Ivoire que partout ailleurs dans l’Umoa : ça c’est la politique de promotion du pouvoir d’achat qui le permet davantage que la lutte contre l’inflation. En effet, les biens et services peuvent ne pas coûter chers, encore faut-il avoir les moyens de les acheter. Pas étonnant que certains pilleurs de deniers publics du Togo et de l’Umoa s’en aillent investir (dans l’immobilier haut de gamme) dans ce pays en croissance et en développement.
Un Ministre de l’économie, c’est du métier, du solide et de l’inventif comme ressource humaine dans une équipe gouvernementale ; quand une telle ressource vient à manquer, bonjour les incongruités de politique économique à l’origine de déséquilibres macro économiques, pour reprendre un langage vulgarisé par le Fonds Monétaire International (FMI) et ses programmes d’ajustement.
Vilévo DÉVO
« TAMPA EXPRESS » numéro 0080 du 02 juillet 2025