Les États d’Afrique centrale, parties à l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac, Convention de juillet 1996), se sont laborieusement mis aux principes d’une union monétaire seulement à partir de 1996, soit trente-quatre (34) ans après l’Union monétaire ouest africaine (Umoa, Traité de mai 1962). Auparavant, dans les années des indépendances, les États-parties à l’Umac étaient dans une formule de coopération monétaire, certes avancée, en partie et fondamentalement à l’origine de la gouvernance parfois heurtée et atypique ainsi que des retards de survenance de réformes ou de modernité dans ladite zone par rapport à la zone Umoa sa devancière. Une coopération monétaire s’accommode de principes de subsidiarité, ce qui en principe la rend plus aisée à vivre ; une union monétaire s’en éloigne, devenant plus compliquée à réaliser.
Davantage que l’Umoa, l’Umac est traditionnellement plus politique que monétaire, plus antagoniste que solidaire, plus fragile que disciplinée, plus riche en ressources minières que bien gérée … Ce n’est donc pas étonnant qu’au sein de l’Umac et de manière factuelle tout soit tendu, taux d’intérêt et risques d’implosion du vivre ensemble, que des scandales marquants, dont elle devrait se passer, défraient l’actualité comme ces vingt-cinq milliards de Franc CFA jetés par la fenêtre par la Banque des États d’Afrique Centrale (Beac) dans une rocambolesque opération sur produits dérivés ou encore cette introduction insensée heureusement avortée de Bitcoin, auquel a été conféré un cours légal et libératoire et pas moins, par la République Centrafricaine sans concertation des États-parties à l’Umac.
Sur plusieurs marqueurs structurants, une coopération monétaire est distincte d’une union monétaire qui est foncièrement plus exigeante en abandon de symboles de souveraineté ; de plus, une union monétaire est de loin plus sourcilleuse en uniformisation ou en harmonisation de conditions de vivre ensemble monétaire. À titre d’exemple, à l’origine, la zone de coopération monétaire d’Afrique centrale imprimait ses billets de banque à l’effigie des Chefs d’État et les différenciait ainsi par État émetteur. Les taux d’intérêt directeurs aussi pouvaient être différents etc. Tout ceci était proscrit dès le départ dans l’Umoa.
[ Extraits de *L’Umoa et l’Umac, épines dorsales négligées des Francs CFA.*, billet préparé pour Forum ECO du Professeur Michel Nadim Kalife et en cours de publication. ]
Vilévo DEVO
« TAMPA EXPRESS » numéro 0061 du 26 juillet 2024