Au même moment que le colonialiste français Gilles Calmes, depuis son chantier naval (OTAM), basé au port de Lomé, vire massivement ses employés, les industriels (asiatiques) de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA) à l’extrême nord de Lomé, procèdent silencieusement à des vagues de licenciement et la mise en veilleuse des industries nouvellement créées. Ces investisseurs composés des asiatiques et autres « criminels en col blanc » qui ont assiégé l’économie togolaise depuis une quinzaine d’années, continuent leurs œuvres macabres en toute impunité. Ils sont désignés investisseurs au profit de qui, le code d’investissement est spécialement taillé sur mesure et même le nouveau code du travail de 2021 du ministre Gilbert Bawara en ce qui concerne les emplois intérim ou de mission et les aspects en matière d’indemnisation des travailleurs en cas de licenciements constituent des échappatoires pour ces étrangers. Et c’est ce que vit le monde du travail depuis quelques mois à la PIA ; réductions de personnel et fermeture des entreprises.
Tout ça sous le triste regard des travailleurs qui se retrouvent souvent devant des clauses de contrats les livrant « corp et âme » à leurs geôliers qui leur jettent des résidus à titre d’indemnisation, après plusieurs années de bon et loyaux services. C’est la grande détresse depuis la Plateforme Industrielle d’Adétikopé où le phénomène devient une pandémie. Les droits des pauvres ouvriers et manœuvres sont mutilés, loin des regards des inspecteurs de travail et du tribunal du travail (complices ou complaisants), sauf quelques associations comme le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) qui vole aux chevets de quelques victimes qui en font la demande…
Quasiment tout le personnel de GTC en congés technique depuis fin avril 2024
L’histoire serait-elle en train de se répéter sur l’emblématique site du leader mondial des plantes aromatiques comme si c’est une malédiction. C’était en 2006, quand le français Stéphane Bordier, PDG de Daregal Equatoriarl du Togo, exploitant du site a décidé de fermer définitivement sa filiale togolaise. Il y cultivait les plantes depuis des années sur un terrain de 150 ha et au lendemain du décès d’Eyadéma, il avait quitté les lieux presque en catimini. Celui-ci avait pris soin de démonter ses installations pour les convoyer dans d’autres pays laissant des centaines de travailleurs en chômage.
C’est pratiquement le même pingpong qui se joue sur les lieux près de vingt ans après et sans que le gouvernement ne bronche. Cette fois, aucune machine n’est démontée, mais apparemment tous les responsables, expatriés des industries s’évaporent dans la nature. Au final, tout le personnel de Centre de formation en confection (Garment Training Centre – GTC) est en congés technique depuis avril 2024 pour une reprise incertaine. Sans assistance juridique pour les salariés, tous les contrats ont été tissés de sorte à minimiser les charges pour l’employeur. « Nous tous on a perçu que la somme des congés non jouis c’est-à-dire 2,5 jours/mois, multiplié par le nombre de mois non jouit et multiplié par le nouveau SMIG. Beaucoup de collègues sont découragés et sont rentrés chez eux », dixit un rescapé sous anonymat. Tous les contrats s’appuient sur la loi « 2021-06-15, portant nouveau code du travail.
Sur la place PIA, les activités s’entremêlent tellement avec des défilés des « bailleurs » et des terminologies à rendre la compréhension difficile. Selon les recoupements la GTC dont l’unité de production GTC n° 1 employait au minimum 600 personnes et la GTC n° 2 qui s’occupe de la formation recevant des vagues de personnes en formation chaque trois mois. Mais depuis le mois d’avril 2024, c’est le désert, il ne resterait qu’un administratif très personnel restreint (Ressources humaines, Comptable et deux maintenanciers). Mais selon une version officielle de la PIA, le centre de formation dans le textile (GTC) ayant terminé sa formation en textile va accueillir Garment star group (leader et acteur sri lankais du textile) qui s’installera d’ici l’année prochaine pour assurer une production massive dans le domaine du textile.
C’est une réalité que l’industrie textile ne tourne quasiment pas. La production et l’exportation vers les États Unis d’Amérique des vêtements « Made in Togo » n’aurait porté que sur une commande (surestimée) à 123380 vêtements commandés par une marque américaine, le reste des produits étant liquidés sur le marché local. Mais après cette opération, c’est la crise qui a été suivi de licenciements massifs des travailleurs et l’affectation de plusieurs expatriés dans d’autres pays.
Selon les discours des acteurs de la PIA, ce n’est plus l’emploi massif dans l’immédiat, mais « …nous avons formé des jeunes dans le domaine du textile avec le soutien d ANPE et c’est une compétence qui leur sera utile pour leur avenir et s’ils le veulent quand le nouveau partenaire s’installera sous peu ». Et pourtant les ambitions étaient pharaoniques selon Manuella Modukpe Santos, ministre de la Promotion de l’Investissement, lors du lancement de cette industrie textile, environ mille jeunes ayant entre 18 et 30 ans et un niveau d’éducation compris entre la classe de 4ème et le diplôme du Baccalauréat devraient être recrutés.
L’industrie « Soja Togo » en manœuvre de fermeture ?
C’était le 10 octobre 2023 que la cérémonie combinée d’inauguration du complexe administratif de la Plateforme Industrielle d’Adetikope, le lancement de la production d’huile raffinée de l’Usine Togo Soja, et le lancement officiel des exportations de produits textiles Made in Togo vers les Etats-Unis ont été portés à la connaissance du grand public par le réseau propagandiste de la mafia. A peine trois mois d’usinage avec des pannes à répétition sur les machines et sans que l’on ne voit aucun biton des huiles de cette manufacture sur le marché, l’usine ne tourne plus. Les employés sont licenciés par vague. Les expatriés sont presque tous affectés dans d’autre pays. Seule une mission de contrôle comptable et finances est arrivée à Lomé depuis début juillet pour seulement un mois.
Mais selon une source de la PIA « Les employés nationaux sont en activités puisque Togo Organics tourne, par contre concernant Togo Soja nous avons réduit le nombre pour les journaliers ». Toujours selon lui, la société ne conservé que ceux qui sont absolument nécessaires au regard de l’activité du soja qui est en baisse actuellement…ce sont les employés expatriés qui ont été réduits car la priorité était de conserver les emplois nationaux. Le soja avait un total de 92 employés (y compris les expats) quand l’activité débutait, mais à ce jour, ils seraient 72 nationaux et 10 expatriés et les journaliers 49 contre 95 travailleurs quand l’usine tournait en plein régime sans pénurie niveau des matières agricoles. Ce qu’il faut retenir ici aussi est que Togo Soja est orienté pour la transformation du soja en huile de soja/tourteaux alors que Togo Organics est focus sur le soja bio.
Les révisions frauduleuses de contrat de travail
Tout se passe comme si ces étrangers plient bagage en douce pour laisser les installations sur le dos des Togolais. Un courrier du cabinet Conseil Réuni adressé à l’attention du reliquat du personnel illustre à suffisance la situation sur le terrain.
La lettre de Conseil Réunis demande aux concernés de passer au cabinet pour signer un avenant à leur contrat. L’analyse de ce avenant qui a été insidieusement intégré sous peine de menace voilée à l’endroit des employés est une escroquerie qui doit interpeler tout défenseur des droits de l’Homme et l’Etat togolais sur l’esclavagisme actuel à la PIA.
EXTRAIT DE L’AVENANT Article 1 : Nature et durée du contrat Le présent contrat est un contrat à terme imprécis. Le contrat initialement conclu pour une durée d’un (01) an, ayant pris effet à compter du 01 janvier 2024 est un contrat de mission. A cet effet, il prendra fin au terme de la mission pour laquelle il est conclu. |
Il s’agit d’un avenant qui viole les clauses d’un contrat synallagmatique dont les dispositions mettent à la charge de chacune des parties ayant des intérêts opposés. Ce contrat de travail qui a été proposé au personnel est à durée déterminée conclue pour douze (12) mois à compter du 1er février 2024. S’il y’aura rupture avant terme, le cabinet Conseils Réunis qui est responsable du personnel-intérim doit obligatoirement régler la différence des mois restants aux employés. En analysant les documents, les contrats de travail ont été signés en janvier et février 2024 et d’autres bien avant en 2023 et plusieurs mois plus tard, le Conseils Réunis exige des avenants qui limitent leur droit car, selon nos investigations, les premiers responsables de ces industries en question ne veulent simplement pas payer plus de droits.
Mieux encore l’Arrêté n° 001/MTESS/CAB/DGTLS du 24 janvier 2010, en son Article 3 stipule « La durée du contrat temporaire ne peut excéder, renouvellement compris, six (6) mois ». Ce qui prouve que dès le départ, le Conseils Réunis est en faux avec les lois de la république. Mais au lieu d’assumer, il rejette les conséquences sur les pauvres sans voix. L’article 84 stipule : « Tout licenciement abusif donne lieu à des dommages et intérêts dont le montant tient compte de tous les éléments qui peuvent justifier l’existence et déterminer l’étendue du préjudice causé au travailleur et notamment des usages, de la nature des services engagés, de l’ancienneté des services, de l’âge du travailleur et des droits acquis à quelque titre que ce soit. Le montant des dommages et intérêts alloués ne peut être inférieur à trois (3) mois de salaire brut ni excéder vingt-quatre (24) mois de salaire brut ».
Si au niveau de Togo Textile, les contrats de travail sont signés directement par les expatriés sur les papiers en-tête de la PIA, les sections soja et autres sont les œuvres essentiellement de deux cabinets : Conseils Réunis qui se présente comme le premier cabinet spécialisé en Ressources humaines au Togo et son confrère RMO en Spécialiste du recrutement et de l’emploi en Afrique.
Qui sont ces indiens qui font la pluie et le beau temps à la PIA ?
Les grands noms qui sont visibles sur le terrain pour entretenir cette escroquerie sont des indiens. Le boss se nomme Gagan Gupta (CEO d’ARISE IIP) qui a beaucoup fait l’objet de titres non élogieux des journaux depuis leur exil de l’Afrique du Sud. Le clan pivote entre le textile, le soja, le port sec et de façons lointaine le coton de la SNCT avec des cumuls de postes et après leurs missions, s’évaporent dans la nature. Ces asiatiques déroulent les mêmes projets au Bénin, Nigéria et ailleurs sur le continent. Certains ont été déjà épinglés par le pouvoir de Patrice Talon pendant que d’autres ont pris le large.
A la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT), c’est la même bande de mercenaires qui approvisionne en intrants agricoles et fixe les prix de la fibre et de la graine de coton en toute opacité. C’est encore eux seuls qui lèvent les fonds auprès des institutions financières, achètent les machines et négocient les marchés à la PIA sans un minimum de contrôle de l’Etat. Avec leur statut de Zone Franche, ils bénéficient en plus des exonérations d’impôts et douanes. C’est d’ailleurs le même mode opératoire au niveau de la Mécanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA SA) dans l’achat du soja. Ces indiens n’aiment pas acheter directement les produit chez les Togolais, mais préfèrent les racheter auprès de leurs compatriotes qui sont installés dans la zone portuaire à des prix plus élevés. C’est un paradoxe que personne n’arrive à comprendre ! A ce jour, l’ardoise serait lourde car, ces râpasses auraient puisé des fonds dans plusieurs banques togolaises et d’Afrique. Selon des informations, les dettes en crédits et découverts s’élèvent à plusieurs milliards de FCFA.
Le profond mal en matière d’investissement étranger au Togo, qu’il faut forcement résoudre très tôt, reste l’absence de l’Etat togolais dans tout ce qui est concession industrielle. On ne parle pas d’un simple figurant comme dans le rôle du Commandant Sanda Idiola avec son titre ronflant d’Administrateur général de l’Autorité de coordination de la PIA. Certes le Cdt Sanda est à l’écoute de ses compatriotes mais la matière en administrateur civile lui fait beaucoup défaut. Il faut que le Togo désigne des administrateurs civils sur la base de compétence avérée pour bien contrôler ces étrangers qui débarquent en famille pour piller l’économie du pays. Dans les pays comme le Bénin et le Nigéria, le PDG ou DG peut être un étranger, mais son adjoint est obligatoirement un local. Certains exigeant même que le Directeur administratif et Financier soir un local afin de s’assurer des flux financiers de l’entreprise.
Qui paiera les factures dans les banques
Sachant que le mode opératoire de ces « rapaces » qui interviennent dans un pays comme le Togo sous l’appellation « industrielles », est de débarquer seulement avec leur traulet sans leur famille, s’appuyer sur les réseaux mafieux, prédateurs des primes autour et dans la gouvernance pour obtenir des concessions. Ces concessions sont ensuite présentées aux réseaux de la finance avec l’appuis des collabos afin de décrocher des financements contre des rétrocommissions. Dès l’obtention du jackpot, la grande partie est systématiquement détourné dans les installations de pacotilles et autres avantages d’expatriation. On parle pour le Togo d’un coût global de 247 millions d’euros (FCFA 162 milliards), dont 175 millions de prêts (EUR 115 milliard), le financement de la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA). Officiellement, les investissements de Togo Soja sont de 25 millions $ (environ 16 milliards FCFA) est déjà en berne après moins d’un an d’essai alors que les installateurs sont en train de quitter le pays. Ce qui devrai employer 350 personnes pour une transformation de 200 000 tonnes de soja graine l’an ! ajouter à cela le triste sort que laisse au pays également l’autre infrastructure qui prévoit d’employer directement jusqu’à 20 000 personnes à pleine activité, et contribuer significativement au PIB, grâce à la conversion chaque année de plus de 50 000 tonnes de fibres de coton, en produits finis d’une valeur de 845 milliards FCFA.
Le système est tellement appétissant, en ce moment où les togolais tirent le diable par la queue, qu’on parle actuellement 26 investisseurs (étrangers) en pleine installation sur la plateforme. Quel courte joie et déception pour ces nombreux Togolaises et Togolais de Lomé et ses environs, ceux qui ont quitté l’intérieur du pays (ville et hameaux) pour débarquer dans le nouveau paradis d’Atétikopé
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0063 du 16 août 2024