Ceux qui ne veulent pas de manifestations-protestations, y compris silencieuses, ne se soucient guère de PIB (Produit intérieur brut) ; c’est justement parce qu’ils ne se soucient guère de PIB et guère de sa répartition, qu’il y a des protestations, sous toutes leurs formes, notoirement violentes de plus en plus.
La 5e République togolaise est in fine la preuve stupéfiante, totalement dépourvue de ruses politiques et débordant de dérives grotesques, que les Tenants du pouvoir d’État n’ont comme seule, récurrente et unique vision que la confiscation de la République dans la brutalité. À son entame, cette 5e République montre qu’elle n’a rien à faire avec l’économique, ni le social, seul le politique dans des jeux de répartition de rôle compte avec les petits avantages particuliers qui vont avec.
Et pourtant, il faut de l’espace pour donner une chance au bon sens et le sortir du carcan trivialement politique, en dépit de l’ambiance de brutalité gratuite entretenue par un Régime, jamais autant vomi que depuis la grande et interminable grève post Conférence Nationale Souveraine de la décennie 1990.
En effet, la plus vertueuse des démarches pourrait être de convier les forces vives, les vraies, autour d’une table pour admettre l’échec d’un système politique trop axé sur la brutalité et la répression en tout genre et conséquemment tortionnaire du bon sens dont le premier ingrédient est l’écoute qui, à son tour, autorise la réflexion et la réussite. Il faut faire de l’espace à ce qui a été trop longtemps mal confisqué par une minorité clientéliste jamais soucieuse d’intérêt général : il faut plus d’espace à l’économique de qualité et plus d’espace à la ressource humaine de qualité.
C’est évident que le Régime togolais et ses acteurs-animateurs, y compris leurs complices promoteurs de Partis politiques charnières destructeurs de Partis politiques d’opposition et de forces syndicales, ont échoué. Le tout-répressif dans tous les domaines, leur principale marque de fabrique, n’a produit et ne produit que de la désolation singulièrement en matière de gouvernance publique. Ce modèle, déni de tout bon sens, a largement montré ses limites pour que le Régime soixantenaire change de méthode, au risque d’être balayé selon la bonne vieille formule du “Qui tue par l’épée périt par l’épée”.
La violence et la répression politiques sont certes les marqueurs les plus visibles du Régime en place : elles n’en demeurent pas moins de simples conséquences sordides. En amont, les vraies causes des échecs, qui alimentent la spirale de violence, seraient plutôt cette incapacité endémique des Tenants du pouvoir d’État à élaborer une politique économique et sociale d’intérêt général, tellement les intérêts particuliers, la corruption, le clientélisme, les conflits d’intérêts négatifs et bien d’autres maux d’incompétence et de gouvernance publique maffieuse les ont éloignés des vertus du Service public.
C’est incroyable qu’au Togo, les Ministres de l’économie (et des finances) qui se succèdent soient incapables d’initiatives qui préservent le pouvoir d’achat, à défaut de le booster. Bien au contraire, tous répriment, voire saccagent le pouvoir d’achat pendant que les premiers de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa, 1962), les meilleurs exemples de gouvernance économique des dernières années que sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin font le contraire, c’est-à-dire travaillent notoirement sa préservation et sa promotion et jamais n’amalgament “Pouvoir d’achat et Lutte contre l’inflation…”
Dans l’incapacité des Ministres togolais de l’économie d’innover pour produire des résultats porteurs de progrès social, pourquoi ne plagient-ils pas simplement les meilleurs de la classe, au moins dans les secteurs qui comptent comme l’agriculture et les produits de rente, l’éducation et les enseignants, la santé et le corps médical, les finances publiques vertueuses assorties d’une politique budgétaire nettoyée de commandes publiques surfacturées … ?
La politique économique au Togo, en vigueur depuis mathusalem, est souvent incongrue dans ses choix structurants, détestable dans ses marqueurs trop clientélistes et destructrice de pouvoirs d’achat : une bien triste et pénible réalité.
Le Togo qui va mal est un vrai sujet, pas une palabre exclusive de politiciens.
Vilévo DÉVO
« TAMPA EXPRESS » numéro 0080 du 02 juillet 2025