De feu Thomas Sankara à Ibrahima Traoré, le Burkina politique, jadis pays des “Hommes intègres”, n’a de cesse de se conjuguer en délires et dérives, en espace de vindicte et de règlement de compte pour finir par dégrader gravement sa propre image. À force de Rectifications doctrinaires, le Burkina politique est en passe de devenir un clownesque jouet à la merci de groupuscules de militaires des plus intrépides, mais aussi des plus illuminés et des plus indisciplinés, en pleine traitrise de serment d’allégeance à la République ; ceux-ci plongent le pays dans une instabilité de déflagration de l’unité nationale.
Ibrahima Traoré, l’actuel Homme fort du Faso avant le prochain, toutes ambitions de putschiste égales par ailleurs, se convainc d’être une réincarnation de feu Thomas Sankara ; pour ce faire, il met en vitrine (sur le tard) une doctrine panafricaniste dont se réclamait son maître à penser, dans l’espoir de faire recette en tant que disciple et surtout de brandir une raison d’être dans le fauteuil de premier magistrat. Sankara 2, l’appelle-t-on sur les réseaux sociaux qui lui sont favorables.
Ibrahima Traoré s’est particulièrement épris du slogan “La Patrie ou la mort, nous vaincrons”, aussi évocateur que patriotique, labellisé par Thomas Sankara ce visage public icone du Burkina. Au Togo voisin, se disait pourtant bien avant en chantant : “Vainquons ou mourrons, mais dans la dignité”. Bien lui en a pris car le slogan burkinabè est de nos jours le credo vocal de ralliement le plus symbolique et le plus audible du Burkina au-delà des frontières nationales. Mais ce faisant, à coup de vocalises et de harangues à fort décibel, œuvre-t-il pour autant à la pérennité de la mémoire de feu Thomas Sankara ? Rien n’est moins sûr car l’approche Ibrahima Traoré est terriblement anxiogène, suscitant une peur indicible du lendemain. Ses méthodes de persuasion, d’intimidation et d’embrigadement, notamment l’enrôlement et l’envoi au front de personnalités du troisième âge, sont controversées et contribuent logiquement à polluer de vecteurs liberticides gratuits la mémoire de Thomas Sankara.
Pour ceux qui ont vécu ou connu Thomas Sankara, ce militaire putschiste devenu porteur d’une lecture audible du panafricanisme, Ibrahima Traoré verse avec facilité dans la brutalité verbale et physique et ne fait rien qui ennoblisse son idole. Pour les autres, les plus jeunes, inclusifs de ceux de sa génération, son message véhément porte une vérité de la Palisse sans autre souci de rhétorique qu’un vieillot narratif anti impérialisme, anti néocolonialisme et la naïveté du charabia et du langage de rue qui vont avec.
Ibrahima Traoré dessert Thomas Sankara et sa mémoire, mis à part le look fringant somme toute discutable que symbolisent un béret vissé sur la _tronche_, un uniforme gonflé au gilet pare-balle et des godasses en attirail de jeune militaire. Le jeune, voire trop jeune Président Ibrahima Traoré, ce nouveau messie du Liptako-Gourma, est en effet trop véhément, trop va-t’en en guerre, trop populiste, peu populaire et trop russophile opportuniste pour ne pas ruiner ce qui reste de vertueux du message de révolte fort à propos de feu Thomas Sankara ; s’y ajoutent des rectifications de doctrine et d’agenda à n’en plus finir, consécutives à des déclarations du genre “Nous ne sommes pas là pour le pouvoir. Nous avons un programme de douze mois dans lequel nous allons résoudre de petits problèmes logistiques dans le respect des valeurs humaines.” (fin de citation), en passe de noyer le poisson.
Prisonniers de préjugés, Ibrahima Traoré et ses courtisans en ignorent …, et de la vision et des erreurs de Thomas Sankara. Celui-ci n’était pas véhément ; il était percutant de convictions personnelles. Il savait s’arrêter et s’imprégner de réalpolitik, quand tout devenait exagérément belliqueux, pour étaler son fond de tolérance et sa capacité à rectifier le tir politique sans renoncer à l’esprit de sa vision. Le plus bel exemple, de ce fond de tolérance et cette capacité à rectifier le tir politique, est ce conflit armé du Burkina contre le Mali, aussi bref que honteux, auquel il a su mettre rapidement fin aussitôt suivie d’une réconciliation sans réserve : de cette réconciliation sans réserve, la plus pertinente des manifestations a été le retour du Mali au sein de la Zone Franc CFA de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa, 1962) momentanément bloqué par le Burkina.
En outre, Thomas Sankara, y compris pour ses nombreux détracteurs, était plus populaire que populiste et travaillait un agenda politique lisible, critiqué mais respecté à l’international. Sa démarche n’était ni isolationniste, ni stérile confrontation mais débordait de rhétoriques constructives et de répartis de haut dirigeant cultivé. Il savait donner le la et payer le juste prix du bon voisinage ainsi que celui d’un multilatéralisme consensuel : tout le contraire d’un Ibrahima Traoré à l’approche exclusive, inhabile, querelleuse et polémique.
Révolutionnaire, Thomas Sankara l’était par ses prises de position et initiatives originales. Certes, il était loin de faire l’unanimité mais était facilement compris sans propagande politique outrancière à la nord-coréenne. C’est tout l’inverse d’un Ibrahima Traoré, abonné aux parjures, et dont le programme politique et son déroulé, n’en déplaise à ses admirateurs de saison et ses soutiens, se résument à une volonté manifeste et acharnée de s’accrocher au pouvoir d’État quoi qu’il en coûte en trucidant tous les schémas de retour apaisé à un ordre constitutionnel normal et consensuel etc.
N’est-ce pas Ibrahima Traoré, affichant un profil conciliateur durant son processus de prise du pouvoir d’État et soucieux d’éviter un bain de sang, qui a convenu fin septembre début octobre 2022 d’une passation de pouvoirs apaisée avec le Colonel Sandaogo Damiba, le putschiste sortant, aux conditions qu’il dépose les armes et s’exile au Togo ? Le même Ibrahima Traoré devait par la suite veiller à la cohésion au sein des forces de sécurité, à la réconciliation nationale et au respect des engagements avec la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) entre autres ; il n’en a rien été, aucun engagement n’ayant été tenu. Thomas Sankara en homme de conviction et de parole n’aurait marqué son accord à rien qu’il n’aurait mis en œuvre par la suite. Assurément, il n’aurait pas fait un pied de nez cavalier à la Cedeao, ni opposé une fin de non-recevoir systématique à toutes les initiatives bilatérales de conciliation pour un vivre ensemble sous-régional apaisé ; bien au contraire, il aurait saisi l’occasion pour clamer haut des réformes gagnant-gagnant.
Enfin, Thomas Sankara était dans l’action de politique intérieure aux échos retentissants à l’étranger et non dans le parjure. Il cultivait les reproches envers une France néo coloniale, l’Occident pilleur de ressources du Continent africain et leurs valets compradors, envers le Capitalisme et les Institutions de Bretton Woods …, sans jamais tomber dans une russophilie béate et exclusive ni dans une diplomatie du tout-ou-rien. Thomas Sankara n’était pas prisonnier de préjugés : de ténacité rageuse, c’était surtout un pragmatique.
En définitive, Ibrahima Traoré se présente en copie improvisée de Thomas Sankara dont il amplifie les points de fragilité, nombreux au demeurant, au lieu de consolider les marqueurs les plus édifiants de sa contribution incontestable à la construction nationale burkinabè. Tom Sank, surnom affectif de Thomas Sankara, n’était pas forcément aimé, tout putschiste despote qu’il était, mais était attendu par tous à tout le moins en révolutionnaire. Même ceux qui voulaient sa peau le voyaient en référent politique. Il était loin de ce personnage ubuesque, allergique au compromis et faiblement cultivé que projette le Président-putschiste Ibrahima Traoré, tristement à la Idi Amin Dada d’Ouganda de stérile despotisme, décousant à longueur d’année, seul contre tous, dans un style musculeux et biscoto.
Le Burkina enclavé, ancienne Haute-Volta, sociologiquement corrélé à la Basse-Volta, actuelle Côte d’Ivoire, a besoin de doctrine compassionnelle, garante de bon voisinage, et non de dogme persécuteur de vivre ensemble ; c’est cette doctrine compassionnelle et non conflictuelle, ciment d’une souveraineté nationale dépouillée de fanatisme létal, qui serait conforme à un néo Sankarisme digest, d’habits neufs vêtus, pour ceux qui s’en réclament.
Vilévo DEVO
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