L’opportunisme est une politique qui consiste à tirer parti des circonstances, en transigeant, au besoin, avec les principes. Si en soi l’opportunisme n’est pas négatif, la fin justifie les moyens. C’est ainsi que le pouvoir togolais se livre de plus en plus à une communication politique opportuniste en surfant sur la prise de conscience actuelle des masses africaines pour un renouveau, une refondation de nos États. Comme déjà titré dans notre parution numéro 0025 du mardi 14 Septembre 2022 « Les Chefs d’État en Afrique au sud du Sahara », ‘’Tantôt, leur discours est celui d’un chef de guerre, chef d’Etat populiste et faussement rassembleur ; tantôt, c’est une parlotte de démocrate pour promouvoir une démocratie multipartiste somme toute véreuse dont l’unique finalité est d’assurer un renouvellement automatique, même chahuté, du mandat présidentiel’’.
Inopportunément, il s’agit d’un opportunisme fatal qui essaie de combiner pernicieusement le panafricanisme et la dictature soft. Quand une dictature s’orne de paillettes panafricanistes, c’est le summum du « génie machiavélique ».
En Afrique subsahélienne et après plus de six décennies de proclamation d’indépendance, les clignotants sont au rouge vif. Les taux réels de chômage des jeunes sont vertigineux, les obligeant à risquer tout dans le désert du Sahara, la Lybie de Kadhafi détruite par l’OTAN, la méditerranée pour aboutir éventuellement dans l’incertitude européenne ou occidentale. Ils (elles) sont aussi massifié(e)s derrière les barbelés du Texas en terre mexicaine, en attendant la faveur du président du pays des libertés. Quand on n’a plus rien à perdre chez soi, aucune logique ne tient. Les cursus scolaires sont en grande partie inadaptés aux réalités des marchés et produisent presque exclusivement des lettrés sans compétences. La corruption endémique des dirigeants est sans commune mesure.
L’autosuffisance alimentaire n’est pour le moment que chimère, malgré le fait que le continent africain dispose d’environ 60% du total mondial de terres arables non exploitées, soit 600 millions d’hectares, d’un climat favorable, etc. Cependant, des chefs d’États africains quémandent à tout vent, comme le cas du blé ukrainien. S’ils ne sont même pas capables de nourrir minimalement leur peuple, à quoi bon? « Personne n’aura un avenir dans un pays qui n’en a pas », disait Norbert Zongo.
Le Burkinabé Capitaine Ibrahim Traoré décline cette incongruité en ces termes : « (…) La question que ma génération se pose est de ne pas comprendre comment l’Afrique, avec tant de ressources dans notre sous-sol, avec une nature généreuse, de l’eau, du soleil en abondance, est aujourd’hui le continent le plus pauvre. L’Afrique est un continent affamé et comment se fait-il? Et nos chefs d’État voyagent à travers le monde pour mendier».
La voie d’un développement structurant est encore brumeuse après plus de 6 décennies d’indépendance. Le capital humain qui est censé être la première richesse d’un pays est négligé, réprimé, ou pire, assassiné. En plus, les politiques africains défaillants quémandent les subsides sous forme de programmes qui n’ont d’ingéniosité que de noms. Encore que ces fonds, pour la plupart des crédits à des taux exorbitants, sont détournés ou investis dans des dépenses de prestige.
Ibrahim Traoré du « Pays des Hommes intègres » fait le constat sans ambigüité : « Nous sommes extrêmement riches ici au Burkina Faso. Nous passons le temps à le dire. Aujourd’hui nous décidons de réorganiser un peu notre société. Lorsque nous parlons de dignité, nous parlons d’honneur. Si vous n’êtes pas autosuffisants, vous n’avez aucune dignité. Lorsqu’un père doit rentrer le soir à la maison et qu’il n’a aucune graine à mettre dans l’assiette de son fils, il ne peut parler de dignité. Toute la famille vivra dans l’indignité, parce que la femme devra se battre comme elle peut, de toutes les manières que vous puissiez imaginer, pour trouver à manger. Il n’y a pas de dignité une fois qu’on ne mange pas à sa faim. Il n’y a pas de dignité lorsqu’on tend la main ». Tout y est ! Le respect est à ce prix et non dans des dépenses futiles.
C’est face à ce désarroi, à cette absence de souveraineté et à la perte de dignité que certains pouvoirs en Afrique subsaharienne, notamment les transitions au Mali, au Burkina Faso, au Niger, etc. se proposent de changer les paradigmes en « osant inventer l’avenir », comme l’avait déclaré le capitaine Thomas Isidore Noël Sankara. Ils osent une autre voie, se prendre enfin en charge eux-mêmes malgré les multiples adversités dont la traitrise intérieure auxquelles ils font face. Cette nébuleuse traitresse qui a été fatale à bon nombre des pères fondateurs est aujourd’hui encore plus métastasée, malheureusement. Cependant, ces fils engagés de l’Afrique, pour l’Afrique, maintiennent le cap, déploient leurs visions et leurs perspectives. Ils essaient de se reconnecter avec les valeurs de refondation.
Les faits (historiques) sont têtus, Vladimir Lénine
Prof Robert Dussey, cette lutte pour la dignité et la patrie n’est pas un jeu, ni du théâtre. Il s’agit de la vision et du don de soi pour l’émancipation des peuples et la refondation de nos États. Et Thomas Sankara le résuma si bien dans sa quête : « Je suis comme un cycliste qui grimpe une pente raide, qui a à gauche et à droite des précipices. Il est obligé de pédaler, de continuer de pédaler, sinon il tombe ».
Alors, lorsqu’on connaît le Togo de la dynastie des Gnassingbé, on se demande à quoi joue le pouvoir de Faure avec les lyriques panafricanistes de son ministre des Affaires étrangères, Prof Robert Dussey, à la tribune des Nations Unies.
En effet, dans un déni total ou probablement une perte de la réalité, Robert Dussey auteur du livre « L’Afrique est malade de ses hommes politiques » avant de devenir l’un d’eux, acta lors de la 78e session de l’AG de l’ONU une ultime scène de la théâtralisation du panafricanisme en déclarant à l’endroit de l’Occident : « …En somme pour la jeunesse africaine, nous sommes fatigués par votre paternalisme; nous sommes fatigués par votre mépris de nos opinions publiques ; votre mépris de nos populations et de nos dirigeants; nous sommes fatigués par votre condescendance; nous sommes fatigués par votre arrogance; nous sommes fatigués, nous sommes fatigués, nous sommes fatigués. Travaillons ensemble dans un respect mutuel pour un avenir radieux pour l’Afrique et le monde ».
Et comme pour bien agrémenter la tragi-comédie, l’officiel adjoindra que « Le Togo est un pays de paix et le Togo s’oppose à la guerre, quelles que soit ses raisons. Depuis notre indépendance, le 27/04/1960. Jamais le Togo n’a fait la guerre à ses voisins, jamais le Togo n’a agressé ses voisins ou un quelconque pays, jamais le Togo n’a servi de base arrière pour une quelconque agression contre un pays frère. Le Togo est un pays de paix. La paix est dans l’ADN du peuple togolais. Le Togo a toujours été un pays de médiation qui favorise le dialogue, la négociation et l’entente entre les peuples et les gouvernements ».
Ce n’est rien d’autre qu’une duplicité politico-diplomatique du pouvoir togolais, qui joue la plupart du temps au pompier pyromane ou à l’hypocrite faiseur de paix. Il faut simplement se rappeler ses doubles jeux dans les conflits tchadien, angolais avec les accusations de livraison d’armes à Jonas Savimbi, libérien avec le soutien à Charles Taylor, sierra-léonais, ivoirien en étant ami de Laurent Gbagbo, mais offrait en même temps des facilités aux Forces Nouvelles pilotées par Guillaume Soro pour Alassane Ouattara, dans la tragédie Thomas Sankara et bien d’autres. Il en est de même dans les crises récentes entre la CEDEAO et les transitions issues des coups d’État dans la sous-région. Comment comprendre alors que le pouvoir togolais participe à la prise des sanctions iniques, illégitimes et illégales de l’institution communautaire contre ces transitions (Mali, Niger et autres) sans sourciller, mais par la suite joue à l’équilibriste, au négociateur?
C’est ainsi que dans le cas du Niger, l’Office togolaises des recettes (OTR) avait adressé déjà le 1er août 2023 un avis aux opérateurs économiques pour leur signifier que « les transactions commerciales entre Lomé et Niamey sont suspendues depuis le 1er août 2023 par l’Office togolais des recettes (OTR) ». C’est le même pouvoir du Togo, par son ministre des Affaires étrangères Prof Robert Dussey, qui adressa le 25 septembre 2023 une note au président de la Commission de la Cédéao pour signifier que le Togo va « faciliter le travail des agences humanitaires des Nations unies qui apportent une assistance vitale aux populations vulnérables dans le contexte de la crise politico-sécuritaire » et ainsi participer à l’acheminement de l’aide humanitaire au peuple nigérien.
Il faut surtout rester vigilant et conséquent. Car en analysant la dynamique, tout porte à croire que le jeu actuel du pouvoir togolais à vouloir plaire aux transitions en lutte et portées par leurs peuples, n’est pas anodin et dénudé d’intérêts propres. C’est un repositionnement machiavéliquement habile au bénéfice d’un 5e mandat en vue en 2025 pour Faure Gnassingbé. Le calcul est simple. Lequel de ces pouvoirs de transitions ainsi aidés s’opposerait frontalement au 5e mandat, mais second quinquennat selon le dernier coup d’État constitutionnel. En effet, la révision constitutionnelle par voie parlementaire du 9 mai 2019 permettrait à Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir théoriquement jusqu’en 2030, en dépit du fait qu’il soit au pouvoir depuis le décès de son père en 2005.
Prof Robert Dussey déclara aussi à la 78e session de l’AG de l’ONU, et à juste titre, qu’il vient d’un pays et d’un continent aujourd’hui très éprouvés et s’exclama : « Notre Afrique, Afrique des libertés, Afrique de nos pères, oh Afrique de nos mères, tu es blessée et meurtrie ». Mais en réalité, l’Afrique est plus malade de ses dirigeants « digérants »; encore que ce sont ses « dirigeants » qui font des choix contre ses intérêts, qui pactisent pour des peccadilles au détriment des générations futures. Et les intérêts exogènes exploitent simplement ces complicités, avidités, incompétences et absences de vision, de dignité. Les dirigeants se doivent d’être à la hauteur des défis ou vider le plancher.
Il y a un an, faut-il le rappeler, à la tribune de la 77e session de l’AG de l’ONU, le ministre Prof Robert Dussey déclara, entre autres : « Nous devrions lire plus souvent nos textes fondateurs, apprendre à respecter et considérer les plus petits, les plus faibles et les plus fragiles. Oui, un autre monde est possible ». A-t-il oublié qu’avant qu’un autre monde ne soit, il faudrait qu’un autre Togo soit par exemple, notamment l’or de l’humanité pensé par ses pères fondateurs?
Personne n’est dupe, le pouvoir de Lomé cherche simplement à profiter de cette volonté ambiante de changement de paradigmes pour berner l’opinion internationale, comme il en a l’habitude. C’est une parodie politique de l’effet Dunning-Kruger, développé par les psychologues américains Dunning and Kruger. Cet effet décrit la tendance des personnes ayant une faible compétence à surestimer leurs capacités, tandis que les personnes hautement compétentes ont tendance à sous-estimer les leurs. Ceci explique donc cela, les incompétents ont confiance en eux et les compétents ont un manque de confiance en eux. Bref les compétents sont pragmatiques, ont conscience qu’ils n’ont pas la vérité absolue et sont à la quête du mieux, alors que les incompétents se surestiment et pensent être l’alpha et l’oméga.
Les contrastes majeurs dans le speech de Dussey
On se demande réellement si le Prof Robert Dussey parlait du même Togo, le laboratoire françafricain par excellence. Le Togo, faut-il le rappeler, fut le terrain d’expérience du 1er coup d’État sanglant de l’Afrique subsaharienne avec l’assassinat le 13 janvier 1963 de Sylvanus Olympio, le père de l’indépendance du Togo; et à la veille de la signature de l’acte de divorce d’avec la franc CFA. Le colonisateur ne voulait pas laisser cet affront à la colonisation transformée en collaboration, qui pourrait faire des émules.
Et tout au long des près de 57 ans de règne des Gnassingbé, le pouvoir togolais sera presque de toutes les manœuvres pour le maintien et la pérennisation de la Françafrique. C’est ainsi qu’à chaque froid avec la métropole, le père Gnassingbé Eyadema déclarait : « Si vous ne voulez plus de moi, dites-le-moi et je vais partir ». Mais comme le colon n’est jamais parti et ne veut pas le faire, subséquemment Eyadema est resté au pouvoir de 1967 jusqu’à son décès le 5 février 2005.
Les Togolais sont habitués à ces entourloupes politiques. Le père Gnassingbé Eyadema n’a respecté aucune de ses paroles (de soldat) donnée, même avec des engagements publics. Même pas celle de général (donnée) au président français Jacques Chirac en visite de travail au Togo en juillet 1999 en déclarant publiquement : « …En 2003, à la fin de mon mandat, j’irai me reposer au village. Non seulement la Constitution ne sera pas révisée, mais mieux, je la respecterai. On ne fait pas une loi à la taille d’un homme. Parole de soldat! … ». Malheureusement, il se représenta aux élections suivantes et mourut au pouvoir en 2005.
Le Togo a connu depuis l’assassinat du Père de l’indépendance Sylvanus Olympio le 13 janvier 1963 un nombre de victimes de répressions challengeant probablement avec des victimes civiles de certains pays de la sous-région qui ont connu des guerres ouvertes. De même, le Togo a enregistré plus de réfugiés politiques, principalement dans les années 90, que certains pays africains qui ont connu des conflits armés ou qui subissent l’hydre terroriste. Oui, la répression militaro-clanique au Togo est à ce point invraisemblable, inhumaine. Les organisations de défense des droits de l’Homme dénombrent actuellement plus d’une centaine de prisonniers politiques, dont des femmes. Les Togolais de la diaspora ne sont pas non plus épargnés. On peut citer le cas de l’arrestation, le 4 novembre 2021, de Jean-Paul Oumolou qui n’a pas encore eu de jugement. En ce qui concerne Abdoul Aziz, l’ONU vient de qualifier sa détention de violation du droit international. Il y a plein d’autres exemples.
Dans la foulée des commémorations 2023 de l’indépendance du Togo, les évêques du Togo ont interpellé la conscience de chaque citoyen par les questions ci-après : « Peut-on célébrer l’indépendance sans une conscience nationale ? Faisons-nous vraiment une Nation ? Y a-t-il indépendance sans développement qui nous permet de nous affranchir de la tutelle économique des autres et valoriser nos richesses, nos savoirs et nos compétences ? Y a-t-il indépendance sans la sécurité sur nos propres terres ? Y a-t-il indépendance sans la justice sociale qui permet à chacun d’aspirer légitimement au bonheur ? Y a-t-il indépendance sans enracinement d’un véritable État de droit démocratique ? ».
Prof Robert Dussey, si c’est pour se bomber le torse d’un hypothétique panafricanisme, souverainisme et que sais-je encore, le pouvoir togolais devrait minimalement savoir de quoi il en retourne.
Parlons maintenant panafricanisme!
Le panafricanisme est un mouvement ou une doctrine qui s’articule autour de la solidarité entre les peuples africains pour la défense des intérêts des Africains, autant sur le continent que dans les pays d’afro-descendants. Bref, c’est l’édification du nationalisme africain. Ceci étant, Prof Robert Dussey, comment peut-on vouloir défendre les intérêts des Africains quand chez soi c’est presque l’enfer?
Le panafricanisme apparut vers la fin du 19e et le début 20e siècle des milieux intellectuels antillais, afro-américains, puis africains par la suite, dans le contexte des diverses luttes d’émancipation. Il s’agissait des luttes pour la reconquête des indépendances, contre la discrimination raciale et autres formes de dominations. Il se donne comme objectif d’unir les différentes forces pour l’affirmation et la défense des valeurs africaines et la fierté d’être africain et afro-descendant.
Il se veut ainsi une expression de la solidarité entre les peuples africains et d’origine africaine et aussi la volonté d’assurer la liberté du continent et son développement à l’égal des autres parties du monde.
Les idées fondatrices du panafricanisme sont retracées dans des écrits de Edward Wilmot Blyden, fils d’esclaves affranchis de Saint-Thomas (Les Caraïbes), du Haïtien Joseph Antênor Firmin, dans les actions des Américains le révérend Robert Finley et le pasteur Samuel John Mills, Joseph Anténor Firmin, auteur de l’ouvrage « De l’égalité des races humaines, Anthropologie positive », entre autres. Bref, il faut travailler pour la postérité. Peut-on dire cela du pouvoir togolais, par exemple?
Il y aura donc l’émergence de divers leaders panafricanistes, de même que des courants de pensées et d’actions portées par le Haïtien Bénito Sylvain, l’Américain William Edward Burghardt Du Bois, le Jamaïcain-American Joël Augustus Rogers ou encore les architectes du panafricanisme comme le Jamaïcain Marcus Mosiah Garvey qui fonda en 1914 l’UNIA (Association Universelle pour le Progrès des Noirs) avec la devise One Aim, One God, One Destiny (Un seul But, un seul Dieu, un seul Destin).
Dans la continuité de cette affirmation positive, apparaîtra un panafricanisme politique, qui fortifiera les jalons de la lutte émancipatrice des colonies. Cette émergence politique dans le 1er quart du 20e siècle sera portée par des leaders politiques comme le Béninois Louis Hunkarin, les Guadeloupéens Max Bloncourt et Joseph Gothon-Lunion, le Sénégalais Lamine Senghor, le Malgache Samuel Stéfany, le Malien Tiémoko Garan Kouyat et bien d’autres.
À cette vague de panafricanisme succédera le panafricanisme militant porté par le Ghanéen Kwame Nkrumah, de même que le Guinéen Ahmed Sékou Touré. D’autres leaders indépendantistes africains émergeront à divers moments et avec des velléités plus ou moins différentes comme le Camerounais Ahmadou Ahidjo, le Zambien Kenneth Kaunda, le Malien Modibo Keïta, le Togolais Sylvanus Olympio, le Tanzanien Julius Nyerere, le Kenya Jomo Kenyatta, l’Éthiopien Haïlé Selassié, les Nigérians Dr Nnamdi Azikiwoé et Sir Aboubakar Tafewa Balewa, le Mozambicain Samora Machel, l’Égyptien Gamal Abdel-Nasser, l’Algérien Ahmed Ben Bella, le Congolais Patrice Lumumba, le Centrafricain Barthélemy Boganda, les Camerounais Ruben Um Nyobè et Félix-Roland Moumié, etc.
Le Ghanéen Kwame Nkrumah, fort de sa conviction panafricaniste, déclarera que « l’indépendance du Ghana n’avait pas de sens si elle n’était pas liée à la libération totale de l’Afrique ». La Guinée d’Ahmed Sékou Touré dira NON à De Gaulle et déclara : « Nous ne renonçons pas et ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l’indépendance. Il n’y a pas de dignité sans liberté ; nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage ». La Guinée subira seule la foudre sans limites de la France. Alors que l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor choisiront de rester sous le giron français et opteront pour « la communauté franco-africaine à base d’égalité et de fraternité » et souhaiteront une collaboration étroite avec les élites françaises.
Pour mémoire, De Gaulle avait exprimé clairement et sans ambages la stratégie de la puissance colonisatrice française en ces termes : « Nous avons changé la colonisation en coopération, parce que l’objet de la colonisation qui était de créer pour la métropole des zones d’influences politico-économiques et d’assurer le rayonnement de la civilisation métropolitaine était sauvegardé par la coopération ». Apparemment, cela se perpétue actuellement avec Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Macky Sall (Sénégal), entre autres. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Un peu plus de détails sur le Togo de Gnassingbé Père au Fils
Prof Robert Dussey feint de l’ignorer, mais le Togo politique connaît des soubresauts avec son cortège de dégâts tant humains, matériels que financiers. Depuis les mémorables contestations du 5 octobre 1990 qui, faute d’une opposition efficace, n’ont pas produit l’alternance alternative, le système en place força l’opposition à un cycle malfaisant à ce jour de près de 29 négociations-accords-élections-répressions-négociations; donc une moyenne d’un dialogue/accord à chaque 13 ou 14 mois. Ce sont, pêle-mêle, les accords FAR, FOD-COD 1, 2 et 3, NCS, CMP opposition-RPT, Colmar, Ouaga, Réconciliation Armées-Nation, ACL, APB, APG, CPDC, RPT-UFC, RPT/UNIR – Partis de l’opposition, CST – Arc-en-ciel – RPT/UNIR, Togotélécom 1 et 2, le dialogue de la CEDEAO, CNAP, etc.
En termes d’élections depuis la Conférence Nationale Souveraine (CNS) du 8 juillet au 28 août 1991, on en compte pas moins de 14 sans possibilité d’alternance; notamment sept (7) présidentielles (1993, 1998, 2003, 2005, 2010, 2015 et 2020), six (6) législatives (1994, 1999, 2002, 2007, 2013 et 2018) et une (1) municipale en 2019. Ce verrouillage politico-militaire pousse certains opposants à l’usure et ils finissent par aller au gouvernement ou coopérer activement avec le régime. Les plus connus sont Joseph Kokou Koffigoh, Edem Kodjo, Léopold Gnininvi, Yawovi Agboyibo, Gilchrist Olympio, Georges Aïdam, Winny Dogbatsè, Logo Dossouvi, Dindiogue Nayone, Robert Dussey, Sena Alipui, etc. Certains d’entre eux deviendront plus royalistes que le roi.
Actuellement au Togo, l’activité politique, surtout dans son expression sensibilisation-information-mobilisation est restreinte dans sa portion folklorique. On pousse l’opprobre jusqu’à interdire aussi des réunions dans des lieux privés. Les médias sont obligés à l’autocensure pour exister, entre autres. Le musellement est plus que total et on interprète ce silence imposé comme la paix.
Les Togolais étaient censés connaître 2 échéances électorales en 2023. Le recensement est clôturé depuis des mois dans une cacophonie rituelle, sans que le chronogramme des élections et autres activités connexes ne soit connu à ce début d’octobre 2023. Plus que jamais ces rendez-vous sont magistralement concoctés comme des appâts pour faire des redevables. Malheureusement et la plupart du temps, toute l’opposition hiberne entre les échéances électorales et prodigieusement retrouve vie juste avant ces joutes.
La presse au Togo est au pas. Le clou dans le cercueil fut l’exil, le 5 mars 2023, du journaliste d’investigation Ferdinand Ayité, après un passage au Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC). Isidore Kouwonou, le Rédacteur en chef du bihebdomadaire L’Alternative le suivra et ce journal est depuis lors en veille. Tout porte à croire que le journaliste togolais devra tourner sa langue mille fois avant de prononcer sur un sujet et vivre dans une certaine précarité. Les rares qui tiennent encore le flambeau comme LIBERTE, ACTU EXPRESS, TRIANGLE DES ENJEUX, TAMPA EXPRESS, LA MANCHETTE… subissent des harcèlements policiers et procès de façon permanente.
Des décennies de gouvernance despotique et clanique ont accentué la survalorisation d’une certaine identité propre et la négation ou le rejet de l’autre. C’est devenu une réalité irréfragable au Togo de faire le constat d’une mainmise de certains groupes ou cercles sur les structures et démembrements importants de l’État, notamment l’armée, la fonction publique, le système judiciaire, l’attribution des bourses d’études et de formations (la fameuse liste). Comme si certains ne feraient plus partie de la République togolaise ou seraient des « Togolais entièrement à part ». Même les chefferies traditionnelles, verrous et équilibres, sont instrumentalisées à dessein.
La répression militaro-civile au Togo
Le rapport préliminaire sur la répression des marches pacifiques du 19 août 2017 au 20 janvier 2018 du Regroupement des Jeunes Africains pour la Démocratie et le Développement (REJADD) et du Réseau Africain pour les Initiatives de Droits de l’Homme et de Solidarité (RAIDHS) souligne, entre autres, que la répression militaro-clanique au Togo aurait fait plus de 100 morts lors des massacres de Fréau Jardin, du quartier Bè et dans la ville de Lomé, les 25, 27, 28, 29, 30 et 31 janvier 1993 ; plus de 100 morts dans la répression des marches pacifiques organisées au Togo du 19 août 2017 au 20 janvier 2018 pour obtenir le retour à la Constitution de 1992 et le droit de vote de la diaspora togolaise à l’étranger – un rapport qui a été à l’origine des malheurs d’Assiba Johnson, le président du REJADD.
Le rapport de la Mission d’établissement des faits mandatés par l’ONU chargée de faire la lumière sur les violences et les allégations de violations des droits de l’Homme survenues au Togo avant, pendant et après l’élection présidentielle du 24 avril 2005 rendu public le 29 août 2005, a fait étant de 400 à 500 Togolais morts recensés. Quant à la Ligue Togolaise des droits de l’Homme (LTDH), elle a évalué les victimes à 811 morts et 4508 blessés pendant les trois mois ayant suivi la mort du général Eyadema, le 5 février 2005.
Ce ne sont là que quelques-uns des massacres (sic) au Togo. Il y a eu en décembre 1991, la prise d’assaut du siège du Premier ministre du gouvernement de transition dont le bilan réel n’est pas connu. Cet épisode fut qualifié de guerre inter togolaise. Il y a aussi la vague d’exode massif de la population vers le Bénin et le Ghana engendrée par les massacres de janvier 1993 dans certains quartiers populaires de Lomé. Le Haut-commissariat fera état de 500 000 Togolais qui ont quitté le pays.
On ne peut non plus passer sous silence le massacre de la lagune de Bè à Lomé le 10 avril 91 où 28 corps ont été repêchés dont des femmes enceintes et une femme avec son bébé encore attaché dans son dos. Il y a aussi l’attentat politique de Soudou (Nord du Togo) sur le convoi de compagne de l’opposant Gilchrist Olympio qui fit plusieurs morts, dont Dr Marc Atidépé (président de l’Union Togolaise pour le Renouveau) et blessés. Comment ne pas évoquer l’assassinat du prometteur Tavio Amorin (34 ans) le 23 juillet 1992 en plein Lomé ou du député du CAR Gaston Edeh Aziandouvor enlevé par les militaires le 14 février 1994 et retrouvé mort calciné ainsi que deux de ses compagnons, ou encore le kidnapping le 6 septembre 1994 de David Bruce en pleine journée et à quelques mètres de l’état-major des FAT…On peut évoquer aussi la prise en otage par des militaires les 22-23 octobre 1992 des membres du parlement de transition, le HCR; le saccage le 9 août 1992 par des militaires des locaux du Centre National d’Étude et de Traitement Informatique (CENETI) et la destruction des fichiers du recensement électoral; l’agression de Mme Madeleine Aduayom le 4 septembre 1992 par un militaire incontrôlé, entre autres.
Avant le début des contestations ouvertes des années 90, la scène politique togolaise n’était pas exempte de victimes politiques. Il y a avait, entre autres, les assassinats du Commandant Komlan en 1974, le cas du lieutenant Gnehou mitraillé en pleine rue en 1979 et bien d’autres malheureusement. Cette liste macabre est loin d’être exhaustive. Le champ politique togolais est un cimetière comme rarement connu dans l’histoire de l’humanité.
Un aperçu socio-économique du Togo
Le manque de vision, d’efficacité et de patriotisme fait que le Togo, 63 ans après la conquête de son indépendance, se retrouve à la traine de ses voisins, malgré son potentiel relatif plus élevé. C’est ainsi que malgré l’absence de politique structurelle, le secteur primaire (l’agriculture en grande partie) contribue au PIB à hauteur de 22% (2020). Le secteur secondaire dont la fabrication de produits alimentaires, la construction, la distribution (eau, électricité, gaz) en apporte 23% et le reste du PIB (55%) vient du secteur tertiaire (commerce, port, aéroport, secteur financier …).
Togo : la richesse nationale réévaluée de 36% à la faveur d’un rebasage du PIB
Le secteur informel est responsable de plus de 50% de la valeur ajoutée des différentes branches de l’économie togolaise qui est encore essentiellement basée sur la débrouillardise des citoyens. Il y a un taux de pauvreté de près de 65%, avec une population très jeune où les 14 ans et moins font environ 41% de la population totale. Au demeurant, au moins 80% des Togolais sont nés sous le règne des Gnassingbé.
Les infrastructures de base (éducation, santé, transport, agriculture, etc.) y manquent cruellement. Il y a toujours un manque criant de scanners, d’ambulances et de matériels médicaux de base dans nos centres de santé. Faire la liste des carences dans le système sanitaire togolais serait se livrer à une litanie funèbre. Le manque d’infrastructures d’assainissement et de salubrité fait que nos villes et centres se transforment de plus en plus en enclos pour amphibiens à la moindre pluie. L’eau qui est source de vie et indispensable est encore inaccessible pour bien de Togolais. Les infrastructures de transports et de communications sont rares et les existantes de plus en plus vétustes, avec une population qui a été multipliée par 5,64 fois depuis l’indépendance.
Pourtant, ce ne sont pas les programmes ou projets pompeusement annoncés qui manquent. On a par exemple à travers le temps les FNSI, DOSI, DSRP, SCAP, PUDC, PND, les projets de filets sociaux et services de base et d’opportunités d’emploi pour les jeunes vulnérables lancés le 6 février 2018, le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 du 3 août 2018 et bien d’autres. Il y a aussi les « rencontres historiques » d’affaires (Forum Togo-UE, la convention avec le Fonds Khalifa de financement des chaînes de valeur agricoles) qui, au final, n’ont d’historique que leurs noms ou cadres.
Particulièrement le PND fut lancé avec fanfare le 3 août 2018, en présence de la crème de la crème de la finance et de la promotion africaines. Les objectifs déclarés étaient presque angéliques, notamment un financement global de 8,3 milliards $US (65% par le secteur privé et 35% public), un cap de 7,6% de croissance à l’horizon 2022, 50% de taux de bancarisation et 1 million d’emplois dont 500 000 directs. On est presque à la fin de 2023 et…nada.
Malgré la relative faible effectivité de la perception fiscale, les activités du Port autoome de Lomé représentent hors aide extérieure 60% des recettes publiques et 80% des recettes douanières du pays. Il y a surtout une concentration fiscale dans la mesure où les quelques grandes entreprises existantes font plus de 75% des recettes intérieures, même si elles ne faisaient pas moins de 5% de la population fiscale. Même si la fiscalité des particuliers et du secteur informel laisse un peu à désirer pour le moment, ceux d’entre eux qui contribuent effectivement ont l’impression d’un harcèlement fiscal.
Mais contre toute logique, on appuie plutôt sur la pédale des dépenses gouvernementales sans réelles incidences sur le quotidien des citoyens. Les dépenses de prestige de la minorité gouvernante sont maintenues, voire accentuées. Par exemple le chef de l’État Faure Gnassingbé est l’un des plus voyageurs, mais les impacts se font toujours attendre. Déjà en 2016, Jeune Afrique (13.12.2016) le classa parmi les chefs d’État les plus voyageurs et lui attribua au moins 26 voyages officiels. Selon le site presidence.gouv.tg, on peut compiler en 2018 pas moins de 22 voyages, 29 en 2019, 8 en 2020 malgré la pandémie COVID-19 et les restrictions, 21 en 2021. Même en 2022, une année de crises dont alimentaire, on note 19 ou 20 voyages officiels, au moment où la majorité des Togolais subit la cherté de la vie. Et dire qu’un seul voyage officiel peut financer des infrastructures ou mesures de soutien à l’endroit de la masse!
Et pour financer toutes ces dépenses creuses, l’endettement est frénétique. La dette publique du Togo s’élevait à fin décembre 2019 à 2 266,6 milliards FCFA (53.6% du PIB après rebasage) et se décompose en 66,4% de dette interne (encours de 1 508 milliards FCFA) et 33,4% de dette externe (750 milliards FCFA). Le service de la dette interne (intérêts et amortissement du principal) est particulièrement lourd, avec 558,3 milliards FCFA prévus pour l’exercice 2020.
Entre 2017 et 2021, la dette extérieure du Togo a doublé et est alors passée de 550 milliards en 2017 à 600 milliards en 2018, 751 milliards en 2019, 981 milliards en 2020, pour finalement atteindre 1031 milliards en 2021. Pareillement à cet endettement déchaîné, le Togo a bénéficié, entre autres, de l’accompagnement du Groupe de la Banque Mondiale, dans un Cadre de partenariat pays (CPP) 2017-2022. Subséquemment, le portefeuille de l’institution de Breton Wood au Togo a quadruplé en 4 ans. Il est donc passé de 184, 8 millions de dollars en 2017 à 917, 5 millions de dollars en 2022.
Le Togo est actuellement curieusement hyper actif sur le marché des titres de l’UEMOA. Le rythme des levées d’obligations, entre autres, est accéléré en 2023. Selon l’agence Ecofin.com, le Togo aurait au 15 septembre 2023 surpassé son objectif initial de l’année en levant déjà un total de 580 milliards FCFA pour les 574 milliards FCFA fixés dans la Loi de finances de 2023. En août 2023, il y a eu deux opérations de levées de fonds. Que cache en fait cette frénésie (de levée de fonds) mensuelle et maintenant bimensuelle?
Parallèlement, on assiste à une opacité de la structure des approvisionnements (carburant, marché public, fournitures diverses dont scolaires et autres) qui fait le lit des truquages de marchés, de la corruption par surfacturation, etc. Le « Petrole-Gate » dévoilé par le journal L’ALTERNATIVE est une illustration parfaite de la manipulation des prix et du laisser-aller. Plus de transparence en la matière constitue une pression positive vers les bonnes pratiques. Mais tout ou presque est bradé dans une totale opacité, même les domaines de souveraineté de l’État togolais.
Les scandales se succèdent sans que des coupables ne rendent des comptes. On peut citer pêle-mêle, les fonds FER, de la SNPT, de la FTF, le PAT, Togo-Telecom, la NSCT, la CEET, la route Lomé-Vogan-Anfoin, l’OTR, le « Petrole-Gate » (truquages de marchés), le «Wacemgate», les scandales de rétrocommissions lors des passations de marchés, en particulier dans les travaux publics. En janvier 2023, l’audit du fonds FRSC (Fonds COVID-19) par la Cour des comptes relate des usages à des fins autres que prévues, des dépassements de compétences, des mauvais usages de fonds publics, des dépenses sans lien direct avec le cadre de la mise en œuvre des mesures de riposte contre la Covid-19 et autres manquements. Ce rapport fait 34 recommandations.
L’impunité semble presque totale, contrairement aux discours et professions de foi contre la corruption, la création d’institutions de lutte contre le crime économique, etc. On peut citer la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) qui a lancé le 13 octobre 2022 la (fameuse) stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption et des infractions assimilées.
Cette inertie face à la corruption endémique poussera le Président de la Cour Suprême Abdoulaye YAYA à déclarer que « la minorité pilleuse qui a été dénoncée dans ce pays est devenue une majorité prédatrice tentaculaire, et à cette allure, personne n’est en sécurité… En dehors du football, la corruption est devenue le sport national ». Quand c’est le Président de la Cour Suprême, qui n’est d’ailleurs pas à son premier cri de cœur contre la corruption, qui en arrive encore à ce constat, c’est que le fond est atteint. Mais les autorités togolaises restent de marbre. Et ce sont eux qui jouent à « l’effeuillage panafricaniste ». Ainsi le Président de la Cour Suprême du Togo, Abdoulaye YAYA rejoint le poète algérien Bihmane Belattaf qui écrira que « Quand la jachère intellectuelle gagne le sommet de l’État, la prostitution devient une culture et la corruption une règle ».
Rappelons que l’index 2022 de perception de la corruption de Transparency International donne au Togo un score de 30 sur 100 et un rang de 130 sur 180 pays évalués. Ce fut le même score en 2021. En comparaison avec ses voisins, le Burkina Faso occupe le 77e rang avec un score de 43, le Ghana le 72e au même titre que le Bénin avec un score de 42. Et le classement 2022 des pays africains les plus démocratiques (EIU) place le Togo 35e sur 50 et après le Mali, le Burkina Faso, etc. qui sont pourtant depuis des années en guerre contre le terrorisme.
Est-ce possible une telle vie au Gondwana, comme un prince Koweïtien?
En effet, dans le vocable international, les pays d’Afrique au sud du Sahara sont parfois qualifiés de sous-développés, en voie de développement et la nouvelle trouvaille depuis quelques années est Pays pauvre très (très) endettés (PPTE) au point ou les « dirigeurs » eux-mêmes ont trouvé le qualificatif « populations vulnérables » pour les (la minorité pilleuse) distinguer de la masse qui croupit sous le fardeau de la misère.
Les murs d’une salle de classe assassins au Togo, 2 élèves meurent dans l’effondrement les murs d’une classe
Alors que les dirigeants de plusieurs pays ayant participé au 78e Assemblée Générale des Nations Unies sont rentrés au bercail aussitôt la fin des travaux, il n’est pas étonnant de retrouver le ministre des Affaires étrangères de la très République démocratique du Gondwana dans un avion entre Paris et son pays le vendredi 29 septembre 2023. Bien évidement comme à leurs habitudes en classe affaire. Comme si le luxe de ce compartiment de l’avion les épargnerait à 100% si l’appareil…L’avion qui devrait faire le direct a annoncé au cours du vol une escale dans un aéroport du pays de l’ivoire. La raison invoquée était légitime, s’abriter en attendant la fin de l’orage qui menacerait le ciel de cette capitale du Gondwana. Ce qui fut respecté. Sauf qu’à l’atterrissage, ce qui ne semblait pas être une escale le devient. La porte s’ouvra et seul SEM le ministre des Affaires étrangères serait descendu de l’avion. Par curiosité, les autres passagers du compartiment ont écarquillé les yeux à la destination finale sans le retrouver parmi les passagers. La question qui se pose est de savoir combien ce déroutement (détournement) d’avion a pu coûter au contribuable du Gondwana.
Comment une telle chose a-t-elle pu se passer avec plus de 300 passagers à bord d’un appareil d’une compagnie d’envergure? Que va-t-il faire dans ce pays voisin au lieu de rentrer directement dans son pays? Il est souvent légion de retrouver ces privilégiés toujours en classe affaire accompagnés des majordomes, dans le rôle de transporteurs, bien stylés avec des valisettes de haut de gamme qui coûtent les yeux de la tête. Que transporte-t-on du Gondwana et dont on ne se fatigue jamais? Par ce geste égoïste et même si par hasard il semble justifié, l’avion a accusé un retard de 2 heures d’horloge, bouleversant le calendrier de plus de 600 passagers en provenance de Paris et en attente d’embarquement, mais aussi une perte en termes de chiffre d’affaires pour les compagnies de ravitaillement en kérosène. Car stratégiquement lors de l’escale technique, le commandant de cet avion a préféré faire le plein.
Ainsi va la République !
En résumé et en définitif
Prof Robert Dussey, il faudrait pour un temps un retour sur soi, se réapproprier le secteur agricole et atteindre l’autosuffisance alimentaire. C’est la base et du concret. La naissance de l’industrie de transformation agricole donnera le ton à l’industrialisation. Il faut permettre l’éclosion du génie créateur. Dans l’histoire de l’humanité, toutes les renaissances sont passées par là, dont les récents exemples les plus connus sont la Chine de Mao Zedong et l’Inde de Mohandas Karamchand Gandhi.
Cela passerait sur le plan socio-économique par une « déconnexion économique », afin d’amoindrir les impacts exogènes du tout import à un prix défiant toute concurrence qui détruit les velléités locales. Certes, la lutte pour la refondation demande des sacrifices générationnels. « Chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission : la remplir ou la trahir », disait Frantz Fanon. Alors Prof Robert Dussey, quelle est la mission accomplie par votre génération?
Nos Pères fondateurs avaient conscience que le développement doit être une quête perpétuelle. Ils avaient pavé le chemin et s’étaient donné comme devoir la construction d’une Nation prospère et perpétuelle.
Il est encore temps, Prof Robert Dussey, d’embrasser le panafricanisme pour les bonnes raisons.
Joseph Atounouvi