Dans un village du Togo, vivait une femme. Elle était très malheureuse. Au sein de sa communauté, elle était ignorée et subissait toutes sorte de moqueries. Et pourquoi ? Parce qu’elle n’avait pas eu d’enfant. Quand elle appelait les enfants pour les envoyer, les parents refusaient. Ils disaient toi aussi, il faut enfanter comme nous. Donc finalement, elle faisait tout seul.
Un jour quand elle alla faire la lessive au marigot, un génie au long cheveux sort de l’eau et lui parla : « femme n’ai pas peur ! Je connais ta peine. Je suis le génie des eaux, déesse de la fécondité. Vient pleurer sur mes épaules, je te donnerai un enfant » ! Elle S’approcha avec grande peur. Puisqu’elle a entendu je te donnerai un enfant, ça lui a donné un courage inimaginable. Elle finit par poser sa tête sur les épaules du démon. Elle pleura et pleura toutes ses larmes. Enfin le génie lui demanda : tu veux une fille ou un garçon ? Elle se pressa de dire, je veux une très très très belle fille avec de long cheveux dorés comme les tiens. C’est compris, va, il sera fait ainsi.
Après quelques semaines, le ventre de la femme, prenait de la forme. Pas parce qu’elle avait bien mangé. Les adultes comprendront. Donc après 9 mois. Elle accoucha d’une belle princesse qu’elle nomma ASSOHANA. Mais j’allais oublier une confidence que le génie avait fait à la femme. Il a dit l’osque ton enfant grandira, elle ne devrait jamais se baigner dans une rivière. Si elle le fait elle disparaitra à jamais.
Les moqueries ont diminué, ceux qui ont dit que cette femme n’enfantera jamais ont mangé la honte.
La petite grandissait et devenait de plus en plus belle. Tout le monde ne parlait que d’elle. Beaucoup de rois de villages voisins sont venus déposer leurs demandes pour leurs princes. Mais la maman ne donnait aucune réponse. Elle se contentait de vivre pleinement sa vie avec sa fille faisant tous ensemble. Elle prit soins d’expliquer à sa fille qu’elle ne devait jamais jamais jamais aller à la rivière se baigner.
Un samedi quand elle partit pour son marché habituel, certaines camarades d’ASSOHANA lui proposèrent d’aller chercher de l’eau à la rivière avec elle. Elle se dit, c’est juste chercher de l’eau pas pour se baigner. Alors elle s’est dit ça ne serait pas grave. D’ailleurs maman serait contente de voire que j’ai rempli la jarre toute seule. Elles partirent toutes joyeuses en chantant. (CHANT agori , mayé eh agori mayé n’kpanikpani n’kpanichororo agoré mayéeee … )
Arrivé à la rivière, elles posèrent leurs bassines et commencèrent à jouer avec de l’eau. Se jetant l’eau les unes sur les autres. ASSOHANA resta loin et contemplait la scène. Les autres l’invitèrent mais elle resta indifférente tant bien même qu’elle en avait l’envie. Le jeu devenait intéressant et l’éclaboussement de l’eau déversait quelques gouttes sur elle. Une des camarades sortis de l’eau et la tira par force. Elle résista mais hélas elle était plus forte qu’elle. Elle finit les pieds dans l’eau commença à prendre plaisir. Plus elle nageait, elle s’entait la douceur de l’eau. Et puis curieusement elle qui n’avait jamais mis pied dans l’eau, nageait allègrement comme un poisson. Toutes les filles étaient sous le charme de son exploit. Pour tester ses nouvelles compétences, elle nagea plus loin et revenait avec une rapidité inouïe. Ses camarades l’acclamaient. Elles étaient en liesse.
Sa maman revenue du marché ne la voyait pas sortir de la maison comme d’habitude l’accueillir. Prestement, elle demanda aux petits enfants qui jouaient devant la concession. Les petits ont informé à la maman d’ASSOHANA qu’ils l’on vu en compagnie des autres filles du village bassines sur les tètes en direction du marigot. Pris de panique, elle laissa tomber toute sa marchandise et couru comme une folle à la rivière. Mais qu’elle ne fut sa surprise. ASSOHANA se noyait au beau milieu de la rivière aucune de ses camarades ne pouvait oser aller à sa rescousse tellement la profondeur dépassait les trois mètres. La maman se jeta à l’eau et nagea de toutes ses forces. Elle ne réussit qu’à attraper ses cheveux. Elle les tient solidement mais toute la tête de sa fille était déjà complètement sous l’eau. Les cheveux lisses dorés se glissèrent doucement dans ses deux mains. ASSOHANA disparu dans les profondeurs de l’eau sans refaire surface. Sa mère inconsolable passa des jours et des nuits au bord de la rivière en pensant qu’elle réapparaitra. Mais hélas… Elle redevint très très malheureuse.
(Chant Agba kiyaro, mon modokpo kiyaro molabiya idjelemon kparibiya idjelemon onh !)
Mais quelques années plus tard elle enfantera de nouveau d’autres enfants sans l’aide du génie. Nous sommes ses descendants… Regardez dans le creux de vos mains, vous verrez les traces laissées par les cheveux dorés.
ASSOHAN ça veut dire Dieu a donné, est-ce vraiment lui qui a donné ???
Quand Dieu donne, il ne reprend pas de la sorte.
Un conte transmis de génération en génération. Il m’a été raconté par ma grand-mère AZIA Ramatou.
ATCHAM Tomléba
Extraits de « les paroles perdues »
« TAMPA EXPRESS » numéro 0066 du 25 septembre 2024