Je voulais tout découvrir en 5 jours. Mon planning était très chargé, malgré tout, il fallait que j’assouvisse toutes mes envies. Une volontaire du Corps de la paix américaine m’avait dit qu’il ya 4 grandes choses qu’il fallait faire pour que tu saches que tu es vraiment venu à New York : i) Visiter la statue de la liberté. ii) Visiter le pont de Brooklyn. iii) Contempler la ville du haut d’un autobus qui fait le tour de certaines grandes artères. iiii) Enfin manger une grosse et bonne pizza avec ces camarades.
Bon ! Je commence par où même ? Avant de quitter mon hôtel, j’ai pris mon petit dictionnaire Français-Anglais que j’ai mis dans mon sac. Je savais que mon Fran-anglais n’allait pas suffire. Maintenant, il va falloir quitter mon appartement et descendre jusqu’au dernier où se trouve le service d’accueil. Une fois dans l’ascenseur, il y avait déjà trois messieurs. Le tableau lumineux présentait déjà des sélections de numéros. Comme je l’ai une fois vu au CASEF (Centre administratif des services économiques et financiers) à Lomé lorsque que je suivais un dossier d’un frère, promptement, j’ai appuyé le dernier bouton qui pointe vers le bas. Espérons que ca ne m’emmène pas au sous sol.
Au niveau du concierge, je suis allé demander la carte de visite de l’hôtel au cas où je me perdais. Car un adage de chez moi dit : « quand tu ne sais pas où tu vas, il faut savoir d’où tu viens ». Pardon ne me demandé pas comment j’ai présenté ma requête en anglais ! Ce qui est sure j’ai eu ce que je voulais. Je quitte l’hôtel en contemplant les immeubles à petits pas. J’avais rendez- vous avec certains camarades au niveau de CHINA TOWN. Je ne vais pas qu’en même marcher jusque là. Je décide d’aller prendre le METRO. Mais lequel ? Pour quelle destination ? Il parait qu’ici, les gens n’ont pas le temps de s’occuper des autres car le temps c’est de l’argent. Dans leurs langues, ils disent que « the time is money » m’a-t-on dit un jour dans une discussion. Je suis allé au sous sol à la gare. J’étais fasciné par tout ce que je voyais. Mon regard trahissait inconsciemment que j’étais un D.V.V (Directement Venu du Village). Mais moi je m’en foutais. Bon ! J’ai assez contemplé, il faut que je quitte cette gare pour mon rendez-vous.
A qui vais-je demander le Metro qu’il faut prendre? Je ne voudrais pas risquer de me retrouver dans un autre Etat. Ca peut gâcher toute ma journée. Autour de moi, les gens passent toujours les yeux fixés sur leurs téléphones les écouteurs dans leurs oreilles. Je tente de faire signe de la main à un monsieur Hi ! Celui-ci me répond aussi hi ! J’ai expliqué mon problème en Fran-anglais avec un accompagnement des signes de la main on dirait un sourd muet. Bizarrement, ce dernier gentiment a pris son temps puis il a consulté sur son portable, je crois un semblant de carte qui indiquait les artères de la ville puis m’a conseillé le métro à prendre et la procédure. A la fin je lui dis : « Thank you » il me répondu : « You are welcome ». Une fois dans le Metro j’étais très content, je n’avais pas trouvé de place assise. Quand il a démarré, j’ai failli tomber. J’ai vu d’autres comme moi débout au loin tenir une barre en haut de leur tête. Un autre frère de peau noir me regardait. Il m’a semblé qu’il riait. Alors j’ai serré la mine et détourné mon regard de lui.
Enfin, je suis sorti du sous sol, mon sac toujours au dos avec mon blouson et mon bonnet car il faisait froid. On était au mois de novembre. Me revoilà dans les rues de New York avec ces immeubles gigantesques. Quelque fois j’ai l’impression que ces buildings vont tomber sur moi à force de les fixer. Je demandais à certains passants de me prendre en photo devant certains monuments avec mon vieil appareil photo.
Je continue de slalomer les rues quand au loin j’ai entendu une voie crier :
– Hé mon frère ! Comment ça va ? Je ne le connaissais pas. Mais rien qu’à entendre quelqu’un parler français, j’étais soulagé. Plus près de lui, il m’a dit « Nangadef » je crois qu’il me saluait en Wolof. Probablement mon frère m’a pris pour un sénégalais. II m’a serré fortement la main puis me demande les nouvelles du pays. Il me dit qu’il est là depuis 7ans et il a le mal du pays. Son père est mort l’année dernière. Il n’a pas pu assister à son enterrement faute de moyens. Il continue, ici la vie n’est pas facile et tu dois te battre pour sortir la tête de l’eau. Au Sénégal, il était mécanicien d’automobile. Mais une fois en Amérique quand il a eu ces papiers, ce sont les vêtements souvenirs de New York qu’il vend au bord de la route pour survivre et faire vivre ses 7enfants et ses deux femmes au pays. J’ai payé un T-shirt ” I Love New York ” puis, Il m’a offert un cache-col en souvenir de notre rencontre. J’ai continué ma route en lui promettant de revenir lui tenir encore compagnie avant mon départ. Il était devenu très triste quand je lui ai dit que je devais retourner à la fin de mon séjour d’un mois au Togo. Trois semaines après, j’ai parcouru Washington DC, Maryland, New Jersey, Cleveland, Santa-fe et Miami. J’ai tenue à ma promesse. Je suis revenu voir mon ami Marzouk SALL le sénégalais.
– Pourquoi tu ne peux pas retourner avec le peu que tu as gagné au pays ? Avais- je demandé à mon ami. Il soupira puis répondu après un long silence.
– Au pays j’avais un garage avec 8 apprentis. J’ai tout vendu et placé mes apprentis chez d’autres patrons. J’ai vendu même le terrain familial. Aujourd’hui, je vais rentrer au pays pour dire quoi ? Alors j’ai compris qu’il était condamné à réussir ou à mourir vieux sur une terre étrangère loin de sa famille.
Ahan ! J’oubliais. Entre temps, j’ai pu rencontrer mes amis et nous sommes allés visiter la Statue de la liberté, le pont de Brooklyn où, j’ai vu beaucoup de cadenas bloqués sur des barres de fer du pont. Ensuite nous sommes montés sur le toit du bus contempler la ville et manger une bonne pizza grosse comme la pleine lune.
C’était l’œil du passager
Par ATCHAM Aposto