Les importations seraient bénéfiques, en l’occurrence pour les impôts et taxes et pour l’économie, qu’elles seraient promues tous azimuts : malheureusement, c’est loin d’être un postulat. Des questions préjudicielles sur leur nature et surtout concernant qui en profitent et sous quelles conditions, assorties de bonnes réponses ramènent souvent aux durs constats selon lesquels le secteur des importations de biens et services ne peut recevoir la communion sans confession préalable de ses lourds péchés. C’est le secteur par excellence des conflits majeurs d’intérêts. Le conflit d’intérêts a ceci de vicieux qu’il n’est pas toujours d’issue négative, mais seulement souvent, ce qui rend délicate sa gestion quand de gros intérêts sont en jeu.
Les conflits d’intérêts sont souvent manifestes lorsque sont décortiqués et la structure et les prix des importations conventionnées : gouvernants véreux et petit monde des affaires arrivent toujours à s’entendre et à préserver leurs intérêts … au détriment de l’intérêt général. En substance, les tenants du pouvoir d’État ne sont pas forcément empathiques aux impôts générés par les importations, mais le sont assurément au processus qui préserve les intérêts du petit cercle du monde des affaires en situation de monopole ou de quasi-monopole politique, économique et financier. Tout le reste, en l’occurrence le corpus qui organise qui fait quoi et comment le gâteau est réparti, car c’en est un, n’est que ruses et abus divers.
Les conflits d’intérêts sont récurrents dans le secteur des importations structurantes de l’économie nationale. Ils pervertissent les taxes et impôts, étouffent les productions locales, hypothèquent la répartition judicieuse du revenu national. Ils sont la face cachée et hideuse de la corruption des gouvernants. Ils empêchent les politiques économiques nationales et la gouvernance publique d’être vertueuses et pour causes : processus d’obtention des licences d’importations qui comptent faussement ouverts à la concurrence, biens et services importés dont la nature, l’inopportunité et les cahiers des charges sont d’une évidence puante et déstructurante in fine pour l’économie nationale etc.
Des impôts et taxes sur les importations, pour plus de recettes budgétaires, couvrent en réalité bien souvent et mal l’incapacité des gouvernants à résoudre des conflits d’intérêts manifestes auxquels ils ne sont malheureusement pas étrangers quand ils n’en sont pas les ultimes bénéficiaires. Rouler pour l’intérêt général demande du courage, du discernement et de l’honnêteté.
L’absence de primauté de l’intérêt général, la prévalence des intérêts particuliers et l’option de pillage en bandes organisées et en réseaux d’intérêts convergents …, font le lit de la corruption qui, à son tour, ruine les politiques économiques vertueuses, empêche le bien-être et le bien-vivre d’être au rendez-vous du plus grand nombre. C’est ce à quoi aboutit bien souvent les conflits d’intérêts au plus haut niveau de l’État.
Les conflits d’intérêts dans le secteur des importations se soldent manifestement au détriment des tenants et promoteurs de productions locales de biens et services. À ce propos, il est loisible de noter que les exigences des productions locales n’autorisent que de faibles opportunités de corruption et de distribution de profits immérités.
Le secteur des importations roule souvent au carburant maffieux des grands enjeux financiers, monopolistiques ou, au mieux, oligopolistiques ; il amène le gouvernant retors à faire copain comme cochon avec le monde des affaires. Élaborer une politique économique vertueuse, promotrice de processus d’import-substitution, devient un coupe-gorge pour la bonne gouvernance car ceci appelle à contrarier les corrompus et les corrupteurs. Ce n’est plus seulement une question de compétence mais de courage ; il faut rouler sans condition pour l’intérêt général et être au-dessus de tout soupçon de corruption ; peu de gouvernants subsahariens ont cette capacité qui préserve le pays qu’ils dirigent d’être parmi les médiocres derniers de la classe.
La Chine, Singapour, Maurice, le Botswana, même le Rwanda qui sort des affres d’un terrible génocide etc., ont dû écraser la corruption (du Chef de l’État en personne, puis celle des petites mains) et les corrupteurs d’une part et d’autre part ont dû faire faire hara-kiri au népotisme, au clientélisme et aux conflits d’intérêts pour gagner la bataille de l’import-substitution et celle de la promotion des productions locales de biens et services qui seules promeuvent des impôts et taxes dépourvus d’odeur d’arnaque et sont bénéfiques pour la croissance et le développement.
Tant qu’il y aura la mauvaise gouvernance, camouflée ou à découvert, dont les conflits d’intérêts dans le secteur des importations sont des éléments constitutifs pernicieux, le développement économique et social a peu de chance d’éclore.
Vilévo DEVO
« TAMPA EXPRESS » numéro 0067 du 09 octobre 2024