Dans un village appelé TCHAVADI, vivait un grand roi. Il avait de belles filles. Les princesses avaient de jolis noms qu’on ne prononçait jamais en public. Seul le roi et ses femmes gardaient jalousement les vrais noms des deux fées.
Les années passèrent, elles grandirent toujours belles et à l’âge d’être mariées. Mais le roi ne voulut donner en mariage ses belles créatures à personne pour aucun prix. Tout le monde jasait dans le palais et même dans les royaumes voisins. Les notables du roi, fidèles à leur rôle de conseiller, finir par convaincre le roi de trouver des prétendants pour ses deux filles.
Il accepta malgré lui. Pour compliquer la situation, il posa un défi à relever. Il fit gongonner dans le village et ses environs pour un challenge.
« Celui qui connaitrait un nom d’une de ses filles l’épousera sur le champ ». Le jour de la compétition arriva. Tour à tour, les différents prétendants passèrent et donnèrent tous de faux noms. A chaque fausse réponse, le roi était content et riait discrètement. Une journée entière passa. Hélas, personne ne trouva un seul vrai nom. Le roi donna une autre rencontre, toujours avec la même consigne du challenge. Il fallait finir une fois de bon avec cette histoire de mariage. Deux semaines devaient s’écouler avant la rencontre prochaine. Pendant ce temps, l’araignée préparait une stratégie pour avoir ne serait qu’un seul nom d’une princesse. Il suivit en cachette les deux filles du roi qui allaient chercher de l’eau à la rivière. Il fut très prudent qu’aucune fille ne soupçonna sa présence. Une fois à la rivière, il monta sur le plus haut arbre. Il cueille une très belle fleur et la jette vers le côté gauche où se trouvait une des princesses. La fleur l’attira, elle la saisie et appela rapidement sa sœur par son vrai nom.
- Hé, hé DINDIYA, DINDIYA, regarde cette beauté de la nature !
- Ah vraiment, elle est pleine de couleur vives. C’est magnifique !
L’araignée du haut de l’arbre a mémorisé le nom et le répétait en boucle dans sa tête. Très content de sa trouvaille. Il sourit, mais subitement une autre idée vint à notre rusé prétendant. Pourquoi se contenter d’une seule femme ? Il descend doucement de l’arbre et fonce discrètement vers la deuxième fille. Il monta au cime d’un kapokier et lança une autre belle fleur à l’extrême droit. La deuxième princesse pris la fleur bleu violetée avec enthousiasme et appela sa sœur pour qu’elle admire sa trouvaille.
- Hé, hé ANAOUKOURSA. ANAKOURSA regarde cette merveille !
Eh bien l’araignée par sa ruse vient de découvrir l’énigme que cachait le roi et ses femmes au palais. Un matin de vendredi, un gong retentit dans le village. Le jour tant attendu est arrivé, beaucoup se sont préparés pour venir prendre leur revanche. Dans la cours du roi, une ambiance de fête régnait. On avait décoré spécialement le palais royal. Les deux princesses étaient splendides, leurs robes étaient parées d’or et de diamand. Elles brillaient comme des étoiles. Le roi était persuadé que c’était la phase ultime. Tous vont rater et ses belles fées resteront toujours prêt de lui.
Une fois encore au son du tam-tam, les prétendants venaient donner des faux noms. AMINA, BARIYA, DAHANA, ZOUREYA, ROUBATOU, AICHA … De jolis noms se succédèrent mais toujours pas de bonnes réponses. Le roi, très content faisait des signes de la tête pour dire non. Un notable d’une centaine d’année était le témoin. A lui, on avait donné les deux vrais noms des princesses. Le roi riait de joie, convaincu que personne ne trouverait jusqu’à la fin la réponse à son challenge.
A une minute de la clôture de la compétition, l’araignée se présenta bien habillé comme un prince.
Hé, hé ! Pas si vite son altesse ! Moi je ne suis pas encore passé. Avec tous mes respects, je voudrais que la foule m’acclame car je sais que c’est moi le gagnant de cette compétition. Tout le monde était étonné de cette demande. Le roi confus trouvait étrange ce prétendant. Quel prétentieux ! Le roi interdit à la foule d’acclamer tant qu’il n’a pas encore donner les réponses. On invite l’araignée dans l’arène. Très gonflé, il alla s’agenouiller devant les reines puis devant les princesses. Il entonna une chanson et demanda à la foule de reprendre le refrain en chœur avec lui.
- Ouro dè allewa, DINDIYA, ANAKOURSA, DINDIYA !
- Ouro dè allewa, DINDIYA, ANAKOURSA, DINDIYA !
Le roi stupéfait, pris de panique croit n’avoir pas bien entendu. Il demande à l’araignée de reprendre sa chanson
L’araignée repris de plus bel, aidé par la foule au niveau du refrain.
- Ouro dè allewa, DINDIYA, ANAKOURSA, DINDIYA !
- Ouro dè allewa, DINDIYA, ANAKOURSA, DINDIYAAAAAAAAAAA !
L’araignée s’approcha de la première qu’il désigna par DINDIYA, et alla vers la deuxième ANAKOURSA qu’il tira de sa chaise majestueuse.
Visiblement, elles n’étaient pas du tout contentes. Mais c’est la règle de la compétition imposée par leur père. Le roi devait tenir parole.
Le sage notable centenaire leva les deux mains. Un silence absolu s’imposa. Il déclara l’araignée vainqueur de ce challenge absurde. Donc l’araignée devint le mari des deux princesses contre leur volonté.
Le roi très fâché se leva et disparu derrière les rideaux du palais. Quant à ses reines, mères des princesses, la tristesse était totale.
C’est depuis cette histoire que les rois cessèrent de garder leurs filles au palais. Il les mariait aux princes charmant des contrées lointaines quand elles atteignaient l’âge adulte.
Un conte transmis de génération en génération. Pour qu’il ne disparaisse pas, il m’a été raconté par ma tante KPAZAWE.
ATCHAM Tomléba
Extraits de « Les paroles perdues »
« TAMPA EXPRESS » numéro 0064 du 28 août 2024