Un vécu progressiste, le Sénégal politique

La situation politique, un brin délétère ces dernières années et derniers temps, se ressent sensiblement des appétits liés aux élections présidentielles de plus en plus ouvertes au fil des confrontations.

Sous le Président Macky Sall, l’opposition sénégalaise s’est révélée bien plus présente et visible qu’elle ne l’a jamais été depuis les mandatures passées de Senghor à Wade en passant par Diouf. Pour preuve, les résultats des dernières élections législatives, non boycottées par personne, à l’issue desquelles le parti présidentiel et ses alliés ont perdu la majorité absolue pour être au coude-à-coude avec une opposition parlementaire en réussite, bien que décapitée de ses leaders pour non-respect de clauses électorales consensuelles par leur propre faute.

Au demeurant, dans ce pays et devant les caméras, tout leader peut préparer librement et de manière manifeste ses meetings politiques avec ses équipes avant de déclencher des rassemblements conséquents de rue. Ce privilège est extrêmement rare chez les autres francophones africains. Ousmane Sonko, le leader de l’opposition depuis les dernières présidentielles, et ses “copains” poussent ainsi à bout le pouvoir en place à coups d’invectives et de provocations politiques ; c’est de bonne guerre dans le microcosme politique sénégalais, est-on tenté d’écrire en se souvenant de la stratégie de Me Abdoulaye Wade aux époques où il s’opposait au Président Senghor puis surtout à Abdou Diouf ; la surenchère de Wade est allée crescendo avec un certain Abdoulaye Bathily qui a sorti en mai 2022 un livre-mémoires intitulé “Passion de liberté”. C’est Abdoulaye Bathily, cet autre ténor de la vie politique sénégalaise, longtemps resté dans l’opposition, qui aurait mis Macky Sall à l’école de Me Wade devenu Président de la république après son succès face à Abdou Diouf.

Rien qu’avec la moitié de l’espace judiciaire électoral et la moitié du champ d’actions délibérément laissé par les tenants du pouvoir aux partis ou opposants politiques et syndicaux, à la société civile, aux médias et aux personnes-ressources, tel qu’observé au Sénégal, aucun coup d’état ni tentative de coup d’état ne serait survenu récemment au Mali, au Burkina ou encore en Guinée-Conakry et Guinée-Bissau. De même, un pays comme le Togo aurait depuis mathusalem goûté aux délices et avantages d’une alternance politique apaisée et démocratique via les urnes municipales, régionales et présidentielles. En effet, le Togo est le seul pays de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) encore atypique par ses élections présidentielles qui se suivent et se ressemblent par leurs processus et résultats, toujours contestés et jamais apaisés, encore anticonformiste, monocolore et lassant par son modèle de gouvernance des affaires publiques dépourvu d’alternance politique en plus d’un demi-siècle, au contraire de tous ses voisins et partenaires de la Cedeao.

In fine, le Sénégal de Macky Sall, actuel premier magistrat, présente un modèle de démocratie au sein duquel, vaille que vaille, les codes électoraux sont de moins en moins partisans ou des sujets qui fâchent ; ces codes électoraux ont progressé en équité, se gardant de favoriser outragement les rédacteurs-tenants du pouvoir au détriment de l’opposition politique comme c’est malheureusement parfois le cas au sein de l’Umoa.

Clopin-clopant, la démocratie sénégalaise et ses principaux acteurs continuent d’écrire de vraies lettres de noblesse dans l’intérêt des populations.

(Extraits de “La démocratie sénégalaise et son processus gagnant”. Document PDF publié le 08 août 2022 par Vilévo DEVO sur la plateforme Forum Eco du Professeur Michel N. Kalife).

Vilévo DEVO

« TAMPA EXPRESS » numéro 0054 du 27 mars 2024 »