La littérature togolaise s’est enrichie d’un nouvel ouvrage relevant du roman, Femmes Rebelles. C’est le titre du chef d’œuvre littéraire dédicacé le vendredi 19 janvier dernier, à l’Auditorium de l’Université de Lomé. L’auteur, docteur en ès Lettres et Sciences Humaines, spécialité Sémiologie et actuel directeur de communication à la Compagnie Energie Électrique du Togo, Nikabou Gmakagni raconte une histoire où les personnages du roman se confrontent à diverses péripéties, évoluent dans un environnement où le racisme est encore trop présent et relate également d’autres maux de la société. C’était vendredi 19 janvier dernier à l’auditorium de l’Université de Lomé devant une assistance des grands jours dans une ambiance très festive.
L’auteur du roman Femmes Rebelles, n’est pas à son premier essai, Dr Nikabou Gmakagni est bien connu du paysage littéraire togolais. Dans cette logique, pour continuer son œuvre d’éducation, de sensibilisation, de formation et d’information, il publie cet ouvrage en 2023, à Vérone Édition en France, dans sa collection Évasion. Ainsi, ce roman est établi sur une centaine de pages et structuré en huit chapitres. A travers cette troisième contribution à l’enrichissement de la littérature togolaise, l’auteur s’est inspiré de ses expériences personnelles qui magnifie la beauté de la femme africaine en épinglant ces « femmes, rebelles, ces femmes hippopotames » qui, de par leurs pratiques de dépigmentation de leur peau, renient leur nature et défient par la même occasion Nawoun, leur créateur. Nikabou pointe aussi du doigt en arrière-fond, l’industrie cosmétique qui prospère visiblement sans réel contrôle des pouvoirs publics dans le monde et surtout en Afrique ces dernières années, à travers de nombreuses gammes de produits éclaircissants qu’elle propose. Ceci, constitue un véritable problème de santé publique. Dans cette œuvre, l’auteur dresse un diagnostic sans complaisance des maux qui minent nos sociétés africaines actuelles dont les fils et filles se détournent de leurs valeurs, de leurs identités et de leur histoire. Tout en dénonçant cette pratique des « femmes rebelles » qui les exposent à des conséquences sanitaires désastreuses, il épingle les tromperies dans les couples, la prostitution, et la recherche du gain facile. Egalement, en mettant en scène les principaux personnages comme Ado, sa femme Mémé Falah et une de ses nombreuses maitresses, Mashé (cousine et collègue de sa femme), il incrimine les tromperies, les trahisons et les pratiques dévalorisantes qui caractérisent la vie de certains couples en république Dambïenne.
Avec quelques incursions à Saint-Pétersbourg en Russie ou à Paris en France, la scène se déroule principalement à Dambaï, une république lunaire, la république de la compromission, de la gabegie et du népotisme, celle où la médiocrité est promue au détriment de la compétence dans la gestion des institutions publiques comme Électricité de Dambaï (EDD) sous le regard approbateur de Yadjatim l’héritier du trône de cette république imaginaire.
Analyse du roman
La trame du roman est axée sur l’histoire à épilogue tragique de Mémé Falah, le symbole de ces « femmes rebelles », ces femmes qui renient leur peau noire, leur peau magnifique. Cette dernière, convaincue qu’Ado son mari, un ancien cadre d’Électricité De Dambaï, mis au garage par le roitelet de la compagnie puis licencié, mais qui a su se refaire une vie prospère en mettant à profit son expérience et sa compétence dans sa compagnie privée, la FECo, la trompe du fait de sa préférence pour les filles à la peau claire (incarnées par la belle Mashé, la briseuse de couple). A son tour, Mémé Falah décide de devenir une noire-blanche en se dépigmentant la peau. Dans cette aventure d’agression de sa peau par des produits chimiques pour reconquérir son mari, elle a malheureusement entrainé d’autres femmes, notamment sa collègue Anapasio et la petite Yati (devenue Alice) venu du village pour faire le service dans le restaurant de Mme Labakô sa tante maternelle.
Sur un autre plan, la gestion calamiteuse des sociétés d’Etat dirigées parfois par des roitelets, des petits Tsars (comme ils les appellent) et qui brillent par leur incompétence et font la promotion de la médiocrité, du tribalisme, du favoritisme, du clientélisme, de la gabegie, de la délation et du pillage systématique des ressources est aussi décriée.
Par ailleurs le rôle perfide de certains journalistes, avocats et intellectuels qui s’associent de façon éhontée à des pratiques peu orthodoxes au mépris de la dignité humaine et en défaveur de la veuve et de l’orphelin, l’hypocrisie de l’église romaine qui devrait envisager la révision de sa loi canonique que ses fidèles n’arrivent plus à respecter. Egalement, le racisme est pointé du doigt.
L’auteur fait montre d’un véritable travail de médecin de la société en posant le diagnostic sans complaisance des maux qui gangrène nos sociétés africaine aujourd’hui.
Valorisation de la culture Bassar
Natif de Bassar (Inaba), l’auteur Nikabou Gmakagni porte fièrement son nom et est très attaché à sa culture. Tout comme dans ces deux œuvres précédentes, il se fait le chantre et le porte-flambeau de cette riche et abondante culture de sa terre natale. En effet, Nikabou (2e garçon de la vaillante femme originaire de Kalangah) tire les noms des personnages de son roman de la tradition Bassar : Mémé Falah, Anapassio, Yadjatim, Kouwabiou, Yati, Mme Labakô… Il s’inspire des noms des personnes qui ont sans doute marqué son enfance et la vie de sa communauté par la particularité de leur personnalité ou par leur sagesse. Je parle du personnage Assassi-Tokoro (le moralisateur des femmes rebelles, le doctorant en anthropologie), Naposso et surtout de Koffi Boungali le personnage omniprésent, qui incarne dans ce roman la sagesse et qui gratifie le lecteur de ses questionnements philosophiques.
Dans ce roman, le descendant de Gmakagni magnifie et immortalise la culture de sa terre natale, celle de ces aïeux les forgerons Bitchab à laquelle il reste fortement attacher.
Bibliographie de l’auteur
Nikabou Gmakagni est docteur ès Lettres et Sciences Humaines, spécialité Sémiologie. Pour avoir été directeur des ressources humaines de la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) pendant plus de quatre ans, il conforte cette expérience managériale en obtenant un master professionnel en gestion des ressources humaines. A ce jour, il est directeur de la communication de la CCET. En marge de sa vie professionnelle en entreprise, il est également enseignant-chercheur aux Universités et Ecoles Supérieures du Togo où il dispense des cours. Nikabou Gmakagni est auteur de trois ouvrages à savoir : Watin (2014), Ces fous de la religion (2016) publiés aux éditions du Panthéon à Paris et plus récemment Femmes Rebelles (2023).
Un point de vente du livre Femmes rebelles : Pressing N’gnopé Po’o, Face EPP Doumasséssé 1, Près du MIFA, route Pavée, Contacts : +228 70 44 31 33 ou 90 03 06 25
LA REDACTION
« TAMPA EXPRESS » parution 0050 du 24 janvier 2024