Esplanade de l’Hôtel Bassar
La ville de Bassar, victime de l’égoïsme de ses hauts cadres et assimilés, continue la descente aux enfers. Une gestion communale et préfectorale très approximative. Si le préfet-colonel Jean Faré Bonfo, le premier représentant du pouvoir central, lui-même a choisi de déguerpir « DJATRE », cette célèbre résidence des préfets pour aménager chez lui à son domicile, ce n’est pas le sort d’un hôtel, appartenant à l’Etat togolais qui les intéresserait. Cet hôtel aurait été un bien privé de la famille Gnassingbé que ces autorités locales de Bassari dépenseraient leur dernier centime pour le maintenir flambant neuf.
En effet, le Pays bassar-konkomba est l’une des localités les plus touristiques au Nord Togo. C’est pourquoi l’Etat Togolais a, vers les années 1970, doté Bassar d’un hôtel qui porte le nom de la localité. Jadis florissant, l’hôtel Bassar a perdu ses lettres de noblesse depuis une vingtaine d’année. Il passe d’un taux de fréquentation de 89% à l’époque pour chuter à 0,5% depuis 2015 et c’est le désastre total aujourd’hui. Et pour causes, les crises sociopolitiques qu’a connu le pays, la volonté de certains fils et filles d’empêcher l’émergence de ce joyau par l’interdiction d’y loger des étrangers (clients) au profit de l’Auberge KIBETANKPEOU du feu ancien ministre Tabiou et aussi la mise sous tutelle de cet hôtel car, placé sous la direction de l’Hôtel Central de Sokodé, depuis des années.
Pourtant très apprécié par les touristes et visiteurs, pour sa situation géographique, les installations ont connu une usure très avancée et un accès assez difficile à cause de l’érosion qui a totalement emporté l’asphalte datant des année 1970. Contrairement à d’autres hôtels du genre appartenant à l’Etat, cet hôtel inauguré le 02 février 1974, n’a jamais connu de réparation. Toute tentative de reprise de ce complexe hôtelier, même par des expatriés, est toujours torpillée et personne n’arrive à expliquer le mythe qui se cache derrière cette médisance.
Si la structure de cet hôtel tient toujours bon (murs non fissurés, le toit en bac alu très stable un terrassement toujours solide…), la toiture du bâtiment faisant office de réception, bar-restaurant et night-club est totalement éventré et consumé par les intempéries.
Les climatiseurs sont toujours les petits monoblocs comme à l’origine et non les split. Le matériel de service et les équipements de chambre d’hébergement (matelas, lit…) sont vétustes et hors d’usage. Le forage de la TdE qui alimente l’hôtel est aussi hors service et la menace de la CEET plane toujours en raison d’une vieille ardoise de plus d’un million FCFA.
Les quatre employés de cet hôtel se nourrissent de la cueillette car, privés de salaire, et cumul des mois d’arriérés de salaire, les rendant inefficaces et oisifs par manque de clients. C’est la dizaine de vieux manguiers donnant de l’ombrage sur l’espace qui fournissent des fruits aux employés de cet hôtel. Les cotisations à la CNSS ne sont pas effectuées, ainsi les agents retraités de cet hôtel sont devenus des maltraités. L’hôtel s’était vu affecter un directeur en 2021 à travers une convention signée (entre ce directeur et le ministère) en vue de faire du neuf, mais hélas. Malgré tout le dévouement du directeur, rien ni fit. Et les conséquences sont directes : les clients ont boudé les lieux faute de réhabilitation, et même le domicile du directeur inhabitable. Le peu de visiteurs qui y allaient repartaient avec dégoût ; et même des modestes personnes qui ont tenté de s’y loger ont dû plier bagage au profit des domiciles privés à cause de l’état impropre des lieux.
Et pourtant, il ne s’agit que d’une dizaine de chambres d’hébergement, très bien implantées sur une superficie de 02 hectare sous le flanc de la montagne.
Hormis les grands hôtels de Lomé, tous les hôtels et affaires sociales de l’intérieur du pays sont placés sous l’autorité du Ministre de la culture et du tourisme. Monsieur Pierre Kossi Gbenyo LAMADOKOU est le patron du tourisme depuis 2020. Ce qui contraste est que Rock Hôtel d’Atakpamé et Hôtel 30 Août de Kpalimé ont connu deux réfections depuis l’arrivée du président Faure Gnassingbé au pouvoir. Plusieurs autres hôtels étatiques comme Abuta de Badou, Sokodé, Kara, Dapaong…ont également connu de rénovations.
Le cas typique de celui de l’Hôtel Bassar émane certainement d’une carence du sieur Kpatcha ADIKI, directeur chargé des hôtels. En septembre 2023, il a fallu l’intervention du directeur de publication de « TAMPA EXPRESS » pour que le ministre fasse une diligence pour régler environ 4 mois d’arriéré de salaire sur les 8 mois car, Monsieur ADIKI estimait que c’est cet hôtel sans recette qui devrait prendre en charge tous les contractuels. Et pourtant, un plan de diagnostic assorti d’un chronogramme de réhabilitation de l’hôtel est sur sa table depuis 2021. Il (ADIKI) cumule le poste de Direction de la réglementation, de l’inspection et du contrôle des établissements hôteliers et des bars (DRICEHB) et aussi le poste stratégique de la Personne Responsable des Marchés Publics (PRMP) du ministère. Il ne peut être inquiété car, ayant un capital social plus important que son ministre de tutelle. On dit même que lorsqu’on ose parler, il menace avec son manteau du petit-frère du secrétaire exécutif d’UNIR et qu’il serait également neveu de la première dame, ou encore homme de main du Chef de l’Etat etc…
C’est ainsi qu’il multiplie les affectations punitives des agents sans tenir compte de leur statut. Au lieu de prioriser les affectations des fonctionnaires détachés vers les hôtels qui font moins de recettes afin de les soulager, il fait le contraire. C’était le cas aggravant de l’Hôtel Bassar. La DRICEHB y a affecté un certain Ayikoé d’ALMEIDA en remplacement de l’ancien (un autre contractuel) qui serait depuis fin 2023 muté à Kara. Le ministre se serait rendu compte finalement que ce dernier a refusé de rester à Bassar pour travailler, malgré les dispositions exceptionnelles prises pour que l’hôtel Central de Sokodé et l’hôtel Kara assurent ses rémunérations. Et c’est de bonne guerre, car le nouveau directeur d’ALMEIDA (un contractuel) qui semble ne pas être rassuré des dispositions prises pour garantir sa paye tient toujours les câbles et la brouille est rentrée. Comme solution, le tout nouveau directeur de l’Hôtel Bassar, M. Ayikoé d’ALMEIDA a installé sa famille à Sokodé à 57 km. Connaissant l’état actuel de la route et vu les dépenses en carburant et les risques, on peut se demander s’il tiendra longtemps le rythme. Pour mieux comprendre le comportement du jeune d’ALMEIDA, la rédaction a cherché à rencontrer l’intéressé. Contrairement à ses patrons qui ont le beurre et l’argent du beurre, le directeur Ayikoé d’ALMEIDA n’a ni moto, ni voiture, il circule dans Bassar sur taxi-moto. Ce jeune de la quarantaine, apparaît visiblement décimé par la (noble) fonction hôtelière et apparaît déjà vieux-jeune. Sur sol à Bassar, il a simplement aménagé une chambre d’hôtel (une pièce « entrer-coucher ») pour servir d’appartement du directeur. M. Ayikoé d’ALMEIDA est victime des affectations punitives car, en moins de cinq ans sous le ministre Pierre Kossi Gbenyo LAMADOKOU en passant presque les cinq régions économiques du Togo. C’est en connaissance de causequ’il a pris la décision d’installer sa famille au centre du pays car, étant certain qu’il sera réaffecté bientôt de Bassar et justement le temps lui donne raison. Puisque selon nos sources, le ministre aurait décidé de la fermeture imminente du complexe dans le cadre d’un partenariat public privé. Il affirme en plus que cette « privatisation » fera l’objet d’attribution globale dans le cadre de la table ronde des investisseurs qui est imminente. Et cette décision selon les sources au plan local consisterait à raser totalement l’hôtel pour construire de nouveaux bâtiments. Mais pour plusieurs observateurs, la démolition de cet ouvrage sera une partie très risquée pour les preneurs de décision. Selon les ingénieurs en génie civil qui ont visité les lieus, le complexe Hôtel Bassar n’a simplement besoin que d’une réhabilitation (literie, tuyauterie, climatisation…). On peut ajouter quelques bungalows pour servir de VIP afin d’accroître sa capacité d’accueil. Cela devrait être même un pari à relever pour la prochaine fête D’pontre de septembre 2024.
Peut-on vraiment tenir rigueur à au directeur d’ALMEIDA quand on sait aussi que le logement du directeur de l’Hôtel Bassar est devenu une porcherie.
C’est pratiquement les mêmes quiproquos à l’Hôtel de Doufelgou avec l’ancien directeur, un fonctionnaire détaché (un bon choix) qui n’était plus en bon termes ni avec les autorités locales, ni avec son personnel, à cause de sa rigueur dans la gestion. Les premiers responsables du ministère n’ont pas pu résoudre le problème pour lui permettre de remplir en bien sa mission. Or selon les informations, l’Hôtel de Doufelgou qui connait les mêmes sorts que l’Hôtel Bassar a connu une embellie grâce à l’arrivée de ce fonctionnaire à la tête de l’hôtel et la solidarité des ressortissants. Nous reviendrons largement sur des faits qui ont brisé la carrière des hôtels publics, injustices contre les employés çà et là et l’amateurisme et des cas de malversations…
S’il s’agit dorénavant d’une question de « Partenariat public privé », que les jeux soient définis et rendus publics afin que ceux qui peuvent mette la main à la pâte pour sauver ce qui peut encore l’être, le fassent. Mais dans tous les cas de figure, c’est au ministre Pierre Kossi Gbenyo LAMADOKOU en charge de la Culture et du Tourisme de prendre l’initiative de réhabilitation des infrastructures hôtelières appartenant à l’Etat, via la direction que dirige Kpatcha ADIKI qui au demeurant s’occupe plus de l’affairisme que la mission à lui confié par son ministre.
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0058 du 29 mai 2024