Le Créateur fortifie ceux qui traversent des moments difficiles et sèche les larmes de ceux qui pleurent. En effet, la désormais feue Yvonne Gnassingbé épouse Walla-Azoumaro, demi-sœur du Chef de l’Etat Faure Gnassingbé, est décédée le 28 février 2023 au Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio (CHU-SO) de Lomé-Tokoin. C’était un véritable choc survenu juste à la veille des cérémonies funéraires de la première épouse de Gnassingbé Eyadéma et une surprise pour les proches car Yvonne ne présentait pas de signes d’un hypertendu. L’avocate franco-togolaise Mawaba Akouyo Songue-Balouki est constituée pour défendre Charles Walla-Azoumaro.
Tout s’était tellement vite passé que la seule question qui taraude les esprits est « Pourquoi, pourquoi, pourquoi… ». En effet, à la suite d’une crise subite survenue dans la nuit du 22 au 23 février 2023, les premiers réflexes du mari Charles Walla-Azoumaro étaient d’alerter le Docteur Pio qui est un très proche de la famille et Mme Kossiwa Egoulou épouse Bilaki. Cette dernière n’est autre que la marraine du couple Charles-Yvonne. C’est ainsi que les minutes qui suivent et sur conseil de praticiens, Yvonne a été transportée à la Clinique Internationale Dr Kodom qui se trouve à environ 4 km du domicile conjugal. Nul n’ignore la fierté nationale que représente le médecin sans-frontière du nom de Docteur Michel Kodom. Bien avant l’arrivée de la patiente à sa clinique, et en homme averti, le praticien Michel Kodom mobilise les spécialistes qu’il fallait dont les Professeurs Tagba et Below pour gérer le cas. Déjà entre 4-5 heures du matin, le scanner a été réalisé au CHU-Campus puis l’IRM-Cérébral à la Clinique Autel d’Élie. Si plusieurs analyses ont été réalisées sur place et que le scanner a été express au CHU-Campus, le cas de l’IRM a été un parcours du combattant. Car après plusieurs interventions, seule « Autel d’Élie » de Bè avait accepté le faire à Yvonne Gnassingbé. Et c’était sans compter sur dame technologie. Puisqu’à plusieurs reprises, la machine servant à faire l’IRM s’est plantée. C’est encore là l’éternel et épineux problème d’insuffisance du plateau technique au Togo.
Tout en gardant à l’esprit l’importance de la belle-famille dans de pareilles circonstance, déjà le jeudi 23 à 4 heures du matin, Charles Essohanam Walla-Azoumaro a tenu à informer sa belle-sœur immédiate qui devrait servir de courroie de transmission avec le grand-frère Président de la République.
D’après les informations recueillies et au vu des différentes analyses réalisées, Yvonne Gnassingbé serait victime d’une « attaque » vasculaire cérébrale (AVC). L’AVC est plus désignée comme « attaque » que par « accident » car il ne prévient pas et il n’y a aucune pilule ni aucun raccourci qu’on puisse prendre pour se guérir après sa manifestation.
Toujours selon des sources médicales, « le Prof Bellow aurait constaté que le côté affecté par la crise avait commencé à reprendre fonction et qu’il fallait l’IRM pour voir l’état d’évolution de la patiente ». Mais contre toute attente, c’est en ce moment précis où tout le monde était confiant pour un retour à la stabilisation afin d’une probable évacuation médicale sur l’Europe qu’une décision a été prise de déplacer la patiente vers le CHU-SO. Difficile à accepter car la patiente venait de faire les parcours CHU-Campus et Bè en aller-retour et c’était le moment de se reposer. Dr Michel Kodom aurait tout fait pour empêcher ce transfèrement du malade, mais hélas. Et à cet instant précis, la patiente était encore éveillée et pouvait communiquer. C’est dire qu’elle reprenait peu à peu ses forces avant son transfèrement le 24 février 2023 de la clinique du Dr Michel Kodom sur le Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio.
Chose curieuse ou inattendue, deux jours après le transport, c’est-à-dire le 26 février 2023, l’époux Charles Walla-Azoumaro a été interpellé par la Gendarmerie Nationale. « J’ai passé la nuit du 24 et 25 février au chevet de ma femme et j’ai été arrêté le 26 février vers 15 heures. Yvonne était encore vivante dans la salle réa du CHU-SO », dixit M. Charles Walla-Azoumaro.
Pourquoi le choix du CHU-SO et non l’hôpital de référence Docta-Lafia qui qui est mieux équipé en matériel et regorge suffisamment de spécialités ? Car Mme Yvonne Gnassingbé est, certes, une citoyenne togolaise, mais pas de n’importe quelle classe sociale pour l’installer dans une salle de réanimation de ce CHU-SO sans matériel adéquat. Malheureusement elle a rendu l’âme le 28 février 2023, soit 4 jours après les soins au CHU-SO et 2 jours après l’arrestation de son mari.
Il est de l’avis de plusieurs spécialistes en santé que c’est le CHU-Campus avec entre-temps le Prof Grunitzky et le CHR-Lomé Commune qui étaient les meilleurs centres en matière de prise en charge des cas de détresse AVC. Pour les centres de santé en général, on observe souvent des embarras au niveau de la prise en charge des autorités ou personnalités de haute classe, surtout dans les officines publiques. D’abord il faut créer un comité de professeurs qui doivent s’accorder sur les protocoles de soins à administrer au patient VIP. Au lieu de l’urgence, une décision peut prendre des heures et c’est ce qui crée souvent des dégâts. Il faut également noter le manque criard de machines obligeant à transporter les malades hors du plus grand CHU du pays. L’autre bémol est que c’est l’occasion pour les médecins et grands professeurs qu’on voyait rarement à l’hôpital de s’exhiber dans le but d’être désigné comme accompagnateur du malade lors de l’évacuation vers l’occident.
C’est d’ailleurs pour éviter cette lourdeur dans le protocole de traitement et de prise en charge que des personnes avisées se réfèrent systématiquement à des cliniques privées. Et parmi les facteurs qui militent plus au profit des cliniques privées, figurent l’autonomie du médecin, le souci de la réputation de sa clinique, autant de considérations qui le poussent à prendre toutes les dispositions sécuritaires idoines autour du patient.
Dans cette triste affaire, deux personnes à savoir, Charles Essohanam Walla-Azoumaro, mari de la défunte, et dame Kossiwa Egoulou ont été arrêtées et déposées à la prison civile de Lomé depuis le 13 mars 2023. Elles sont inculpées par Bernard Talaka Mawama, Procureur de la République, pour « omission de porter secours ». Ces personnes avaient été d’abord gardées au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) avant d’être déférées. Ce qui est encore curieux dans cette histoire, c’est l’évolution du chef d’accusation. Au départ l’on parlerait d’empoisonnement, puis de non-assistance à personne en danger. Mais après le rapport de la clinique du Docteur Kodom et les résultats de l’autopsie, c’est finalement «omission de porter secours » qui serait retenue. C’est quoi cette « omission » quand l’on prend ses responsabilités pour transporter un malade à l’hôpital et on y veille ?
C’est aussi l’histoire de Mme Kossiwa Egoulou épouse Bilaki, la marraine de Charles et Yvonne, une dame de plus de 70 ans qui est aussi incarcérée pour complicité d’« omission de porter secours ». Elle avait été jointe au téléphone par le mari pour l’aider. Et celle-ci avait répondu aussitôt et un médecin les avait rejoints pour porter secours. Est-ce aussi un manquement quand on « a répondu à un appel de détresse » ? C’est quoi l’inculpation de cette vieille femme dans ce décès ?
C’est tout à fait légitime qu’une famille qui sent un léger doute sur la mort d’un proche de saisir la justice pour nécessaire à faire. La justice est libre d’ordonner la confiscation de la dépouille et la mise sous scellés du lieu de crime et de tout ce qui potentiellement pourra permettre la manifestation de la vérité. La police scientifique peut être mise à contribution et le pays en possède une qui est très efficace. Elle peut également faire procéder aux examens médico-légaux par les médecins légistes togolais ou étrangers selon les choix et les deux parties ont la possibilité de réclamer des autopsies contradictoires. Et c’est ce droit légitime que la famille Gnassingbé a promptement exercé.
Maintenant il appartient au Procureur de la République et aux enquêteurs dont le magistrat Fabrice Essonani Amah du cabinet d’instruction en charge de cette affaire de faire leur part afin que la vérité triomphe et que la famille plaignante et l’opinion publique soient fixées pour ne pas juger négativement la famille présidentielle. Car se marier à une fille ou un garçon d’une haute famille ne doit pas être perçu comme une épée de Damoclès sur la tête. Le pays doit maintenir sa flamme de brassage pour les générations présentes et futures.
Selon diverses sources, la constitution d’un avocat hors sol intervient souvent lorsque des avocats au barreau du Togo qui ont été contactés pour ce faire et défendre le cas auraient tout simplement décliné l’offre. Et l’on apprend également que cette avocate du barreau de Marseille en France, qui s’est aussi constituée dans l’affaire Toussaint Madjoulba, aurait également saisi certaines ambassades et des ODDH comme le Collectif des associations contre l’impunité (CACIT) et Amnesty International. Ce qu’elle déplorerait est que depuis leur arrestation, Charles Essohanam Walla-Azoumaro et sa coaccusée n’ont pas eu droit à des conseils d’avocat. Par conséquent, ils seraient détenus sans un chef d’accusation solide et le juge d’instruction semble ne pas avoir de motifs suffisants pour poursuivre le dossier.
Devant l’impossibilité pour les détenus de se constituer un conseil pour la défense de leur droit, tous les regards sont tournés vers le Premier Magistrat du pays, Faure Gnassingbé dans cette affaire qui refait surface depuis le 12 octobre dernier quand Me Mawaba Akouyo Songue-Balouki a adressé un courriel à la CNDH et aux chancelleries. Il s’agit d’un acte par lequel elle déclare être constituée en conseil pour défendre M. Charles Walla-Azoumaro qui a été arrêté et incarcéré à la prison civile de Lomé pour des soupçons liés à la mort de son épouse Docteur Yvonne Gnassingbé.
À en croire les propos d’un sage de la famille Walla-Azoumaro, « …seul Dadja Faure peut sauver cette situation. C’est lui que le président Gnassingbé Eyadema avait associé pour la dot que notre fils Charles a apportée pour les fiançailles. C’est avec le temps qu’on se rend à l’évidence que le vieux Eyadéma ne faisait rien au hasard ». Cet avis est bien partagé au sein des familles parentes et alliées en vue d’une libération de Charles Azoumaro afin qu’il fasse son deuil et s’occupe des enfants. Il y a aussi le cas de santé de Charles Azoumaro qui peut se dégrader à tout instant. Ce dernier devrait suivre une intervention chirurgicale au niveau du cœur avant son arrestation.
Demain 1er novembre est la Toussaint, un grand moment de pardon et de réconciliation, pour célébrer tous les Saints.
Que Dieu garde Dr Yvonne Gnassingbé auprès de lui et que son âme repose en paix !
B. Douligna