Les vérités du livre « Crise d’autorité, abus de pouvoir » de Mgr feu Nicodème Barrigah-Bénissan se révèlent malencontreusement dans le quotidien de ces Hommes forts du monument dont Maître Tchaou TCHEKPI, avocat au barreau de Lomé.
La scène se déroule à Lomé et la victime n’est autre qu’un jeune débrouillard au nom de Dawal, originaire de la Préfecture de Dankpen. Arrivé dans la capitale pour ses études post-baccalauréat, mais il n’est pas allé loin par faute de moyen.
La vie étant si difficile dans toutes les grandes villes, Dawal se partage essentiellement entre petits jobs ; sécurité et entretien. Le garçon fait l’entretien du cabinet d’avocats de Me TCHEKPI et associé, sis au quartier Agbalépédogan en face de l’École Primaire groupe C, et par ailleurs, il assure la sécurité des immeubles résidentiels Avénou.
Le déroulé des faits
Le 10 juillet dernier, Dawal comme d’ordinaire, arrive au cabinet « SPCA ELI & PIERRE » aux environs de 4 heures GMT. Il procède à l’entretien comme d’habitude en présence du gardien. Vers 5 heures 30, le patron Maître Tchaou TCHEKPI arrive et les informe qu’il ne retrouve plus son portefeuille depuis la soirée du 9 juillet. Il entre dans son bureau. Après les travaux d’entretien, Dawal reprend sa moto pour aller dans sa formation. C’est en démarrant sa moto qu’il aurait découvert, grâce au phare de sa moto, un sachet au sol, presque à la devanture des locaux et à un pas de la voiture du patron. Il avance pour récupérer le sachet bon à la poubelle. C’est ainsi qu’il constate que le petit sachet contenait un portefeuille dans lequel se trouvait cartes bancaires, pièces d’identité et autres cartes. Il appelle l’agent de sécurité qui lui recommande d’envoyer la trouvaille au boss dans son bureau. Ce qui fut fait aussitôt. Maître Tchaou TCHEKPI récupère ses biens retrouvés et remercie son employé. Mais entre temps le patron a laissé entendre qu’il aurait autour de 600 mille FCFA (EUR 914,69) dans la journée et qu’après les dépenses, il lui resterait un peut plus que 400 mille FCFA (EUR 609,80). Il ajouterait également qu’il a constaté que quelqu’un avait tenté de soutirer de l’argent pendant la soirée (ou y est parvenu) sur son compte via le GAB.
Se contentant des mots de remerciement de son patron, Dawal reprend sa moto pour vaquer à ses autres occupations. Mais aux environs de 16 heures GMT, il recevra un coup de fil téléphonique du cabinet, lui demandant de s’y rendre. A son arrivée, il fut introduit dans le bureau du maître des lieux, accompagné de l’agent de sécurité. Cette fois-ci, l’accueil était glacial car, il y’avait deux agents de police en civil qui les attendaient. Maître Tchaou TCHEKPI les accuse et principalement son agent d’entretien Dawal de lui avoir dérobé de l’argent dans le portefeuille retrouvé. Il insiste qu’il détiendrait la preuve et qu’il ne peut le verser au dossier qu’une fois au commissariat. C’est ainsi qu’ils ont été transportés à la brigade de recherche. Les empruntes ont été prises pour l’agent d’entretien et la sécurité. Téléphone confisqué donc pas accès aux membres de sa famille ni avocat. Puis une perquisition au domicile de Dawal. C’est justement à ce niveau que Dawal eut l’opportunité d’alerter ses proches. Il séjourne en garde à vue pendant 4 jours de détention. Puis un consensus a été trouvé autour d’une somme de quatre cent mille (400 000) Francs CFA (EUR 304,90) car, le propriétaire de l’argent n’arrivait pas à déterminer le montant exact.
Cette accusation sous fond de menace et détention, n’est basée que sur un simple soupçon car, non seulement personne n’a pris Dawal en flagrant d’élit ni les caméras de surveillance qui sont implantées dans le bâtiment et aux alentours ne l’ont détecté.
La suite est que sur obstination de se faire rembourser, Me Tchaou TCHEKPI obtient une reconnaissance de dette de la part d’une parenté de son présumé voleur. Elle consiste à verser 200 mille FCFA dans l’immédiat et le reste par la suite. Sauf que dans l’exécution, cette promesse n’a pas été respectée et TCHIKPI passe à la vitesse supérieure pour récupérer la cagnotte. Comme un grand criminel, l’agent d’entretien Dawal fut convoqué par téléphone à nouveau à la brigade de recherche de la Police Nationale et sera placé sous mandat de dépôt, mardi le 29 juillet 2025. Une réquisition délivrée par le 2ème substitut du Procureur de la République Togolaise.
Le dénouement de la situation grâce à une samaritaine
L’autorité est en crise au Togo, dit-on. Pourquoi l’engagement pris par le frère de Dawal vis-à-vis de Me Tchao TCHIKPI n’a pas été respecté ? Le frère ayant donné garantie et qui également travaillait pour l’avocat avait été licencié au même titre que l’accusé donc il était impossible pour lui de faire un crédit. Une situation qui aurait été communiquée à Me Tchao TCHIKPI pour servir d’excuse.
Rappelons que Dawal et son frère du village ont passé respectivement 5 et plus de 10 années de bons et loyaux services dans ce cabinet d’avocat en toute intégrité. Il est vrai que toute personne victime ou témoin d’un vol peut potentiellement porter plainte pour engager des poursuites pénales contre l’auteur présumé. Mais il est aussi inscrit que dans le cas d’espèce, un avocat spécialisé en droit pénal est nécessaire pour accompagner la victime et l’accusé dans ses démarches. Est-ce que Dawal a été assisté par un conseil ? Quelle enquête les agents de la Police Nationale ont-ils mené pour conclure le vol ? Ou simplement se sont-ils appuyés sur la reconnaissance de dette qui a été obtenue sur fond de menace d’emprisonnement ?
C’est alors que survient, une bienheureuse personne, Madame Chantal Dovi T., une sœur des propriétaires des bâtiments où Dawal assure le gardiennage. Cette générosité libelle un chèque non-barré pour la totalité de l’argent.
Malgré toutes ces tracasseries, le jeune homme a été déféré à la Prison Civile de Lomé. Ce fut une très grande déception pour la samaritaine qui n’a pas hésité à lui exprimer par texto : « Je tiens à vous faire observer dans ce dossier de votre agent d’entretien Dawal, accusé de vous avoir volé la somme de 400 000 FCFA, que je me suis impliqué uniquement par souci de ne pas voir hypothéquer l’avenir de ce jeune garçon, gardien par ailleurs de l’immeuble de mes frères. Je n’y ai aucun intérêt particulier et je n’ai aucun lien de parenté avec lui. Je constate avec surprise et amèrement que vous n’avez pas jugé bon de le faire libérer, alors que j’ai remis, sans hésiter, comme vous l’avez exigé, un chèque non-barré de la somme de 400.000 FCFA, étant donné que la fermeture des banques était imminente, ne me laissant pas la possibilité de faire un retrait d’espèces. J’ai donc fait ma part, et malgré cela, vous n’avez pas permis qu’il soit libéré, arguant de votre volonté de toucher le chèque demain, avant qu’il ne soit relâché. Il a donc été maintenu en détention, s’agissant d’un mandat de dépôt, en dépit votre promesse… », un message de Mme Chantal au sieur Tchaou.
Toutes les tentatives pour joindre Me TCHEKPI ont été vaines, mais la seule réponse à la démarche de notre rédaction a été : « …veuillez-vous adresser au secrétariat du parquet pour les informations utiles ». Tous les échanges que nous avons pu lire venant de l’individu sont acerbes et ne laissaient aucune chance à une médiation. C’est la marque déposée des « affranchis » de la république.
Évidemment la bienfaitrice n’a aucun lien de parenté avec la victime, mais elle témoigne de l’honnêteté qu’elle connait du jeune depuis des années ; honnêteté, assiduité et dévouement. Sans nulle doute les qualités intrinsèques du Konkomba (fils de Dankpen) ; ni voleur ni mendiant. Par ailleurs elle appuie financièrement le jeune garçon dans une formation en santé.
Rebelotte, le lendemain, Pierre TCHEKPI revient sur sa parole. L’avocat veut maintenant de l’argent liquide. Il demande au tireur Mme Chantal D. de passer récupérer le chèque qui a été établi en son nom. Certainement pour ne pas laisser de traçabilité, mais hélas, toutes les pièces à conviction sont déjà constituées et dans les mains de la presse.
Ainsi, les ordres de l’homme de pouvoir ont été respectés à la lettre et Dawal libéré dès possession des 400 mille FCFA de la rançon, le même jour.
Les cas similaires signalés au cours de la même période
Un cas similaire s’était produit lors des derniers EVALA en Pays Kabyè. Deux jeunes frères auraient été gardés dans une brigade de la Gendarmerie Nationale de la ville après avoir rendu un portefeuille que l’un aurait ramassé par terre dans la foule. Au lieu d’une reconnaissance pour avoir directement rendu la pochette contenant des différentes cartes et pièces d’identité, ces jeunes ont floré la prison n’eut été la réaction très virulente de leurs parents.
Le cas JB à Lomé en début juillet dernier. Il quitte un magasin et constate une trentaine de minute plus tard qu’il a égaré son portefeuille. Il retourne sur ses pas mais aucune trace. Il fait recours au propriétaire pour avoir les images de sa caméra de surveillance. Cette caméra montre effectivement un passant sur vélo s’est baissé pour récupérer le portefeuille. A partir de la photo obtenue, il se pointe souvent sur les lieux à des heures précises à la recherche du monsieur. Au bout de quelques jours, il parvient à retrouver le monsieur dans le même habit. Le monsieur qui est agent de sécurité à l’EAMAU, reconnait avoir ramassé le portefeuille. Il a vidé l’argent et jeté le reste dont les cartes bancaires, carte d’identité, assurance et badge professionnel. JB n’a que faire une déclaration de perte à la police et reconfectionné ses pièces…
Loin de nous de faire l’apologie du délit, encore faut-il que la vérité triomphe. « …nous avons été tous dans l’enfance à Sokodé. Nos parents ont fait ce qu’il fallait pour qu’ils deviennent des Hommes aujourd’hui », nous a confié un témoin.
Bref, les abus sont devenus monnaie courante dans la cité où certaines personnes, usant de leur proximité avec les services régaliens de l’Etat notamment les tribunaux et les Forces de sécurité de de défenses (FDS), peuvent impunément sans limite plonger leur semblable dans la détresse.
Tout le monde a droit à une justice équitable. Et c’est ce que réclame le jeune Dawal et son compagnon de misère, tous deux étaient des employés chez « SPCA ELI & PIERRE ». Rappelons que la « SPCA ELI & PIERRE » est une association en société d’avocats avec Me N’SOUKPKOE Comla Eli-Eli qui réside au Canada.
Les deux jeunes ont été chassés de leur travail sur un simple soupçon qui pèse sur l’un d’entre eux. A l’analyse des faits, l’on se demande si ce vol présumé d’argent est le vrai motif de cette posture de Maître Pierre Tchaou TCHEKPI ? Ou s’il y a un secret derrière ! Le jeune doit-il craindre pour sa vie ?
B. Douligna
« TAMPA EXPRESS » numéro 0083 du 29 août 2025