Dans son nouvel ouvrage « Crise d’autorité, abus de pouvoir », Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, Archevêque de Lomé, a vu juste ce phénomène qu’il analyse, en tant qu’Homme de Dieu, sous trois prismes à savoir, la famille, l’entreprise et le politique. Le cas que nous abordons dans ce dossier est relatif à l’excès d’autorité dans l’administration publique togolaise. En effet, au Togo comme dans le monde entier, l’expression « vie chère » est sur toutes les lèvres. Le niveau général des prix des biens a flambé sur tous les marchés entrainant une inflation galopante. Tous les gouvernements au monde sont à l’œuvre, à la recherche des mesures politiques économiques pour faire baisser les prix. Le Togo de Faure Gnassingbé qui a annoncé une batterie de mesures anti-inflationnistes n’est pas en marge de cette démarche mondialisée. La dernière décision en date porte sur l’abattement de la TVA au cordon douanier sur une dizaine de produits jugés de première nécessité. Qualifiées de « mesurettes » par les citoyens, elles sont loin de faire baisser les prix. Face aux cris de détresse des importateurs et des populations, la Rédaction de votre bimensuel TAMPA EXPRESS a fait immersion dans le monde des affaires et spécifiquement à la Douane Togolaise pour mieux comprendre les pratiques qui nuisent aux efforts du Chef de l’État pour assurer le bien-être au plus grand nombre de Togolais. L’une des causes de l’acharnement sur les importateurs serait sans nul doute le duo des cousins Moïse Akaya et Alakwè Massin.

Le seul qualificatif qui sied à la gouvernance de Faure Gnassingbé est la république de « multiples maux ». Ici, les exceptions sont érigées en règle. Le gouvernement même est formé de petits clans sous la supervision des caciques du RPT-UNIR qui se regardent en chiens de faïence et certains profitent de la situation pour dresser leur réseau. Toutes ces divisions rendent les actions du gouvernement totalement inefficaces. Ce qui se passe actuellement au cœur de la Douane Togolaise porte un coup dur au Port Autonome de Lomé, à l’OTR et à l’image du pays tout entier.
Au cœur de ce grand malaise se trouve la nonchalance du Ministre Sani Yaya qui est pourtant le patron de l’économie nationale. Selon le Commissionnaire en Douane Monsieur Toï, il faudrait que l’État diligente une étude du genre AFROBAROMÈTRE pour permettre à l’autorité de prendre des mesures idoines dans l’intérêt des populations. Est-ce que les objectifs assignés à l’OTR sont réalisables sans faire saigner les populations ? En d’autres termes, peut-on passer facilement d’une collecte budgétaire (fiscale et douanière) de 780 milliards FCFA en 2021 à 814 milliards FCFA en 2022 dans un environnement où les taux de fret ont quadruplé et que les prix d’achat des biens sur le marché international ont augmenté ? Le Togo étant un régime de déclaration dans tous les domaines, à la merci d’une corruption endémique, pratiquement aucun chiffre ou agrégat officiel ne correspond à la réalité. Ce qui se rapporte à la critique de cette célèbre citation de Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort qui dit « La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a ». Cette citation est totalement faux dans réalité, car la plus belle femme (la totalité des recettes budgétaires du Togo) donne précisément ce qu’on (l’autorité) croit recevoir (encaisser), c’est-à-dire ce qui est déclaré officiellement. Il faut forcément tenir compte de tous ces flux financiers passe dans les circuits parallèles pour enrichir les réseaux au culte. Ce qui veut dire en français facile que les recettes du Togo qui sont déclarées chaque année au budget ne sont que des chiffres fictifs.
Lors de la présentation du rapport du Conseil National de Crédit (CNC) relatif à la situation économique, monétaire et du système bancaire et financier au titre de l’année 2021, le ministre Sani Yaya, l’argentier du Togo depuis plus de 7 années, avait surpris le public lorsqu’il s’indigna en ces termes : « Notre préoccupation majeure dans cette phase de reprise de l’activité concerne la dynamique haussière du niveau général des prix. En effet, pour la première fois depuis 10 ans, le taux d’inflation moyen a atteint un niveau exceptionnel de 4,1% au terme des neuf premiers mois de l’année 2021 ». Après cette phrase incantatoire qui lui a coûté des remontrances des tenants du RPT-UNIR, il reviendra en fin mars 2022, lors d’une rencontre du CNC en indiquant que la situation devrait revenir à la normale, cette année 2022. Le niveau général des prix devrait retrouver ses niveaux d’avant la pandémie au regard des mesures prises pour inverser la courbe des prix et désancrer les anticipations d’inflation. Il a certainement rectifié la bourde de l’an passé sans pour autant chercher les vrais leviers qui rendent les actions de son gouvernement inefficaces. La suite de cet article permettra de comprendre comment celui qui est appelé à juguler l’inflation constitue une poisse pour le gouvernement du duo Faure Gnassingbé et Victoire Tomégah-Togbé
Les pratiques incriminées du Colonel Moïse Akaya et son réseau à l’époque Chef de Division
Le quotidien togolais « Liberté » dans sa parution n°3198 du 28 Juillet 2020 titrait : «Port Autonome de Lomé-OTR: Des opérateurs économiques accusent le tandem Moïse Akaya et Alakwè Massina de gestion militaire ». Selon le confrère, le tandem Moïse Akaya et son jeune neveu Alakwè Massina sont devenus de véritables gourous qui faisaient des misères aux opérateurs économiques. A l’époque, les deux fonctionnaires qui se réclament aujourd’hui natifs de Kétao, localité située à environ 19 km de Kara dans la région de la Kara, régnaient d’une main de fer sur la douane du Port Autonome de Lomé. Au moment des faits, Moïse Akaya, ancien sous-lieutenant des FAT, reversé dans le service des Douanes Togolaises, occupait le poste de Chef de Division des opérations douanières au Port de Lomé. Le natif de Landa (Canton de Kara) avait fait appel à Alakwè Massina qui se trouve être son neveu (l’enfant de sa grande sœur), précédemment fonctionnaire au Trésor Public, pour venir à la douane lui servir d’homme de main. Ce jeu de mutation opéré courant de l’année 2012 avait été possible grâce à leur accointance avec le ministre de l’Economie et des Finances Sani Yaya également originaire de Kétao. La clique opérait au Port de Lomé comme dans un camp militaire. Le chef Moïse Akaya, même assis dans son bureau, laissait visible son arme accrochée dans le veston, car ayant la protection de Sani Yaya et plusieurs hauts gradés dans l’armée togolaise. Au-delà du Ministre de l’Economie et des Finances qui lui sert de caution, on susurre que ce Chef Bureau des douanes est un grand sponsor pour certains patrons de la grande muette.
Aussi, des indiscrétions font état de que ces deux chefs maltraiteraient leurs collègues parfois en les maintenant debout des heures durant lors des réunions périodiques. Ils n’auraient aucun respect pour les supérieurs et même leur grand chef, le Commissaire Atta-Kakra Essien. Ce dernier qui se voit diminué encaisse aussi des estocades sans broncher, puis se lamente devant les jeunes, car étant maintenu à ce poste malgré son admission à faire valoir ses droits à la retraite.
La méthode du tandem Akaya-Massina consistait à bloquer systématiquement magasins, camions et conteneurs des importateurs afin de les contraindre au paiement des rançons avant tout enlèvement de leurs marchandises. Même à une époque, les collègues le considéraient comme le «chef de file» de reversements de marchandises sur le territoire togolais. Ces pratiques mafieuses les auraient rendus immensément riches. Pour être dans les bonnes grâces du Chef Division et son neveu, plusieurs transitaires sont obligés de passer au guichet du bistro de l’une des épouses. Ce bar à ciel ouvert est situé dans l’angle rue Nord-Est face à la Cour d’Appel de Lomé.
Le nouveau réseau du duo Moïse Akaya et Alakwè Massina encore plus dangereux qu’avant
En juin 2021, Moïse Akaya accepte enfin après des mois de refus de céder son poste de Chef Division des opérations douanières au Port de Lomé au profit de son collègue Kossi Amenyona Adanto. En revanche, le Colonel Akaya accepte une nomination comme Directeur des Renseignements et de la lutte contre la fraude. Il s’agit d’un poste qu’il a beaucoup convoité car étant une position de premier plan compte tenu de sa couverture de tout le territoire national. Toujours à la faveur de leur accointance ethnique (Kétao et Kara), les deux hommes forts de l’OTR ont transporté leur avidité à la direction de l’office. Cette fois, Moïse Akaya agit sous la bannière légale de Directeur des Renseignements et de la lutte contre la fraude ; son neveu Alakwè Massina le rejoint quelques semaines plus tard pour former le « gang » parfait. C’est ainsi que Massina a été propulsé au poste d’adjoint direct en lutte contre la fraude et trafic illicite.
Pour leur permettre de continuer à contrôler le Port de Lomé, le poste de Chef Brigade qu’il occupait seul a été morcelé en quatre sous-divisions, à savoir le Port 1 qui est chapeauté par l’un de ses bras droits au nom de Kpakpadja, le Port 2 (LCT) dirigé par le Chef Division Ledjake mais qui est « surveillé » par un adjoint reconnu comme un fidèle de Moïse Akaya, le Port 3 (PVO) où il a également placé son homme de main, le Lieutenant Tchingeme, et le Port 4 qui n’est autre que la PIA présentement en veilleuse, car le port sec est dans un coma.
C’est ainsi que sur tout le territoire, Moïse Akaya a fait placer ses acolytes soit comme responsable ou espion derrière les véritables chefs.
Bref, il a quitté le Port de Lomé, mais il a la mainmise sur tout. C’est là l’on comprend les intérêts pour lesquels cet homme avait refusé sa mutation en exigeant un poste digne correspondant à son rang. Ce qui n’est pas valable pour les autres collègues qui subissent des affectations punitives même à la veille de leur départ à la retraite.
Les faiblesses actuelles de l’OTR qui font la part belle au sulfureux Moïse Akaya
Rappelons que l’Office Togolais des Recettes (OTR) est né d’une fusion de la douane et des impôts par la loi du 10 décembre 2012. A sa création, le Commissaire Général de l’OTR fut un Canado-Rwandais au nom de Henry GAPERY. A la faveur d’un pseudo nationalisme, ce dernier a été renversé et a définitivement quitté le Togo. Selon l’organigramme défini et d’actualité, l’OTR est dirigé par le Commissaire Général qui définit la stratégie générale. Il est assisté dans ses tâches par le Commissaire des Douanes, le Commissaire des Impôts, et le Commissaire des Services Généraux.
Il y a quelques années, au lieu d’un quatuor, l’on a assisté à un trio de direction : l’ancien Commissaire des Impôts Adoyi Esso-Wavana qui, en plus de son poste de commissaire des impôts cumulait le poste hautement stratégique de Commissaire Général de l’OTR en remplacement de Gapery ; l’ancien Directeur Général des douanes Adedze Kodjo qui occupait le poste de Commissaire des Douanes ; Philippe Kokou Tchodie qui était présenté comme ancien employé à la Banque Africaine de Développement et aux Nations Unies, a été positionné au Commissariat des Services Généraux.

Le coup de théâtre survenu en septembre 2020 et occasionnant sans raison officielle l’éviction d’Adoyi Esso-Wavana de la tête de l’OTR est venu enfoncer le clou. Non seulement les mandats des trois Commissaires étaient arrivés à échéance et qu’il fallait les renouveler ou les remplacer, Faure Gnassingbé étant toujours dans le doute et en manque d’hommes de confiance, fait un nouveau multi-cumulard le 20 septembre 2020 en propulsant Phillipe Kokou Tchodié au poste de Commissaire Général de l’OTR. De ce fait, il offre à Tchodie le poste précédemment occupé par Adoyi Esso-Wavana, faisant de lui à la fois Commissaire Général de l’OTR et Commissaire des Impôts, tout en lui permettant de conserver son poste initial de Commissaire des Services Généraux. Trois grosses machines stratégiques pour un seul individu dans un pays qui regorge plus de 8 millions d’âmes !
C’était dans la même vague de nominations qu’émerge l’Inspecteur des Douanes Ata Kakra Koawou Essien en qualité de Commissaire des Douanes et des Droits Indirects. Ce dernier qui prend la place de Kodjo Adedzé promu Ministre du Commerce ne pouvait pas rêver mieux, car étant à environ un an de son admission à la retraite.
Comme conséquence, les combines du sieur Moïse Akaya qui se révélaient depuis qu’il occupait le poste de Chef Brigade des douanes au Port Autonome de Lomé, montent en flèche, car il était conscient des lourdes faiblesses de ses supérieurs dont l’un, Tchodié, est multi-cumulard et l’autre, Essien retraité, baignaient tous les deux encore dans l’illégalité (les mandats des commissaires nommés en 2012 n’ont pas été renouvelés, NDLR). Ces supérieurs ne risqueront rien ou choisiront de « faire l’âne », comme on le dit dans le jargon militaire. Notre confrère « L’Alternative » dans sa parution N°1022 du 12 avril 2022, titrait : « Dossier/OTR : Le renouvellement du mandat des commissaires se fait attendre ».
Il se trouve également que non seulement le patron Philipe Kokou Tchodiè traine des casseroles d’illégitimité de mandat mais aussi s’était lancé dans la promotion canapé. On se rappelle encore du conflit dans l’attribution de l’ancien poste de Chef Division des Douanes au Port Autonome de Lomé (PAL) quand le seigneur Moïse Akaya avait opposé son refus catégorique de se voir remplacé par sa collègue Mme Bileyo Donko–Alou. Et pourtant, cette Cheffe section de la Brigade Spéciale de l’Aéroport fait rentrer beaucoup d’argent dans les caisses de l’État, selon certaines sources. La désormais madame Bileyo Donko-Tchodiè a toujours rempli plus de 200% de la mission de collecte qui lui est assignée chaque année. C’est aussi une dame totalement imbue de sa personnalité mais qui cumule des performances par la surtaxe des marchandises. Tout comme la bande d’Akaya qui tue le commerce extérieur aux frontières terrestres et maritime, dame Donko-Tchodiè a fini par faire renvoyer beaucoup d’importateurs de fret aérien et a créé la misère aux nombreux transitaires qui se retrouvent au chômage. Il y a seulement deux semaines que Bileyo Donko-Tchodiè, de retour d’un mystérieux congé-maladie semble-t-il, a posé des actes spectaculaires. Elle a repris tous les dossiers qui avaient été traités par ses intérimaires pour recalculer les droits et taxes en appelant les importateurs concernés de revenir payer des compléments et pénalités. Un acte rocambolesque pour un importateur qui a déjà fixé les prix de sa marchandise et même vendu son stock. Ainsi va la république !
Selon les indiscrétions, Moïse Akaya avait refusé cette première mutation car ayant peur que Mme Bileyo vienne faire plus de recettes que lui alors que celui-ci était présenté à Faure Gnassingbé comme celui qui fait plus de performance dans le service des douanes. Certainement que c’était l’idée cachée de son Commissaire Général en prenant la décision.
Aussi faut-il souligner que depuis qu’il était Chef Division au Port, les bruits ont souvent couru sur son affectation comme ambassadeur du Togo à l’extérieur mais celui-ci n’a jamais pris fonction. La dernière rumeur qui court depuis deux mois à l’office est qu’il serait envoyé à Genève en Suisse pour occuper un poste à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en remplacement de son collègue Bamana Winga, sauf que celui est admis à la retraite et est rentré au pays. Selon ses collègues, si le monsieur refuse d’aller à Genève, c’est parce qu’il nourrit l’ambition ou a la certitude de devenir Commissaire Général de l’OTR, ou carrément il est devenu tellement riche que l’extérieur ne sera pour lui qu’un garage. Pour un ancien agent de la douane, c’est peut-être la meilleure façon pour le Chef de l’État de lui donner une sortie honorable, mais à force de refuser, il finira par se mordre les doigts.
Les implications de la pagaille Akaya-Massina à l’OTR et sur la vie chère
Tous les jours, les images ubuesques des opérations de dépotage et d’ouillage circulent sur les réseaux sociaux comme si l’on avait réinventé la roue. L’image qui a le plus frappé les esprits et qui frise le ridicule concerne l’ouillage au Port 2 (LCT) dont le Chef Brigade répond au nom de Ledjaki K. A. Gniyou, relatif à un container MSC 40 pieds dont la valeur est fixée à 16 000 000 FCFA (EUR 24 427,48) pour des Droits de Douane (DD) supérieur à 20%. Comme nous l’avons souligné plus haut, Ledjaki est très surveillé voir espionné par un adjoint connu pour être un fidèle de Moïse Akaya.
A l’analyse du bordereau de cet ouillage, on peut penser que cet inspecteur principal qui a plusieurs années d’expérience serait soit tombé dans les pièges du climat de suspicion au sein du Port 2 ou soit c’était pour lui une façon de faire éclabousser le système mis en place par Moïse Akaya. En effet, les valeurs des marchandises sont souvent proposées par le Chef visite qui les soumet à l’appréciation de son supérieur qui est le Chef Brigade. Le souci de la douane LCT est que le sieur Moïse Akaya a positionné son homme de confiance, l’agent Apétché comme adjoint à son collègue Ledjaki. Tout ce qui est fait sur ce quai LCT lui est systématiquement rapporté. Il peut agir par menaces ou bloquer les importateurs dans le processus de dédouanement de leurs marchandises. Tous les transitaires et même les collègues de Ledjaki ont été surpris par cet ouillage et pensaient que l’ordre venait du Directeur. C’est dans ce climat de convoitises, de sabotage et de suspicion généralisée que l’OTR fonctionne depuis un moment.
Toutes ces pratiques créent de graves dommages aux opérateurs économiques et ont des effets pervers sur le commerce extérieur du Togo et sur l’OTR qui risque de ne pas atteindre ses objectifs de 814 milliards de recettes fiscales pour cette année 2022. Car selon les importateurs que nous avons contactés localement et dans l’hinterland, la situation du Port et de la Douane togolaise va empirer d’ici fin juin 2022. Beaucoup de nationaux ont commencé à arrêter les importations sur Lomé, car ne pouvant plus écouler les produits importés à cause des taxations et des faux frais. Les marchandises qui transitent encore par Lomé sont celles dont les envois avaient été bouclés en fin 2021 et début 2022. Pratiquement, tout le monde est en train de dévier les booking sur les ports du Bénin et du Ghana. Le port de Lomé ne serait plus rentable non seulement à cause de la lenteur dans le dédouanement lié aux blocages UMCC et la Douane qui crée des surestaries, mais aussi du fait de la création de nouveaux faux frais dans le circuit douanier ainsi que l’augmentation de tarifs de TEL (Travail extra légal) de la douane. Rappelons que le TEL constitue depuis des années une caisse noire des différentes divisions de la Douane Togolaise. C’est des montants colossaux qui ne rentrent ni dans le SEGUCE, ni au Trésor Public. Quand les douanes disent avoir réalisé officiellement un chiffre, c’est qu’il faut savoir qu’il existe un autre surplus aussi important qui rend des individus plus riches que l’État. La mobilisation de toutes ces ressources financières (TEL et la manne de la corruption) qui passent par des circuits détournés, pouvait contribuer à accroitre de façon significative les recettes publiques pour le bien collectif.
Depuis un moment, la grande partie des véhicules en transit direct sur le Niger et le Nigéria sont détournés par les importateurs vers le port de Cotonou et ceux du Burkina Faso sur Tema (Ghana) et d’autres par la Côte d’Ivoire pour le Mali. Trois raisons sous-tendent leurs décisions : i) l’obligation faite désormais pour le scindage des véhicules groupés qui amène à faire autant de déclaration de douane que d’engins importés au lieu d’une seule déclaration comme par le passé, ii) le TEL pour corriger les erreurs sur le manifeste douane passe de 5000 FCFA (EUR 7,63) à 100 000 FCFA (EUR 152,67), iii) l’impôt sur les véhicules en transit dont le forfait se situait entre 5000 et 15 000 FCFA, est désormais fonction de la valeur desdits engins qui ne seront pas utilisés sur le territoire togolais. Ces faux frais n’existent pas au Bénin et au Ghana.
A l’image de ce qui se passait au Port, l’actuel réseau s’est étendu au plan national et couvre toute l’étendue du territoire sous forme clanique. Le réseau chie sur les opérateurs économiques. Tout constitue pour eux des moyens d’engranger des espèces sonnantes et trébuchantes au détriment de l’économie. Les pénalités se font en fonction de la tête du client. Il suffit d’approcher les opérateurs des frontières pour voir le désagrément qui leur a été causé. Ils sont des centaines tous les jours au niveau des services de la répression à la direction OTR. Selon Aladji, l’un des importateurs, « toutes les marchandises qui ont traversé les frontières depuis janvier font objet systématique de redressement sans condition. Même celles qui ont régulièrement été taxées ».
Ils vont même jusqu’à bloquer les opérations de dédouanement de marchandise au port sans en aviser les responsables des lieux. Beaucoup d’importateurs continuent de bouder le Port à cause de cette mafia puisque certains payeraient de fortes de rançons. On dénombre à ce jour plus d’une vingtaine de magasins plombés et quotidiennement, des centaines de containers et une trentaine de camions de marchandises sont saisis.
L’OTR recrute régulièrement de nouveaux agents qui vivent au quotidien ces conflits et apprennent la fraude chez leurs chefs. Les fonctionnaires Moïse Akaya et Alakwè Massina doivent se mettre en tête que l’OTR n’est ni leur bien privé, ni une question d’appartenance ethnique. Qu’en sera-t-il si par extraordinaire Moïse Akaya venait à être nommé Commissaire Général de l’OTR ? Il est vrai que les deux hommes en ont profité pendant des décennies pour se faire des fortunes inimaginables, mais ils doivent savoir que les citoyens ont besoin d’une administration fiable pour faire tourner l’économie.
Les grands hommes qui font la fierté de la douane togolaise
Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, dans son récent essai sur la crise d’autorité dans la société togolaise, n’a pas manqué de relever ses causes profondes dont les aptitudes du management (compétent ou non) et aussi la probité morale des uns et des autres. Aujourd’hui, le constat général fait porte sur la déchéance totale dans l’administration publique togolaise.
Toutefois, il est important de préciser que la Douane Togolaise regorge des talents et des hommes parfois très proches de Faure Gnassingbé mais qui sont assez humbles et respectueux vis-à-vis des collègues et du public. On peut citer par exemple des hauts cadres comme Agoro Medjressibi, N’lakimwè Amélété, l’actuel Ministre du commerce Adédjé Kodjo… Beaucoup de transitaires nous confirment le professionnalisme des inspecteurs Edem, Tcheguem, Agbo qui font parler d’eux au niveau de la division du Port 3. D’autres encore louent les services des Chefs Kedessim Kpatcha actuellement en poste à Hilakondji, Songoi Kezie, Daoune Boundjou, Afatchao, Leguesim, Monkpe, Kanaza Koffi Tako… Cela donne des idées pour des recherches scientifiques universitaires sur le secteur des douanes.
Cependant, il est à noter que beaucoup parmi ces anciens inspecteurs doués, partent un à un à la retraite. « Notre inquiétude est qu’après ceux-là, comment serait la douane avec ces nouveaux qui sont avides d’argent et à la limite incompétents », se demande le transitaire Kofi. Il poursuit : « Ce jeune Akaya a succédé au Chef Kpebou qui a travaillé en doute convivialité avec ses collaborateurs et les usagers de la douane ». Ce constat, plusieurs importateurs et transitaires ou commissionnaires en douane l’ont également fait.
Peut-on parler des grands hommes de la douane sans évoquer l’humilité et le management de cet ancien de vénérée mémoire ? Tous les transitaires d’un certain âge n’oublient jamais le regretté Boyodi Agoussou qui avait longtemps occupé le poste de Chef Bureau Douane du PAL. C’est inadmissible que personne n’arrive à recadrer les brebis galeuses de Kétao qui font tellement du bruit et du tort à toute une nation.
Et pourtant Moïse dans le Coran tout comme dans la Bible est un prophète majeur du Christianisme et de l’islam, et l’un de ceux qui ont reçu de Dieu un livre, en l’occurrence la Torah et qui a également reçu un appel du Seigneur pour libérer le peuple hébreu de l’esclavage dans lequel il se trouvait en Égypte. Si seulement le tout puissant Moïse de l’OTR pouvait s’en inspirer pour le bien des populations togolaises, peuples bénis de Dieu !
Les conseils pratiques aux importateurs et transitaires
En ces moments de crise mondiale, tout agent économique public comme privé doit toujours s’assurer avant toute chose de la nature et les contours de la marchandise qu’il décide d’importer au Togo. Il est toujours conseillé de prendre les dispositions en amont pour déterminer le coût et l’opportunité avant de s’engager. Les marchandises à l’instar des boissons sont considérées comme des biens de luxe donc taxables à partir de 100% de leur valeur. Le taux peut monter de façon drastique selon la qualité et peut aller jusqu’à 200% ou plus. Même si l’on constate des excès de la part de certains agents des douanes ces derniers temps, le système de réévaluation des valeurs est ancien et peut ne pas être sélectif. Car il y a environ 3 ans, on était face à un vétérinaire (importateur) qui avait fait venir par groupage maritime ordinaire et règlementaire du « shampooing pour chien ». La marchandise appartenait à une ancienne directrice des impôts mais le transitaire était avec un BESC et une facture traficotée. Ce jour-là l’opératrice du groupage lui disait que cela ne passera pas à la douane. Au final, la valeur de cette marchandise a été redressée et proprement taxée. Tout ceci se passait derrière le dos du destinataire de la marchandise. Et l’agent des douanes disait au transitaire ceci « …les gens ont fini de manger et achètent du shampooing pas même pour l’Homme mais pour les chiens de race… ». Bref, tout est aujourd’hui sur le marché togolais et les prix selon les gammes. Sachez aussi que les tenants du pouvoir et associés étrangers ont beaucoup investi ces derniers temps dans les supérettes au Togo, les brasseries (BB et SNB), les deux grands moulins pour la production de la farine du blé (SGMT et SMMT) et font de grands lobbyings au niveau de l’OTR pour freiner les importations. Toutes ces restrictions et l’interdiction des importations seraient profitables au Togo si on peut produire localement à partir des matières premières dans un environnement où les bénéfices ne sont pas systématiquement rapatriés. Un minimum de casting est nécessaire pour ne pas abandonner sa marchandise synonyme de perte sèche à la chaîne. Toutefois, tout importateur victime du harcèlement au cordon douanier peut saisir le commissariat général et passer par toutes les autres voies légales.
« Fais ta part !» C’est le message de Mgr Nicodème Barrigah en mai 2014 à l’endroit des Togolais. Le voilà un en 2022 avec un essai qui traduit parfaitement le quotidien des Togolais. Il y a des gens qui n’arrivent pas à exercer leur autorité et certains qui en abusent comme à l’OTR. Tout ceci a pour dénominateur commun la « crise de légitimité ». La gouvernance au Togo doit profondément se mettre en cause. Importateurs et commerçants sont en désarroi au Togo. La revalorisation systématique des taux de douanes sur les importations surtout déjà dédouanées ne peut que faire flamber les prix des biens et services sur le marché. En attendant que Faure Gnassingbé prenne des décisions fermes à l’encontre de ces types de pratiques qui non seulement sabotent sa lutte contre la flambée des prix mais aussi ternissent l’image du pays, le Ministre Sani Yaya qui est comptable de cette situation chaotique doit rappeler ses « frères de Kétao » à l’ordre si tant est que les Commissaires de l’OTR et celui des Douanes sont devenus impuissants.
L’OTR doit demeurer un service public avec la mission de percevoir les impôts et taxes qui sont des prestations pécuniaires exigées des contribuables sans contrepartie au profit du trésor public et dans l’intérêt de la nation.
La Rédaction