Le système vidéo surveillance totalement hors d’usage, le dispositif radio pour la communication alambiquée et un personnel sous équipé pour une mission aussi délicate. C’est le visage que présente le pôle stratégique de surveillance et ceux malgré les centaines de millions investies chaque année.
C’est quoi la sûreté portuaire ?
La sûreté portuaire (aérienne) est par définition la combinaison des mesures ainsi que des moyens humains et matériels visant à dissuader, prévenir et limiter l’impact de tout acte illicite intentionnel qui pourrait être commis dans les installations portuaires ou d’aviation. Elle se décline au port de Lomé par le Code International pour la Sûreté des Navires et des Installations Portuaires (Code ISPS) adopté le 12 décembre 2002 par l’Organisation Maritime Internationale (OMI). Il s’agit des normes internationales de sureté pour toutes les installations portuaires et d’aviation. Le PAL a été distingué dans la mise en œuvre du code ISPS en recevant les félicitations du Département d’Etat et du Service des Gardes Côtes Américain, déjà en juillet 2008. Mais ces distinctions ne seront que de courte durée.
Si au niveau de l’aéroport international général Gnassingbé Eyadema de Lomé, le dispositif ne souffre d’aucune légèreté et ceci grâce au talent du Colonel Gnama Latta, au niveau du Port Autonome de Lomé, la sûreté n’existe plus que de nom. L’espace du port-franc est constamment violé par les passants qui y entre souvent par des entrées non-autorisées comme les douanes, les sorties Est et aussi les brigands qui sautent par les murs pour aller commettre des gaffes. Au niveau de l’aéroport par exemple, non seulement les murs sont hautement élevés et les lieux de service sont bien éloignés des clôtures, ces murs sont surmontés de barbelés pour décourager tout candidat. En plus des caméras de surveillance modernes, le système de détection des objets explosifs et produits illicites fonctionnent à l’aéroport avec la présence des chiens renifleurs. Tous les agents qui participent à la sûreté de l’aéroport disposent de radio VHF pour interagir. Surtout ne pas confondre un agent de sûreté portuaire avec un élément des Forces de l’Ordre et de Défense en détachement sur les ports et aéroports. C’est totalement deux corps différents.
Le vrai visage du code ISPS port de Lomé
Pour cette mission de sûreté, l’autorité portuaire a créé un corps spécial de sécurité dénommé « Les Abeilles » qui contrôle les accès à l’installation portuaire et assure la patrouille sur toutes les zones d’activités du port. Mais à ce niveau, c’est la croix et la bannière. Sauf sur l’espace LCT (nouveau port) qui est totalement couvert par un dispositif de caméra moderne et fonctionnel, l’ancien port, comme le nom l’indique ne dispose d’aucune caméra qui fonctionne. D’abord le personnel est insuffisant, l’effectif à la création atteignait 500 agents et pouvait atteindre 100 « Abeilles » par vacation, mais avec les départs à la retraite et les décès ; à peine ils sont 60 agents par vacation actuellement. Ce qui ne peut assurer efficacement un service de sûreté sur un espace portuaire comme Lomé. Les formations et recyclages des agents ne sont plus réguliers.
Toutes les installations de surveillance numérique sont désuètes depuis la salle de contrôle dont les écrans ne s’allument plus. Également les systèmes radios et même les derniers renouvellements effectués ce début d’année 2024 ne fonctionnent pas ; pas de portabilité ni d’autonomie pour les appareils “Talkie-walkie“. Les quelques-uns qui s’allument encore mais qui ne servent plus que d’ornement ont été livrés par le formateur Georges Orban en 2022. Ces appareils fonctionnent sur le MHz comme les radios FM. Dans la pratique, c’est par ce système que les agences communiquent avec les bateaux sur la mer. Et le port de Lomé devrait disposer de cet outil performant pour mettre à la disposition des entreprises intervenant dans le shipping. A contrario, le système radio de l’aéroport est de longue portée et couvrent pratiquement tout le pays. Même des services de gardiennage et plusieurs sociétés de consignation en disposent.
Aussi l’équipement des agents est approximatif, d’ailleurs les agents ne disposent pas d’armes pour la dissuasion et leur habillement de la tête au pied est totalement en déphasage avec le minimum des normes.
Les moyens colossaux destinés au volet ISPS
C’est seulement grâce à la volonté des agents qui se démerdent avec les outils primaires que le minimum est sécurisé, le reste n’est que de la pure supercherie, un véritable dindon de la farce, mais qui englouti des centaines de millions chaque année. Selon certains observateurs, le Contre-amiral Fogan Adegnon, directeur général du PAL se ferait influencer par un entourage qui se cache derrière l’homme pour sucer du lait. Certains ne comprennent plus le retour du DG sur des refus catégoriques sur des dépenses de prestige au profit des hauts cadre de l’administration portuaire. On parle de lourde surfacturation dans ces types d’acquisitions.
Pour garantir cette sûreté, c’est beaucoup d’argent qui est collecté chaque année pour assurer le financement. Il est reconnu internationalement une taxe “ISPS (International Ship and Port Facility Security) : Cette charge a pour but d’améliorer la sécurité maritime, elle contribue au financement des dispositifs de sécurité maritimes et portuaires. » Ainsi des redevances ont été instaurées. Pour ISPS la redevance collectée par le PAL pour conteneurs et véhicule est de 05 EUR (3 279,78 EUR) par conteneur ou véhicule débarqué et 03 EUR (1 967,87 FCFA) par conteneur ou véhicule chargé et pour le vrac le taux est de 0,080 EUR et 0,045 EUR (29,52 FCFA) par tonne métrique respectivement pour débarquement et embarquement. Une redevance similaire de Sécurité maritime de 0,080 EUR (52,48 FCFA) est aussi collectée pour le compte de la Direction des Affaires Maritime (DAM).
Selon les statistiques officielles, le PAL manipule chaque année depuis 2021, plus de 30 millions de tonnes de marchandises avec près de 2 millions de conteneurs manipulé et plus de 1500 navire qui opèrent et par simple simulation, on peut déterminer la manne qui rentre dans les caisses pour gérer la sûreté.
On peut aussi intégrer les frais collectés pour la production des badges, vignettes et tickets d’entrée et pourquoi pas les frais de délivrances d’agrément qui rentrent dans les caisses du Haut Conseil pour la Mer (HCM)…
C’est dire que la sûreté portuaire brasse beaucoup de milliards l’an mais les décisions d’investissement se font par complaisance.
Tous ces manquements font accroître les vols dans l’enceinte du port de Lomé depuis un moment et il est impossible de poursuivre les malfrats. Les bandits ont repris du boulot avec le dépouillement des pièces sur les véhicules débarqués, le détournement des sacs d’engrais et divers. Qui pour redresser la barque ?
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0058 du 29 mai 2024