Encore un drible de plus au Ministère des Travaux Publics, un dernier coup fatal de dame Zouréhatou Kassah-Traoré pour marquer son départ du ministère. La gestion des archives est une composante essentielle de l’administration publique, car elle garantit la conservation de l’histoire institutionnelle, la transparence administrative et leur efficacité opérationnelle. Confier cette responsabilité à une société ou un cabinet étranger présente des risques significatifs qui peuvent avoir des répercussions durables sur l’administration publique togolaise. Le constat fait au Togo, est que les marchés d’archivage des documents de certaines administrations publiques sont souvent confiés à des cabinets étrangers. Notre rédaction examine les dangers potentiels de cette délégation, en se concentrant sur les aspects de la sécurité des données, de la souveraineté nationale, de la confidentialité et de la compétence locale.
Les composantes des donnes ou archives publiques
Les archives publiques contiennent des informations sensibles, telles que des documents légaux, des dossiers personnels et des rapports financiers, des informations personnelles et confidentielles, telles que des dossiers médicaux, des informations financières et des données personnelles des citoyens, qui, si elles tombent entre de mauvaises mains, peuvent être utilisées à des fins malveillantes. Les sociétés étrangères, bien qu’elles puissent avoir des technologies avancées, n’ont pas nécessairement les mêmes normes de sécurité et peuvent être plus vulnérables aux cyberattaques. Les cybercriminels ciblent souvent les entreprises étrangères pour accéder à des informations sensibles, ce qui compromet l’intégrité et la confidentialité des données archivistiques togolaises. En confiant les archives à une entité étrangère, l’administration publique togolaise perd une certaine maîtrise sur ses données. Cela inclut la capacité à décider comment et quand les informations sont accessibles ou partagées, et à répondre rapidement à des incidents de sécurité. La perte de contrôle signifie que l’administration pourrait ne pas être en mesure de protéger efficacement les données sensibles, ce qui pourrait entraîner des fuites d’informations confidentielles et des violations de la sécurité des données. La gestion des archives nécessite l’utilisation de technologies spécifiques pour le stockage, l’organisation et la récupération des données. En s’appuyant sur une société étrangère, l’administration togolaise devient dépendante de la technologie et des infrastructures de cette société. Si l’entreprise étrangère fait faillite, rencontre des problèmes techniques ou décide de se retirer du marché, l’administration publique togolaise se retrouve dans une situation précaire, incapable de gérer efficacement ses archives.
Les manquements constatés depuis les indépendances
Il n’est pas rare de voir des documents officiels servant d’emballage de baignés ou de cacahouète sur les marchés et dans les coins de rues. Certains datant seulement de quelques années pour des archives qui doivent être conservées pour la postérité. C’est ainsi que des documents officiels se perdent dans l’administration publiques et d’autres se retrouvent dans les domiciles privés sans mesure de protection et finissent par disparaître avec le temps sous l’effet de l’humidité ou bouffés par des termites. Parfois, les chercheurs sont obligés d’aller dans les archives allemandes, française, américaines…pour retrouver des traces. Pour les médias publiques (TVT, Radio Lomé et Togo Presse) le Trésor Public doit payer de l’argent du Trésor Public pour payer des archives qui datent seulement de moins de 20 ans auprès des colons pour diffusions. Aujourd’hui, avec les avancées du numérique, tous les pays s’activent à sauvegarder leurs patrimoines nationaux. Et c’est ce que les autorités togolaises s’activent à faire, mais de quelle manière ? Les appétits gloutons de certains fonctionnaires d’Etat ont encore conduit à attribuer ce secteur régalien de l’Etat à une entreprise étrangère au détriment des togolais de bonnes compétence dans le lot des soumissionnaires.
Les risques de faire recours à l’étranger
Tous les pays au monde valorisent la compétence nationale et la tendance sur préférence nationale est en vogue sur le continent. Même au Togo, l’on parle de « consommation locale » et même un ministère est dédié à la promouvoir. Même si au niveau du football togolais, la signature du contrat du compatriote Nibombé Daré comme sélectionneur national connait des soubresauts avec la ministre des sports Dr Lidi Bessi Kama, la règle est autrement avec sa collègue Madame le ministre des Travaux Publics, Zouréhatou Kassah-Traoré. En effet, le projet d’archivage a commencé en 2013 par une étude conduite gratuitement à la direction des travaux publics par des compatriotes togolais. Un appel a été lancé on a postulé, mais les résultats n’ont jamais été donnés. Mais par la suite, c’est un français qui a été annoncé comme gagnant du marché. L’hécatombe est que la française « MIDALO » qui a été annoncé gagnante opte pour la sous-traitance et a recruté un Mauritanien pour l’exécution dudit marché. Même en allant faire les recherches sur Internet, l’on ne trouve nulle part les références de l’entreprise « MIDALO ». La chaîne de la sous-traitance peut aller jusqu’à plusieurs paliers et à la fin soit le projet tombe à l’eau donc de l’argent jeté par la fenêtre ou alors on va recruter des nationaux pour faire le travail de nègre.
C’est une pratique malveillante qui ouvre la porte à des influences extérieures indésirables. Les informations sensibles et stratégiques sur le fonctionnement de l’administration peuvent être exploitées par des intérêts étrangers, compromettant ainsi la souveraineté nationale. Les sociétés étrangères peuvent être soumises à des pressions ou des influences de leur pays d’origine, ce qui peut affecter leur impartialité et leur fiabilité dans la gestion des archives publiques togolaises. Déléguer la gestion des archives à une entreprise étrangère rend l’administration publique dépendante des technologies et des services fournis par cette entreprise. Cette dépendance limite les capacités de l’administration à évoluer de manière autonome et à intégrer des innovations locales. La dépendance stratégique vis-à-vis d’une société étrangère peut également entraîner une perte de contrôle sur des décisions cruciales, affectant ainsi la capacité de l’administration à protéger et à gérer ses informations sensibles. La souveraineté informationnelle est un aspect crucial de l’indépendance nationale. En confiant les archives à une société étrangère, l’administration publique togolaise risque de perdre cette souveraineté. Les décisions concernant la gestion des données, la confidentialité et l’accès à l’information pourraient être prises en dehors des frontières nationales, compromettant ainsi la souveraineté informationnelle du Togo.
Une société étrangère n’est pas soumise aux mêmes lois et régulations en matière de protection des données, augmentant le risque de violations de la confidentialité. Les normes de protection des données varient d’un pays à l’autre, et les entreprises étrangères peuvent ne pas être tenues de respecter les mêmes standards rigoureux que ceux en vigueur au Togo. Si une société étrangère commet une faute, il est difficile de la tenir pour responsable en raison des différences juridiques et des complications liées à la juridiction internationale. Les recours légaux peuvent être limités et coûteux, ce qui rend difficile pour l’administration togolaise d’obtenir justice en cas de violation de la confidentialité ou de mauvaise gestion des archives. De plus, les entreprises étrangères peuvent être moins motivées à respecter les réglementations locales et les attentes culturelles, ce qui augmente les risques de violations de la confidentialité. Les entreprises étrangères peuvent avoir des intérêts commerciaux ou politiques qui entrent en conflit avec les intérêts de l’administration publique togolaise. Ces conflits d’intérêts peuvent influencer la manière dont les archives sont gérées, compromettant ainsi la confidentialité et la sécurité des informations sensibles. Les entreprises peuvent être tentées d’utiliser les informations archivistiques à des fins lucratives ou stratégiques, ce qui pose un risque significatif pour la confidentialité et l’intégrité des données.
Les conséquences fâcheuses d’une telle opération
Confier la gestion des archives à une société étrangère entrave le développement des compétences locales. Il est essentiel de former et de renforcer les capacités des archivistes togolais pour garantir une gestion durable et efficace des archives. En développant les compétences locales, l’administration publique togolaise peut assurer une gestion autonome et adaptée aux besoins spécifiques du pays. La formation et le renforcement des capacités locales permettent également de créer des emplois et de stimuler l’économie nationale. Les archivistes locaux possèdent une compréhension unique du contexte culturel et historique du Togo, ce qui est crucial pour une gestion appropriée des archives. Une société étrangère n’a pas cette sensibilité culturelle, ce qui affecte la manière dont les archives sont organisées et interprétées. La valorisation des connaissances locales permet d’assurer que les archives sont gérées de manière appropriée, en respectant les traditions et les particularités culturelles du pays. La gestion locale des archives permet de promouvoir l’autonomie nationale et de réduire la dépendance vis-à-vis des entités étrangères. En investissant dans le développement des compétences et des infrastructures locales, l’administration publique togolaise peut renforcer sa capacité à gérer ses archives de manière indépendante et efficace. Cette autonomie est essentielle pour garantir la pérennité et la résilience de la gestion des archives à long terme.
En conclusion, bien que l’expertise technique et les ressources d’une société ou d’un cabinet étranger puissent sembler attrayants, les risques associés à la sécurité des données, à la souveraineté nationale, à la confidentialité et à la compétence locale sont trop importants pour être ignorés. Pour préserver l’intégrité des archives publiques togolaises et renforcer l’autonomie et les compétences locales, il est essentiel de privilégier les solutions nationales et de développer les capacités internes. La gestion des archives doit rester une priorité stratégique nationale afin de garantir la transparence, la sécurité et la préservation du patrimoine administratif et historique du Togo. En investissant dans les compétences locales et en renforçant les infrastructures nationales, l’administration publique togolaise peut assurer une gestion durable et efficace de ses archives, tout en protégeant sa souveraineté et en garantissant la confidentialité et la sécurité des informations sensibles.
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0066 du 25 septembre 2024