Le Président Faustin Touadéra veut lui-aussi sa Constitution sur mesure, comme un costume et comme ses pairs de la zone Beac en particulier et en général francophones. Un sujet de plus qui fâche et de surcroît, de mal gouvernance.
Le cas du Président Faustin Touadéra, en brouille avec la Présidente de la Cour Constitutionnelle de Centrafrique, remet d’actualité les problèmes de gouvernance au plus haut sommet de l’État en Afrique au sud du Sahara. La bien nommée a envoyé une lettre ouverte au Chef de l’État, suffisamment explicite, sur la forfaiture que constitue son limogeage et surtout ses insidieuses conséquences; elle est restée digne, exemplaire mais droite dans ses bottes dans le respect toutefois de son vis-à-vis et de ses hautes fonctions à en juger par la teneur professionnelle de son courrier dépourvu d’insulte. C’est bien connu : l’insulte est l’arme du faible et elle n’en a pas usé.
Dans une Centrafrique minée par l’insécurité, la corruption, le naufrage du secteur minier, une sévère crise de leadership, l’absence de résultats socioéconomiques etc., voilà que le Chef de l’État s’en fout de piétiner la loi fondamentale et les usages pour montrer que même le judiciaire c’est lui. Il est vrai que ses pairs voisins ne sont pas des enfants de chœur dans cet exercice mais au moins ils y mettent un peu beaucoup de ruses.
Le Président Touadéra de Centrafrique s’en fout de la Constitution, parce que ses pairs de la Zone Beac s’en foutent de la Constitution et parce qu’un peu partout chez les francophones et à l’Union Africaine, on ruse de mille manières de la Constitution et des suffrages. S’il y a un seul chez les francophones qui peut donner la bonne leçon parce qu’il respecte la Constitution et ne produit pas de code électoral sur mesure chez lui, qu’il la lui donne cette bonne leçon en français facile à Touadéra le professeur de mathématique de métier ; malheureusement, il n’y en a pas ou presque.
Et puis, un peu partout et surtout chez les voisins de Centrafrique, pays proche de tous et loin de personne en Afrique, on a coutume de montrer prioritairement du muscle à la jeunesse, à l’opposition et au peuple à la place de la cervelle et on fait dans le passage en force, qu’à cela ne tienne, chantages diplomatiques à l’appui : Tchad, Soudan, Guinée-Conakry, Burkina, Mali, voire Gabon, Togo, Guinée-Bissau, Cameroun etc., etc. Et puis leur liste n’en finit pas, ces pays où les tenants du pouvoir rusent avec les lois de la République et prennent les autres, inclusivement leurs courtisans, pour des idiots. Et dire que presque tous ces dirigeants vivent les perspectives inéluctables d’alternance politique au sommet de l’État la peur au ventre, quand ce n’est avec la chair de poule, parce qu’ils en ont plein la conscience sur leur descente possible aux enfers pour cause de délits graves et crimes gratuits impunis.
Touadéra semble ne s’intéresser à la Constitution de son pays que sur ce qui peut l’y intéresser: des possibilités de mandat-revolving pour jouir le plus longtemps possible du pouvoir d’État. Pour le reste, il pense qu’il lui suffit de signer un décret ou de dire de changer ceci et cela et puis hop, tout se présente comme il veut. Normal qu’il ne comprenne pas toute cette agitation autour de simples textes et de personnes, qui ne comptent que grâce à des décrets, et qu’il voudrait bien changer d’un coup de stylo et de mauvaise humeur; après tout, changer pour changer, c’est ce que font ses pairs apparemment sans difficultés, au besoin par des achats de conscience, intimidations ou assassinats au choix du maître des lieux. Bien sûr qu’en procédant comme il fait, Touadéra se trompe : mais n’est-il pas dit que l’erreur commune fait le droit, les autres faisant déjà ce que lui a envie de faire maintenant ? En Afrique noire, ni Touadéra, ni personne d’autre ne tire leçons ne serait-ce que des erreurs des autres.
Pour un troisième mandat et sans doute un énième après, juste pour prendre du bon temps au pouvoir avec ses zélateurs, le Président Touadéra est prêt à ajouter au désordre dans son pays, avec la caution de tous ceux qui l’entourent. Du déjà et toujours vu ailleurs.
La gouvernance au plus haut sommet de l’État peine en Centrafrique aussi. Mais à qui la faute ? Certainement pas à Touadéra tout seul. Peut-être aux néo panafricanistes, aux théories fumeuses, ouvertement anti-françaises et ouvertement pro-russes, ouvertement anti bonne gouvernance et ouvertement néo-impérialistes, qui poussent Touadéra à rêver d’un destin sans qualificatif élogieux pour la Centrafrique lié à sa personne. Peut-être aussi la faute à tous ceux, ici et là, qui fossilisent inutilement au pouvoir, s’enrichissant frauduleusement de deniers publics, et sur qui il prend exemple.
La bonne gouvernance au sommet de l’État et toujours elle qui fait défaut: cette bonne gouvernance avec des Chefs d’État vertueux, respectueux de leur vis-à-vis hauts fonctionnaires ou opposants politiques ou simples contempteurs, autant que des lois et règlements de la République. Que les bonnes volontés pour le dire à Faustin (Touadéra) et ses copains se manifestent comme la Présidente limogée de la Cour Constitutionnelle !
Vilévo DEVO