Elles sont nombreuses les populations des localités togolaises à vivre dans l’ignorance absolue de leur droit et devoir. Elles sont ainsi décrites par le légendaire maître-chasseur Koyaga et son exercice du pouvoir de Président de la République du Golfe dans « En attendant le vote des bêtes sauvages » de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, publié en août 1998.
A la découverte du grand canton de Bago
Encore appelé Bagou au temps allemand, en langue locale « bago’n » pour désigner ce que disaient leurs aïeux « …qu’ils ont menti, ils ne nous auront pas ». C’était le temps des razzia des envahisseurs, d’où l’appellation Bago. Le canton de Bago, chef-lieu Bago est le second canton de la commune Tchamba II et le plus grand canton (en terme de superficie, 1273 km2 selon le Rapport 1990 du SDAGE) de la préfecture de Tchamba, Centre-est du Togo à 374 km de Lomé. Le canton compte plus de 35 villages et une vingtaine de fermes et hameaux pour plus de 25187 habitants selon le 4ème Recensement Général des Populations et de l’Habitat (RGPH) de 2010. Bago talonne le canton de Tchamba qui compte 30878 âmes selon les mêmes études.


Sur le plan électoral, Bago est l’une des localités du Togo comparable à cette province du Gabon des Bongo appelée le Haut-Ogooué. Celle qui avant le premier son de la cloche électorale est assurée de voter à plus de 100% le régime au pouvoir depuis la confiscation du trône en 1967.
Malgré ces scores soviétiques, les populations de Bago manquent de route, de l’eau, de l’électricité, d’école…des infrastructures sanitaires. Rappelons tout de même qu’à la différence de ce coin du Togo, au moins la province gabonaise peut se justifier car disposant du minimum. Cette localité de Bagou n’est pas seulement un bastion électoral du RPT-UNIR. Il s’agit d’un pôle de développement dans les chaînes de valeur dont le cajou et le soja-bio. Selon le contenu de l’un des posting du député Gerry Komandega Taama, qui avait fait un raid sur la localité en janvier 2021, sur la toile, de Sokodé, Tchamba, Balanka, kamboli, Goubi, Bago, Isati, Moretan, Elavagnon (…) la route qu’on peut surnommer l’axe de l’anacarde c’est-à-dire Balanka, Kamboli, Goubi, Bago, issati et Moretan, est un itinéraire qui longe la frontière du Bénin et qui traverse les préfectures de Tchamba et de l’Est-Mono « En saison pluvieuse, cette piste est chaotique, impraticable par endroits. Aujourd’hui, elle est plutôt bonne. Les plants d’anacardes que j’ai visités sont vigoureux. La relative sécheresse ne les a pas trop impactés. C’est une bonne nouvelle pour les paysans».
Tout comme l’organisation du parti-Etat dans les autres préfectures, Tchamba aussi regorge des hommes et femmes dits influents à l’instar du ministre Atcha Dédji. C’est lui qui était allé annoncer le lancement des travaux d’électrification aux populations. Il n’est pas fils de Bago mais un poids lourd de la préfecture de même que l’ancien Président de l’Assemblée Nationale Dama Dramani. On compte parmi les baronnets natifs de Bagou l’honorable Assouma Dermane, un très proche de l’ancien DG de l’Hydraulique sous Eyadema. Il est dans son 2e mandat en qualité de député de cette localité qui manque de tout. Aussi M. Idrissou Akibou, DG pénitencier et M. Omar Agbangba, DG de l’ANVT qui est fils de la commune à qui ceux de Bago avaient donné leurs voix aux élections législatives de 2018 avant qu’il ne cède le siège à son suppliant.
Le ping-pong dans l’électrification de Bagou
En effet, après mille promesses politiques non tenues, à la veille des élections législatives de 2018, il avait été annoncé un projet d’électrification massive des chefs-lieux de tous les cantons et des gros villages de la préfecture de Tchamba jusque-là non encore électrifiés. Ainsi, le projet a permis de finaliser l’électrification des cantons d’Alibi I et Affem-Boussou suivi de Goubi en 2019. Ce qui corrobore les constats de l’honorable voyageur Taama en 2021 « J’ai aussi constaté que le projet d’électrification de ce secteur avance bien, de Balanka à Moretan ». C’était un signe d’espoir qu’après plus de 60 ans de pouvoir et 55 ans de règne sans partage, le bébé Union pour la République (UNIR) issu de la difficile césarienne RPT-UNIR ait pensé à ses (atypiques) électeurs. Ce projet était censé passer par Koussountou pour atteindre Bago mais hélas. Plusieurs visites de terrain effectuées par le Directeur régional de la CEET basé à Sokodé et du Chef d’agence de la CEET de Tchamba, bien évidemment accompagnés des baronnets de la localité
Mais c’est sans compter sur le parti présidentiel qui brille toujours par le ping-pong. Car le projet d’électrification tant apprécié par le député du NET est resté dans la phase embryonnaire et sans issue. Force est de constater qu’à ce jour, les populations de Bago qui ont été informés par les responsables de la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) depuis lors que le branchement se fera de Kaboli à Bago n’est que de la fumée. Le branchement n’a pas encore atteint Bago mais a pu atteindre Goubi qui se trouve aussi être un chef-lieu de canton. Pourquoi l’entreprise/Société commise pour ce travail de connexion a simplement décidé de ne pas tirer la haute tension jusqu’à Bago ? Quelle est cette discrimination si Goubi dans la Commune de Tchamba III est belle et bien électrifié dans le cadre du même projet depuis l’année 2020. Ou s’agit-il encore de ces luttes intestines entre les barons et qui consiste à monter une communauté contre l’autre ? Cette discrimination dans la répartition de la chose publique est une incompréhension totale aux yeux des populations qui ne comprennent pas comment l’électrification du plus grand canton de la préfecture de Tchamba, souffrirait tant. Certes, Bago est le dernier canton à 75 km au sud du chef-lieu de la préfecture Tchamba. Il fait frontière avec le Benin à l’Est, la préfecture de l’Est-Mono au Sud et celle de Sotouboua à l’Ouest. Le plus cauchemardesque est que ces populations qui sont togolaises contemplent avec amertume l’électrification des villages du Bénin voisin qui est sans ressource minière. De facto, pour manger du poisson frais ou prendre de la boisson fraiche, recharger son téléphone portable ou regarder la télévision en ce temps de Coupe du Monde Qatar 2022, il faut donc pour les fils et filles de Bago, traverser la frontière pour aller chez les voisins béninois afin de se satisfaire. Les plus comiques racontent que certains habitants ont dû même acheter réfrigérateurs et congélateurs qu’ils ont déposé sur le territoire de Patrice Talon pour leur usage.
Encore plus grave, à la fin de l’électrification du canton de Goubi, la même entreprise annonce aux « bagoudanais » que le bateau transportant la commande des poteaux de haute tension devant permettre de relier Goubi à Bago (20 km) a chaviré dans l’océan. Encore une faute imputable à la guerre russo-ukrainienne ? Bientôt les populations de Bagou devant la CPI pour poursuite contre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine !
Ce mensonge du naufrage de navire avait fait rire les jeunes de Bago. Il fallait donc attendre encore plus de trois (03) mois pour qu’en début 2020, à la veille des élections présidentielles, le dégagement des voies et les fosses ont repris par être faits avec des dépôts de quelques poteaux sur le tronçon Goubi-Bago. Mais à peine quelques trois mois de travaux et les élections présidentielles terminées avec la proclamation du champion Faure Gnassingbé que le chantier a été de nouveau abandonné, raison, COVID-19.
Malgré tout, les populations n’ont pas baissé les bras. Ils ont continué avec les réclamations, des courriers çà et là. Puis les travaux avaient encore repris vers octobre 2020 au centre du village par l’implantation des poteaux sur quelques artères avec l’appui des jeunes villageois assoiffés d’avoir très vite l’électricité. Puis encore, rebelote, rebelote, le chantier a été de nouveau abandonné après quelques semaines de travaux.
Les incertitudes persistent sur la poursuite de cette électrification
Le désespoir des populations désabusées est lisible dans les visages et certains n’hésitent pas à l’exprimer à haute voix car pour plusieurs personnes le parti qu’elles votent pendant des années les prend comme du bétail électoral. D’ailleurs selon, nos informations au niveau de la CEET, plus de 50% des avances ont été déjà empochées par la société sur les fonds alloués au projet alors qu’il n’était pas possible d’évaluer les travaux sur les 20 km. En janvier 2021, une nouvelle apparition des ouvriers de l’entreprise qui sont allés juste implanter deux (02) poteaux à côté de l’école Centrale de Bago. Puis patatras silence radio. Cette fois-ci pour de bons. Des réclamations en réactions, on informe les populations que l’entrepreneur qui est un indien, a disparu laissant les travaux inachevés. L’ancien DG de la CEET M. Lare Santiegou avait aussi promis lui-même prendre à bras le corps l’épineux problème d’électrification du canton de Bago mais c’est jeté de l’eau sur le dos d’un canard. Aujourd’hui, même à la direction générale de la CEET, personne n’est en mesure et/ou ne sait quelle suite donner à l’électrification de Bago. Mais ce qui est certain, les poteaux non finalisés et insuffisants sont visibles sans câblage de Goubi à Bago. Ce n’est pas l’actuel Directeur Général Débo-K’mba Barandao qui souffre de crise d’autorité (abus de pouvoir) avec son Ministre de tutelle Mawunyo Mila Ami Aziablé qui les sortira du ténèbre.
Après le folklore autour du 5è recensement général des populations et de l’habitat (RGPH-5) de ce mois de novembre 2022 pour près de 10 milliards de FCFA, bientôt le lancement des prochaines consultations électorales qui vont encore engloutir plus de 20 milliards de FCFA chacune. C’est la cagnotte alloués pour chaque type d’élections au Togo. Tout comme la plupart des localités, qui manquent de tout pendant que la minorité se la coule douce, le les braves populations de Bago…Hèzoudè, ces derniers victimes des escrocs dans la filière soja, répondront-ils toujours comme par le passé comme ces « bêtes sauvages » qui sautent au premier son de la cloche RPT-UNIR ?
A suivre !
B. Douligna