Ces vaillants agriculteurs et agricultrices vont-ils être dédommagés?
La célèbre Lisette de Destouches « Chassez le naturel, il revient au galop » qui désigne tant la grossièreté que la méchanceté foncière, les instincts mauvais, qui, même transparaissent à l’improviste semble être le signe distinctif du ministère togolais de l’agriculture, de l’élevage et du développement rural. En plus des scandales orchestrés autours du sabotage de la politique étatique en matière de consommer local à travers les importations massives et illégales des tilapias chinois, reconnus toxiques et illégales vis-à-vis de la législation togolaise et les recommandations de l’OMS, au détriment des initiatives locales d’élevage des poissons bio appelés « carpe », c’est maintenant l’engrais importé par le même ministère qui est pointé du doigt.
C’est dire qu’en plus des victimes de Nangbeto dans la filière du poisson « tilapia » vs « carpe », une autre triste nouvelle nous vient du Grand Bassar (Préfectures de Bassar et Dankpen), d’où est originaire l’honorable famille Gbegbeni. Une région agricole, synonyme de l’Ukraine pour les occidentaux, qui est reconnu comme le grand grenier du Togo en matière de production agricole. En effet, plusieurs agriculteurs céréaliers se retrouvent à l’heure actuelle avec des avortons de pieds de maïs sur des hectares après l’utilisation des engrais qui leur a été vendus à prix d’Or. Le prix du sac d’engrais de 25kg ‘’subventionné’’ a été vendu cette année à 18000 FCFA (EUR 27,48) au Togo, un pays doté d’un port en eau profonde, contre 12000 FCFA (EUR 18,32) dans le désert malien sans littoral et pie encore en proie de terrorisme djihadiste.
Dans ce contexte, le grand producteur K. Napo, la gorge serrée nous confie « Cher journaliste, voici les images de ma parcelle de maïs cette année. Nous avons bien mis l’engrais au quinzième jour. Moi je suis même un grand producteur. Le NPK de cette année n’est pas efficace».
Que ce soit à Bitchabé, Kabou ou Dankpen c’est la même détresse chez plusieurs paysans dont les champs ont été engraissés normalement comme il se doit avec les engrais de cette campagne agricole de 2022. Ce qui contraste avec la définition des engrais qui en réalité sont des substances organiques ou minérales, souvent utilisées en mélanges, destinées à apporter aux plantes des compléments d’éléments nutritifs, de façon à améliorer leur croissance, et à augmenter le rendement et la qualité des cultures.
L’Etat togolais est un consommateur indirect des engrais qu’il commande pour ses producteurs qui sont les consommateurs finaux. Pourquoi avant de commander un produit aussi stratégique pour sa population, le ministère de l’agriculture ne prend pas des échantillons de ces produits chez les fabricants ou traders pour tester d’abord et voir l’efficacité de ces produits avant de l’agréer? Et pourtant, tous les ministères sont supposés être dotés des services techniques et laboratoires pour les analyses des produits à importer.
Pour un internaute N. Djato « Être ministre dans un gouvernement ne devrait pas être du luxe pour rouler dans des gros cylindrés de plusieurs millions achetés par l’argent du contribution mais il faut être à la hauteur et servir la population. Ce n’est pas seulement dans l’agriculture, dans tous les domaines ou programme, la population togolaise est toujours négligée au profit de ses responsables».
C’est dans cet imbroglio que les prix de vente des produits agricoles sont imposés à la baisse aux producteurs et au même moment les prix des intrants (engrais, herbicides, insecticide et autres) parfois d’origines douteuses et de mauvaises qualités sont fixés et imposés à la hausse pour ces pauvres producteurs.
Les fêtes traditionnelles ou les fêtes des récoltes ou moisson sont devenues les podiums d’exhibitionnisme des politiques lors desquelles l’on ne fait que louer les gouvernants. C’est tellement triste pour notre pays.
Pour mieux cerner le présent phénomène, nous nous sommes transportés dans d’autres régions du pays. Il est claire qu’il ne s’agit pas d’un souci de pluviométrie ni de mauvaise utilisation des engrais. Dans la Région des Plateaux, Monsieur K. Amevor nous confirme que : « Selon plusieurs sources les engrais de cette campagnes ne sont pas de bonne qualité. J’ai déjà eu cette information l’année dernière et peut-être qu’il s’agirait d’une partie de l’ancien stock. Il se peut aussi comme il y’a la crise sur le marché mondial, les gens ont encore profité pour amener de n’importe quoi au pays. Même les gens de Kloto sur le maraîchage ont épinglé l’engrais qui n’est pas fertilisant ».
Une version qui se confirme par un autre acteur en tournée dans la Région Centrale qui relate d’après la déclaration des producteurs, estimant que le premier stock d’engrais qui était arrivé à leur niveau et qui a une couleur blanchâtre est plus efficaces que la quantité qui était arrivée par la suite et qui a une couleur rougeâtre « J’espère que cela n’affectera pas trop les rendements en tout cas. Sur le terrain le maïs a quand même poussé même s’il y a par endroit de petits soucis » nous a déclaré M. Toyi.
Toutefois, l’on nous confirme que les plantations de céréales se poursuivent normalement dans la Région des Savanes. Notre bimensuel Tampa Express aurait des moyens qu’il réaliserait un petit sondage scientifique pour confirmer ou infirmer les déclarations des producteurs. Toujours est-il qu’il y a une vérité quelque part et des paysans sont victimes de la mauvaise qualité des engrais. Qu’est-ce que les producteurs ou les paysans vont récolter dans de pareils champs et qui va les dédommager?
Car pour certains, il s’agirait simplement du dol. C’est-à-dire une manœuvres frauduleuses. La détermination de l’autorité à vendre forcément un stock d’engrais que le ministère de l’agriculture savait déjà non adapté. Ministère de l’agriculture et les producteurs reconnaissent qu’il y a eu deux variétés, un ancien stock de couleur rougeâtre et le nouveau stock de couleur blanche mais le tout dans un emballage identique. Alors cela revient à une affaire de loto dont seuls les magasiniers de la CAGIA possédaient le secret…
C’est aussi le lieu de changer d’alternative en allant vers une agriculture avec des fertilisants organiques produits localement. Ces milliards de subventions de l’Etat pour acheter des produits chimiques qui empoisonnent le sol et les vies, pourraient servir à l’éclosion d’une agriculture écologique et responsable et aussi s’orienter vers les semences résilientes comme le maïs SEMAX-5.
Ainsi va la République !
B. Douligna