« Le développement du Togo passe par le développement de l’agriculture. » dixit, le président Faure Essozimna Gnassingbé, il y a un an à Dapaong dans son speech lors du Forum des producteurs agricoles du Togo (Fopat). Les paysans font leur part, mais l’administration publique qui doit accompagner la parole de la plus haute autorité de la république, rame à contre-courant. En effet, en moins de dix ans de dur labeur, les paysans togolais sont parvenus à créer leur propre filière agricole faite de soja. Avec une production qui a atteint la barre de 281 mille tonnes de soja graine la campagne 2022-2023, la filière Soja emploie près de 300 mille personnes au Togo, pour une superficie d’environ 67 000 hectares, soit 38% de la superficie consacrée aux légumineuses.
Partout dans le monde entier, chaque Etat opte pour un minimum de règles destiné à protéger et favoriser les producteurs nationaux contre la concurrence des producteurs étrangers. Mais au Togo, il est désormais établi que les dirigeants ne se préoccupent guère de la préférence nationale et dressent le tapis rouge aux prédateurs étrangers, même à ceux qui ont foutu de la merde et chasser d’autres pays. Entre autres, le cas avéré de la NSCT qui va encore plus mal depuis l’entrée dans le capital du groupe OLAM (51%). La production cotonnière après avoir dépassé 100 mille tonnes la en 2020 est en chute libre depuis trois saisons et continue de dégringoler jusqu’à 35 mille tonnes la dernière campagne. Même les carrières de concassées et de sable sont dans les mains des libanais et autres asiatiques. Le plus allusionnant et révoltant vient du fait que cette filière emblématique du soja graine, est conçue et entretenue depuis une dizaine d’années par des nationaux, mais qui depuis plus de trois ans est pris d’assaut par indiens, chinois (…) italiens. Parmi eux se trouvent certains asiatiques qui avaient foutu de la merde sur les marchés américains et renvoyés des pays comme l’Afrique du Sud. Ces derniers, chassés des marchés américains et européens ont trouvé terre d’asile sur le sol togolais avec la bénédiction de certains nationaux et qui répètent les mêmes erreurs avec comme conséquence, une dégradation du Label bio du soja togolais sur le marché européen. La production du soja bio comme conventionnel est très prolifique au Togo et représente plus de 25% du PIB agricole. Cette filière regorge une chaîne de valeur très prometteuse pour le pays et ses habitants. Mais tout cela ne peut véritablement être bénéfique au pays que si l’autorité publique fait bien sa part.
Faure Gnassingbé a-t-il déshabillé Pierre (Sévon-Tépé) pour Paulette (Kayi) ?
Kayi Mivedor-Sambiani & Sévon-Tépé Kodjo Adédzé
Malgré le changement survenu à la tête du Ministère du Commerce, de l’artisanat et de la consommation locale, et en dépit des consignes du Chef de l’Etat Faure Gnassingbé, pour protéger les intérêts de l’interprofession du soja constituée essentiellement de braves Togolaises et Togolais, qui devraient former la chaîne de valeur, tout est mis en œuvre pour doucher le moral des acteurs de la filière. Selon les sources bien introduites, Faure Gnassingbé admet et signe que la filière soja au Togo est une création des hommes et femmes togolais et qu’il faille à tout prix les défendre. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans tous les autres pays d’Afrique, en Asie, Europe et dans les Amériques. Mais le dilemme togolais est la volonté de certains fonctionnaires de torpiller les opérateurs togolais au profit des indiens et chinois. Tout est orchestré par une élite et une administration corrompue jusqu’à l’os. Et pourtant, le président Faure Gnassingbé pensait avoir fait le ménage en propulsant Mme Rose Kayi Mivedor à la tête du ministère stratégique en charge du commerce sans se remémorer, les potentiels intérêts qui pouvaient exister entre celle qui était au portefeuille des investissements avec les mêmes fameux investisseurs asiatiques de la PIA.
Évidemment, elle servirait depuis les intérêts de ces asiatiques dans l’installation de ces industries fantoches de la Plateforme Industrielle d’Adéticopé (PIA). Et en remplaçant Kodjo Adédzé par Kayi Mivedor, rien de positif n’en découlera du fait des lourds intérêts que représentent le soja aux yeux de ces gens. C’est plutôt une aubaine pour les deux parties de récolter les graines semées.
La venue de Mme Kayi Mivedor-Sambiani au ministère du commerce serait sans nul doute à l’image de la danse du Tango ou simplement “faire du sur-place”.
En plus Mme Mivedor est tombée dans un département ministériel très pourri de la tête au pied. Tout l’espoir que le départ au « purgatoire » de Sévon-Tépé Kodjo Adédzé avait suscité au sein des familles des sojaculteurs s’est vite écoulé aux vues de la persistance des « vieilles habitudes de la maison ». Ce, malgré le fait que c’est la première fois sur les trois dernières années consécutives que le lancement de la campagne de commercialisation du soja a été vite ouverte et les agréments pour cette campagne 2023-2024, délivrés dans le temps. Tout cela n’a pas été facile pour la Fédération Nationale des Coopératives Productrices de Soja (FNCPS) et du Conseil Interprofessionnel de la Faitière soja du Togo (CIFS). Car, la toute nouvelle ministre Kayi Mivedor avait tenté de faire tomber l’événement marquant l’ouverture de la campagne du 1er septembre 2023, tenu dans la salle Kéran du grand Hôtel 2 Février. Non seulement madame la ministre avait enfreint les consignes en refusant d’aller présider personnellement les travaux, mais aussi elle s’était opposée à la présence de son représentant pour prononcer le discours de lancement officiel. Tous les organisateurs était surpris par cette réticence car, tout le protocole était adopté avant le jour « J ».
Le premier lancement officiel de la campagne soja sous la ministre Rose Mivedor allait échouer et les acteurs étaient tous sur le pied de guerre pour lancer un vaste mouvement d’indignation sur tout le territoire. Mais le dénouement était venu grâce à la vigilance des responsables de la FNCPS et du CIFS qui avaient su alerter le ministre Gbégbéni qui d’ailleurs était en mission présidentielle sur l’Italie et qui a pu débloquer la situation à distance. Outre les frasques de Kayi Mivedor, plusieurs cadres de ce ministère sont de véritables rapaces. Certes, il y’en a qui sont bons et soucieux de la préservation de la préférence nationale, mais la majorité est prête à tout pour faire passer les intérêts étrangers au détriment des Togolais. C’est dans ce registre qu’ils avaient toujours évolué pendant des années avec leur ancien patron des lieux. Il suffit que le CIFS procède à la fermeture des entrepôts ou à la saisie des cargaisons douteuses que ces inspecteurs véreux se mettent en branle pour soit passer derrière pour rouvrir les entrepôts ou simplement exiger leur libération. Certains n’hésitent pas à concourir à la délivrance des faux documents ou à faire pression sur la faitière pour octroyer des agréments.
Toutes ces pratiques mafieuses ont aujourd’hui, non seulement fait baisser drastiquement le Label du soja biologique togolais sur le marché international, mais aussi les installations tous azimuts des usines de transformation rendent le produit indisponible.
Malgré tous les soubresauts, les sojaculteurs gardent espoir. Et semble-t-il qu’à la dernière réunion regroupant le ministère de l’agriculture, celui du commerce et de l’interprofession, Mme Rose Kayi Mivédor Épouse Sambiani aurait fait un revirement spectaculaire. La ministre du commerce de Faure Gnassingbé serait plus que jamais déterminée à œuvrer rien que pour sa patrie. Elle se proposerait même de saisir son collègue des affaires étrangères pour refuser le visa aux faussaires. Bravo dame Kayi pour ce retour spectaculaire !
Les pratiques occultes des chinois…et indiens qui tuent la filière
C’est une tristesse pour un pays comme le Togo quand le gouvernement met autant de confiance aux asiatiques pour faire l’émergence du pays. On se demande dans quel pays du globe, ces chinois, pakistanais et indiens ont pu réaliser ce miracle. Ils viennent nombreux sur la PIA pour vendre la « poule aux œufs d’Or ». Les sociétés OLAM et ARISE IIP ont certes plus de discours pour mobiliser les réseaux financiers mais peinent à faire du concret sur le terrain. Entre autres, deux autres sociétés dénommées Togo Agro Ressources SAU et Togo Wood Industries SARL se sont également installées sur la PIA. Tous ces « investisseurs » étrangers étaient annoncés pour combler les lacunes industrielles du Togo pour révéler son potentiel et poser de nouvelles fondations industrielles propices à la création locale de valeur ajoutée. Et précisément pour Agro Ressources, il s’agit de la création de centaines d’emplois directs et indirects, de transformer localement du soja, traditionnellement exporté sous sa forme brute, comblant ainsi le manque à gagner dû aux exports de matières premières.
Chose curieuse est que cette « tare » de TAR qu’est Togo Agro Ressources présente beaucoup d’incongruités. La société Togo Agro Ressources (TAR) est aujourd’hui plus exportatrice de soja graine non-transformé que de transformation de la graine en huile et de tourteau. En effet, depuis le début de la campagne 2021-2022, la PIA aurait acheté 50000 tonnes de graine dont 20000 tonnes d’origine bio alors qu’elle prévoyait d’approvisionner la future usine de trituration qui devrait absorber 150000 tonnes de graine. Or, cette usine n’étant pas encore opérationnelle et la PIA avait demandé une licence d’exportation pour écouler la graine sur le marché international. Ce qui est une concurrence déloyale car, non seulement elle avait levé des fonds en bénéficiant des statuts de la zone franche et du code togolais de l’investissement pour la transformation, mais avait utilisé les mêmes fonds à taux discount pour concurrencer le secteur. Ces entreprises appartenant aux expatriés mais qui ont trouvé la subtilité de classer leurs entités sous le régime de droit togolais qui souvent ne disposent pas de comptes bancaires ou s’ils en ont sont souvent sans provision, participent activement aux flux financiers illicites par l’achat de produits de campagne, souvent financés par des commerces et industries détenus par leurs ressortissants installés au Togo. Et quand ils exportent les produits, les fonds atterrissent dans leurs banques domiciliées à l’étranger ou dans les paradis fiscaux. C’est aussi par les mêmes circuits que certains pilleurs de la République et libanais font évaporer de l’argent du pays en contournant le système bancaire. Pas de traçabilité de ces fonds dans les livres de la banque centrale ou encore le trésor public français qui détient la manne du FCFA. Togo Agro Ressources, une société de droit togolais appartenant aux asiatiques qui brasse des milliards de FCA, mais n’a qu’un modique capital de 10 millions FCFA. Ainsi les payements d’impôt sont dérisoires pour des boîtes qui brassent des milliards chaque saison quand les nationaux du même secteur sont traqués par l’Office Togolais des Recettes (OTR).
Au même moment, les nationaux peinent à obtenir des financements auprès des banques et microfinances malgré les taux d’usuriers. Aujourd’hui les agréments ne sont que de simples papiers. Car tout est orchestré par ces asiatiques et leurs complices de l’administration pour acheter et vendre le soja.
La transformation : état des lieux du CIFS avec les responsables des unités de transformation du soja graine
Soucieux de l’avenir du secteur, le Conseil Interprofessionnel de la Filière du Soja (CIFS) du Togo multiplie initiatives et contacts. Une réunion de partage a eu lieu le 12 janvier dernier avec les responsables des unités de transformation du soja. La rencontre destinée à faire la situation d’approvisionnement des transformateurs afin de répondre au mieux aux besoins des industriels installés sur le territoire. Il était question du respect des normes fixées par les autorités publiques selon lesquelles 80% du soja conventionnel et 40% du soja biologique devaient aller à la transformation. Les données collectées donnent une idée globale des besoins du secteur dans le tableau ci-dessous.
Tableau 1 : Les besoins en soja des unités de transformation installées par des nationaux sur le sol togolais
Pour Togo Agro Ressources de la PIA seule, les besoins pour les huit (08) usines prévues sont estimés à 750000 tonnes contre 390800 tonnes pour les quinze (15) industries initiées par les locaux soit au total 1140800 tonnes par an. Ce qui dépasse très largement la production nationale qui veut passer de 320000 tonnes en 2021-2022 à 400000 tonnes à l’horizon 2030.
Selon l’objet à l’origine de la création de Togo Agro Ressources, il était question de l’agro-transformation de matières premières telles que le soja, le riz, le café, le cacao, le maïs, le sésame, l’arachide, la mangue et l’ananas au sein de l’espace industriel. Pourquoi cette société indienne ne va pas dans le cacao, café et arachide ?
Tableau 2 : Projection et répartition des besoins
C’est là la duplicité des acteurs qui disent œuvrer pour la transformation sur le sol togolais alors que la plus grande partie du soja graine togolais est exportée sans transformation soit 75% ces dernières années. Ce qui conforte les statistiques de l’interprofession « Sur le terrain, le CIFS estime qu’environ 13%, le niveau actuel de satisfaction de leurs besoins en matière première ». Et selon le CIFS, pour augmenter la valeur ajoutée à l’export, l’exportation de tourteau conventionnel devrait atteindre 150 000 tonnes avec l’installation d’une usine industrielle de trituration et inversement les exportations de graines devraient fortement diminuer jusqu’à 20 000 tonnes. Les exportations de graines bio devraient continuer à croître à un rythme plus limité de 4 % par an, et les exportations de tourteau bio devraient à terme atteindre 20 000 tonnes. Il faut remédier à cette escroquerie, la transformation locale génère de la valeur ajoutée, source de croissance.
La qualité du soja : soja graine, la transformation et les fraudes sur les certificats de qualité
Tous les transformateurs présentent leur soja sous le label du soja biologique, mais le doute est permis. En effet, le soja biologique du Togo occupait tout récemment une position de noblesse qui a fait du pays le plus gros exportateur des graines vers l’Union européenne, ce qui faisait la fierté de tous surtout du Chef de l’Etat. Mais à l’heure actuelle, le soja togolais est dans la tourmente. Le soja bio Togo risque de connaître un embargo, car d’ores et déjà des mesures sévères sont prises à son encontre. Cette situation malsaine provient de la gourmandise des acteurs, car il été révélé la contamination de ce soja qui était prisé des occidentaux.
Ces informations proviennent d’ECOCERT qui est en charge des certifications qualité.
Aujourd’hui les agréments ne sont que de simples papiers. Car tout est orchestré par ces asiatiques et leurs complices de l’administration pour acheter et vendre le soja à l’extérieur sans passer par les analyses appropriées.
Le Togo qui n’exportait que le soja bio et le soja non OGM qui sont les seuls cultivés dans le pays a vu son territoire envahi par des produits tout venants. Les frontières sont non seulement poreuses mais l’OTR dans sa mission de collecter plus les recettes pour le Trésor Public, laisse rentrer le soja de contrebande contre des quittances. Ces cargaisons difficiles à tracer et qui peuvent être des OGM viennent contaminer les exportations à partir du Togo. Les fraudeurs transforment les graines de soja tout venant comme les OGM issues de la contrebande en tourteaux et les exportent avec de faux certificats d’origine sous la bannière du bio. Même le soja de contrebande est certifié biologique pour l’exportation. Et c’est là tout le problème qui a dégringole la qualité du soja Togolais sur le marché européen au risque de le noyer totalement. Il urge alors d’assainir la filière afin d’éviter l’effondrement total d’un secteur qui emploie des milliers de togolais.
En dehors de ces exportations, les perspectives d’évolution sont bonnes au niveau de la demande sur le plan local. L’aviculture (poulets de chair et de ponte) absorbe la quasi-totalité de la production locale de graines torréfiée et de tourteaux. Les besoins du marché local ont été estimés par MixScience, sur la base du cheptel avicole7, à 9000 tonnes de graines de soja torréfiées et 8000 tonnes de tourteaux de soja, soit 17000 tonnes. Ces besoins devraient passer à au moins 30000 tonnes dans 5 ans. Ce qui peut également confronter à garantir l’autosuffisance en protéine animale.
La police du soja : une dizaine de société de commercialisation de la filière Soja fermé à Lomé en janvier 2024
Le CIFS-Togo a bien défini les acteurs qui composent la filière soja. Il s’agit du producteur (trice) qui est le paysan ou la coopérative, le commerçant(e) composé essentiellement des nationaux qui est celui qui va auprès du paysan pour faire les achats et l’exportateur qui est détenteur d’un agrément et qui remplit également d’autres conditions. Les règles du jeu sont bien élaborées et largement diffusées.
Le Togo fait déjà 04 ans dans l’exportation de la filière soja bio vers le plan international. Cependant, après cette période de travail louable, notre pays risque aujourd’hui d’embargo sur l’exportation de sa production vers l’Union Européenne où il occupait la première place. Ce qui pourrait ternir l’image de notre pays si rien ne fait.
Le jeudi, 25 janvier dernier, les Inspecteurs du Ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation Locale et les contrôleurs du Conseil Interprofessionnel de la Filière Soja (CIFS-Togo) ont procédé à une descente sur le terrain. Il était question de contrôler les documents des sociétés installées sur le territoire togolais pour le nettoyage et la commercialisation de Soja Bio. Il s’agit de l’agrément, de la fiche de traçabilité, de la carte CFE, du certificat Bio, quelques bordereaux de suivi de cargaison, etc.
Sur une quinzaine de sociétés de nettoyage et de commercialisation de la filière soja Bio visitées, plus de 60% ne répondent pas aux procédures mises en place par le ministère pouvant leur permettre d’exercer leurs activités librement. Ces sociétés ont été fermées et convoquées au Ministère du commerce. Le contrôle se poursuit.
Dans la foulée, certains étrangers d’origine asiatiques sont interpelés sur le terrain dans les villages alors qu’ils ne sont pas autorisés car, n’étant pas des commerçants comme le prévoit les textes régissant l’interprofession.
Au regard de tout ce qui précède, la filière « moderne » du soja bio qui se développe régulièrement depuis plus de 10 ans fait vivre actuellement plus de 75000 producteurs et a grandement participé aux pratiques agronomiques respectueuse de l’environnement. La filière soja peut faire à terme, si le rythme est maintenu, la moitié du PIB agricole. En ce moment ou la filière du coton se trouve dans une forte tourmente avec les soubresauts que connait la NSCT et au vu des difficultés que connait également le secteur café-cacao, il urge pour le gouvernement togolais de protéger la filière soja en donnant plus de pouvoir à l’interprofession dans le déroulement de son ambitieux plan stratégique.
B.Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0051 du 07 février 2024