Dans le bus, un véritable tohu bohu. J’ai pris siège à la cabine. Il y avait déjà un monsieur en plus du chauffeur. De quoi parlaient-ils ? Des dégâts causés par les bœufs des peuls nomades dans les champs. A écouter les histoires narrées, vous ne vendrez pas cher la peau de ces derniers.
Moi j’étais allé au champ avec mon petit frère un vendredi soir, arrivé, un troupeau de bœuf mangeait allègrement le manioc qu’on a séché. Leur maitre assis sous un arbre flutait langoureusement. Il ne nous a pas vu venir. Tchayi, tchayi… criait le petit frère sur la horde. J’ai couru et d’un coup de massue, j’ai frappé « bip, bip » de toutes mes forces une des bêtes aux longues cornes. C’est alors que le guide s’est adressé à son troupeau dans leur langue. Quelle consigne a-t-il donné à ses animaux ? Je ne sais pas, mais la réaction fut instantanée. Tous ont arrêté de manger et se sont dressés contre nous. Nous avons pris nos jambes à nos coups sans demander le reste. Nous sommes retournés un instant après avec du renfort mais trop tard. Ils ont piétiné le reste des buttes d’igname et broutés les jeunes pousses dans la rizière. Nous avons suivi leur trace mais c’était peine perdue. L’effort de toute une année mis au néant.
Hum ! Courage mon frère pour toi c’est mieux. A retoqué le monsieur qui était à la cabine avec moi. C’était le jour de marché, un jeune zem du village a remorqué trois peulh nomade devant moi. On la retrouvé mort dépouillé de son avoir journalier. C’est un autre zem qui l’a trouvé gisant dans son sang. La moto couchée sur lui pour maquiller son assassinat. Le village émeuté armé de gourdin est arrivé sur leur lieu de refuge, trop tard. Ils ont fuit laissant derrière eux marmites et calebasses et des bidons de lait. Mais comment peut-on fuir avec un troupeau de bœuf ? Les villageois ont rattrapé certains et les ont massacrés sauvagement. Ils ont saigné les bœufs à coup de sabre. Leurs femmes et leurs bébés ont trouvé refuge chez le chef d’un village voisin. Les hommes sont portés disparus. Les gendarmes sont arrivés sur les lieux les minutes qui ont suivi. La suite du dénouement de cette affaire est révoltante….. Rien qu’à vous raconter cette affaire, je suis en colère. Pour moi l’état s’en fou du citoyen, c’est l’étranger qui est toujours protégé. On est trop tolérant…….
Une troisième personne pris la parole. Vous voyez, ces peulh nomades sont en complicité avec les grands grands. D’ailleurs ce sont leurs bœufs qu’ils élèvent. Si tu as un problème avec eux, c’est toi qu’on va enfermer. Je suis allé chez un ami à DEREBOUA le mois dernier. Arrivé, sa femme m’informe qu’ils sont au champ avec le chef pour trancher une affaire des bœufs qui sont allés saccager son champ de maïs. Le champ n’était pas trop loin de la maison. La femme m’y emmena. Après une trentaine de discussion, le chef pour trancher demande au peulh de payer 20.000 F à mon ami. L’ami se révolta. Vu l’étendu du champ, l’ami se révolta. Tous les jeunes autour de mon ami ont décidé d’abattre un des bœufs. Le peulh demande qu’on amène l’affaire à la gendarmerie. La tension était dans l’air. J’ai compris tout de suite la procédure que va prendre cette affaire à la gendarmerie. J’ai saisie mon ami par l’épaule et je lui demandé si je pouvais intervenir. J’ai salué l’assistance puis j’ai pris la parole. Chef, avec tout le respect qu’on vous doit. Mettez-vous à la place de ce pauvre paysan. Seriez-vous d’accord qu’on vous dédommage avec 20.000F pour cette superficie ? Pardon, vous êtes élu par ce peuple pour le protéger, pas pour le nuire.
- Mon frère, sur cette superficie combien tu récoltes souvent de maïs ?
- Parfois 8 sacs, parfois 6 sacs quand ca n’a pas marché.
- D’accord, prenons le milieu. 7 sacs. Combien on vend le sac de maïs actuellement ?
- 18 000F a-t-il répondu. Information confirmée par l’assistance.
Je me suis retourné vers le peulh qui bricolait le mina et le tem. A notre grande surprise, il a sorti son porte monnaie de son boubou et à compté devant nous, des billets de 10 000 F neufs qu’il a remis au chef. Ce dernier a recompté, en tout 126 000 F qu’il a tendu honteusement à mon ami. L’affaire est close. Le peulh a promis ne plus trainer ces bœufs dans les parages.
Le monsieur de la cabine qui narrait cette histoire est descendue à GLEI près du lycée. J’ai vu par les vitres le joyau neuf, un forage offert par l’association OSSARA.e.V aux élèves et à la communauté. Un très bon geste. Merci aux donateurs.
C’était l’œil du passager.
Par ATCHAM Aposto.