Le multipartisme comme traduction courante du pluralisme politique s’est nettement épanoui en Afrique depuis le tournant des années 90. Mais la démocratie demeure encore contrariée ou bloquée dans de nombreux pays comme c’est le cas du Togo, par le non-respect du principe et des modalités de l’alternance politique légale et pacifique.
En effet, Faure Gnassingbé est au pouvoir depuis la mort de son père en 2005 (Gnassingbé Eyadema, 38 ans de pouvoir). Il a été réélu en 2010, puis en 2015, puis en 2020. Cette « démocratie dynastique » se maintient de scrutin en scrutin par la répression de l’opposition, l’opacité du décompte des voix et la modification de la constitution à son profit. A chaque élection, l’alternance est scandée par l’opposition et aussi par le parti au pouvoir. On se demande alors ce qu’est l’alternance politique. Le dictionnaire nous aide à mieux comprendre le concept.
Etymologiquement, le mot alternance vient du latin alternus, alternatif, l’un après l’autre, successif. L’alternance est l’action d’alterner, de se succéder dans le temps de manière régulière. On parle par exemple de l’alternance des cultures agricoles dans un même champ (également connu sous le nom de rotation des cultures). L’alternance des cultures est une pratique agricole bénéfique qui améliore la qualité du sol, qui permet de réduire les risques liés aux maladies et aux ravageurs, et qui permet d’augmenter les rendements globaux.
L’alternance politique est un mécanisme de responsabilité et de contrôle exercé par les électeurs. Elle correspond à la situation d’un régime politique où des courants, des tendances ou des partis politiques différents se succèdent au pouvoir. C’est le cas lorsque la majorité politique est renversée par l’opposition, dans le respect des règles constitutionnelles, lors d’une élection législative ou présidentielle, par exemple.
La possibilité qu’il y ait une alternance politique est l’une des conditions nécessaires à la démocratie. Elle permet de corriger les politiques et les orientations gouvernementales si elles ne correspondent pas aux attentes des populations. Elle témoigne de l’existence de libertés politiques et d’un régime pluraliste où le parti au pouvoir accepte de se retirer en cas de défaite électorale. L’alternance a pour conséquence de renforcer la légitimité de la Constitution et l’adhésion des citoyens au régime politique.
L’alternance politique peut avoir une portée restreinte s’il n’existe pas de différences significatives entre les programmes de la majorité et de l’opposition. L’alternance consiste alors en un changement d’équipes dirigeantes. « Mais l’alternance ne s’aurait être décrétée… Il faut créer les conditions d’alternance et la meilleure dévolution du pouvoir, c’est l’élection », s’exprimait Pascal Bodjona (Emission Grand débat du 6 mai 2012 sur LCF).
La Commission Vérité Justice et Réconciliation l’a également cité dans ses recommandations en ces termes : « les réformes institutionnelles doivent notamment viser la mise en place de mesures garantissant de meilleures conditions pour l’alternance démocratique ». Elle a par exemple recommandé la limitation du mandat présidentiel à 5 ans, renouvelable une fois.
Il est donc clair que le pouvoir en place ne peut pas parler d’alternance en ce moment où il a la manipulation de la constitution et sa main mise sur les institutions de la république.
Les législatives prochaines doivent en ce sens offrir une réelle occasion au peuple togolais de choisir librement et dans la transparence ses élus. Si toutes les forces politiques du pays sont d’accord pour des élections transparentes, il n’y aura pas de problème à accepter toutes les conditions à mettre sur pied pour obtenir cette transparence. Le gouvernement a la mission de réussir le processus de réconciliation des togolais enclenché par le Chef de l’Etat. Les prochaines élections législatives et régionales devraient nous offrir cette occasion. Le développement harmonieux du pays est à ce prix.
La Rédaction