La pluie d’août en exil
Dans les cœurs, l’inquiétude s’installe,
Sur les visages, la tristesse s’étend,
Chaque jour, l’impasse se tisse,
Le ciel a fermé ses vannes de cristal.
D’ordinaire, en août, la pluie chante,
Mais à présent, elle déverse du plomb,
Dans les champs, les cultures se meurent,
La terre, assoiffée, se craquelle, moribonde.
Au village, les sorciers sont blâmés,
On dit qu’ils ont enchaîné l’averse,
Chaque jour, dame pluie se fait désirer,
Le ciel, défiant, ignore la science.
Les prévisions se trompent, déçoivent,
L’homme lève le poing vers les nuages,
Il accuse le ciel, oublieux de ses propres méfaits,
Mais c’est lui qui a brûlé la forêt, détruit les arbres.
Le bois sacré est tombé sous ses coups,
La nature a étouffé sous le poids des pesticides,
Dans les champs, les houes ont été troquées,
Pulvérisateurs en main, il empoisonne la vie.
Et voilà qu’août se vide de ses larmes,
Le ciel refuse de pleurer sur la terre meurtrie,
L’homme crie à l’injustice, se prétend innocent,
Mais c’est lui qui a suffoqué la nature, qui l’a trahie.
Quand viendra la pluie, si elle ne revient jamais,
Que fera l’homme, face à son reflet brisé ?
Accusera-t-il encore les cieux, ou reconnaîtra-t-il enfin,
Qu’il est le forgeron de son propre malheur, l’artisan du déclin ?
B. Jean-Baptiste
« TAMPA EXPRESS » numéro 0063 du 16 août 2024