La voirie du Port Autonome de Lomé a toujours été une calamité et un désastre pour les riverains et usagers. Si depuis l’année 2020, le Contre-Amiral Fogan Adegnon et son équipe sont parvenus à stabiliser les ruelles à l’intérieur du port et qu’entretemps l’Etat a pu solutionner la dégradation du rond-point, il n’en demeure pas moins que ce qui reste à faire est encore plus maousse. Le problème des caniveaux qui hébergent les gros rats et les eaux puantes est encore loin d’être réglé et aussi les voies qui desservent les parcs et les environs de la plateforme portuaire ne semblent préoccuper personne.
Déjà même en saison sèche, il est difficile de circuler dans cette zone sans humer ou être couvert de poussières épaisses, étalages, bâtiments (…) parcs auto-motos portent systématiquement la couleur du sol. Et c’est encore plus catastrophique lorsqu’une goutte d’eau tombe et pire lorsqu’arrive la saison pluvieuse.
Ainsi les routes d’accès du « seul port en eau profonde » de l’Afrique de l’Ouest qui devrait servir le développement devient à ce niveau une torpille qui fait tomber les camions transportant les marchandises et souvent avec des conteneurs vides et pleins. On observe chaque année et à chaque saison de pluie, du mois de mars à juin et de septembre à fin octobre, les mêmes scènes macabres sous les regards indifférents et voir cyniques des dirigeants et aussi des grands acteurs économiques qui rodent dans les environs.
Le plus rocambolesque est l’état de dégradation avancée et de l’étroitesse de cette route qui quitte le grand rond-point du port pour déboucher dans le marché mythique d’Akodesséwa. Il est pratiquement impossible de circuler en ces moments de pluies sur la voie et la dégradation est plus avancée au carrefour des plus grands argentiers qui brassent les milliards de FCFA toutes les semaines dans ce port. Tout le monde se demande qu’est-ce qui empêche les entreprises qui opèrent à ce Carrefour du grand business de se mettre ensemble pour arranger la portion de moins de 1 kilomètre ? Cette route qui quitte le port vers le marché d’Akodesséwa a encore des potentiels d’agrandissement pour en faire un petit boulevard de 2×2 voies sur une longueur d’environ 2 km afin de séparer les trafics des poids lourds et légers.
C’est précisément à ce niveau de la voirie puante qu’on retrouve pratiquement toutes les agences des banques commerciales dont ORABANK, Union Togolaise de Banque (UTB), Banque Atlantique, Société Générale, Bank of Africa. C’est aussi et surtout le seul accès de NETADI-TOGO, le plus grand pont bascule du pays de tous les temps qui est établi au Togo depuis 1974 et qui enregistre des milliers de mouvement chaque jour occasionnant des embouteillages monstres le long de cette voie et ses environs.
Et en plus, c’est la route qui mène à la direction générale des grandes compagnies maritimes et industries à l’instar de l’armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), GRIMALDI, Société Générale des Grands Moulins (SGMT) et son concurrent Nouvelle Société des Grands Moulins (NSGM) et autres.
On voit plusieurs locaux, servant de service à la clientèle qui sont entourés des eaux boueuses et puantes. C’est un mépris pour les clients qui sont obligés de passer dans de l’eau et la boue, dans un pays où environ 80% vont à pied et à moto, avant d’accéder à leurs bureaux pour se faire servir. C’est une preuve que l’élite togolaise, publique comme privée, a dompté la honte et qu’elle s’est désormais inscrite dans les discours proclamatoires.
Il s’agit bien évidemment d’un manque d’égard de toutes ces grandes sociétés à leurs employés, le non-respect de leur propre éthique qui exigent la qualité de vie car, presque toutes se revendiquent des certifications.
Sinon, tous ces argentiers dont des multinationales peuvent se mettre ensemble pour faire ce travail d’utilité publique. Il y a toujours un budget pour ces genres de travaux qui sont d’utilité publique. Mais au lieu de cela, on va les voir jeter de l’argent dans des sponsoring bizarres comme les élections de Miss et des publicités mensongères.
A quoi servent les structures comme l’Alliance pour la Promotion du Port de Lomé (A2PL), l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET), la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT), l’Association des Professionnels des Compagnies de Navigation et Consignation de Navires au Togo (NAVITOGO) etc… Ces acteurs peuvent se mettre en synergie avec les parcs des libanais pour plus d’impact.
Cette voirie dont l’autorité portuaire en a fait une forte propagande en 2021 sous les slogans « La voirie du Port Autonome de Lomé (PAL) a été entièrement réhabilitée pour moderniser le réseau routier et améliorer la circulation des personnes et des marchandises, augmentant ainsi la compétitivité et l’attractivité de la plateforme portuaire. » Il était en outre précisé que la réhabilitation inclut la construction d’un système moderne de gestion de l’eau, d’un nouvel éclairage… » mais aujourd’hui elle est très méconnaissable comme le montre ces images prises les 3 et 5 juin 2025.
Aussi longtemps que les autorités publiques seront dans des annonces populistes le pays sera à la traine. Parfois, c’est le petit Togo qui émet de bonnes idées et comme l’on ne se limite qu’aux annonces, les autres pays saisissent ces idées au bond et les réalisent. A cette allure le port de Lomé ne sera que l’ombre de lui-même si surtout le Ghana continue dans la dynamique des pays de l’AES. Déjà les Nigériens transitent leurs importations par le Nigéria en grande partie, le Togo a récupéré l’autre partie, mais peine à cause du terrorisme au Burkina Faso et qui ralenti les convois de camions de livraisons.
Les effets d’annonces, c’est terminé. Et au même moment, les pays voisins plus réalistes dans leur politique publique, nous envoient des signaux qui forcent souvent admiration et mystification. La route togolaise n’a pas permis l’essor économique attendu, les travaux annuels de réparations (points à temps) sont coûteux et trop répétitifs. Le Togo doit donc opter pour une alternative crédible sinon le pays tout entier, dans un avenir très proche, ne sera qu’un musé, et malheureusement en ce moment ces « dirigeants » qui refusent aujourd’hui d’entendre raison seront déjà totalement amortis.
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0080 du 02 juillet 2025