Le despotisme et les complicités institutionnelles à l’africaine
Quelqu’un pourrait-il nous dire qui, certainement un gambien, tient ce discours offensif courageux et très audible anti despotes africains, anti Chefs d’État menteurs et apostats de serment et déclaration publique et à quelle occasion ? Ce discours fustige aussi les deux poids deux mesures dans le traitement politique et institutionnel des coups d’État : d’abord d’un coup d’État militaire à l’autre et ensuite, entre coups d’État militaires et coups d’État par tripatouillage ou interprétation vicieuse de la Constitution. Il dénonce par ailleurs la corruption des Chefs d’État, ce sujet tabou voire suicidaire pour qui ose trop en parler.
Je retiens qu’il propose incidemment la tenue d’élections présidentielles transparentes comme solution prioritaire à ce fléau du despotisme à l’africaine et de la corruption. La Cedeao, dont le Secrétariat général est tenu par un gambien dont la carrière est redevable à un despote, devrait s’y atteler sans autre forme de réflexion. Et pourtant, tenir des élections transparentes est techniquement et tellement facile à faire (sic) quand il n’y a aucune velléité des tenants du pouvoir à se mettre à l’abri d’une défaite cuisante ou à tricher. Il suffit de la vouloir par conviction, honnêteté morale et civisme, cette transparence des élections, quand on est tenant du pouvoir d’État.
Pour preuve, le Sénégal depuis l’ex Président Abdou Diouf a montré la voix des élections transparentes avec des chances intactes à l’opposition d’accéder au pouvoir : cet ex Chef d’État et son successeur ont au demeurant organisé, chacun en son temps, des élections (dans la transparence) qu’ils ont perdues et reconnues publiquement avoir perdues (au second tour). En effet, c’est le Président Abdou Diouf qui a montré qu’il suffit en amont d’autonomiser administrativement les bureaux de vote dans le traitement brut des résultats et à les publier aussitôt, sans toutefois que lesdits résultats aient un caractère officiel qui est du ressort exclusif de la structure chargée d’organiser les élections. Par ailleurs, c’est depuis son époque que le programme informatique des élections n’est entouré d’aucun mystère boule de cristal quant à sa fiabilité et à la transparence du processus d’enregistrement, de traitement et de restitution des résultats.
Ailleurs et surtout chez les francophones, les tenants du pouvoir mettent en substance sous coffre et de manière fort suspecte le traitement informatique des élections dont le coût seul, tellement élevé parmi les offres de marché public, autorise tous les fantasmes corruptifs. Enfin et non des moindres ! Le code électoral : ce sujet qui fâche et fait les résultats avant l’heure, ce texte qui organise tout y compris les découpages pernicieux, les fraudes légales, les participations inéquitables ou faiblement justes pour tous les éligibles, les recours auprès du juge qui est subtilement partie etc.
Les codes électoraux sur mesure et tendancieux semblent plutôt la règle chez les francophones où se retrouvent le plus grand nombre de Chefs d’État qui n’ont aucun scrupule à être là en dinosaures depuis quinze, vingt, trente ou quarante ans sans apporter aucun progrès social à leur population mais bien au contraire à cultiver du tribalisme, du népotisme, de la corruption et une outrageuse politisation de l’administration publique ; dépourvus d’éthique et souvent grotesques dans leur conception, notamment sur la question des achats de conscience, de surcroît sur deniers publics abusivement dilapidés par les tenants du pouvoir, les codes électoraux subsahariens sont une raison majeure pour que la norme constitutionnelle partout en Afrique soit la limitation des mandats présidentiels en durée et à deux.
Les sujets qui fâchent en Afrique despotique, sous pression pour organiser malgré elle des élections, sont en fin de compte substantiellement le code électoral et le fichier informatique cousus sur mesure pour les tenants du pouvoir ; double précaution oblige, ceux-ci organisent des élections à un tour hyper suspectes lorsque la peur au ventre de perdre est maximale et à deux tours quand c’est suffisamment verrouillé en leur faveur pour assurer des résultats de parti unique dès le premier tour du scrutin.
Les tenants du pouvoir en Afrique subsaharienne traquent et pillent l’opposition politique et syndicale qui a peu de chance de s’entendre pour s’offrir des leaders au-dessus de tout soupçon, déconstruisent la presse, les média et les organisations de la société civile, achètent sans vergogne les consciences ou affament les plus irréductibles à leur modèle pseudo-démocratique tout nickel institutionnellement parlant. Bref, rien n’est fait chez les francophones surtout, en dehors du Sénégal, pour donner des chances raisonnables à l’alternance politique : absolument rien, avec comme logiques conséquences une gouvernance trop atypique et médiocre pour autoriser tout progrès social probant.
Un Chef d’État qui est bon devrait en principe être capable de montrer autre chose que d’être premier magistrat ad vitam aeternam. Y a-t-il un seul dans la fonction en Afrique francophone qui vive chichement, à tout le moins sans la bouse de despote ce fertilisant des conflits d’intérêts et des corruptions ? Pas un seul, car ils sont tous plus ou moins riches d’argent et de pouvoir que ne le sont les institutions républicaines.
La Rédaction